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L'euro - et son cortège de
"crises" de diverse nature apparu en peu de temps comme on pouvait s'y
attendre - est en définitive la dernière étape en date
d'un processus de réglementations de l'économie de
marché qui a été mis en branle par les hommes de l'Etat
au lendemain de la guerre de 1914-18.
Evoquer en quoi consiste le processus dans quoi nous nous trouvons donc
aujourd'hui, et ses composantes, comme nous allons le faire ci-dessous, ce
n'est pas "faire de l'histoire" comme certains pourraient avoir le
réflexe de le considérer.
C'est reconnaître les causes de la situation économique du
moment, en grande partie effet réalisé - certes à plus
ou moins long terme - des réglementations accumulées
jusqu'à aujourd'hui sur les actions de nos parents et de
nous-mêmes.
Bien évidemment, si on a la prétention que la science
économique soit indépendante des règles de droit comme
le veut la pratique majoritaire - à savoir l'"économie
pure", "micro..." ou "macro..." -, l'accumulation
des réglementations étatiques tient au mieux de l'histoire, à
défaut d'être mise dans un placard (cf. ci-dessous).
L'idée du processus de réglementations n'est pas
nouvelle.
Par exemple, Jacques Rueff dans Le péché
monétaire de l'Occident en 1971 et Friedrich von Hayek dans Denationalisation of Money
en 1976, puis 1978, l'avaient développée, mais, chacun, avec sa
perspective.
A l'espèce de fatalité qu'esquisse le titre du livre de Rueff -
quoique celui-ci ne fût pas fataliste -, le
livre de Hayek apporte la solution.
Aujourd'hui, près de quarante ans plus tard, l'idée est
oubliée, méconnue ou mise de côté malgré
l'actualité de son support, à savoir le droit et la
"monnaie".
De plus, les réglementations étatiques ont continué
à être produites par qui de droit, à s'accumuler et
leurs effets à s'agréger et à être vécus
sans qu'on y insistât comme si le monde était magique.
Soit dit an passant, la réglementation
étatique ne pousse pas sur le néant.
Telle la "mauvaise herbe", elle pousse sur la "bonne
terre" que sont les règles de droit naturel
(propriété, responsabilité et liberté
d'échange), a priori
éternelles.
Seulement, ceux qui la font pousser s'efforcent de faire oublier son milieu
ou le diabolisent en parlant, par exemple, des "imperfections du
droit".
Ils créent ainsi l'impression que, à défaut de pousser
sur le néant, la réglementation étatique comble des
"vides juridiques"...
A la différence des mauvaises herbes qui poussent et
s'étiolent, les réglementations étatiques s'accumulent
et tendent à acquérir un caractère de
perpétuité, d'irréversibilité aux yeux de
certains... qui empêcherait de les supprimer.
1. Un fait
d'actualité.
L'euro aujourd'hui, c'est désormais, pour beaucoup, les dettes
(ou créances... selon le point de vue qu'on adopte)
"souveraines" (pour ne pas dire "étatiques")
libellées en euro et résultats des politiques de
déficits budgétaires suivies.
Nouvelles ou déjà en circulation, ces dettes souveraines ou
étatiques donnent lieu à des échanges sur des
marchés organisés ou non (cf. graphique ci-dessous).
Graphique.
Même graphique ci-dessous mais en plus petit pour faire
apparaître le "bout manquant à droite"... relatif
à l'Allemagne et à la France en 2011.
Source : Vause et Peter, « Les
préoccupations liées à la croissance mondiale et
à la dette souveraine orientent les marchés », Rapport trimestriel de la B.R.I., B.R.I.,
19 septembre 2011.
Le graphique ci-dessus fait apparaître que, sur les marchés des
dettes souveraines des pays de la zone euro, il y a eu, en 2010 et 2011, des
augmentations des taux d'intérêt "équilibrant"
l'offre et la demande de dettes souveraines, variables selon les Etats des
pays - pour la durée d'ici la maturité retenue, à savoir
dix ans -.
Une explication de ces augmentations consiste à dire que les taux
d'intérêt d'équilibre se sont accru du montant de la
"prime de risque" (concept économique) que présentait
chaque Etat débiteur - ce qui, soit dit en passant, causait des pertes
ponctuelles aux créanciers à taux fixe qui doivent faire des
dotations aux comptes des provisions comptables s’ils ne les vendent
pas ou supporter des "moins values" s'ils
vendent -.
Cette explication de l'augmentation des taux d'intérêt des
dettes souveraines par la « prime de risque » est
confirmée par ce qui se passe sur le "marché des
« credit default swap »"
(C.D.S.) en relation avec l'évaluation des risques des dettes
souveraines.
D'une façon générale, les marchés de C.D.S. sont
des marchés de gré à gré (O.T.C.) ou
organisés d’assurance contre le défaut de paiement du
débiteur..
Ces marchés sont apparus à partir du début de la
décennie 1990.
Sur ces marchés, la demande paie des primes en monnaie à
l'offre qui les reçoit et dont le montant est en relation avec la
"prime de risque".
En cas de réalisation du risque, l'offreur paiera le montant de la
dette non payée.
Pour le créancier qui achète des C.D.S., la dépense en
primes s'ajoute aux dotations aux comptes de provisions - si les taux
d'intérêt montent - et pèse sur la rentabilité
globale du patrimoine du créancier qui se protège ainsi.
