Peut-être avons-nous récemment
trop rapidement survolé les récentes affaires de manipulation et du fixing de Londres.
La lecture de cet article publié dans les années 1990 ne fait que renforcer
mon idée que les manipulations se poursuivront normalement en Chine.
Peut-être que l’article, qui a
été publié par Forbes, nous offre plus de preuves que les années lumières de
recherches dont nous disposons. Nous aurions pu nous attendre à ce que l’un
des journalistes financiers du marché de l’or ait déjà fait le lien.
Voici la schématique de gouvernance d'entreprise de
Rothschild.
Le Rothschild Group s’est retiré du fixing de Londres en
2004 après 200 ans : Rothschild to pull out of gold market
after 200 years
La Chine cherche à obtenir un
siège au fixing de Londres, quelles conséquences pour le prix de l’or ?
« Le ratio de livraison
reflète en Chine des livraisons d’or physique plutôt que des contrats papiers
qui changent simplement de mains. En Chine, le ratio de livraison s’élève
communément de 30 à 40%, bien qu’il n’excède que rarement 5% sur le Comex ».
Des rapports publiés cette
semaine nous ont appris que la banque sud-africaine Standard Bank a entamé
les négociations dans l’éventualité d’acheter les sièges de Deutsche Bank au
fixing de Londres : le groupe de banques qui préside le mécanisme de
fixation du repère global. Au premier abord, il semble intéressant et
peut-être pratique que l’Afrique du Sud, en tant que premier producteur d’or
mondial, cherche à obtenir une place autour de la table du fixing. Mais ce
serait passer à côté de l’évidence. Ce qui est bien plus intéressant, c’est
que 20% de Standard Bank appartiennent à la banque chinoise Industrial and Commercial Bank of China (ICBC) – qui est
actuellement en passe d’acheter une majorité des parts de marché de Standard
au Royaume-Uni.
Pour comprendre l’importance
de cette décision, penchons-nous un instant sur les divers éléments de
l’affaire.
Premièrement, qu’est-ce que le
fixing de Londres ? Il n’est pas aussi infâme qu’on pourrait le penser.
Le terme fixing n’est qu’un nom malheureux à une heure où font rage les
scandales du Libor et de la manipulation du marché
des changes (ce qui explique en partie pourquoi Deutsche ne désire plus y
participer – les régulateurs allemands se penchent actuellement sur la
détermination des prix des métaux précieux, bien que Deutsche ait précisé
qu’il ne s’agisse pas là de la raison de sa décision). Cinq banques
déterminent le prix de l’or lors de conférences téléphoniques biquotidiennes,
à 10h30 et 15h00 heures de Londres. Ces banques sont aujourd’hui HSBC,
Barclays, SG, Bank of Nova Scotia et Deutsche.
Aucune d’entre elle ne fait partie de celles qui ont lancé le fixing en 1919.
La dernière à le quitter, N M
Rothschild, a vendu son siège à Barclays il y a déjà dix ans.
Ces sièges sont considérés
comme prestigieux, bien qu’ils ne permettent pas une génération de revenus
époustouflante. Le problème est que, puisque les régulateurs ont commencé à
se pencher sur l’éventuelle manipulation des repères financiers – le Libor en étant l’exemple le plus évident – faire partie
d’un petit groupe de banques à la tête de la détermination de quelque chose
d’aussi important que le prix de l’or ne confère plus une image aussi
illustre qu’auparavant.
Pourquoi la Chine
voudrait-elle d’un tel siège ? C’est une autre histoire, tout aussi
intéressante. Le Shanghai Gold Exchange n’est pas encore devenu un moteur
essentiel du marché de l’or international, mais ne cesse de gagner en
importance. Et pourtant, l’or se comporte différemment en Chine que dans les
autres régions du monde. Le ratio de livraison y est bien plus élevé que sur
les autres marchés. Le ratio de livraison représente la livraison d’or
physique plutôt que le transfert de contrats papier. En Chine, le ratio de
livraison s’élève communément de 30 à 40%, bien qu’il n’excède que rarement
les 5% sur le Comex. En avril 2013, les livraisons du SGE ont surpassé la
production minière.
Bien que les activités du
marché de Shanghai ne soient pas suffisamment développées pour affecter le
prix de l’or international, elles sont assez importantes pour entraîner une
divergence entre les marchés papier et physique de l’or, qui peuvent se
comporter différemment l’un de l’autre. De plus, la Chine dispose de réserves
d’or considérables : elles s’élevaient à 33,89 millions d’onces, ou
1.054 tonnes, à la fin de l’année 2013. Il est donc parfaitement raisonnable
qu’une institution chinoise cherche à obtenir un siège autour de la table du
fixing de Londres.
Mais pourquoi ICBC ou une
autre banque chinoise, comme la Banque de Chine ou China Commercial Bank, ne
pourrait-elle pas acheter son siège directement à une banque occidentale ?
Peut-être que vendre à Standard Bank est plus acceptable que vendre
directement à un Béhémoth qui appartient au gouvernement chinois.
L’autre question à se poser
est quelle différence cela fera pour le prix de l’or. La vérité, c’est que le
fait d’être membre du fixing de Londres ne confère pas un pouvoir
extraordinaire. Le fixing de Londres doit refléter le prix au comptant en
dollars et est sujet à des règles qui respectent les intérêts des acheteurs
et des vendeurs. Aucun membre individuel n’a plus d’influence que les autres.
Une collusion est théoriquement possible, mais au vu de la surveillance dont
sont l’objet les repères financiers, elle est probablement moins probable
aujourd’hui qu’elle ne l’a jamais été.
ICBC ne changera pas le prix
de l’or – ou du moins pas seulement en achetant le siège de Deutsche. Mais
qu’en est-il de la Chine ? La Chine apporte déjà un support au prix de
l’or grâce aux réserves de sa banque centrale, de la consommation
individuelle de ses citoyens et de son amour pour l’or en tant
qu’investissement. Le rôle de la Chine sur le marché de l’or ne fera que
gagner de l’importance, et un siège autour de la table du fixing ne ferait
que refléter une réalité de plus en plus évidente.