La zone euro semble être sur le
point de faire face à une nouvelle crise bancaire avant la fin de l’année
2017. Dans de nombreux pays d’Europe, le décor est planté pour un soulèvement
politique et une dégradation générale des conditions économiques. L’écart
entre les pays les plus faibles et les pays les plus puissants économiquement
continue de se creuser. Comme cela a aussi été le cas suite aux récessions et
aux crises passées, il est certain que la devise commune se trouve encore une
fois blâmée, à tort, pour les troubles à venir.
L’idée que des nations
économiquement et/ou politiquement hétérogènes ne puissent utiliser une
devise commune sans que la situation ne génère de problèmes majeurs est tout
bonnement ridicule. Elle est basée sur l’idée fausse selon laquelle les
problèmes économiques peuvent être réglés à l’aide de dévaluations monétaires.
Si c’était le cas, alors l’Italie et la Grèce ne pourraient s’en sortir que
si elles disposaient de devises qu’elles seraient capables de dévaluer comme
bon leur semble. Le caractère destructeur de la dévaluation de devise comme « solution »
a déjà été abordé ici.
Le fait est que, dans le monde
entier, des pays économiquement et politiquement hétérogènes sont parvenus
sans aucun problème et des siècles durant à utiliser une devise commune.
Cette monnaie s’appelle l’or.
Le problème n’est pas l’euro,
mais la Banque centrale européenne. Pour dire les choses autrement, le
problème n’est pas qu’un groupe de pays utilise une devise commune, mais qu’une
agence bancaire centralisée tente d’imposer les mêmes politiques monétaires à
différents pays.
Une agence de planification
centralisée qui impose des politiques monétaires à un seul pays est déjà suffisamment
déplorable, dans le sens où elle distord les signaux de prix, génère des
bulles sur les investissements qui se terminent toujours mal, et réduit le
taux de progrès économique sur le long terme. La Réserve fédérale a causé
beaucoup de dégâts aux Etats-Unis au fil de ces 15 dernières années, en préparant
d’abord le terrain pour l’effondrement de 2007-09, puis en entravant la
reprise et plantant le décor pour l’effondrement à venir. Quand des
politiques monétaires (une combinaison de manipulations des taux d’intérêt et
de manipulations de la masse monétaire) sont imposées au travers de plusieurs
pays, le déséquilibre qui en découle devient problématique bien plus
rapidement. C’est pour cette raison que l’Europe est destinée à s’effondrer
bien avant les Etats-Unis.
Souvenez-vous que la monnaie est
sensée être neutre – elle sert de moyen d’échange et d’outil de mesure, et n’est
pas un outil de manipulation économique. Il n’est pas plus problématique pour
des pays disparates d’utiliser une devise commune que pour des pays
disparates d’utiliser des mesures communes de longueur ou de poids. Bien au
contraire, une devise commune rend les échanges internationaux plus
efficaces. L’élimination des commissions des marchés des changes, des coûts
de couverture et des pertes générées par les fluctuations des taux de change permet
en effet de libérer des ressources, qui peuvent ensuite être utilisées de
manière plus productive. En conclusion, le problème n’est pas la
planification centralisée de la monnaie et des taux d’intérêt, mais le fait
que différents pays utilisent la même monnaie. C’est un problème qui existe
partout, et qui est tout simplement plus évident en zone euro.