Mais certains diront que tout cela n'a pas de réalité
économique et n'est que "spéculation
financière".
2. En quoi consiste la
« crise actuelle » de la dette souveraine
d’un point de vue économique?
Pour beaucoup, étant donnés les évolutions de taux
d'intérêt précédentes et surtout les
phénomènes qu'elles peuvent cacher - tel jour, tel
marché n'a pas eu d'échange, faute d'un minimum de confiance
des opérateurs -, il y a actuellement "crise de la dette
souveraine" - qu'en tant qu'économiste, j'appellerai aussi
"ajustement économique"-.
Ce fait cache deux faits siamois à séparer car très
différents l'un de l'autre: un fait de marché et un fait de
réglementation.
a) Un refus des uns
Le fait de marché tient d’abord dans le refus par les
créanciers – ou par les épargnants – potentiels
d’accumuler encore – librement – davantage de dettes
souveraines aux conditions ordinaires du marché, voire à des
conditions extraordinaires… - apparemment avantageuses… -
Les marchés en question sont des marchés de gré à
gré (O.T.C.) ou des marchés organisés, soit par le
théoricien, soit en pratique (« bourse »), des
marchés « spot » ou « non
spot ».
Les créanciers sont rassasiés de dettes souveraines et veulent
réorganiser leurs patrimoines respectifs où figurent les dettes
souveraines.
b) Une décision de
diminution des autres
Le fait de marché tient aussi dans la décision de certaines
personnes juridiques physiques ou morales de diminuer le montant de dettes
souveraines qu’elles ont accumulé à des conditions
ordinaires, voire à des conditions extraordinaires… - forte
perte acceptée, prix de vente largement inférieur au prix
d’achat -
Bref, on accumule jusqu'au jour où on n'accumule plus, voire où
on décide de faire diminuer ce qu'on avait accumulé.
La crise de la dette souveraine tient dans ce double passage.
c) Un choix permanent des
troisièmes
Le fait de marché tient enfin aux Etats qui continuent à avoir
des déficits budgétaires – croissants ou non – et
cela malgré leurs engagements de faire opposés
(par exemple, Etats de la zone euro) et tout ce qui se passe…
Dans la zone euro, ces politiques sont en opposition avec les engagements
pris (critères de Maastricht et pacte de stabilité et de
croissance).
Les Etats, par conséquent, continuent la même politique
d'augmentation de leur endettement, de leur offre de
« créances sur eux-mêmes ».
La France depuis 1975… (cf . ce billet par exemple)
d) Remarque : causes du
changement des uns et de la continuité des autres.
A priori, les
causes du changement des uns – les épargnants/créanciers
- et de la continuité des autres – les états
déficitaires - sont nombreuses.
Il est difficile d'en faire la liste ou d'en privilégier un petit
nombre.
On peut toujours privilégier l'augmentation du « risque de
défaut » des Etats comme c’est l’habitude
actuelle.
C’est le risque que les créances/dettes souveraines ne soient
pas honorées comme elles devraient l'être... –
intérêt et principal -, il se traduit dans les échanges
des marchés de dettes souveraines par une « prime de
risque ».
e) Le fait de
réglementation.
N'est pas bien évidemment à négliger le fait de
réglementation.
Il tient dans le paquet de réglementations qu'est le système
monétaire de l'euro, €xpérience
sans précédent, dont un des résultats est que les dettes
souveraines ou étatiques en question sont libellées en euro
(cf. autres billets de ce blog sur le sujet, par exemple celui-ci
intitulé "Quel avenir pour l'euro").
3. Composantes du processus
de réglementations.
Hier, au lendemain de la guerre de 1914-18, on disait qu'il y avait des pays
qui avaient des dépenses de reconstruction - les
réparations allemandes, etc. - incompatibles avec la balance des
paiements, avec son équilibre dans le cadre de droit qu'était
l'étalon or.
En d'autres termes, le problème économique avancé
était que la reconstruction des économies était sinon
impossible, du moins serait longue car les échanges internationaux
dont les dépenses dépendaient étaient freinés par
le cadre de droit qu'était l'étalon-or.
Quoique refusé par certains économistes, le diagnostic a conduit les hommes de l'Etat à
réglementer l'étalon-or, émanation des règles de
droit, et à mettre en oeuvre l'étalon
de change or, une réglementation internationale occidentale et le
processus de réglementations dont on n'est jamais sorti.
Aujourd'hui, par comparaison, privilégiant l'augmentation de l'offre
de dettes souveraines, on dira qu'il y a de plus en plus d'Etats - ... de
pays, en particulier de la "zone euro" - qui ont des
dépenses excessives ou des recettes fiscales insuffisantes – en
relation ou non avec une croissance économique insuffisante - et
surtout incompatibles avec le budget, avec son équilibre, dans le
cadre du paquet de réglementations qu'est la "zone euro"
voire de ce qui est dénommé "système
monétaire international" (S.M.I.).
En d'autres termes, le problème économique avancé est
aujourd'hui qu'il y a un endettement des Etats des pays en question de plus
en plus insoutenable dans le cadre de l'euro ou du S.M.I. .
