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« Pour un lecteur moderne sérieux,
la rhétorique est sans pertinence ou,
pire, induit en erreur ou,
pire encore, trompe intentionnellement » R. Solow, hiver 2013-14, p.911
Introduction. 1. Hier, en relation avec ce qu'on dénommait alors "monnaie", des économistes
s'intéressaient aux marchandises en propriété des gens qu'ils avaient échangées
dans le passé grâce à celle-ci et qui avaient donné lieu à des quantités de ...
monnaie ou de substituts de monnaie bancaires 1).
L’avenir les laissait de marbre ou dans l’ambiguïté. Par la suite, et ce qu'on dénommait "monnaie" perdant toute relation avec la
marchandise en propriété qu’elle était et devenant « substitut de rien bancaire
» ou "néant habillé en monnaie" à cause de la réglementation, des économistes
se sont interrogés davantage sur ses seuls effets.
Beaucoup ont perverti, à cette occasion, de diverses façons ce qu'il convenait
d'en penser.
En particulier, les mots du vocabulaire la concernant ont explosé, mais chacun
d’eux pour ne plus rien vouloir dire. 2. Aujourd'hui, la monnaie n'existe plus.
Les réglementations étatiques ont détruit progressivement, en grande partie, la
connaissance de ce qu’elle était comme en témoignait, par exemple, Ludwig von
Mises (1881-1973) en 1917-18 dans un texte sur les « doctrines monétaires
catallactique et a catallactique » - qui deviendra appendice du livre intitulé
Theory of Money and Credit 2) - où il fait apparaître que, selon les
uns, la monnaie procède de l’échange et, selon les autres, elle procéderait de
l’Etat. Les réglementations du XXè siècle ont été essentielles, depuis la décennie
1930. Dès à présent, un autre mot que le mot « monnaie » serait donc nécessaire pour
désigner ce que recouvre ce qu’on dénomme « monnaie » aujourd'hui.
Comme il n'en existe pas, à défaut, on parlera, avec réserve, de
"monnaie/banque réglementée" ou de « banque/monnaie réglementée » ou de "néant
habillé en monnaie" 3) . Une chose est certaine : tout cela a contribué à enfouir dans l'ignorance
l’origine fondamentale de la monnaie, à savoir son processus découvert par les
actes des gens. 3. Une démarche d’économistes de la fin du XIXè siècle et du début du XXè
siècle a eu pour conséquences, d’une part, de faire mettre de côté les règles
de droit et, d’autre part, de mettre au premier plan ce qu’on dénomme « monnaie
» aujourd’hui. Les marchandises en propriété des gens sont devenues des choses, des objets,
des services, vendables, achetables, échangeables ou non, mais sans origine ou
déduits de l’équilibre économique général téléologique, et non pas des règles
de droit. Sans origine cerné, ce qu’on dénomme « monnaie » aujourd’hui est le résultat
d’un ensemble de réglementations qui sont ignorées en grande partie des gens
privés et qui sont en contradiction avec, par exemple; ce que disait le
gouvernement suisse au début de la décennie 1930, à la suite de l’abandon de
l’Union monétaire latine (créée en 1865) :
« Le Conseil fédéral, dans son Message du 3 Juillet 1930, à l'appui du
projet de loi sur la monnaie,
tirait de l'Union latine la conclusion suivante:
"L'expérience nous a instruits;
s'il est un domaine dans lequel les conventions internationales sont non
seulement inutiles, mais encore inséparables de gros inconvénients au point de
vue économique,
c'est incontestablement celui de la législation monétaire.»
Ce jugement rappelle singulièrement l'avis des grands économistes allemands du
siècle passé (2)."
(2) Bamberger, L'or de l'Empire, traduit par Arnoldy et Van der Rest,
Bruxelles 1877. p.43. Cfr. Helffe-rich, op. cit. p. 415.
(Dubois, 1950) 4)
Malheureusement, le message est resté lettre morte chez la plupart des hommes
de l’Etat des autres pays depuis lors. Ces éléments cachent le recours croissant à telle ou telle mathématique à quoi
ont procédé nos économistes et dont la majorité serait bien incapable de
justifier le choix mathématique. La démarche de nos économistes est malheureusement devenue majoritaire et cela
malgré l’écart croissant entre ce qu’elle développait et la réalité. 4. Comme si de rien n’était, un « Conseil européen du risque systémique »
(European Systemic Risk Board, E.S.R.B.) 5) a été créée récemment, en
2010, en relation avec l’€uro 6).
C’est un organisme indépendant de l’Union Européenne, responsable de la
supervision macro-prudentielle du système financier au sein de l’Union. L’expression « risque systémique » n’y est guère clairement définie.
Elle fait partie de ces expressions nouvelles dont la rhétorique - au mauvais
sens du mot - devrait amener chacun à se souvenir du propos de R. Solow (2012)
donné en exergue:
« Pour un lecteur moderne sérieux, la rhétorique est sans pertinence ou, pire,
induit en erreur ou, pire encore, trompe intentionnellement » (ibid.
p.911)
En relation avec ce qu’on dénomme « monnaie » aujourd’hui, il en est de même à
la fois du « risque systémique » et d’un mot qui lui va de pair, à savoir le
mot « liquidité » : ils sont sans pertinence, induisent en erreur et trompent
intentionnellement. Le présent texte tend à donner une véritable définition économique au « risque
systémique » en relation avec ce qu'on dénomme "monnaie" aujourd'hui et qu'on
devrait appeler "néant habillé en monnaie". 5. Il propose de définir le "risque systémique" comme l’échangeabilité ou,
mieux, comme la catallaxie attendue avec incertitude par les gens.
Au lieu de « risque systémique », il préférera donc « risque de
catallaxie » en suivant le raisonnement de l’assurance. Ex post, le "risque de catallaxie" est réalisé quand, en particulier,
les gens ont perdu les capacités d’échanger ce qu'ils espéraient, ni ne peuvent
échanger comme ils l’entendaient avec ce qu’on dénommait « monnaie ». 6. Le texte montre dans sa section I que le « risque de catallaxie » procède à
la fois de deux notions économiques bien connues, à savoir le pouvoir d’achat
de la monnaie et la vendabilité de celle-ci, mais curieusement séparées l’un de
l’autre.
Il les intégre dans la notion de « catallaxie » de préférence au mot «
échangeabilité » qui en découle logiquement. 7. Un des aspects économiques du « risque de catallaxie » mérite le détour :
c’est la "conversion contractuelle" monétaire attendue avec incertitude ou, si
on préfère l’expression plus usuelle, la convertibilité monétaire (sous-entendu
ex ante), pour ne pas parler de la méconnue qu'est l’assurancielle, « risque de
conversion contractuelle ». Ce fait de la "conversion contractuelle" attendue avec incertitude est très
ancien, même s’il a été l’objet de mainte contrefaçon en cours de route (par
exemple, depuis la création de
l'administration des monnaies et médailles en France). 8. Mais, comme les assureurs l’ont montré dès le XIXè siècle, il convient de
distinguer le risque et ses facteurs de risque.
Au nombre des facteurs, interviennent la nature, les actes de chacun ou ceux
des hommes de l’Etat, ou encore un mélange des uns et des autres. Comme le « risque de catallaxie », le « risque de conversion contractuelle » a
donc des facteurs au nombre desquels sont essentiels les actes irréfléchis ou
irresponsables des hommes de l’Etat. Le présent texte privilégie le facteur réalisé à partir de la décennie 1930
qu’a été l’interdiction de la convertibilité monétaire qu'ont décidée les
législateurs ou des hommes des Etats nationaux (section II). Une chose est certaine : cette interdiction étatique n’a aucune raison
doctrinale indiscutable. D’autre part, rien ne justifie de l'oublier et de ne pas la combattre. 9. Le présent texte vise enfin à montrer (section III) que le « risque de
conversion contractuelle » englobe un autre mot de rhétorique qui a fait florès
au XXè siècle, à savoir le mot de « liquidité », qui est méconnu en tant que
tel et qui en définitive ne veut rien dire… Pourquoi, par exemple, parler de "liquide" plutôt que de "fluide" ou de
"visqueux"?
