Wallace, Idaho – Penchons-nous un instant sur l’étrange marché de l’argent
– comment la structure de l’offre et de la demande est contre-intuitive et
pourquoi elle n’est pas influencée par les prix. De l’argent est extrait du
sol à un rythme régulier chaque année, qu’il soit vendu 35 ou 3,5 dollars
l’once.
Le prix de l’argent est-il manipulé ? Les banques centrales
vendent-elles de l’argent (et de l’or) à découvert afin de soutenir le
dollar, la livre sterling ou l’euro ? Le prix de l’argent reflète-t-il
l’intérêt du marché tout en respectant les lois de l’offre et de la
demande ?
Ce sont là des questions intéressantes. Bon nombre de mes amis, dont Jeff
Christian, fondateur de CPM Group, pensent que le prix de l’argent est juste
et reflète la réalité. Mais d’autres de mes amis, dont le gourou Canadien de
l’investissement Eric Sprott, montrent du doigt le fait que l’équivalent de
la production mondiale d’argent annuelle est échangé chaque jour par les
banksters sur les marchés papiers de Chicago et de New York. Pour eux, il est
clair que le marché de l’argent est manipulé.
Moi ? Je suis d’accord avec ces derniers.
Ce que je peux vous dire, c’est que du point de vue de Wallace, l’argent
n’est pas respecté des médias grand public. On entend souvent les médias
financiers dire qu’à la fin des années 1970 ou au début des années 1980, la
famille Hunt aurait tenté, sans succès, de s’accaparer le marché de l’argent.
En conséquence, le prix de l’argent est grimpé jusqu’à 50 dollars pour
s’effondrer jusqu’à seulement 4,88 dollars.
Rien ne pourrait être plus éloigné de la réalité.
Tout ce que les Hunt ont fait a été de demander aux marchés de New York et
de Chicago de leur livrer l’argent représenté par leurs contrats à termes.
Cela a suffi à semer la panique. Voyez-vous, tout le monde est supposé jouer
dans la cour de l’argent papier, racheter des contrats d’un trimestre à
l’autre et enregistrer profits et pertes. Ceux qui se trouvent au sommet de
la chaîne alimentaire semblent oublier que, de temps à autre, quelqu’un peut
les prendre au mot.
Ceux qui ont vendu à découvert aux Hunt (dont leur maison de courtage,
Bache Halsey Stuart Shields) n’avaient pas l’argent promis par leurs
contrats. Ils ne pouvaient en offrir la livraison. C’est pour cela qu’est
apparue une recherche frénétique de métal pour satisfaire la demande des
Hunt.
C’est un peu comme si vous demandiez de l’argent à quelqu’un qui désire
vous acheter une maison dans le futur, et qu’au moment venu, vous n’aviez pas
de maison à lui offrir. Vous auriez donc à aller en acheter une pour lui.
Mais tous ceux qui auraient fait la même promesse à d’autres seraient
également à la recherche d’une maison à acheter. Et le prix des maisons
grimperait.
Bache courait tout droit à la banqueroute pour avoir parié contre les
Hunt. Cela aurait suffi à liquider les contrats sur l’argent des Hunt. Nelson
Bunker Hunt et William Herbert Hunt ont donc acheté Bache pour préserver
l’intégrité de leurs contrats.
A l’époque, la loi voulait que si vous achetiez une société publique, vous
deviez la conserver pour au moins six mois.
C’est à ce moment-là que le directeur de la Fed, Paul Volcker, s’est rendu
compte que quelque chose ne sentait pas bon. Après tout, Bunker Hunt avait
demandé à ce que l’argent soit utilisé comme devise en parallèle aux
obligations de la Fed. La confiance envers les billets de la Fed était au
plus bas.
Volcker a donc demandé aux régulateurs des marchés de New York et de Chicago
de rehausser les dépôts de garantie – payables par ceux qui prennent part au
marché de l’argent – au-delà de la capacité de paiement des Hunt. Les Hunt
avaient les sous nécessaires, mais puisqu’ils s’étaient engagés à sauver
Bache et ne pouvaient s’en débarrasser pour au moins six mois, ils ne
pouvaient pas se permettre de payer les dépôts de garantie demandés.
Les Hunt ont dû utiliser leur argent comme nantissement pour éviter à la
prison pour dette. Le prix de l’argent s’est effondré. Le dollar était sauvé.
Voilà ce qu’il s’est vraiment passé.
Le prix de l’argent est-il manipulé ?
Maaaais non…