Peut-être ne
devrions-nous pas prendre les échantillons corporatifs trop au sérieux.
Peut-être ne reflètent-ils pas fidèlement l’économie globale. Au cours du
dernier trimestre, les revenus d’IBM ont plongé de 13% en un an. La société a
blâmé la Chine et le dollar, entre autres. Mais les revenus d’IBM ont chuté
pour un treizième trimestre consécutif. C’est là la condition dans laquelle
se trouve IBM, et n’est peut-être pas représentatif de l’économie globale.
Toute une série de
sociétés technologiques ont enregistré un trimestre déplorable, et toutes ont
blâmé un certain nombre de facteurs, dont la Chine et le dollar. Le fabricant
de puces électroniques Qualcomm a rapporté une chute de 14% de ses revenus
trimestriels. Il éprouve des difficultés sur le marché des smartphones et
devrait bientôt licencier certains employés. Mais peut-être que la
compétition se fait plus dense, et que tout n’est pas la faute de l’économie.
Le marché du PC s’effondre, et emporte toutes les sociétés impliquées sur le
secteur. C’est une évolution structurelle qui n’a peut-être rien à voir avec
l’économie globale.
Et puis il y a le géant
industriel United Technology, qui a rapporté une baisse de revenus de 5% pour
le dernier trimestre. Caterpillar a vu ses revenus plonger de 15% en juin par
rapport à l’an dernier, après avoir perdu 12% en mai et 11% en avril. En
Asie, les ventes de machines ont baissé de 19%. Elles ont perdu 50% en
Amérique du sud. Et en Amérique du nord ? Elles ont baissé de 5% après
avoir enregistré une hausse de deux mois.
CAT fait face à des
compétiteurs japonais, chinois et allemands, auxquels la société doit s’opposer
en Chine alors même que l’économie chinoise ralentit. Peut-être que ce n’est
que CAT qui a des problèmes.
Et ne regardons même pas
le secteur énergétique, qui s’est pris un gros coup sur la tête.
Peut-être que nous ne
nous contentons volontairement que de sélectionner les données les plus négatives.
Il y a des sociétés qui ont enregistré une hausse de leurs revenus et des
bilans positifs, comme Equifax, le bureau de crédit, qui vient d’enregistrer
une hausse de 10% de son chiffre d’affaires (14% en « devise locale »).
L’emprunt à la consommation est roi, et Equifax expédie les démarches.
Que diable se passe-t-il ?
Il se trouve que le
commerce global a, au cours des cinq premiers mois de l’année, fait l’expérience
de l’effondrement le plus brutal survenu depuis la crise financière.
Le CPB, bureau
néerlandais pour l’analyse des politiques économiques, une division du Ministère
des affaires économiques, vient de publier son rapport sur le commerce de marchandises, qui couvre les volumes d’importation
et d’exportation globale. Il est abominable.
Le commerce global a
reculé de 1,2% en mai par rapport au mois précédent. L’indice est passé à
135,1 points, son niveau le plus bas depuis juillet 2014, après avoir
enregistré une chute presque mensuelle depuis le début de l’année. Il a perdu
4,7 points depuis son record du mois de décembre, pour enregistrer son plus
long déclin depuis la crise financière.
Ce graphique, qui
remonte à janvier 2012, montre l’état dans lequel se trouve l’économie
globale grâce aux chiffres du commerce international :
Pour alléger la
volatilité de ces chiffres mensuels – bien qu’elle ait été limitée depuis le
début de l’année – le CPB offre une mesure de la tendance commerciale
globale, qui se définit comme « la fourchette de la moyenne sur les trois
mois ayant précédé le rapport comparée à la moyenne des trois mois précédents ».
Cette mesure de tendance
a perdu 1,3% en mai, après avoir perdu 1,2% en avril. Elle est maintenant la
tendance la plus négative enregistrée depuis la crise financière.
Le rapport explique les
choses ainsi : « l’élan des exportations et des importations était
proche de zéro dans les économies avancées, alors que les deux chiffres
étaient inférieurs à 2% dans les économies émergentes ». Voici un
graphique de CBP remontant jusqu’en 2010 :
Il ne s’agit pas d’une
stagnation ou d’une croissance léthargique, mais du déclin le plus long et le
plus brutal enregistré depuis la crise. A moins qu’un miracle se soit produit
en juin, et les miracles se font rares sur le secteur, le commerce global
aura fait l’expérience de sa première contraction trimestrielle depuis 2009.
Les mesures ci-dessus ne
mentionnent que les volumes d’importation et d’exportation. A mesure que les volumes
ont été réduits, de nouvelles capacités de livraison sont entrées en scène
dans le cadre de ce qui est vite devenu une bataille pour les parts de marché…
lisez ceci : Container Carriers Wage Price War to Form Global Shipping
Oligopoly
C’est pourquoi le prix
par unité, en dollars, a perdu 14% depuis mai 2014, et près de 20% depuis son
record de mars 2011. Aux mois de mars, avril et mai, l’indice des prix à l’unité
à atteint des niveaux que l’on avait plus vus depuis 2009.
Le commerce global n’a
pas chuté que sur un mois, ou dans une seule région du monde. Il n’a pas
régressé en raison d’une élection imminente ou quelque autre raison que ce
soit. Le ralentissement se poursuit pour un cinquième mois consécutif. Le CPB
a décoré son rapport de révisions à la baisse de ses prédictions. Son rapport
mentionne ceci :
Il s’agit
ici d’un déclin de grande échelle, les volumes d’importation et d’exportation
se sont effondrés dans la plupart des régions du monde, avancées comme
émergentes. Les importations et importations ont ralenti au Japon. Parmi les
économies émergentes, l’Europe centrale et de l’est a enregistré les pires
performances.
Compte tenu de ces
tendances, la performance médiocre de nos corporations prend tout son sens.
La situation est difficile pour tout le monde.
Aux Etats-Unis aussi. Il
ne s’agit pas que d’un évènement de court terme. Lisez ceci : Americans’
Economic Confidence Gets Whacked
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