Ces mots ont des sens précis en chimie physique, mais aucun en économie
politique 7). Il montre ainsi qu’est incluse tacitement dans le facteur du « risque de
conversion contractuelle », la notion de « liquidité » et que celle-ci permet
de faire prendre des vessies pour des lanternes en parlant des « réserves
officielles » qui sont des objets comptables, mais en rien des réserves. 10. Tous ces éléments cachent des coûts qu’en général les économistes mettent
de côté et sur quoi on reviendra en conclusion en relation avec les innovations
et les réglementations monétaires.
****************** I. Le « risque de catallaxie ». I.1. Pouvoir d'achat de la monnaie. Malgré le titre du livre intitulé The Purchasing Power of Money (its
Determination and Relation to Credit, Interest and Crises) (1911) qui
laissait penser que le pouvoir d'achat de la quantité de monnaie était le coeur
du livre, Irving Fisher (1867-1947) s’était intéressé d'abord à l' « équation
des échanges » de marchandises contre monnaie dans le passé. Cela l'avait amené à insister sur le « pouvoir d'achat » de la monnaie, notion
chère au début du XXè siècle à beaucoup d’économistes qui, tel Ludwig von Mises
(1881-1973), y voyaient la "valeur" de la monnaie. De l'"équation des échanges", une équation qu'il considérait du premier degré à
une inconnue, Fisher a calculé l'inconnue qu'il a dénommée "vitesse de
circulation de la quantité de monnaie" et que, plus tard, les monétaristes (à
commencer par Milton Friedman, 1912-2006) monteront en épingle économique au
prix de quelques modifications. De là, sans explication déterminante, il a expliqué qu'à certaines conditions
en relation avec la vitesse de circulation de la monnaie,
primo, toute variation de la quantité de monnaie dans un sens provoquait une
variation des prix en monnaie des marchandises - ou du "niveau des prix" - de
même sens et,
secundo, que les effets de la variation de la quantité se répercutaient sur les
prix en monnaie des marchandises. 1.a. Pouvoir d’achat ex post ou ex ante.
A la suite de cette causalité qu’il ne justifiait pas, Fisher a fait passer
simultanément son équation des échanges du passé à l'avenir, de l’ex post à
l’ex ante !
Il y a le pouvoir d’achat qu’on calcule à partir de l’expérience passée –
pouvoir d’achat ex post - et le pouvoir d’achat qu’on espère dans l’avenir –
pouvoir d’achat ex ante -. Reste que Vilfredo Pareto (1848-1923) était réservé à l'égard de la notion de «
pouvoir d'achat de la monnaie » qu'il dénommait aussi "puissance d'achat" (cf.
§75 de son Cours d'économie politique de 1896-97).
Il préférait mettre l'accent sur les prix en monnaie des marchandises. Il
considérait ainsi que la monnaie était la marchandise qui servait de prix aux
autres marchandises (ibid., §269) 8). 1.b. La valeur de la "monnaie".
Comme si de rien n’était, le pouvoir d’achat ex post est devenu pouvoir d’achat
ex ante, la valeur ex post valeur ex ante ! La valeur qui intéresse l’économiste fait référence le plus souvent aux prix et
quantités des marchandises, résultats de l'offre et de la demande de marché,
voire des actions économiques d'untel ou untel. Le fait est que le prix de la monnaie en une marchandise n'est pas la valeur de
celle-là.
Il y a quelques siècles d'ailleurs, la valeur de ce qu'on dénommait alors
"monnaie" donnait lieu à des jugements dans ce sens.
De façon très générale, il était question, dans l'ordre, de bonne ou de
mauvaise monnaie (depuis au moins Aristophane jusqu'à Thomas Gresham), de vraie
ou de fausse monnaie (cf. Vilfredo Pareto), d’artificielle ou de naturelle,
puis au XXè siècle, de monnaie saine ou malsaine, de monnaie forte ou
faible.
Et J.M. Keynes (1936) de mettre son grain de sel à l'occasion en se référant
aux deux valeurs que J. Locke donnait, en 1692, à la monnaie (valeur d'usage en
relation avec le taux d'intérêt, valeur d'échange en relation avec les
marchandises). Longtemps, les économistes ont mélangé la valeur de la monnaie, voire l’ont
confondue avec la quantité de la monnaie.
Ainsi, le prix fixé, invariable, de l'unité de monnaie était qualifié de
"valeur intrinsèque" de la monnaie alors qu'il désignait simplement le poids ou
le nombre d'une (quantité de) marchandise. Et plus près de nous, R.W. Clower (1969) n’a pas hésité à transformer le titre
du chapitre intitulé
"The total value of the currency needed by a country"
- du livre de A. Marshall intitulé Principles of economics -
en
"The total currency needed by a country"
sans rien dire sur le "truandage" qu’il opérait ainsi et qui faisait passer à
la trappe le mot « valeur »… (ce n'était pas une coquille). 1.c. L’achetabilité de la monnaie ex ante.
Fisher n’a pas contribué à faire préférer à l’expression « pouvoir d’achat de
la monnaie » l'achetabilité de celle-ci (... i.e. en ligne de mire de son
demandeur). Le mot n’apparaît jamais. L’achetabilité en question est l’achetabilité ex ante et non pas l’achetabilité
ex post. Rien ne s’oppose néanmoins à dénommer le pouvoir d’achat ex post achetabilité
ex post et le pouvoir d’achat ex ante achetabilité ex ante. A ce dernier détail près, il y a trois façons de s’exprimer: il y a
l’achetabilité, l’espérance morale – anticipation - ou le risque. L’espérance morale ou anticipation fait intervenir des considérations de la
personne physique tandis que le risque est une façon de caractériser une entité
non personnelle en relation avec le domaine de l’assurance. Le mot « achetabilité » n’est pas beau, mais plutôt que de parler de pouvoir
d’achat, il est toujours possible de parler de l’achetabilité de la monnaie par
comparaison à la vendabilité de la monnaie qui, elle, a été employée (cf. § 2
ci-dessous). 1.d. Le « risque de pouvoir d’achat » de la
monnaie.
Avec la mode actuelle sur l’emploi du mot « risque » qui intervient à toutes
les sauces, on peut voir dans le pouvoir d’achat ex ante de la monnaie le «
risque de pouvoir d’achat » de la celle-ci.
Du point de vue de chacun, le « risque de pouvoir d’achat » n’est autre que
l’espérance morale ou anticipation de pouvoir d’achat attendue avec
incertitude.
Du point de vue de l’acte humain, le risque correspond à l’achetabilité ex
ante. 1.e. Les facteurs du « risque de pouvoir d’achat
».
De l’« équation des échanges » se déduit le pouvoir d’achat de la monnaie,
répétons-le. Dans Man, Economy and the State (1962), Murray Rothbard (1926-95) est
très sévère sur le développement de Fisher sur l’ « équation des échanges »
9). Sans s’y référer, Rothbard a fait apparaître des facteurs du « risque de
pouvoir d’achat » qu’on peut y trouver et que n’a pas évoqué Fisher. “13. The
Fallacy of the Equation of Exchange […] Monetary theory in American economics, […]
has been presented in entirely different terms—in the
quasi-mathematical, holistic equation of exchange, derived especially from
Irving Fisher.
