Le multiplicateur keynésien a-t-il de la valeur ?

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Frank Shostak
Published : December 02nd, 2016
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Beaucoup d’économistes acceptent la théorie selon laquelle une hausse initiale des dépenses des consommateurs tend à déclencher un processus de renforcement de la croissance économique égal à un multiple de cette hausse des dépenses.

Qu’est-ce que le multiplicateur keynésien

Prenons un exemple pour illustrer la manière dont les dépenses initiales font gonfler la production par un multiple de ces dépenses. Imaginons que pour un dollar supplémentaire reçu, les individus dépensent 90 cents et en épargnent 10. Imaginons également que les consommateurs aient accru leurs dépenses de 100 millions de dollars. En conséquence, les revenus des commerçants augmentent de 100 millions de dollars. En réponse à cette hausse de leurs revenus, les commerçants consomment 90% de ces 100 millions de dollars. C’est-à-dire qu’ils augmentent leurs dépenses en biens et services de 90 millions de dollars. Ceux qui reçoivent ces 90 millions de dollars en dépensent à leur tour 90%, soit 81 millions. Et ceux qui reçoivent ces 81 millions de dollars en dépensent aussi 90%, soit 72,9 millions de dollars, et ainsi de suite. Notez que la clé de cette ligne de pensée est que les dépenses d’une personne deviennent les revenus d’une autre. A chaque stade de cette chaine de dépenses, les gens dépensent 90% de leurs revenus additionnels. Ce processus finit par se terminer, et aboutit dans notre exemple à une hausse de la production totale égale à un milliard de dollars (10 * 100 millions de dollars).

Plus la part des revenus additionnels dépensés augmente, plus le multiplicateur est important. Ainsi, l’impact des dépenses initiales s’en trouve gonflé. Si les consommateurs décidaient de dépenser 95% de chaque dollar qu’ils reçoivent, ce multiplicateur serait de 20. De la même manière, s’ils décident de ne dépenser que 80% de chaque dollar et d’en épargner 20, ce multiplicateur passerait à 5.

Le rôle important de l’épargne

L’idée sous-jacente est que moins il y a d’argent épargné, plus l’impact de la hausse de la demande sur la production est importante. Mais l’épargne est-elle aussi mauvaise pour l’économie que le modèle du multiplicateur keynésien voudrait nous le faire croire ?

Comme nous allons le voir, c’est la croissance de l’épargne et de la production, et non la hausse de la consommation, qui génère une croissance de l’activité économique.

Prenons par exemple Bob, un agriculteur, qui a produit vingt tomates et en a mangé cinq. Il lui reste donc une épargne de quinze tomates. Avec l’aide de cette épargne réelle de quinze tomates, Bob peut se procurer d’autres biens et services.

Il peut par exemple acheter une miche de main à John, le boulanger, en lui offrant en échange cinq tomates. Bob peut aussi acheter une paire de chaussures à Paul, le cordonnier, pour dix tomates. Notez que l’épargne réelle à sa disposition limite la quantité de biens que Bob peut se procurer.

Lorsque Bob, notre agriculteur, achète une miche de pain et une paire de chaussures, il transfère cinq tomates à John, le boulanger, et dix tomates à Paul, le cordonnier. L’épargne de Bob améliore le niveau de vie et le bien-être du boulanger et du cordonnier. De la même manière, la miche de pain et la paire de chaussure épargnées par ces derniers améliorent le niveau de vie et le bien-être de Bob, l’agriculteur. Notez que ce sont les biens épargnés qui soutiennent le boulanger, l’agriculteur et le cordonnier et qui rendent possible le maintien du flux de production.

Transformer l’épargne en production

Les propriétaires de biens de consommation, plutôt que de les échanger contre d’autres biens, peuvent décider de les utiliser pour améliorer leurs outils et leur machinerie. Avec ces meilleurs outils, ils peuvent augmenter leur production et améliorer la qualité des biens qu’ils produisent. Notez qu’en échangeant une partie de leurs biens épargnés contre des outils, les propriétaires de biens de consommation transfèrent leur épargne réelle vers des individus qui se spécialisent dans la fabrication de ces outils. L’épargne réelle soutient ces individus pendant qu’ils fabriquent ces outils.

Une fois fabriqués, ces nouveaux outils permettent une hausse de la production de biens de consommation. A mesure que le flux de production s’élargit, l’épargne peut croître. Cette épargne permet à son tour une nouvelle hausse de la production d’outils et de machinerie. Ce qui rend possible une nouvelle accélération de la production de biens de consommation (le pouvoir d’achat augmente au sein de l’économie). Contrairement à ce que pensent les Keynésiens, l’épargne élargit, et non contracte, la production de biens de consommation.

Une hausse de la demande en biens de consommation peut-elle mener à une croissance de la production égale à un multiple de cette hausse de la demande ? Pour pouvoir accommoder cette hausse de la demande en biens de consommation, le boulanger doit avoir de quoi payer (il doit épargner du pain pour s’acheter les biens qu’il désire). Nous avons vu que le boulanger peut obtenir cinq tomates en échange d’une miche de pain. De la même manière, le cordonnier peut s’acheter dix tomates avec une paire de chaussures. L’agriculteur satisfait sa demande en pain et en chaussures grâce aux quinze tomates qu’il a épargnées.

Une hausse de la production entraîne une hausse de la consommation

A chaque fois que l’offre de biens de consommation augmente, la demande en biens peut augmenter. Le boulanger augmente sa production de pain, ce qui lui permet d’augmenter sa demande pour d’autres biens. En ce sens, la hausse de la production de biens génère une hausse de la demande en biens. Les gens sont engagés dans des activités productrices afin de pouvoir exercer une demande en biens et services et maintenir leur niveau de vie et leur bien-être. Nous avons déjà vu que ce qui permet l’expansion de l’offre en biens de consommation est une accumulation de biens d’équipement, ou d’outils et de machinerie. Ce qui permet cette accumulation d’outils et de machinerie, c’est l’épargne réelle. Nous pouvons donc en déduire que la hausse de la consommation doit être en phase avec la hausse de production.

Nous pouvons également en déduire qu’une hausse de la consommation n’entraîne pas de croissance de la production égale à un multiple de cette hausse de la consommation. La croissance de la production correspond à ce que l’épargne réelle permet d’acheter, et n’est pas contrainte par la demande des consommateurs. La production ne peut pas s’élargir sans épargne réelle.

Le gouvernement et le multiplicateur keynésien

Examinons maintenant les effets d’une hausse de la production demandée par le gouvernement. Dans une économie qui comprend un boulanger, un cordonnier et un agriculteur, un autre individu entre en scène. Cet individu exerce sa demande en biens de consommation par la force.

Une telle demande peut-elle faire grimper la production comme le pensent les Keynésiens ? Bien au contraire, elle ne fait qu’appauvrir les producteurs. Le boulanger, le cordonnier et l’agriculteur se trouvent forcés de se séparer de leurs produits en échange de rien du tout, ce qui ne peut qu’affaiblir le flux de production de biens de consommation. Une fois de plus, comme nous pouvons le voir, la hausse des dépenses gouvernementales ne fait pas grimper la production d’un multiple de la hausse de la demande, mais entraîne un affaiblissement du processus de création de richesses dans son ensemble. Comme Mises l’a expliqué dans L’Action humaine, « il est nécessaire de souligner le fait qu’un gouvernement ne peut dépenser ou investir que ce qu’il prend à ses citoyens, et que ses dépenses et investissements supplémentaires réduisent les dépenses et les investissements des citoyens dans des proportions égales ».

 

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Frank Shostak est le directeur des études économiques de M.F. Global.
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