Un récent article publié chez Casey Research défend l’idée
que le système du pétrodollar vive aujourd’hui ses dernières années – et prendra
peut-être fin en 2017 – et que sa mort sera un évènement extrêmement
perturbateur pour l’économie des Etats-Unis et le monde financier, qui verra
flamber le prix de l’or. En vérité, ce que l’on appelle « pétrodollar »
n’est probablement pas sur le point d’expirer, mais même si c’était le cas,
les conséquences pour les Etats-Unis et pour le monde n’en seraient pas si
dramatiques.
Selon la théorie du « système
pétrodollar », un accord a été passé en 1974 entre les gouvernements des
Etats-Unis et de l’Arabie Saoudite qui aurait conduit les Saoudiens à
effectuer toutes leurs transactions pétrolières en dollars et à influencer
les autres pays membres de l’OPEP à en faire de même. En retour, les
Etats-Unis auraient promis de soutenir et de protéger le régime saoudien.
Selon cette théorie, l’économie des Etats-Unis bénéficierait d’un tel accord,
parce qu’un pétrole libellé en dollars accroît la demande globale en dollars
et en actifs américains.
Il est possible qu’un tel accord
ait été passé, mais il n’y a aujourd’hui aucune raison qu’il soit encore en
vigueur. Au vu de la popularité du dollar dans les échanges internationaux et
de la taille de l’économie des Etats-Unis, un accord entre l’Arabie Saoudite
et les Etats-Unis n’est plus nécessaire aujourd’hui pour convaincre les
Saoudiens de libeller leur pétrole en dollars. Il serait très peu pratique
pour eux d’en faire autrement.
Quoi qu’il en soit, même si l’accord
était encore en vigueur aujourd’hui, son importance ne serait que minime. La
raison en est que les échanges pétroliers internationaux ne représentent qu’une
minuscule fraction des flux monétaires globaux.
La production de pétrole globale
représente environ 96 millions de barils par jour, mais seule une partie est
négociée internationalement. Par exemple, la consommation de pétrole des
Etats-Unis est d’environ 19 millions de barils par jour, mais les Etats-Unis
produisent 10 millions de barils par jour. Ils sont donc un importateur net
de seulement 9 millions de barils par jour. Les quantités de pétrole
négociées entre les pays et susceptibles d’ajouter à la demande
internationale en dollars est estimée à environ 50 millions de barils par
jour.
Si ces 50 millions de barils par
jour s’échangent tous en dollars, à un prix de 50 dollars le baril, alors la
quantité de dollars représentée chaque année par le commerce pétrolier global
est d’environ 900 milliards de dollars. En d’autres termes, l’effet positif
maximum de l’usage du système pétrodollar est d’environ 900 milliards de
dollars par an.
Notez également que selon le plus récent
sondage mené par la BRI, au mois d’avril 2016, le turnover quotidien
moyen sur les marchés des devises du monde était d’environ 5,1 trillions de
dollars. Le dollar étant estimé être utilisé dans le cadre de 88% de tous les
échanges de devises, cela signifie que 4,5 trillions de dollars changent de
mains chaque jour sur les marchés des changes du monde.
Ainsi, la quantité de dollars
échangée par jour sur les marchés des changes, notamment à des fins d’investissement
et de spéculation, est cinq fois plus importante que la quantité de dollars
utilisée chaque année dans le cadre du commerce pétrolier international.
Voilà pourquoi le pétrodollar n’a plus d’importance.
En guise de conclusion, voici
une petite suggestion : plutôt que de nous concentrer sur des raisons
excentriques de posséder de l’or, pourquoi ne pas mettre l’accent sur les
raisons moins excitantes mais plus plausibles pour lesquelles la popularité
de l’or est susceptible de grimper ?