The prevalence of this fallacious approach makes a detailed critique
worthwhile.[…]
Money is a generally acceptable medium of exchange, and purchasing power is
rightly defined as the “quantities of other goods which a given quantity of
goods will buy.”49
49 Ibid., p. 13. He explains that the lower the prices of goods, the larger will be the
quantities that can be bought by a given amount of money, and therefore the
greater the purchasing power of money.
Vice versa if the prices of goods rise.
This is correct; but then comes this flagrant non sequitur:
“In short, the purchasing power of money is the reciprocal of the level of
prices; so that the study of the purchasing power of money is identical with
the study of price levels.” 50
50 Ibid., p. 14. From then on, Fisher proceeds to investigate the causes of the “price level”;
thus, by a simple “in short,” Fisher has leaped
from the real world of an array of individual prices for an innumerable list of
concrete goods into the misleading fiction of a “price level,” without
discussing the grave difficulties which any such concept must face..[…] This off-hand assumption of equality is not self-evident, as Fisher apparently
assumes, but a tangle of fallacy and irrelevance. […] There is certainly no equality of values between two goods exchanged or, as in
this case, between the money and the good.
Is there an equality in anything else, and can Fisher’s doctrine be salvaged by
finding such an equality?
Obviously not; there is no equality in weight, length, or any other
magnitude.[…] There is no “value-of-money side” equaling a “value-of-goods side.” The equal sign is illegitimate in Fisher’s equation.
How, then, account for the general acceptance of the equal sign and the
equation?
The answer is that, mathematically, the equation is of course an obvious
truism:
70 cents = 10 pounds of sugar x 7 cents per pound of sugar.
In other words, 70 cents = 70 cents. But this truism conveys no knowledge of economic fact whatsoever.54
54 Greidanus justly calls this sort of equation “in all its absurdity the
prototype of the equations set up by the equivalubrists,” in the modern mode of
the “economics of the bookkeeper, not of the economist.” Greidanus, Value of
Money, p. 196.[…] In fact, it is an identity and not an equation. […] Thus, Fisher’s attempt to arrive at a quantity equation with the price level
approximately proportionate to the quantity of money is proved vain by yet
another route. A group of Cambridge economists—Pigou, Robertson, etc.—has attempted to
rehabilitate the Fisher equation by eliminating V and substituting the idea
that the total supply of money equals the total demand for money. However, their equation is not a particular advance, since they keep the
fallacious holistic concepts of P and T, and their k is merely the reciprocal
of V, and suffers from the latter’s deficiencies.
This example should reveal the fallacy of equations in economic theory. The Fisherine equation has been popular for many years because it has been
thought to convey useful economic knowledge.
It appears to be demonstrating the plausible (on other grounds) quantity theory
of money.
Actually, it has only been misleading. There are other valid criticisms that could be made of Fisher: […] At any rate, enough has been shown to warrant expunging the equation of
exchange from the economic literature.”
Soit dit en passant, malheureusement, l’équation des échanges reste pour une
grande part à la base des calculs sur le taux de change. 1.f. Réglementation et innovation.
Au nombre des éléments des facteurs du risque, il y a l’innovation et la
réglementation, considérations d’abord non économiques. Curieusement, aujourd'hui, peu de gens parlent de la réglementation et en
tirent les conséquences qui devraient s’imposer en dépit de sa
singularité.
Tout se passe comme si elle n'existait pas ou bien avait existé de tout temps
ou devait être perpétuelle... Il est important d’insister sur le fait que les réglementations édictées un
beau jour dans le passé ne sont pas perpétuelles. Contrairement aux innovations des gens qui se succèdent et donnent l’impression
elles aussi un temps d’être perpétuelles, les réglementations sont susceptibles
d’être abandonnées, pas les innovations sauf pour une jugée de facto
meilleure. Ces variations des réglementations ne sauraient être comparées à des faits
historiques. 1.g. Irréversibilité.
Simplement parce qu'une réglementation ne saurait être perpétuelle et
irréversible et que son coût ou celui de ses effets ne peut que croître, il
conviendrait de la garder à l'esprit. Seules les innovations sont irréversibles et elles le sont parce qu'elles
cachent des économies de coûts. Bien sûr, on peut toujours tenter de faire confondre réglementation et
innovation, ce qui est la mode politique actuelle, mais cela ne peut que durer
un temps. On peut aussi tenter de faire confondre interdiction et obligation. Il s'agirait d'évoquer en permanence les aspects de ce fait. I.2. Vendabilité de la monnaie. Dans le but d'expliquer l’origine de la monnaie, Carl Menger (1840-1921) avait
constaté que, dans le passé, des échanges avaient donné lieu, chacun, à la
récurrence d’une marchandise vendue aisément, pas toujours la même selon les
temps et les espaces, qu'il était quotidien de dénommer désormais
"monnaie". Il l'admettait « vendable » aisément dans l'avenir et y voyait ainsi une
marchandise vendable ex ante. Menger avait en effet mis le doigt sur la «
vendabilité » – « saleableness » en anglais, et leur degré, the
different degrees of saleableness (Absatzfahigkeit) of commodities. – des
marchan-dises qui deviennent formes de monnaie, leur capacité d'être vendues
:
“With economic progress, therefore, we can everywhere observe the phenomenon of
a certain number of goods, especially those that are most easily saleable at a
given time and place, becoming, under the powerful influence of custom,
acceptable to everyone in trade, and thus capable of being given in exchange
for any other commodity.
These goods were called “Geld” by our ancestors, a term derived from “gelten”
which means to compensate or pay.
Hence the term “Geld” in our language designates the means of payment as such.”
(Menger, chap.8) 10).
Depuis lors, les formes de monnaie en question se sont succédées et sont
apparues elles-mêmes, à leur tour, aisément vendables… 2.a. Vendabilité ou pouvoir de vente de la
monnaie.
Au lieu de marchandise vendable ou de vendabilité de la marchandise ex ante
dénommée "monnaie", par comparaison au « pouvoir d’achat » de la monnaie,
Menger aurait pu faire intervenir la "puissance de vente", le "pouvoir de
vente" ou encore la "force de vente" (mot moderne) de la monnaie ainsi cernée.
Il ne l’a pas fait. Qu’à cela ne tienne, et en oubliant Pareto, au lieu de parler de la capacité
qu’a quelqu’un d’agir, on peut parler de son pouvoir – voire de son droit… -,
ce qui revient au même. Rien ne s’oppose à dénommer la vendabilité ex post pouvoir de vente
ex post et la vendabilité ex ante pouvoir de vente ex
ante. La vendabilité ex ante de la monnaie est la vendabilité attendue avec
incertitude par chacun. On peut encore parler d’espérance de vente attendue avec incertitude par la
personne juridique physique. 2.b. Le « risque de pouvoir de vente » de la
monnaie.
On peut en arriver à voir ainsi dans la vendabilité ex ante de la monnaie, dans
le pouvoir de vente de celle-ci attendue avec incertitude par les gens, le «
risque de pouvoir de vente ». 2.c. Les facteurs du « risque de pouvoir de vente » de la
monnaie.
Le « risque de pouvoir de vente » de la monnaie a des facteurs de risque. Une chose est certaine : à l’origine, les hommes de l’Etat n’ont eu aucun rôle
dans ce facteur de risque. Seuls les gens privés s’y étaient attachés. Par la suite, ils s’y sont immiscés. I.3. « Risque de catallaxie » et facteurs du « risque de
catallaxie ». Menger ne s'est donc pas confronté à ce que d'autres économistes de son temps
dénommaient, par habitude, pouvoir d'achat de la monnaie (cf. ci-dessus section
I). Reste que ce qui est capacité de vendre pour l’un est néanmoins capacité
d’acheter pour l’autre et réciproquement.
