Le Premier Ministre Japonais
Abe Shinzo est parvenu à faire grimper les prix
grâce à ses politiques de destruction du yen, bien que le Japon dépende grandement
de ses importations de nourriture et de pétrole.
Il est intéressant de
souligner qu’Abe n’est pas satisfait des résultats de sa politique. Il se
plaint du fait que les salaires n’arrivent pas à suivre la cadence de la
hausse des prix. Il a en plus l’audace d’exiger une spirale
salaires-prix !
Voici un extrait d’un article
du Financial Times intitulé Bank of Japan minutes expose fears over lack of wage rises.
Les membres de la direction de la Banque du Japon ont fait
part de leurs craintes face aux salaires qui ne parviennent pas à augmenter
aussi rapidement que les prix des biens à la consommation. La troisième plus
grosse économie du monde tente actuellement de s’extirper de près d’une
décennie de déflation.
Les bribes de la réunion des 3 et 4 octobre qui ont été
publiées lundi prouvent que les membres de la direction se sont mis d’accord
sur le fait que les salaires doivent augmenter pour pouvoir supporter la
consommation, qui a été la principale source de croissance au Japon pour la
première moitié de 2013.
Si l’inflation ne cesse de grimper – ce que suggèrent les
prévisions de la Banque du Japon – alors les salaires réels continueront de
chuter, et menaceront l’élan de l’économie et faisant planer le doute sur
l’objectif d’inflation officiel de 2%.
L’exposition des anxiétés qui planent au cœur de la banque
centrale ne pourra qu’augmenter la pression subie par le gouvernement qui
voudrait que soient saisies les concessions de Keidanren,
plus puissant groupe commercial du Japon, qui n’a pas recommandé une hausse
du coût du travail depuis l’effondrement de Lehman
en 2008.
Abe Shinzo a décrété en octobre
dernier qu’une hausse des salaires était vitale à la création d’un cercle
vertueux de consommation et d’investissement. Une équipe gouvernementale
s’est réunie à deux reprises avec les représentants du secteur privé, dont
des membres de Keidanren, pour discuter de baisses
de taxes en échange d’une hausse des salaires.
En octobre, la Fédération des Syndicats Japonais, plus
gros groupe syndical du pays, déclarait qu’elle demanderait une augmentation
des salaires de base d’au moins 1% dès le printemps.
Nobuaki Koga, président de la
Fédération. ‘Les revenus doivent augmenter’.
Mais pour le moment, une hausse des salaires demeure peu
probable. Les données publiées la semaine dernière par le gouvernement ont
prouvé que les salaires hors heures supplémentaires ont chuté de 0,3% en
septembre par rapport à l’année passée, marquant un seizième mois de déclin
consécutif.
Dans le même temps, le yen portait l’inflation des prix à
la consommation en août à un record sur cinq ans, avec 0,8%, diminuant encore
le pouvoir d’achat des ménages.
L’heure des
dénonciations
Pragmatic
Capitalism a
rapporté que le Premier Ministre Japonais se tient prêt à faire des
dénonciations.
Il semblerait
qu’il en ait eu assez. Selon TV Tokyo, Abe devrait bientôt commencer à faire
pression sur les entreprises pour qu’elles augmentent les salaires. Son
objectif est de lancer une enquête des salaires payés par les sociétés.
Qu’est-ce que cela pourrait être susceptible de changer ? Au Japon,
toutes les enquêtes sont publiées avec le nom des sociétés concernées. La
technique de dénonciation pourrait bel et bien fonctionner.
Shame Shame
Et une telle
absurdité se trouve même avoir un hommage musical.
Voici un lien vers la vidéo : Shame Shame- The Magic Laterns- 1968
Le cercle
vertueux de l’ânerie
Les salaires ne
parviennent pas à suivre avec l’inflation, alors Abe demande une hausse des
salaires. L’ironie de cette folie est que les salaires réels augmentaient
alors que les prix chutaient. Et partout dans le monde, les consommateurs sont
contents d’une baisse des prix.
Ce sont les
monétaristes et les bureaucrates du gouvernement qui n’aiment pas que les
prix baissent.
Mais voilà où se
trouve l’enjeu. Les banques centrales peuvent imprimer de l’argent mais ne
peuvent pas déterminer vers où il est dirigé. L’impression monétaire donne
naissance à des bulles sur les actifs, comme nous l’avons vu il y a trente
ans au Japon (et qui ont causé l’effondrement déflationniste du pays).
La même chose
s'est produite aux Etats-Unis avec la bulle sur la dot-com,
celle de l’immobilier ou encore celle des obligations qui se développe
actuellement.
Qui tire profit de l’inflation ?
Les seuls qui
bénéficient de ce ‘cercle vertueux’ sont les banquiers et ceux qui ont accès
les premiers à la nouvelle monnaie.