Avec ce diagnostic, là encore refusé par certains
économistes, des réglementations s'ajoutant aux
précédentes sont envisagées par les hommes de l'Etat
(taxes sur les activités financières, de la "facilité
européenne de stabilité financière" à un
fonds éponyme, puis à un "fonds commun de
créances", fonds européen de stabilité
financière, etc.) et ainsi va donc se poursuivre le
processus de réglementations, comme si celui-ci pouvait mener ailleurs
qu'à la situation initiale fuie.
Autant le diagnostic d'hier était erroné, autant celui
d'aujourd'hui est évident.
Autant le remède étatique international d'hier était
erroné, autant celui d'aujourd'hui l'est tout autant.
a) Remarque
préliminaires.
i) De la
réglementation.
Il convient de souligner que, la plupart du temps, les réglementations
d'aujourd'hui ne sont pas envisagées comme elles devraient
l'être, à savoir comme une solution, un remède de plus
aux effets des réglementations d'hier sur la situation d'alors que ces
réglementations devaient améliorer et n'ont pas
amélioré.
Les réglementations sont toujours présentées comme une
solution, un remède à la situation sans mention de toutes les
autres règles existantes ou comme si celles-ci allaient
disparaître.
Oubli ? Perte de mémoire ?
Certes, il y a ceux qui s'en souviennent, mais qui ajoutent dans la
foulée "la situation serait pire si les réglementations
n'avaient pas existé"... Merveilleux, non ?...
ii) Il y a
« faire de l’histoire » et « faire de
l’histoire ».
Analyser avec méthode et concepts le règne d’untel ou
d’untel, ou bien telle république ou telle autre, ou bien telle
période troublée ou telle autre, etc., c’est
« faire de l’histoire ».
Mais signaler une loi, un décret, un arrêté, une
circulation, bref des réglementations et se situer dans les
conséquences économiques à court terme et à plus
long terme de celles-ci, ce n’est pas « faire de
l’histoire », c'est être dans la
réalité.
Malheureusement, dans le meilleur des cas, beaucoup
d’économistes semblent confondre les deux démarches,
assimiler la seconde à la première pour ne plus parler des
réglementations et pour faire comme si celles-ci ou leurs
conséquences économiques n'existaient pas :
« la science économique n’est pas
l’histoire », diront-ils à cette occasion.
Dans le pire, ils "font de l'économie" en faisant
abstraction des règles de droit, en confondant droit et législation/réglementation
(cf. à ce propos, Hayek, Droit, législation et liberté)
et, en introduisant, en "parachutant", des
règlementations....
A lire ou entendre certains économistes, tout se passe comme si, par
exemple, une interdiction légale ne pouvait qu'avoir un effet à
court terme. Après on s'adapterait à la
réglementation.
Il faut donc l'oublier... Implicitement, les réglementations
deviennent ainsi perpétuelles, irréversibles, comme peut
l'être l'assassinat d'un roi,
Tout se passe comme si on ne vivait pas les conséquences
économiques terribles… à long terme des
règlementations passées.
A fortiori, tout
se passe comme si peu importaient les idées qui s’étaient
opposées à l'institution de l’interdiction… et
avaient prédit les effets à long terme qui se
dérouleraient… si l'interdiction était instituée.
En d'autres termes, tout se passe comme si une interdiction légale
était une espèce d’acquis social.
Le cas échéant, à défaut de s’opposer
à l’abrogation de l’interdiction, ceux qui soutiennent sa
perpétuité/permanence/irréversibilité font en
sorte de la mettre de côté, qu’on n’en parle pas, ou
de la déformer, de la dénaturer…
b) Elément
de base du processus de réglementations.
Pour ne pas entraver les échanges internationaux nécessaires
à la reconstruction des pays suite à la guerre de 1914-18, les
Etats convinrent à la conférence réunie à Gènes en 1922
que les monnaies nationales seraient désormais échangeables
internationalement dès lors qu'elles seraient convertibles en or
à taux fixe, à la demande. Le monde occidental passaient ainsi de l'étalon or à
l'étalon de change or.
De fait, les « monnaies nationales » en question
étaient les « substituts de monnaie bancaires »
(S.M.B.) de type « billets » ou
« dépôts » bancaires, convertibles en or
– selon la terminologie ingénieuse proposée par Ludwig von Mises -.
Cet accord allait enclencher un processus dont nous ne sommes jamais sorti.
Peu en parle : même Rothbard ne
l'évoque pas dans son livre intitulé What
has Government done to our Money.
Pour Jacques Rueff, cela a été le "péché
monétaire de l'Occident".
c) Autres bouleversements
règlementaires au XXème siècle.
A la suite de cet accord, de fait une réglementation internationale
sans précédent, il y a eu d'autres bouleversements
règlementaires, dont les principaux sont les suivants :
- création de la Banque des règlements internationaux (B.R.I.)
à la fin de la décennie 1929 - cf. par exemple ce billet -,
- interdiction de la convertibilité intérieure des S.M.B. en
monnaie or depuis la décennie 1930,
- réforme de la réglementation qu'est l’étalon de
change or (accords de Bretton Woods, 1944) avec création de
l’institution du Fonds monétaire internationale (F.M.I.),
- suspension, puis abandon de la
convertibilité extérieure des S.M.B. en monnaie or depuis
1971-73,
- 1979 : création du paquet de réglementations
dénommé "système monétaire
européen" (S.M.E.) et du "fonds européen de
coopération monétaire" (F.E.Co.M.)