La vendabilité, pouvoir de vendre ou de vente devrait avoir pour symétrique
l’achetabilité, le pouvoir d’acheter ou d’achat.
Une personne a un pouvoir d’acheter ou de vendre de la monnaie, un pouvoir
d’achat ou de vente de celle-ci. Et par rhétorique, on peut dire que la monnaie a autant un pouvoir de vente
qu’un pouvoir d’achat… 11) Les notions de vendabilité et d'achetabilité de la monnaie, de pouvoir de vente
et de pouvoir d'achat de la monnaie, sont deux voies opposées qui confortent,
chacune, les notions d'offre et de demande de la marchandise, de
l’échangeabilité, du marché au sens théorique du mot, bref de la
catallaxie.
Elles peuvent être regroupées directement dans la notion d'échangeabilité, de
marché ou de catallaxie. Faut-il rappeler que, selon Friedrich von Hayek (1899-92) :
« Une économie, au sens strict du mot qui permet d'appeler « économie » un
ménage, une ferme ou une entreprise, consiste en une combinaison d'activités
par laquelle un ensemble donné de moyens se trouve affecté selon un plan
unitaire et réparti entre les diverses tâches d'après leur importance
respective.
L'ordre de marché ne sert nullement un tel agencement unitaire
d'objectifs. Ce qui est d'ordinaire appelé une économie sociale ou nationale n'est pas en ce
sens une unité économique mais un réseau de nombreuses économies imbriquées les
unes dans les autres.
Nous verrons que son ordre partage, avec l'ordre d'une économie proprement
dite, certains
caractères formels mais non pas le plus important : les activités d'une nation
ne sont pas gouvernées par une unique échelle ou hiérarchie d'objectifs. La croyance que les activités économiques des individus membres de la
société sont, ou devraient être, les éléments partiels d'une économie au sens
propre du terme, et que ce que l'on appelle communément l'économie d'un pays ou
d'une société devrait être agencé et jugé d'après les mêmes critères qu'une
économie proprement dite, est la principale source d'erreurs dans ce
domaine.
Pourtant, chaque fois que nous parlons de l'économie d'un pays, ou du monde,
nous employons un terme qui suggère que ces systèmes devraient être conduits à
la manière socialiste, et dirigée suivant un plan unique de façon à servir un
ensemble unitaire d'objectifs. Alors qu'une économie proprement dite est une organisation, dans le sens
technique que nous avons donné à ce mot — c'est-à-dire un agencement délibéré
d'un seul organe collectif pour l'emploi de moyens connus — le kosmos du marché
n'est ni ne peut être ainsi gouverné par une échelle unique d'objectifs ; il
sert la multitude des objectifs distincts et incommensurables de tous ses
membres individuels.
La confusion engendrée par l'ambiguïté du mot économie est si grave que, pour
notre propos actuel, il apparaît nécessaire d'en cantonner l'usage strictement
dans son sens originaire : celui d'un complexe d'actions délibérément
coordonnées visant un seul faisceau d'objectifs ; et d'adopter un autre terme
pour évoquer le réseau de nombreuses économies en relations mutuelles, qui
constitue l'ordre de marché. Puisque le nom de « catallactique » a depuis longtemps été proposé pour la
science qui étudie l'ordre de marché, et qu'il a récemment été tiré de l'oubli,
il semble tout indiqué d'adopter un mot correspondant pour l'ordre de marché
lui-même.
Le terme « catallactique » a été tiré du verbe grec katallattein (ou
katallassein) qui signifiait originairement, et de façon éclairante, non
seulement « échanger » mais aussi « admettre dans la communauté » et « faire
d'un ennemi un ami ».
De là, l'adjectif « catallactique » a été dérivé pour remplacer « économique »
afin de désigner l'espèce de phénomène dont s'occupe la science de la
catallactique.
Les anciens Grecs ne connaissaient pas ce terme, et n'avaient pas de substantif
correspondant ; s'ils en avaient forgé un, c'eût été probablement
katallaxia. De là nous pouvons former un mot moderne, catallaxie, que nous emploierons pour
désigner l'ordre engendré par l'ajustement mutuel de nombreuses économies
individuelles sur un marché.
Une catallaxie est ainsi l'espèce particulière d'ordre spontané produit par le
marché à travers les actes de gens qui se conforment aux règles juridiques
concernant la propriété, les dommages et les contrats."
(Hayek (1976), Droit, législation et liberté, tome 2, « Le mirage
de la justice sociale », tr. R. Audouin, Paris, © PUF, 2è éd. 1986, p.
129-131).
3.a. Définition du « risque de catallaxie ».
En relation avec le risque systémique du « Conseil européen du risque
systémique » - dont la définition n’est guère éclairante -, compte tenu du flou
qui règle autour de l’expression « risque systémique », il est plus approprié
de parler du « risque de catallaxie » pour identifier sa réalité, au lieu de
limiter le mot au seul « risque de pouvoir d’achat » de la monnaie ou au seul «
risque de vendabilité » . Cette notion n’a rien d’original même si, par exemple, von Mises la confronte à
son opposé logique dans le texte de 1917-18 déjà cité sur les « doctrines
monétaires catallactique et a catallactique » et si, en France, elle est peu
connue. Echangeabilité ou catallaxie devient alors synonyme de « marchandise ».
Comme la marchandise, la catallaxie est autant ex post que ex ante.
Reste qu'à la différence de la marchandise ou de la catallaxie,
l'échangeabilité suppose l'avenir et est uniquement à envisager ex ante. 3.b. Les facteurs du « risque de catallaxie ».
Le « risque de catallaxie » ne doit pas cacher les facteurs du risque qui lui
donnent ses
caractéristiques. Ces facteurs procèdent d’abord des postulats que les gens donnent à la
catallaxie en relation avec le coût de l’échange synallagmatique présent qu’ils
estiment chacun et avec sa variation, selon quoi la monnaie le diminue. Ils font intervenir deux postulats. . Postulat n°1 :
Le postulat n°1 est que
- l'acte d'échange synallagmatique présent de la personne juridique ESP est
possible,
- mené, il est espéré profitable.
- un bien échangeable 13) est un bien dont le coût de l'échange synallagmatique
présent –CESP- est estimé bas ou peu élevé 14). Il revient au même de dire que
- les gens ont les capacités (juridiques, techniques ou économiques)
d'échanger, de mener l'action d'échange qu’ils se donnent et que
- le coût de l'échange envisagé est estimé bas ou pas trop élevé. Postulat n°2
Le postulat n°2 est que
l'acte d'ESP est espérée impossible. L'échange désiré est impossible car le coût d'échange est trop élevé.
Si l'échange ne débouche pas, si le marché n'est pas conclu, c'est en
particulier parce que l'échange a eu un coût estimé trop élevé à un certain
instant. des biens ne sont pas échangeables, une marchandise n’est pas échangeable quand
le coût de l'échange est trop élevé.
Un bien non échangeable, non marchand cache en fait un CESP trop élevé. Malgré la monnaie, des échanges ne se font pas, des biens ne sont pas
échangeables, ils sont « non marchands » en raison des capacités impossibles à
avoir pour les mener à bien. Les coûts de l’échange dans les postulats n°1 (possibilité) et n°2
(impossibilité) ne sont rien d’autres que des facteurs réalisés du « risque de
catallaxie », selon l’un, les coûts sont bas, selon l’autre, les coûts sont
élevés. A l’opposé, si le coût de l’échange devient trop élevé, plus d’échange n’est
possible, Si le coût d’échange élevé est abaissé comme il le faut, il autorise davantage
d’échanges qui deviennent profitables.
les biens deviennent échangeables, marchands.
