Le projet de Singapour de
devenir un centre international de l’or et des métaux précieux a fait jeudi
dernier un pas de plus vers sa réalisation.
Metalor Singapore – une nouvelle raffinerie du
Metalor Group – a été ajoutée à la liste Good Delivery du LBMA.
« Metalor
Singapore a réussi à satisfaire tous les critères d’entrée établis par le
LBMA, ses barres d’or ont été testées par différents arbitres, et ses propres
capacités d’analyse ont également été observées », a déclaré la société.
La raffinerie est située à
Singapour. Ses sources primaires d’or physique sont les débris obtenus auprès
du secteur de la bijouterie, et son produit principal une barre d’or destinée
à des acheteurs industriels et institutionnels.
Le mois dernier, Metalor Technologies ouvrait un atelier d’affinage à
Tuas, à Singapour. La société offre divers services, depuis l’évaluation de
débris d’or à la production de barres, et possède une capacité de production
estimée à 150 tonnes par an.
Lors de l’inauguration officielle,
le Ministre de Singapour pour le commerce et l’industrie, Lee Yi Shyan, a expliqué que l’industrie aurifère contribue
grandement à l’économie de son pays. Il a ajouté qu’elle devrait générer un demi-milliard
de dollars et 1.000 emplois techniques et manageriels d’ici à 2020.
Hubert Angleys,
PDG de Metalor Technologies, a déclaré que sa
société « désire évoluer avec le marché asiatique. C’est pour cette
raison que nous nous sommes installés ici. Nous sommes localisés entre les
deux plus gros marchés de la région, l’Inde et la Chine ».
« Nous voulons tirer
avantage de notre localisation géographique et avons hâte d’obtenir du métal
de ces deux pays mais aussi d’exporter, au travers de nos clients basés à
Singapour, du métal vers ces deux pays ».
Singapour est déjà un centre
bancaire, financier et de gestion de capital en Asie, et pourrait bientôt
devenir un centre mondial de l’or capable de rivaliser avec Londres.
Les experts de l’investissement
comme Jim Rogers, Jim Sinclair et Marc
Faber ont vanté les vertus de la possession d’or
physique à Singapour.
« Ceux qui ne possèdent
de l’or que dans un pays commettent une erreur. La majorité de mon métal se
trouve encore en Suisse, mais j’en ai déjà déplacé une partie en Asie »,
a récemment annoncé Faber (voir Gold bullion
stored in Singapore is safest - Marc Faber).
Il y a tout
juste trois ans, la cité-état du sud-est de l’Asie dévoilait son
projet de lancement d’un contrat livrable sur l’or en septembre afin de
satisfaire la demande en or de l’Asie – où se trouvent les plus gros
acheteurs d’or du monde.
Le Singapore Exchange est sur
le point de lancer un nouveau contrat sur l'or, qui sera le premier contrat
de 25 kilos offert à la vente en gros, et sera composé d’une série de six
contrats quotidiens.
« Ce contrat sur l’or est
un projet sur lequel nous travaillons déjà depuis deux ans. La raison pour
laquelle nous le développons est que nous avons pu suivre le déplacement de l’or
depuis l’Occident vers l’orient, et qu’il n’existe encore pas de marché sur
lequel les participants au marché peuvent acheter de l’or en gros », a
expliqué Albert Cheng, qui s’occupe de la division d’Extrême-Orient du
Conseil mondial de l’or.
Le lancement de ce contrat sur
le Singapore Exchange est supporté par le Conseil mondial de l’or, le LBMA,
ainsi que quatre banques, à l’inclusion de JP Morgan et Standard Chartered.
Son lancement apportera un
négoce et une compensation centralisés de l’or physique et pourrait servir de
référence en Asie.
Avec 25 kilos, ce contrat fait
deux fois la taille des barres Good Delivery, qui
pèse autour de 12 kilos, ou 400 onces. Aux prix actuels, chaque barre d’or
vaut plus d’un million de dollars.
Singapour s’intéresse
clairement aux individus ayant un patrimoine net important ou très important
et aux acheteurs institutionnels.
A l'heure actuelle, le
prix de référence du prix de l’or est fixé à Londres deux fois par jour, à
des heures postérieures à la fermeture des marchés asiatiques. L’Asie se
repose encore majoritairement sur ce fixing pour l’achat et la vente de métal.
Le fixing de l’or de Londres est actuellement l’objet d’enquêtes et devrait
bientôt être repris par CME Group et Thomson Reuters, comme ça a été le cas
du fixing de l’argent.
« Ce contrat est destiné
au marché asiatique », a déclaré Cheng, du Conseil mondial de l’or, qui
a expliqué pourquoi ce contrat ne sera négociable que trois heures par jour.
« Le marché de Londres
est robuste, mais en Asie, il n’y a pas de marché pour la vente de gros
ouvert le matin. Développer une telle structure signifie favoriser la
contribution des grossistes sur le marché, qui peut ensuite devenir plus
transparent », a-t-il ajouté.
L’Asie est le plus gros
acheteur d’or de la planète et l’un des plus gros producteurs. Une découverte
du prix de l’or basée à Singapour ne serait donc pas insensée. Le fait que le
plus gros de la demande en or provienne de l’Asie ne fait que renforcer cet
argument.
En 2010, Singapour a développé
une infrastructure de stockage ultra-sécurisé appelé Freeport, qui loue de l’espace
exploitable à des fournisseurs de stockage. Il y a deux ans, le gouvernement
a abandonné une taxe sur la vente d’or d’investissement, et certaines banques
ont ouvert des coffres d’or l’année dernière.
L’autre tendance dont
Singapour cherche à tirer avantage est la croissance du capital dans la
région. La firme de recherche Wealth Insight s’attend
à voir le pays dépasser la Suisse en tant que centre mondial de capital
offshore d’ici à 2020.
Singapour est déjà un centre
mondial pour les services financiers et la gestion de capital, et il n’est pas
insensé que la cité-état cherche à devenir un centre du négoce et du stockage
de l’or.
Singapour devient un centre
mondial et joue un rôle clé sur le marché global des métaux précieux. Face à
la conjecture macroéconomique et géopolitique actuelle, les individus et
institutions les plus prudents commencent à déplacer leur métal physique vers
l’une des régions les plus sécurisées du monde.