- 1999 : floraison de l’euro et de la banque centrale
européenne (B.C.E.) qui a pris la place de l'Institut monétaire
européen (I.M.E.) qui lui-même avait pris celle du F.E.Co.M..
Ces bouleversements ne sont rien d'autres que des effets
réglementaires à plus ou moins long terme de l'accord de
Gênes.
4. Conséquences
méconnues des réglementations oubliées du XXème
siècle.
Bien évidemment, toutes ces réglementations ont eu,
elles-mêmes, des effets économiques à court et à
long terme. Ces effets ont été vécus et ce n'est
pas fini.
Et nous en vivons aujourd'hui.
Malgré l'évidence, la plupart des économistes n'en
parlent pas, font comme si ils n'existaient pas ou donnent la priorité
à des considérations d'un autre ordre.
Il convient de mettre le doigt sur les plus importants d'autant que la
succession des règlementations elle-même s'explique par les
échecs des règlementations antérieures que ne veulent
pas reconnaître les instigateurs. Dans ce cas, ce n'est pas
"la mauvaise monnaie chasse la bonne", c'est "la
réglementation appelle la réglementation".
a) Des "substituts de
monnaie bancaires" aux dettes souveraines des pays.
Suite à la conférence de Gênes (1922), les monnaies
nationales échangeables internationalement pouvaient donc être
accumulées en quantité en dehors de leurs frontières par
un pays et cela en conséquence d'un montant d'exportations de biens et
créances du pays supérieur au montant de ses importations, i.e.
d'un excédent de sa balance des paiements internationaux.
A l'opposé, un pays en reconstruction - par conséquent,
à monnaie nationale non convertible en or et à balance des
paiements déficitaire - allait pouvoir utiliser la monnaie nationale
échangeable internationalement qui lui avait été
prêtée par d'autres pays pour "financer" son
déficit.
Mais pourquoi accumuler des monnaies étrangères ne portant pas
intérêt plutôt que des dettes souveraines libellées
dans les monnaies en question qui, elle, rapportent un intérêt ?
La porte était ouverte à l'accumulation des dettes souveraines
- dont une classe à court terme sera dénommée
« réserves internationales » -, et aux
déficits budgétaires "sans pleurs" des Etats des pays
à monnaie convertible du fait de cet appétit pour les dettes
souveraines.
Soit dit en passant, en 1922, seul le dollar des Etats-Unis d'Amérique
est convertible en or. L'accord était donc un coup de fouet
donné pour son développement.
En 1925, la livre sterling d'Angleterre redeviendra convertible enor - mais au prix de 1914 !, indicateur de l'ignorance
des hommes de l'Etat anglais dans le domaine de la monnaie - et en 1928, le
franc français, à un prix cinq fois plus faible.
b) Remarque : monnaie,
quantité de monnaie, coût de l'action d'échange et
inversion de la causalité
Cette réglementation de Gênes est injustifiable, tout comme
celles à quoi elle a donné lieu et qui devaient en
définitive tenter de la corriger (cf. ci-dessous). Seule une
ignorance du domaine de la monnaie peut expliquer le processus de
réglementations en oeuvre.
Une monnaie, fût-elle nationale, n'est pas d'abord une quantité
comptabilisée selon des règles qui varient dans le temps et
d'un pays à un autre.
"Monnaie" est le nom donné par le passé à ce
qui avait contribué à diminuer le coût de l'action
d'échange de biens par les êtres humains et qui avait
émergé ici ou là, et à des époques
différentes, sous des formes différentes. Et les formes sont
passées avec le fond...
Souvent, on croit parler de « monnaie » alors
qu’en fait on parle de « quantité de
monnaie ». Fin XIXème- début XXème siècle , d'ailleurs, on parlait encore et davantage
de "valeur de la monnaie" (par exemple, Marshall).
Soit dit en passant, on parlait aussi de "valeur" pour
désigner le prix relatif d’une bien
dans un autre et de « théorie de la valeur »
pour désigner la « théorie des prix », de
fait « théorie de l’équilibre
économique général ». Et tout cela
ajoutait à la confusion.
A défaut de reconnaître que la monnaie est ce qui a
contribué à diminuer le coût de l’action
d’échange de chacun - parce qu'on a mis de côté le
concept d'action de l'être humain ... -, on fait procéder
l’échange de biens de la quantité ou de la valeur de la monnaie
et c'est le renversement de la causalité logique.
A défaut de reconnaître que la monnaie est ce qui a
contribué à diminuer le coût de l’action
d’échange de chacun, le législateur a aussi pu donner le
privilège de monopole d’émission de billets à une
banque centrale…, sous des prétextes plus fallacieux les uns que
les autres (surveillant et contrôleur des banques, prêteur en
dernier ressort, etc.).
Coupée de l’action humaine d’échange de biens, la
monnaie est incompréhensible.
Et lui donner des "fonctions" ou bien parler de sa quantité
en se plaçant dans le cadre de telle ou telle comptabilité
bancaire réglementée actuelle, comme le font de nombreux
économistes, n’y change rien, bien au contraire.
Nos économistes en arrivent à dire que « le concept de
monnaie pose un problème ». Mais ce sont eux le
problème, pas la monnaie.
