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J’aimerais
vous faire part, en quelques graphiques, un phénomène monétaire remarquable
que personne, ou presque, n’aborde publiquement.
Comme
vous pourrez le voir ci-dessous, les banques centrales du monde, notamment
les banques occidentales gouvernées par les Etats-Unis et le Royaume-Uni, ont
vendu de l’or tout au long des années 1990 et jusqu’au début du siècle. Le
rôle joué par la Réserve fédérale est tenu secret, mais son implication est rendue
évidente par une abondance de preuves circonstancielles. Puisqu’elle est
responsable de la devise de référence internationale et de la superpuissance
mondiale, les banquiers centraux du monde n’ont pas pu prendre de décision
majeure sans l’implication de la Réserve fédérale, du Trésor et de leur
machinerie bancaire globale constituante.
Les
achats d’or par les banques centrales, du moins celles qui ont accepté de
rendre leurs achats publics, ont commencé à devenir positifs en 2010 au plus
tard.
Les
observateurs ne s’attendaient pas à voir cette tendance se poursuivre, comme
nous le prouvent les prédictions faites pour les années 2012 et suivantes représentées
par ce premier graphique de RBC/Bloomberg.
Ce
graphique montre peut-être le plus clairement la manière dont les banques
centrales occidentales ont accru leurs volumes de ventes d’or dans l’objectif
de prendre le contrôle puis d’écraser le prix de l’or, pour le porter jusqu’à
250 dollars l’once en 1999-2001.
Il est
intéressant de noter que cet évènement est désormais connu sous le nom de Brown's Bottom. En Angleterre, Gordon Brown,
alors Chancelier de l’échiquier, a très publiquement décidé de vendre 400
tonnes de l’or britannique entre 1999 et 2001, afin de sauver des banques aux
positions à découvert trop importantes.
La plus
grosse vente d’or a été enregistrée en 2005, alors que les banques centrales
tentaient de mettre fin à la flambée du prix de l’or, qui était
récemment passé de 250 à 450 dollars. Cette vente a été coordonnée sous les
Accords de Washington, une sorte d’accord informel entre certaines banques
centrales occidentales, d’abord signé en 1999 puis révisé et élargi en 2004.
Les
banques centrales européenne, suédoise, suisse et britannique ont été
impliquées. Bien qu’elle n’ait pas été signataire, la Réserve fédérale était
évidemment impliquée. En août 2009, l’accord passé entre 19 banques centrales
a été rallongé pour cinq ans.
Décrit
positivement par les médias comme étant « bon pour l’or », cet
effort de coordination était destiné à permettre aux banques d’allier leurs
efforts en évitant de perturber les marchés comme l’avait fait la Banque
d’Angleterre en 1999, tout en leur offrant la possibilité de gérer leurs
ventes et annonces de vente sans trop affecter le prix de l’or.
Comme
nous le montre le graphique ci-dessous, les ventes d’or par les banques
centrales n’ont pas rencontré un grand succès, et le prix de l’or a continué
de grimper alors même que les banques tentaient de le contrôler au travers de
la vente de métal physique. Il existe d’autres instruments que les banques
centrales ont pu employer pour contrôler le prix de l’or.
Ce
simple graphique explique de manière frappante à quel point des prévisions
d’un déclin des achats d’or par les banques centrales après 2011 ont pu se
tromper.
Depuis
cette date, les achats des banques centrales ont atteint des records sur 48
ans.
Voici ma
propre explication de ce retournement de tendance en termes d’achats d’or par
les banques centrales.
Le
retournement coïncide avec ce que moi-même et d’autres analystes appelons la
guerre des monnaies, un terme employé dans un livre chinois publié en 2007
intitulé Currency Wars
(货币战争), ainsi que dans le livre du même nom
publié en novembre 2011 par Jim Rickards.
C’est un
phénomène différent des guerres des devises dont aiment parler les médias
financiers, puisque la dévaluation des devises nationales dans l’objectif
d’obtenir un avantage compétitif est plus un artéfact des années 1930. Cette
nouvelle guerre des monnaies implique une remise en question du dollar en
tant que devise de référence, une condition inhabituelle pour une devise
fiduciaire, adoptée suite à la fermeture du guichet de l’or par Nixon en
1971. A la fin de la seconde guerre mondiale, les accords de Bretton Woods
ont été établis afin de garantir le rôle du dollar en tant que devise
directement liée à l’or, et échangeable contre de l’or par les autres banques
centrales et gouvernements.
Je ne
peux certes pas prédire où tout cela nous mènera, mais si nous pouvons
apprendre quelque chose de la London Gold Pool, c’est qu’en l’absence d’actions
draconiennes par les gouvernements, les forces de marché tendent à surpasser
ces efforts au fil du temps.
Comme je
le répète depuis de nombreuses années, l’objectif naturel d’un régime global
de devises fiduciaires est un gouvernement unipolaire, ou du moins au parti
unique, d’une oligarchie centralisée plutôt que de démocraties souveraines.
La relation entre les divers pays du monde avec les autorités en zone euro
est un récent exemple de ce totalitarisme ou néo-corporatisme sur une petite
échelle ; d’un entraînement pour le totalitarisme inversé, ou le
néo-corporatisme des bureaucrates et de leurs sponsors. Le TTP et le TTIP
n’en sont que les poteaux indicateurs.
Un point
qui me frustre particulièrement est le temps qu’il a fallu à certains
économistes et commentateurs pour réfléchir aux programmes monétaires qu’on
nous propose. S’ils les comprenaient, je doute qu’ils les accepteraient, même
si leurs objectifs sont jugés être positifs.
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