Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
Hier, je vous parlais du grand mensonge des statistiques du chômage américain. Je poursuis aujourd’hui avec un article que l’on va consacrer à la misère américaine car évidemment si les chiffres du chômage sont faux, cela veut dire que la réalité sociale doit nous montrer à un moment ou à un autre que ces chiffres sont faux. Eh bien oui, la réalité sociale aux USA est désastreuse.
Ne croyez pas que je fasse de l’antiaméricanisme primaire. J’adore les États-Unis mythiques de mon enfance. J’adore la ruée vers l’ouest et les chercheurs d’or ! J’adore ce peuple épris de liberté, ce peuple de cow-boys habitué aux grands espaces, souvent attachant, parfois un peu trop adolescent par rapport à nous autres, issus des vieilles nations européennes. Pourtant, j’ai beau aimer cette Amérique mythique, elle a disparu un 11 septembre 2001 dans les décombres des Twin Towers. Depuis, nous contemplons le lent naufrage américain. Je ne m’en réjouis pas, je constate. Je constate qu’un pays qui faisait rêver fait peur désormais. Je constate qu’un pays qui était porteur d’un rêve et porteur d’espérance pour ses habitants et tous ceux qui souhaitaient le devenir s’est transformé en enfer social pour tous.
Vous avez plus de 45 millions d’Américains qui ne peuvent manger que grâce aux Food Stamps qui sont des « timbres de nourriture », c’est-à-dire l’équivalent des soupes populaires modernes mais cela évite les images de longues files d’attente pour un bol de soupe.
En réalité, comme vous pouvez le voir sur ces graphiques, depuis plus de 35 mois maintenant le nombre de bénéficiaires ne descend pas en dessous des 46 millions… C’est une autre statistique, nettement moins commentée mais pourtant particulièrement révélatrice de la société américaine et de sa nouvelle réalité.
Mais ce n’est pas tout. Au détour de la presse américaine – mais encore faut-il simplement aller la lire –, les articles sont nombreux à traiter du problème des « homeless », les sans-abris, ici ou là. Les gens ne peuvent plus se loger, restent prisonniers des grandes villes entretenant l’illusoire espoir de jours meilleurs et de retour à l’emploi. Tous les jours, ils s’enfoncent un peu plus dans la pauvreté, tous les jours les pouvoirs politiques locaux tentent de « nettoyer » les centres-villes pour cacher cette misère que l’on ne saurait voir ! Je vous ai sélectionné deux articles. Une sélection totalement arbitraire si ce n’est qu’elle concerne les deux plus grandes villes américaines, des villes qu’en France nous « connaissons » bien même ceux qui n’y sont jamais allés. Ce sont Los Angeles et New York !
New York : nombre record de 60 000 personnes sans domicile fixe
Il s’agit dans ce cas d’un article du Nouvel Obs que vous pourrez aller lire en entier sur le site dont je vous donne le lien ci-dessous. Voilà ce que l’on apprend :
« New York est connue pour ses multimillionnaires et ses tours de luxe aux loyers exorbitants, mais la plus grande ville américaine vient aussi de battre un nouveau record, celui de 60 000 personnes sans domicile fixe.
Cette nuit, 60 352 personnes vont dormir dans les refuges de la ville, dont plus de 25 000 enfants, affirmait mardi la coalition pour les SDF (Coalition for the homeless) sur son site Internet.
C’est 11 % de plus qu’en janvier 2014, comparé aux 53 615 personnes SDF hébergées par la ville en janvier 2014, selon le site.
Les familles représentent les quatre cinquièmes de cette population SDF. »
Alors vous savez, je ne suis qu’un obscur petit économiste d’en bas, mais mes grands-parents m’ont légué un sacré vieux bon sens de paysan, et lorsque l’on me parle de plein emploi et de chômage qui baisse d’un côté mais que de l’autre les faits me montrent une augmentation évidente, palpable, mesurable, quantifiable de la misère et de la pauvreté, j’aimerais que l’on explique comment un tel paradoxe est possible dans l’une des plus grandes villes des États-Unis… Certes New York est une ville très chère, comme Londres, mais pas plus chère aujourd’hui qu’hier, et surtout ce phénomène de sans-abris est valable partout aux USA et de façon générale partout dans le monde car en France, le nombre de SDF aussi augmente, cependant notre taux de chômage lui aussi augmente, il y a donc bien le respect de la logique économique de base à savoir qu’il ne peut pas y avoir plus de travail et plus de misère en même temps !
Nette augmentation des camps de sans-abris à la périphérie de Los Angeles !
C’est un article en provenance directe du Los Angeles Times, qui est un journal local parfaitement respectable, nous expliquant que le service en charge des sans-abris a reçu 767 appels au sujet des campements de rue en 2014, soit une hausse de 60 % par rapport aux 479 signalements de campements de 2013.
Aux USA, les villages de tentes et les nouveaux bidonvilles ne sont pas une légende. C’est devenu une réalité, là encore attestée par des chiffres incontestables. Simplement, on préfère se contenter de répéter doctement les dernières statistiques de l’emploi US qui sont « meilleures que prévues » plutôt que de tenter d’analyser avec objectivité la réalité des faits.
Cela peut se comprendre.
Il fallait sauver le soldat confiance !
Voilà le postulat de base du plus grand mensonge autour du mirage d’une prospérité économique.
Il n’y a pas de prospérité économique aux États-Unis, il y a un mirage tenant sur des monceaux de dettes (5 400 milliards de dollars pour l’industrie du gaz de schiste), un monceau de fausse monnaie imprimée à tout va par la Banque centrale américaine, la FED, et des statistiques erronées.
Pour les chiffres, il fallait faire croire aux Américains que tout allait s’arranger en espérant provoquer un « choc de confiance » salutaire capable de relancer la croissance.
Ce faisant, les autorités monétaires et économiques pensaient que la crise était une crise de confiance. Ils ont donc monté la confiance au cric, et la croissance pourtant n’est pas repartie. Pourquoi ? Parce que cette crise économique n’est pas une crise de confiance mais une crise de système et de modèle. Erreur d’appréciation funeste qui me dire que, loin d’être finie, la crise – que nous faisons tout pour mettre sous le tapis sans rien régler des véritables causes – va nous revenir assez logiquement dans les gencives. Quand ? Impossible de le dire, mais peu importe, l’important c’est de se préparer à affronter un monde où l’on peut être durablement exclu du travail et donc du logement…
Il est déjà trop tard, préparez-vous.
Charles SANNAT
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes » (JFK)