Faute de concepts, ils ont recours à la rhétorique…
Et la science de la monnaie est ravagée par la rhétorique des
« fonctions » de la monnaie et de la
« comptabilité bancaire règlementée »
autant que par les réglementations absurdes elles-mêmes qui la
frappent.
Au lieu de reconnaître que la monnaie est ce qui a contribué
à diminuer le coût de l’action d’échange de
chacun, certes pas à zéro, on fait implicitement porter le
« coût résiduel de l’action
d’échange » sur les objets de l’échange
avec monnaie.
On dit qu’ils sont plus ou moins échangeables, marchands…
Et on n’hésite pas à parler des objets non
échangeables, non marchands, voire on se flatte qu'il existe des
objets non marchands et on aimerait qu'il y en eût toujours plus.
On n’hésite pas non plus à parler des
"inconvénients" de la monnaie et à envisager des
"remèdes étatiques", bref des réglementations,
pour qu’ils disparaissent ou soient amoindris.
c) "Substituts de rien
bancaires" (S.R.B.).
D'abord, il faut voir dans l'interdiction de la convertibilité
intérieure des S.M.B. en or à partir de la décennie 1930
un des résultats de l'accord de Gênes, qu'on le veuille ou non.
C'est en particulier le cas de l'Angleterre en 1931, celui des Etats-Unis en
1933 et celui de la France en 1937.
Certes, entre temps, il y a eu ce que les historiens ont
dénommé "la crise de 1929". Mais cette
"crise" ne saurait être coupée, elle aussi, de
l'accord de Gênes.
Ensuite, l'interdiction de convertibilité intérieure en tant
que nouvelle règlementation a contribué à faire appeler
« chat » un chien, à savoir "monnaie"
les substituts de monnaie bancaires désormais "substituts de
rien".
Ainsi, ce qu'on dénomme « monnaie » aujourd'hui
- voire, pis, « argent » ! comme c'est le cas en
France - n'a rien à voir avec la monnaie d'hier.
Ce qu'on dénomme « monnaie » aujourd'hui est du
« néant habillé en monnaie » (pour
reprendre l'expression que Rueff avait forgé pour dénommer les droits de tirages spéciaux - D.T.S. -
créés par le F.M.I.-
cf. ci-dessous).
On peut aussi le dénommer « substituts de rien
bancaires » (S.R.B.).
Le mot « liquidité », parfois employé, est
très ambigu : il mélange des considérations
économiques et financières – au sens comptable - en
relation avec les banques qui ajoutent à la confusion.
d) Remarque :
"monnaie et finance font deux".
L'interdiction de la convertibilité intérieure des S.M.B. en or
à partir de la décennie 1930 a contribué encore à
faire confondre « monnaie » et
« finance »., à parler indifféremment de
« monnaie » et de « finance »,
à voir dans les « billets » ou les
« dépôts » bancaires des dettes sous
prétexte qu'ils ont continué à être
enregistré au passif du bilan de la banque..., la banque devenant
« interface » ou « artefact »...
Pourtant, "monnaie et finance font deux".
La théorie de la finance est plus récente encore que la
théorie de la monnaie.
La finance est à la durée ce que la monnaie est à
l'instant... (la monnaie n'est pas le lien entre le présent et le
futur dont parle Keynes)
Soit dit en passant, que viennent faire les analystes financiers dans ce
qu’ils présentent comme une évaluation des risques des
dettes souveraines – aspect du risque politique - ?
Ils n’ont rien à y faire sauf si les autorités ont choisi
d’attacher de l’importance à leurs évaluations, de
les prendre comme critères comptables. Mais au royaume des
aveugles, les borgnes sont rois...
L’analyse financière des sociétés de capital
n’a rien à voir avec l’analyse financière des
Etats, i.e. l’analyse des finances publiques… car les Etats
n’ont pas des activités qui reposent sur les règles de
droits – propriété -, mais sur le don et le vol de richesses
en propriété …
Un Etat ne peut pas déposer son bilan car il n’en a pas.
Il ne peut pas faire faillite car la faillite est un concept de droit
privé et car il s’articule à la règle de la
propriété privée.
Il ne saurait être mis en redressement judiciaire…
Un Etat peut seulement être mis en cessation de paiements, ce
qu’on dénomme le « défaut ».
5. Le prétendu
problème des balances de paiements.
Autres résultats de l'accord de Gênes, qu'on le veuille ou non, ce sont les
accords de Bretton Woods
(1944) et, en particulier, la création du Fonds monétaire international (F.M.I.)
pour empêcher les déficits des balances des paiements des pays
et les "dévaluations compétitives" qui avaient fleuri
dans la décennie 1930.
Ces accords de 1944 ne modifient pas le système antérieur des
taux de change fixes dans le cadre de l’étalon de change or,
mais ils s'attachent aux "déficits de balance des
paiements". Ils organisent à leur façon l'accord de
Gênes signalé.
Très schématiquement, le F.M.I. reçoit pour mission de
voir si les déficits des balance des paiements des pays qui se
réalisent sont conjoncturels ou structurels et d'agir en
conséquence.
S'il juge conjoncturel un déficit, il le dit et apporte au pays une
aide financière, le cas échéant.