Il revient au même de dire que
- les gens ont acquis les capacités d'échanger, de mener l'action
d'échange
- le coût de l'échange de biens envisagé a été abaissé ou que
- les biens sont devenus échangeables les uns contre les autres,
- il y a des obstacles abaissés ou frictions moins nombreuses. Ex ante, la catallaxie attendue avec incertitude par les gens a trois grands
postulats qui sont ses facteurs du risque.
****************** II. L’interdiction étatique de la convertibilité
monétaire. Le « risque de catallaxie » a divers aspects.
Celui qu’on privilégie dans ce texte est la convertibilité des substituts de
monnaie bancaires en monnaie or ou argent …, autre façon de parler du « risque
de la conversion contractuelle » des substituts de monnaie bancaires attendue
avec incertitude par les gens. Derrière ce risque se cachent ses facteurs.
L’accent est mis sur l’interdiction du « risque de conversion contractuelle »
décidée par les hommes de l’Etat. II.1. Convertibilité des substituts de monnaie bancaires en monnaie or
ou argent 15).
1.a. Les règles de droit.
La notion de convertibilité des S.M.B. en monnaie or ou argent est juridique.
Elle est assise sur les règles de vrai droit. Comme l’a écrit Pascal Salin :
« Tout système bancaire repose sur des garanties de convertibilité.
La convertibilité de la monnaie produite par une banque est garantie par une
monnaie de réserve.
A la limite, seule cette monnaie « de réserve » mérite véritablement le nom de
monnaie » (Salin, 1990, p.83) « Il convient de préciser le processus concret par lequel on met en œuvre la
garantie de convertibilité contre les monnaies » (ibid., p.
87). La garantie de convertibilité est une considération en relation avec les règles
de droit. Mais, d’une part, fin XIXè, début XXè, certains économistes ont séparé
l’économie politique des règles de droit. D’autre part, au début du XXè siècle, sans que cela soit distingué, la notion
de convertibilité des substituts de monnaie bancaires en monnaie or ou argent
avait rejoint, dans sa nature, les notions de vendabilité ex ante ou
d'achetabilité ex ante, bref d’échangeabilité ou de catallaxie ex ante. Comme celles-ci, elle ignorait le passé et supposait tacitement l'avenir, se
situait ex ante. 1.b. La couverture comptable.
La notion de convertibilité de ces S.M.B. est ensuite comptable..., un chiffre,
la comptabilité s'en déduit par la suite.
La convertibilité juridique a un taux qui n’est autre que le rapport entre deux
montants détenus par la banque, à savoir le montant de la monnaie or ou argent
et celui des SMB … 1.c. Convertibilité juridique et couverture
comptable.
Ils font intervenir un taux de conversion juridique et un taux comptable entre
l’or ou l’argent et les SBM. L’un et l’autre sont autant ex post que ex ante. Le taux de conversion juridique est ex ante tandis que le taux de conversion
comptable est ex post. Il reste qu'en raison de la convertibilité, on peut expliquer que les
mouvements des stock d'or et stock de créances sont étroitement liés. A leur façon, les mouvements du stock d'or informent sur la « qualité » du
stock de créances. Une ambiguïté existe entre convertibilité et couverture.
Il y a une façon comptable de parler de la convertibilité ex post, de la
conversion passée, c’est la couverture comptable. Celle-ci a un caractère
observable, arithmétique résultant de la comptabilité bancaire.
Elle est source d'informations qui peuvent être vraies ou fausses.
Pour sa part, le prix en monnaie des échanges donnait lieu à la comptabilité ex
post des échanges. Soit dit en passant, si on ne peut pas mentir sur un stock d'or ou d'argent
détenu, sauf à le cacher par l'intermédiaire d'un compte - secret - dont on ne
retient à l'actif du bilan de la banque que le solde 16), il en est tout
différemment d'un stock de créances qui lui fait intervenir les
débiteurs. La convertibilité des SMB est ex ante, elle concerne les banques et
les agents.
Sont en question les "substituts de monnaie bancaires" (billets et comptes de
dépôt bancaires) (S.M.B.) convertibles par les gens en monnaie or, la
conversion contractuelle attendue avec incertitude par ceux-ci. La convertibilité des SMB doit être distinguée des échanges de marché où les
agents sont entre eux.
La conversion contractuelle peut être comparée à l’échange en monnaie - et de
ses substituts bancaires depuis le XIXè siècle - contre des biens « non monnaie
» « sur le marché », en catallaxie.
On échange chaque fois une quantité de marchandises à un prix en monnaie ou, ce
qui revient au même contre une quantité de monnaie. Le prix de la marchandise en monnaie n’est alors jamais que la quantité de
monnaie à recevoir ou à donner convenue, le taux d’échange conclu. 1.d. Le « risque de conversion contractuelle » des substituts de
monnaie bancaires en monnaie or ou argent.
Le « risque de conversion contractuelle » des substituts de monnaie bancaires
en monnaie or n’est jamais que la convertibilité ex ante précédente. Les deux expressions qui se placent dans des domaines différents sont
synonymes. Le mot « convertibilité », ancien, a tendance à cacher le mot « risque »,
nouveau, ouvrant sur le domaine de l’assurance. 1.e. Facteurs du « risque de conversion contractuelle
».
Comme tout risque, le « risque de conversion contractuelle » a divers facteurs
qui sont de l’ordre de la nature (accident) ou de l’ordre des gens
(responsabilité) ou d’un mélange de l’un et de l’autre. Tantôt ces facteurs sont attendus avec incertitude, tantôt ils ne le sont pas
et doivent être considérés réalisés, le plus souvent une fois connus. Certains de ces facteurs sont irréversibles (irrémédiables), et d’autres ne le
sont pas. II.2. Le facteur « interdiction étatique » du « risque de conversion
contractuelle ».
2.a. Définition.
Qu'on le veuille ou non, l'interdiction étatique du « risque de conversion
contractuelle » a été la réglementation 17) monétaire majeure du XXè
siècle.
Elle a été réalisée et constatée ex post par les gens. La réglementation fut instaurée à partir de la décennie 1930 dans tous les
pays.
Elle s’est réalisée totalement au début de la décennie 1970. Elle s’explique par la puissance économique que pensait obtenir le gouvernement
de l’Etat d’un pays en l’instaurant. Et, indirectement, les effets du facteur, à savoir l’interdiction supportée,
ont duré jusqu’à aujourd’hui. Rien ne justifie de ne pas s’interroger – comme c’est le cas ordinaire des
économistes- sur la réalisation de ce facteur de risque et sur sa
pérennité. 2.b. Irréversibilité du facteur « interdiction étatique
».
Il ne faut pas mélanger la réglementation qu’est une interdiction étatique et
l’histoire. L’interdiction étatique n’est pas irréversible en dépit de ce que certains
colportent et de ce dont l’histoire témoigne. Le facteur n’est pas irréversible comme l’a démontré, par exemple, le
législateur de l’Angleterre après 1821 18) et sur quoi, en particulier, avait
écrit David Ricardo. Le coût économique du facteur et le coût de ses effets ne peuvent que
croître. Le facteur est toujours en acte aujourd’hui, mais il n’est pas irréversible, ni
irrémédiable (cas du bitcoin pour enlever le remède). L'interdiction étatique réalisée du « risque de conversion contractuelle »
n'est pas une innovation étatique comme certains le colportent, elle ne saurait
être perpétuelle, ni irréversible, 2.c. Remarque : interdiction étatique nouvelle et comptabilité
bancaire invariable.
Suite à l'interdiction étatique de la conversion contractuelle de la décennie
1930, il aurait dû y avoir une modification de la comptabilité bancaire. L’interdiction a eu pour conséquence extraordinaire qu'il n'y a pas eu de
variation des règles de la comptabilité bancaire pour autant, jusqu’à
aujourd’hui inclus.
