Lors d’un entretien assez long
avec CNBC ce matin, Donald Trump, le candidat républicain à la
présidentielle, est revenu sur sa trajectoire d’entreprise afin d’établir ce
qu’il aimerait achever en tant que président. Il est allé plus près que n’importe
quel autre candidat d’admettre que la formule de reprise économique des
Etats-Unis pourrait impliquer un remboursement de leurs créditeurs inférieurs
à ce qui leur est dû. C’est un développement majeur qui devrait fortement
impacter Wall Street et remettre en question la nature sans risque des bons
du Trésor américains.
Malgré son image publique de
bonimenteur, de négociant et de constructeur de certaines des propriétés
résidentielles les plus prisées du monde, Donald Trump doit son succès à sa
capacité à entrer dans une pièce bondée de monde à qui il doit de l’argent et,
par la menace, de fausses promesses et de dures négociations, à convaincre
ces gens d’accepter moins que ce qu’il leur doit. Il a maintes et maintes
fois utilisé les erreurs de créance de ses compétiteurs comme levier pour
obtenir ce qu’il désirait. C’est pourquoi il s’est plusieurs fois déjà
qualifié de « roi de la dette ».
Maintenant qu’il s’est
débarrassé de ses rivaux républicains, Donald est libre de prendre des
positions en termes d’économie qui sont plus à gauche encore que celles de
son opposante, Hillary Clinton. Il est évident que ses priorités impliqueront
de grosses dépenses en infrastructures aux Etats-Unis, notamment le
développement de routes, de ponts et d’aéroports. Il a également proposé un
vague remplaçant pour Obamacare, qui impliquera certainement un financement
gouvernemental. Parce que de telles décisions pourraient faire grimper le
déficit budgétaire fédéral, ce sont des questions que le Congrès a jusqu’à
présent refusé d’aborder.
Mais Trump a également fait
preuve d’un certain réalisme, chose que d’autres politiciens ont du mal à
faire. Il a déclaré que l’économie des Etats-Unis dépendait encore lourdement
des taux d’intérêt très bas, et que même une hausse de 1% des taux d’intérêt
pourrait s’avérer dévastatrice. En tant qu’emprunteur en série, Trump « aime
les taux faibles » et a déjà fait mention du remplacement de Janet
Yellen par un républicain qui serait du même bord que lui (il aurait moins de
mal à trouver un végétarien qui aime les hamburgers). Il semble aussi
comprendre que les taux ne pourront pas rester si bas indéfiniment.
Mais comment emprunter plus dans
un environnement de hausse certaine des taux, sans faire gonfler le
remboursement de notre dette ? C’est simple, il suffit de renégocier, et
de forcer ses créditeurs à accepter moins que ce qui leur est dû ou d’attendre
leur argent plus longtemps (des bons sur trois ans deviennent des bons sur
trente ans). Il semble comprendre que des décisions si radicales
convaincraient les investisseurs internationaux à aller voir ailleurs, ce qui
serait désastreux pour le dollar. Mais il ne semble pas s’en soucier.
Lors de son entretien avec CNBC,
il explique qu’un dollar fort est intéressant sur le papier, mais qu’une
devise faible offre de bien meilleurs bénéfices dans le monde réel. Il perçoit
les devises faibles comme l’arme principale utilisée par la Chine pour
assurer son propre succès. Il veut la même chose pour les Etats-Unis. Les
électeurs soutiendront-ils un programme plus sévère envers les Chinois qui
vise à utiliser plus d’argent pour la construction d’aéroports et les
services de santé ? Je pense que oui.
Bien évidemment, le talon d’Achille
d’un tel programme est qu’un dollar affaibli amènera une vague d’inflation
qui pourrait rivaliser avec celles des années 1970. Si Trump et ses nouveaux
valets de la Fed ne souhaitaient pas faire grimper les taux pour mettre fin à
cette tendance, les plus pauvres souffriraient les premiers à mesure que le
pouvoir d’achat s’évaporerait. La pauvreté se propagerait. La dette a été son
amie tout au long de sa carrière. Pourrait-il chasser sa véritable nature ?
Plus particulièrement s’il est jusqu’à présent parvenu à se débarrasser de
toutes les proies sur son passage ?
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