S'il le juge structurel, il conseille au pays de dévaluer la monnaie.
Et les pays membres du F.M.I. s'entendent sur l'importance de la dévaluation
et les mesures à prendre. Pour sa part, le F.M.I. apporte aussi
conseils et aide financière au pays.
En 1944, seule la "monnaie" des Etats-Unis est convertible
extérieurement en or à taux fixe, à la demande. Et
le pays reçoit la charge de maintenir le prix de l'once d'or sur le
marché à $35.
Il n'est pas question de revenir à une convertibilité
intérieure. du dollar en or.
Principaux effets économiques de cette nouvelle réglementation
:
- la balance des paiements des Etats-Unis est excédentaire
jusqu'à la fin de la décennie 1950 ;
- les monnaies des pays européens redeviennent convertibles
extérieurement à la fin de cette décennie 1950 ;
- la balance des paiements des Etats-Unis devient déficitaire dans la
décennie 1960 ;
- en mars 1968, le marché de l'or est divisé en deux
compartiments : l'un pour les échanges "officiels" dont les
Etats-Unis maintiennent le prix fixés à $35, l'autre pour
les échanges "non officiels" où le prix est
"libre" ;
- parallèlement, le calcul de la balance des paiements des Etats-Unis
fait l'objet de discussion et est modifié. Il se fait sur deux
bases distinctes : l'une est celle des règlements officiels et
l'autre, celle des liquidités. La balance des paiements sur la
base des règlements officiels peut être excédentaire et,
sur la base des liquidités, être déficitaire. Et
inversement.
- à la fin de la décennie 1960, pour les uns, il y a un
"problème de liquidité" et pas de problème de
balance des paiements des Etats-Unis, pour les autres, la politique
monétaire américaine est inflationniste.
Qu'à cela ne tienne, le F.M.I. acquiert le privilège
d'"allouer", au début de la décennie 1970, une
"monnaie" - la première du genre,
..."institutionnelle" - dénommée "droits de
tirages spéciaux" (D.T.S.) pour augmenter, alternativement, la
quantité des liquidités internationales ou la quantité
des réserves internationales. Ce que Jacques Rueff qualifiera de
"plan d'irrigation pendant le déluge".
Le 15 août 1971, le président des Etats-Unis décide
unilatéralement de suspendre la convertibilité
extérieure du dollar en or...
Après maintes réunions et rebondissements, en mars 1973, la
convertibilité extérieure en or des monnaies des pays membres
du F.M.I. est abandonnée.
Mais le F.M.I. n'est pas remis en question malgré, en définitive,
l'échec de sa mission, ses statuts sont seulement modifiés.
Effet économique à court terme de cette nouvelle
réglementation : une inflation mondiale qui se développe
jusqu'au début de la décennie 1980.
Dans la foulée, des hommes de l'Etat des pays européens vont
mettre en branle des règlementations particulières et
incessantes qu'on peut rassembler sous la dénomination
"système monétaire européen" jusqu'à la
construction de l'euro.
6.
"Monnaie" d'hier et "substituts de rien bancaires"
d'aujourd'hui.
En conséquence de ces bouleversements réglementaires et de
leurs effets, il faut percevoir que ce qu’on dénomme
« monnaie » aujourd’hui n’a plus rien
à voir avec ce qu’on dénommait
« monnaie » il y a un siècle, et un
siècle plus tôt, et un siècle plus tôt encore, etc.
Parler de « monnaie » aujourd’hui est un abus de
langage si le mot est pris au pied de la lettre et si on accorde encore un
sens au mot.
Ce qu’on dénommait hier « monnaie » avait
contribué à diminuer le coût de l’action
d’échange de vous et moi, de chacun.
Et de même que ce qu’on dénomme
« lumière », phénomène naturel, a
deux grandes formes (onde de longueur… et corpuscule/photon), de
même, ce qu’on dénomme « monnaie »,
phénomène humain, a deux grandes formes : (objet et
organisation, selon les temps et les pays).
La "monnaie" d'hier - "... métal" pour ne pas
remonter trop loin dans le temps et, justement, pour "ne pas faire de
l'histoire" ... - avait été complétée par
des "substituts bancaires" (billets et dépôts
bancaires).
Aujourd’hui, ce qu'on dénomme « monnaie »
devrait être dénommé « substitut de rien
bancaire » (S.R.B.) - du fait de l'interdiction de
convertibilité faite à la banque par le règlementeur
- en se souvenant que, si le progrès technique et organisationnel des
substituts de monnaie bancaires n'avait pas été accompli, si
l'économie de coût d'échange qu'il cache n'avait pas
été largement distribuée, jamais les S.R.B.,
"mauvaises herbes", n'auraient pu voir le jour.
Il est vraiment difficile de voir dans les S.R.B. une manifestation
d’un processus de diminution du coût de l’acte
d’échange de biens entre personnes juridiques physiques ou
morale ou, si on préfère, une manifestation de la "loi de
l’économie". D'ailleurs, à aucun moment, les
règlementations évoquées n'ont été prises
dans le but de contribuer à la diminution du coût des
actes d'échange.
En résumé.
A l’échelle de l’histoire, la situation monétaire
actuelle du monde est une péripétie de plus qui s’ajoute
aux péripéties antérieures.