J’ai développé le point dans le texte du 13 janvier 2013 que j’ai proposé au
séminaire JB Say, je vais résumer. Il envisageait deux grands aspects en relation avec les mots (je n’avais pas lu
Solow…) et avec la comptabilité bancaire qui sont étroitement liés. La logique du droit, fondement de la vraie comptabilité bancaire, a été en
vérité oubliée ou contrecarrée pour ne pas écrire foulée aux pieds par cette
réglementation.
Rien ne justifiait que billets et dépôts bancaires persistassent, inscrits au
passif du compte de bilan de la banque comme ils l’ont été. En le restant, il fallait admettre que le nouveau faux concept, celui de «
substituts de rien bancaire » (S.R.B.) recouvrirait désormais, malgré tout, les
deux grandes formes, billets en papier et dépôts bancaires, que recouvrait le
concept de S.M.B., avec une signification juridique non dite. Bien évidemment, la présentation comptable inchangée ne posait pas de problème
à ceux qui en avaient oublié le fondement juridique pour en rester à
l'arithmétique.
Quand on met de côté les règles de droit et quand l'obligation de paiement
conserve ses caractéristiques antérieures, rien ne s'y oppose. Mais, la logique du droit en tête, il pouvait en être autrement. Tout s'est
passé pour ceux qui étaient dans ce cas comme s'ils avaient résolu le problème
en ne changeant rien. Pour le législateur, tout s'était passé comme si la nouvelle réglementation de
la conversion contractuelle, i.e. l’interdiction de sa conversion, n'avait pas
eu d'impact sur la comptabilité bancaire.
On peut aussi penser que, pour les uns, on ne voulait pas modifier les règles
en question, pour les autres, on ne savait pas faire.
Et sur ce dernier point, les faits se sont accumulés jusqu'à aujourd'hui inclus
(par exemple, en relation avec le "hors bilan" des banques). Simultanément, malgré l’interdiction et les nouvelles réglementations - sans
variation comptable supposée -, les substituts de monnaie bancaires
- ont été pris pour "monnaie" au lieu d'être considérés pour ce qu'ils
devenaient, des "substituts de rien bancaires" et
- sont devenus, pour des économistes orthodoxes, et en relation avec la banque
centrale, "monnaie interne" et "monnaie externe" à la suite des travaux de
Gurley et Shaw (1960) 19).
********************* III. La liquidité. Le facteur de risque qu’était l’interdiction étatique du « risque de conversion
contractuelle » ne s’est pas arrêté là.
Il a été prolongé à partir du début de la décennie 1970 et s’est approprié un
mot nouveau de la rhétorique au mauvais sens du mot, celui de liquidité.
Il a conduit à parler des « réserves internationales » ou des « réserves
officielles » pour désigner certaines créances/dettes des banques centrales
comme si celles-ci étaient de la monnaie, alors qu’elles n’étaient que des «
néants habillés en monnaie ». Selon Friedrich von Hayek dans Denationalisation of Money (1978,
p.71n), il semblerait que le mot liquidité ait été introduit depuis au moins
Carlile qui parlait de “liquid asset” (cf. Carlile, Evolution of Money, 1901 )
20). III.1. Liquidité comptable d'une créance/dette (sens
n°1). Pour sa part, Gustav Cassel (1866-1945) s'était intéressé, quant à lui, à la
comptabilité des échanges effectués permises par ce qu'on dénommait "monnaie"
et au remboursement prochain attendu des créances par le propriétaire, en
faisant intervenir la notion de "liquidité". La liquidité n'était donc qu'une considération comptable, un rapport de la
créance en monnaie à la créance en monnaie à sa maturité prochaine convenue
(premier sens du mot) (c’est qu’en a dit Hutt, 1956). III.2. Préférence pour la liquidité (sens n°2). Au moment où l'interdiction de la convertibilité monétaire commençait à
dénaturer ce qu'on avait dénommé jusqu'alors la monnaie, tout a tendu à
changer.
La liquidité allait acquérir un sens particulier d'échangeabilité (deuxième
sens du mot). Pire que les réglementations de la monnaie à quoi l'étude de la monnaie devrait
inciter, il y a eu en effet l'accent mis sur la "préférence pour la liquidité",
ancre du motif de spéculation keynésien pris par beaucoup pour référence
générale de la demande de monnaie. John Maynard Keynes (1883-1946) a ainsi enfoncé le clou en parlant de
"préférence pour la liquidité" pour désigner une composante de la demande de
monnaie qu'il particularisait tel dans le livre intitulé Théorie générale de
l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie (1936).
Il mettait l’épargnant nouveau face au dilemme : demander de la monnaie ou
demander certaines créances/dettes. Etant donné l'épargne nouvelle et les créances/dettes à long terme, à revenu
fixe, à taux d'intérêt nominal invariable, à quoi il supposait que s'attendait
avec incertitude l'épargnant/investisseur, Keynes a en effet défini la
"préférence pour la liquidité" comme une composante de la demande des
substituts de monnaie bancaires - convertibles ou non en monnaie or, on ne sait
- par opposition à la demande de créances/dettes longues, à revenu fixe. La prévision "variation monnaie et créances/dettes à long terme" dans l'avenir
faisait prévoir à l'épargnant/investisseur, en théorie, un gain ou une perte à
court terme selon qu'il choisissait la monnaie ou la créance/dette. James Tobin (1918-2002) a proposé, vingt ans plus tard, une explication
microéconomique faisant intervenir des notions nouvelles, complémentaires comme
celle d'"aversion pour le risque". Dans cette approche, la "monnaie réglementée" cannibalise la notion de
comptabilité réglementée qu'est la liquidité et devient la "liquidité absolue",
à quoi les économistes comparent les autres actifs de patrimoine, plus ou moins
liquides, les autres réserves de valeur. Et aujourd'hui, la liste des actifs plus ou moins liquides est longue... Et les banques centrales semblent s'être données pour règle de dire lesquelles
sont liquides - et qu'elles sont prêtes à acheter ou à prendre en pension - et
celles qui ne le sont pas – et qu’elles n’achèteront pas -. D'un jour à l'autre ou presque, d'ailleurs tout peut changer. En d'autres termes, avec cette voie de la comptabilité réglementée inspirée
d'une approche répréhensible de ce qu'on dénommait "monnaie" hier, sous la
rubrique de la "liquidité" ; la "monnaie réglementée" se voit juxtaposée, sans
réserve, à des "actifs de patrimoine", tout cela sans se préoccuper des
réglementations assénées aux uns et aux autres. La confusion ne s'arrête pas là. La liquidité a ainsi acquis un sens particulier de catallaxie mais elle a
continué à cacher le coût d'opportunité de l'acte d’échange ex ante à quoi
donnait lieu la catallaxie en question (« friction » de Hicks, cf. ci-dessous
§6). A aucun moment, Keynes ne fait référence à ce coût.
La prime de liquidité qu’il évoque n’est qu’un aspect de ce coût laissé de
côté. III.3. Les réserves officielles « néant habillé en monnaie » (sens
n°3). La liquidité a acquis une troisième signification en relation avec la
permanence de la réglementation comptable bancaire, malgré l’interdiction
étatique nouvelle de la convertibilité ex ante, du « risque de conversion
contractuelle ». Au lieu que les mots « monnaie » ou « liquidité » continuent à être employés
dans les sens précédents, les agents officiels se sont donnés un nouveau mot, à
savoir le mot « réserve » 21), au prix d’un adjectif complémentaire «
officielle ». Il y avait déjà :
- les « réserves fractionnaires », rapport entre le montant des substituts de
monnaie bancaires et celui des crédits (taux de couverture),
- les « réserves obligatoires » des banques de second rang auprès de la banque
centrale, rapport imposé par le législateur ou l’Etat entre principalement le
montant des dépôts des banques de second rang à la banque centrale et le
montant des substituts de monnaie bancaires des banques. Il y aura désormais les « réserves officielles » ou « réserves internationales
» qui ne fait intervenir aucun rapport 22).