Etant données une ignorance certaine du domaine de la monnaie et de
conjonctures jugées extraordinaires, au XIXème siècle,
faut-il le rappeler, les hommes de l’Etat des pays du monde
étaient parvenus à accaparer la monnaie…, chacun chez
soi.
Au XXème siècle, cela va se prolonger à l'échelon
du monde et ne pas s'interrompre à l'échelon national.
En dépit de l’ignorance dans laquelle ils se trouvaient, les
moyens qu’ils ont employés sont de divers ordres : ordre de
la contrainte multiforme (au nombre de quoi l'interdiction légale),
ordre de la persuasion, essai de magie (cf. Keynes dénommé par
Rueff, "le magicien de Cambridge", ou La magie de la monnaie de Schacht).
Qu'on le veuille ou non, l'ignorance des concepts, le refus ou la
négation de ceux-ci par les hommes de l'Etat et les
réglementations prises soi-disant en connaissance sont en
définitive les trois maîtres qui ont conduit à la
situation actuelle.
Rien ne justifie les réglementations, en définitive
extrêmes de la monnaie instituées au XXème siècle
(abandon, interdiction, assujettissement, fusion, etc.) sinon l'ignorance des
instigateurs de celles-ci - dont leurs suivants se diront, à
l'occasion, opposés à l'extrémisme !-.
Des économistes s'y étaient opposés et avaient
prédit ce qui allait se produire si les réglementations
étaient adoptées. Ils n'ont pas été
écoutés.
7. Conséquences
des conditions extraordinaires actuelles du marché financier.
Etant données les conditions extraordinaires actuelles du
marché financier - de tel ou tel de ses compartiments et, par
exemple, de celui des dettes souveraines qui emportent l'attention en ce
moment ( cf. graphique ci-dessus) -, chaque
créancier/investisseur/épargnant doit s’ajuster, doit
ajuster la gestion de son patrimoine non humain.
Les principaux acteurs en présence sont :
1. Vous et moi, créancier ou non,
Les entreprises, créancière ou non,
Les Etats (Trésor, collectivité, etc.), créancier ou
non,
Les banques centrales (nationale, régionale), créancieres
ou non,
5. Les banques de second rang, créancieres
ou non,
6. Les institutions internationales, créancieres
ou non,.
Pour autant que le créancier est une banque
de second rand de dépôt, le montant du
passif de la banque devient, toutes choses égales par ailleurs,
supérieur au montant de l'actif en raison des mouvements comptables
sur les créances à revenu fixe, des taux d'intérêt
croissants.
Sa « gestion en bon père de famille » s'est
retournée contre elle : elle avait acheté des créances
souveraines pour ne pas prendre de risque car on lui avait dit que les
créances souveraines ne présentaient pas de risque et ne
voilà-t-il pas que ces créances s’avèrent
risquées...
Malgré tout, elle doit respecter les « critères de
bonne gestion » qui lui sont imposés par la banque centrale
à quoi elle est assujettie (réserves obligatoires,
liquidité, solvabilité, etc.). Les mouvements de taux
d'intérêt lui causent des pertes et elle doit s'ajuster.
En ce qui concerne la banque centrale – qui a le privilège de
monopole d’émission de billets -, c’est différent
puisqu'elle n'est assujettie à rien, sinon à ses statuts...
La banque de second rang s’ajuste en faisant appel
- soit aux autres banques de second rang,
- soit à la banque centrale à qui elle vend – ferme ou
non - les créances en mauvais état.
Il y a le marché interbancaire où des
créances/dettes/liquidités sont échangées entre
les banques contre des « substituts de rien » d'autres
banques, sous l’œil des banques centrales nationales - et, en particulier,
de la banque centrale européenne-…
Parfois, la banque centrale du pays de la banque de second rang achète
les créances en mauvais état - à un certain taux
d'intérêt - en émettant une quantité de
« substituts de rien » - billets ou dépôts
-.
L'achat peut être provisoire – prise en pension – ou
définitif.
Par principe et droit, une banque centrale n'achète pas les
créances/dettes souveraines de l'Etat de son pays, du pays où
elle a le privilège d'exercer.
Mais elle peut acheter des dettes souveraines d'autres Etats. Celles-ci
ont reçu le nom de « réserves
internationales » dans le passé quand la monnaie de l'Etat
en question était « échangeable
internationalement ».
C’est ainsi que les banques centrales ont pu acheter les dettes
souveraines en mauvais état
- depuis l'instauration de l'étalon de change or (1922) et surtout
- depuis l'interdiction de convertibilité extérieure des S.M.B.
en monnaie or (août 1971-mars 1973).
Il y a le cas particulier récent de la banque centrale
européenne, banque centrale régionale à cheval sur
plusieurs pays..., qui, du fait de ses statuts, ne peut pas acheter
directement aux Etats leurs dettes souveraines quoique….
Pour autant que la banque de second rang ne le peut pas, elle fait appel aux
actionnaires – augmentation de capital -… ou, sinon, c'est la
faillite car elle, elle est de droit privé.
En bref.
La réglementation de Gènes a enclenché un processus qui
a fait passer des idées - fausses – de croissance insuffisante
des échanges internationaux - et de reconstruction freinée - du
fait de la monnaie dans le cadre de l'étalon-or aux idées -
fausses - actuelles de spéculation financière excessive - et
d'Etats mis en difficulté - du fait des marchés financiers dans
les cadres de l'euro et du système monétaire international...
Rétrospectivement, elle a surtout fait passer de l'accent mis sur les
déficits des balance des paiements internationaux des pays - dont la
"classe parlante" se moque aujourd'hui - à l'accent mis sur
les déficits budgétaires des Etats des pays - dont la
même classe ne peut plus se moquer comme elle l'avait aussi fait -.
Il reste que ces déficits sont de nature juridique très
différente et ne devraient pas être comparés comme ils le
sont souvent, comptablement.
Le déficit de la balance des paiements internationaux d'un pays fait
intervenir des échanges volontaires, à défaut
d'être libres en totalité, de
droits de propriété sur les choses alors que le déficit du budget
d'un Etat recouvre des échanges, mais surtout des "vols
légaux" (cf., entre autres, Pareto sur ce point :
"Il faut se débarrasser du préjugé qui porte
à croire qu'un vol n'est plus un vol quand il s'exécute dans
les formes légales." (Pareto, 1896, § 450, pp.326-7)
Très précisément: Pareto, V. (1896), Cours d'économie politique,
dans Bousquet, G.H. et Busino, G. (Ed.), Oeuvres complètes de Vilfredo Pareto, tome 1 : Cours d'Economie politique,
livre 1, Librairie Droz, Genève, nouvelle édition, 1964. .
Les politiques d'échanges internationaux et
budgétaire d'un Etat ne sont certes pas nouvelles.
Mais hier, sous une autre dénomination, elles avaient
été limitées par l'étalon-or.
Avec les accords de Gênes, puis de Bretton Woods, puis de 1971-73, pour ne pas parler des
engagements non respectés des accords de l'euro de la décennie
1990, les limites et autres caches ont volé en éclats.
Loin de régler le problème des balances de paiements
avancé dans la décennie 1920, l'accord de Gênes l'a
créé.
Et Jacques Rueff de parler du « lancinant problème
des balances des paiements » dans la décennie 1960, en
mettant le doigt sur les quantités de monnaies nationales - en fait.
des "substituts de rien bancaires" intérieurement -, mais
échangeables internationalement, qui permettaient à des Etats
de payer leurs dépenses sans difficulté.
Avec les nouvelles réglementations qu'ont été, à
la fois, l’abandon de l’étalon de change or et l'abandon
des taux de change fixes dans la décennie 1970, le problème des
balances des paiements a disparu des préoccupations affichées
par les hommes de l'Etat et a fait progressivement ressortir le
problème des budgets étatiques.
Ce dernier a explosé au grand jour avec les montants atteints par ces
déficits et avec ce que ces derniers cachent, à savoir
l'endettement et la charge d'endettement étatiques. Certes, cela a mis
du temps : depuis 1975…, cf. ce billet.
A sa façon, le prétendu problème des balances des
paiements a caché le vrai problème des budgets des Etats qui en
étaient la source.
8. Conséquences de
l'augmentation de la quantité de S.R.B. (substituts de rien
bancaires).
Si l’ajustement que réalisent les banques de second rang est
conséquence de l’intervention des banques centrales (B.C.), il
va de pair avec une augmentation de la quantité des
« substituts de rien bancaires ».
Si l’ajustement des banques de second rang se fait sans intervention
des B.C., il n'a pas d'impact sur la quantité de S.R.B.
Et l’augmentation a des conséquences macroéconomiques
discutées et discutables
- sur les prix en monnaie ;
- sur les taux d’intérêt.
- sur l'activité, l’équilibre ou la conjoncture, ou la
croissance économique.
Nous ne les discuterons pas en considérant qu'elles passent
après les effets du processus règlementaire ... que les
théories macroéconomiques mettent de côté.
De plus, elles ne peuvent qu'avoir un caractère sibyllin du genre de
l'appréciation suivante de la B.R.I. dans son rapport trimestriel
évoqué en début de billet :
« De fortes révisions à la baisse des perspectives
de redémarrage de l’activité dans plusieurs grandes
économies ont pesé sur les prix des actifs sensibles à
la conjoncture durant la période sous revue.
Les préoccupations des intervenants quant à la croissance ont
été amplifiées par le sentiment que les politiques monétaires
et budgétaires ne disposaient guère de marge de manoeuvre pour relancer l’économie mondiale.
Les informations négatives sur les conditions macroéconomiques
ont été aggravées par la propagation, à
l’Espagne et à l’Italie – après la
Grèce, l’Irlande et le Portugal –, de
l’inquiétude suscitée par la dette souveraine de la zone
euro.
Les conditions de financement se sont alors durcies pour les banques
européennes, et même les cotations sur les grands marchés
de la dette souveraine de la zone euro ont été touchées.
Tous ces facteurs ont concouru à un engouement pour les valeurs
refuges.»
(B.R.I., op.cit)
Georges Lane
Principes
de science économique
Georges
Lane enseigne
l’économie à l’Université de Paris-Dauphine.
Il a collaboré avec Jacques Rueff, est un membre du séminaire
J. B. Say que dirige Pascal Salin, et figure parmi les très
rares intellectuels libéraux authentiques en France.
Publié
avec l’aimable autorisation de Georges Lane.
Tous droits réservés par l’auteur
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