Depuis 1971-73, les « réserves officielles » ont retrouvé ainsi les «
substituts de rien bancaires » détenus par les agents privés. La conversion
contractuelle en monnaie or ou argent a été supprimée. Agents privés ou agents
officiels, même combat…
Existent désormais la « monnaie/banque réglementée » par les autorités d’un
pays ou d’une région dont la plupart des économistes mettent curieusement de
côté la réglementation dans l’explication qu’ils en donnent 23).
III.4. Remarque : « monnaie », liquidité, réserves officielles et
finance. Quel lien logique existe-t-il entre la « monnaie », la liquidité, les réserves
officielles et la finance ? Pour les uns, c’est la contagion… (cf. par exemple « Global liquidity and
financial contagion » http://www.bis.org/review/r140116f.pdf?frames=0
) La question n’est pas originale.
Il existe des théories économiques qui tressent des liens
- entre la monnaie et la liquidité (en particulier, les keynésiens, voire les
monétaristes, cf. par exemple Claassen, 1970, chap. 2) ou
- entre la monnaie et la finance (cf. par exemple Gurley et Shaw, 1960). Ces théories non autrichiennes ont en commun de parachuter des éléments pour
parvenir à leurs fins et, surtout, de ne pas partir du point de départ le plus
logique qui soit, à savoir l’échange de marchandises en propriété, type d’acte
humain. Leur relation étroite est renforcée par la monnaie et la finance, voire
l’assurance.
En effet, la monnaie, la finance et l’assurance ne sont jamais que des renforts
de la relation pour autant qu’en principe, elles réduisent le coût
d’opportunité de l’échange de chacun. La vérité ne se trouve donc pas dans la rhétorique au mauvais sens du mot
24).
**************** Conclusion. Ce qu’on dénomme « monnaie » aujourd’hui ne doit pas cacher la course poursuite
entre les réglementations et les innovations. L’interdiction étatique du « risque de conversion contractuelle » qui a été
réalisée au XXè siècle n’a pas empêché d’autres réglementations, ni surtout des
innovations depuis lors. L’ère de la « monnaie analogique » a laissé progressivement le pas à l’ère de
la « monnaie numérique », impensable encore dans la décennie 1930, au moment de
la réglementation de l’interdiction étatique du "risque de
convertibilité". Au coeur de cette évolution, il y a un mot important, véritablement économique,
qui est pourtant rarement évoqué, à savoir celui de coût d'opportunité de
l'acte d'échange en monnaie de la personne juridique physique pour changer de
situation. Le changement de situation de la personne donne lieu à un coût estimé par
chacun qui doit être distingué du coût d’opportunité de l’acte d’échange. Semblent préférées à ce coût par les uns et les autres l’innovation et la
réglementation, considérations non économiques.
Mais ces mots eux-mêmes ne doivent pas cacher que les porte le coût
d’opportunité de l’acte d’échange de chacun. C’est ce coût d’opportunité de l’acte d’échange qui fait que tous les mots
précédents tournent autour de lui et, surtout, autour de sa diminution dont
tous les économistes ne semblent pas avoir idée et à quoi donne lieu ce qu'on
dénomme "monnaie" aujourd'hui. Encore faut-il traiter de ce coût d’opportunité de l’acte d’échange.
Ce qui n’est que très rarement le cas puisqu'il est soit mis de côté, soit
supposé nul, soi-disant pour simplifier... C’est ce coût que permettent les références au « risque de catallaxie » de la
monnaie en général et au « risque de conversion contractuelle » de celle-ci en
particulier, ainsi qu’au facteur de risque, en général, et en particulier au
facteur « interdiction étatique » de ce dernier risque.
Ces références l’échafaudent. On peut dire que, si le coût d’opportunité de l’acte d’échange est jugé bas
malgré les réglementations, tout va bien.
S’il est jugé devenir élevé, tout va changer.
Et les réglementations cachent alors des coûts que personne ne saurait
modifier. . L'€uro.
Summum par excellence de la démarche aveugle de l’interdiction
étatique du « risque de conversion contractuelle » poursuivie tout au long du
XXè siècle, ce qu'on dénomme "€uro" et tout ce qui s'y rattache depuis
1999. A aucun moment, le facteur « interdiction étatique » que cache l’€uro n’est
évoqué. Il en est pourtant la base.
Suivant en cela l’Angleterre de 1797-1821 ou l’Union monétaire latine d’hier,
il n’est pas irréversible. Le coût économique du facteur et le coût de ses effets ne peuvent que
croître et le rendre réversible ou rémédiable. Malgré cela, ceux qui ont amené au capharnaüm actuel, qu'ils ne comprennent
pas, veulent aller néanmoins au-delà et imposer, dernier dada réglementaire,
une union bancaire aux banques de second rang.
A leurs yeux, cette obligation, nouvelle réglementation, devrait améliorer la
situation ! L’interdiction et l’obligation d’hier se voit ainsi compléter par une nouvelle
obligation.
Reste qu’aucune base doctrinale ne permet de le soutenir. Références Bastiat, F. (1850) http://bastiat.org/fr/services.html Clower, R.W. (ed.) (1969), Monetary Theory, Debreu, G. (1960), Théorie de la valeur , Dubois, L.A. (1950), "La fin de l'Union monétaire latine", thèse, Université de
Neuchatel. http://doc.rero.ch/record/5351/files/2_these_DuboisLA.pdf Fisher, I. (1911), The Purchasing Power of Money (its Determination
and Relation to Credit, Interest and Crises)
http://oll.libertyfund.org/?option=com_stati...5&Itemid=27 Gurley, J. et Shaw, E.S. (1960)
Monnaie dans une théorie des actifs financiers). Hayek, F. (von) (1978), Denationalization of
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économique », Commentaire, hiver 2013-14 Walras, L. (1900), Eléments d'économie pure . Notes
1) A cause des réglementations imposées par le législateur dans
l'aveug target="_blank"le. 2) http://mises.org/document/194 3) La "monnaie/banque réglementée" a en effet peu de choses à voir avec ce que
le public dénommait hier, au début du XXè siècle, "monnaie", avant en
particulier l'interdiction de la convertibilité contractuelle des substituts de
monnaie bancaires, détenus par les agents privés, en monnaie or, décidée par
les législateurs nationaux à partir de la décennie 1930.
L'ensemble des autorités des pays a d’ailleurs réussi à faire jusqu'à présent
que le monde soit truffé de "banques/monnaies réglementées" tantôt échangeables
internationalement (comme l'€uro ou le dollar des Etats-Unis), tantôt non
échangeables internationalement (comme le yuan renminbi de la Chine populaire),
sur quoi il y a peu d’analyse.
Pour leur part, les économistes ont mis curieusement de côté les
réglementations dans les explications qu’ils en donn target="_blank"aient. 4)
http://doc.rero.ch/record/5351...se_DuboisLA.pdf 5) ESRB Recommendation on lending in foreign currencies (ESRB/2011/1) Follow-up
Report– Overall assess-ment :
« Pursuant to Article 16 of Regulation (EU) 1092/2010 of the European
Parliament and of the Council of 24 November 2010 on the European Union
macro-prudential oversight of the financial system and establishing a European
Systemic Risk Board5, the ESRB shall issue recommendations for remedial action
when a significant systemic risk is identified target="_blank".”
http://www.esrb.europa.eu/pub...8998ef4d7abf7af 6) Son siège est situé à Francfort et son secrétariat est assuré target="_blank"par la
BCE.
https://www.banque-france....systemique.html 7) Hicks (1935) l’avait introduit en relation avec ce qu’il dénommait «
friction », mot de « mécanique », pas d’économie politique, qu’il faisait
intervenir néanmoins dans celle-ci. 8) Soit dit en passant, le "schéma de la boite géométrique des marchandises
échangées" sera imputé curieusement, par la suite, à F.Y. Edgeworth et A.L.
Bowley (comme l'expliquent et s'en formalisent Tarascio (1972) puis Weatherby
(1976)). – On peut le lire dans son Manuel d'économie politique qui permet
d'expliquer économiquement les échanges synallagmatiques de marchandises
échangées -,
Sans le savoir, ces travaux sur Pareto complètent la façon dont ses idées ont
été dénaturées à partir de la décennie 1930 par un certain nombre d'économistes
(... en particulier américains, cf. ce texte de target="_blank" juillet 2009).
9)
http://mises.org/(S(...-of-Exchange/13 10) Soit dit en passant, en France, ce ne fut pas l’or, mais l target="_blank"217;argent…
http://library.mises.org/books/Carl Menger/On the Origins of
Money.pdf 11) Par la rhétorique, échanger des biens devient « bien échangeable »,
marchand... marchandise, on passe ainsi
du fait que « j'échange des biens » ou que la « personne juridique physique
échange des biens »
au fait de l’« échange de marchandises en propriété » réalisable ou
effectif,
à celui du bien échangeable, marchand...ou bien
à celui de « l'échangeabilité des biens » qui cache la capacité d'échanger qui
n'est pas mentionnée ou
à des « biens échangeables (service, marchandise), biens vendables ou
achetables » 12) On remarquera que, dans leur étude de l’origine de la monnaie, les
Autrichiens n’ont pas cerné nettement toutes les dimensions du concept que
cache le concept de vendabilité sur quoi avait aussi insisté Menger, à savoir
le concept d’échangeabilité. 13) On remarquera qu’on parle désormais, en anglais, de « tradable good », de «
bien échangeable internationalement », en macroéconomie internationale depuis
la décennie 1970 - 14) Si l'acte d'échange aboutit, l’échangeabilité donne lieu, entre autres, à
un taux d’échange des biens convenus, négociés entre les parties.
Elle privilégie comme concept de départ l'action humaine qu'est l'échange
synallagmatique entre
deux personnes juridiques de deux biens en propriété – interaction … -
Elle fournit d'autres concepts nécessaires à l'analyse monétaire digne de ce
nom, à la compréhension des phénomènes ou faits monétaires à commencer par ceux
de son émergence dans le passé – fait primordial - et de sa pérennité jusqu'à
aujourd'hui – fait premier -.
Il faut prendre pour point de départ ces concepts, à savoir, en particulier,
l'acte d'échange
Synallagmatique Présent, et non pas l'échange ... résultat de l'acte target="_blank"
d'échange... http://mises.org/dail...-Good-Economist Ils déplacent le centre de gravité de l'analyse dans l'acte d'échange –
constante de la praxéologie - en lieu et place de la monnaie – variable dans le
temps et dans l'espace, en forme e target="_blank"t en quantité -. 15)
http://archive...e-money-doctor/ 16) Par exemple, cas en France du fonds de stabilisation des changes à partir
de la fin de la décennie 1930. 17) Qu’est-ce qu’une réglementation ou que devrait-elle être d'un point de vue
économique ?
C’est d'abord une limitation des (effets des) règles de droit (propriété,
responsabilité et liberté d'échanger), une limitation (des effets économiques)
de l'application et du respect de celles-ci.
Une réglementation ou un paquet de réglementation est nécessairement éphémère -
à l'échelle de l'Histoire - ou, si on préfère, n'est pas irréversible malgré ce
que certains veulent bien dire.
Et il en est ainsi de l'interdiction de la convertibilité des S.M.B. qu'on le
veuille ou non.
Rien ne justifie de considérer que l'interdiction sera perpétuelle et target="_blank"de ne pas
en parler. 18) https://ar target="_blank"chive...age/n1/mode/2up
http://book...821&f=false 19) Cette distinction ne doit pas être confondue avec la distinction
qu'évoquait Ludwig von Mises dans un article de 1917-1918 [repris dans la
deuxième édition allemande de Theory of Money and Credit, puis reléguée par la
suite dans une annexe].
Elle avait trait à la distinction entre la "valeur interne" (Binnenwert) et la
"valeur externe" (Aussenwert) chère aux étatistes de la monnaie comme Lexis,
par exemple.1)
1) Lexis, "Papiergeld," in Handwörterbuch der Staatswissenschaften,
3d target="_blank". ed., vol. 6, pp. 987 ff. 20) https://a...moder00carluoft 21) Piège à liquidité
Dans la foulée, un débat a commencé à opposer les économistes sur l'influence
des taux d'intérêt des créances/dettes et la politique monétaire des
autorités.
Par "piège à liquidité", il fallait comprendre l'influence inefficace de la
politique monétaire sur l’activité économique, les variations de la quantité de
monnaie étant supposées incapables de faire varier dans le bon sens les
créances/dettes, la production ou le revenu.
Mais il y a eu d’autres pièges de ce type.
Par exemple, quelles sont les créances/dettes en question ? A court ou à long
terme ? 22) Hier, du temps de l'étalon-or, ils faisaient référence au "change" ou aux
"devises", type de créances/dettes à liquidité comptable. 23) Elles seront aussi dénommées en France les "réserves publiques de change
officiel" de la banque centrale d'un pays étant donné les taux de change fixes
et balance des paiements en équilibre des pays membres (Bretton Woods
1944). 24) L'ensemble des autorités des pays a réussi à faire jusqu'à présent que le
monde soit truffé de "banques/monnaies réglementées" tantôt échangeables
internationalement (comme l'€uro ou le dollar), tantôt non échangeables
internationalement (comme le yuan renminbi), sur quoi il y a peu
d’analyse.
On laissera de côté la confusion qui consiste à parler de « monnaie convertible
» pour désigner des monnaies « non échangeables internationalement ». 25) Suite au rapport Radcliffe (1957), John Hicks (1904-1989) est
revenu en 1962 sur la notion de liquidité à quoi il s'était intéressé, en
particulier, en 1935 en relation avec ce qu'il avait dénommé alors
"frictions".
Il faut reconnaître que, d'une part, les "frictions" étaient pour lui une façon
de ne pas parler des coûts d’opportunité des actes d'échange ...
D'autre part, les frictions s'opposaient à la préférence pour la liquidité de
Keynes qui avait laissé de côté le coût d'opportunité des actes d'échange entre
"monnaie" et "créances/dettes".
Elles étaient une autre façon de parler de la notion mathématique de l «
'élasticité prix » imparfaite des actifs, i.e. non infinie.
Liquidité, prix en monnaie du marché des actifs et concurrence.
La liquidité a ainsi acquis un quatrième sens – « double détente » - en
relation avec les prix en monnaie des actifs et la concurrence des marchés
financiers.
D’une part, elle a contribué à faire supposer que les créances/dettes et les
actions de société (hypothèse des statisticiens) peuvent être confondues pour
en faire des actifs homogènes.
Depuis la décennie 1950, les "financiers" parlent ainsi de "liquidité parfaite"
pour désigner une concurrence à élasticité des "prix des actifs" infinie.
La liquidité est imparfaite quand l'élasticité n'est pas infinie (cf. ce
texte).
D’autre part, elle a contribué à faire supposer que les créances/dettes de
l’Etat ne présentent pas de risque. Elles auraient un risque nul.
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