La place du
Royaume-Uni au sein de l’Union européenne revient une nouvelle
fois sur le tapis en ce début d’année 2013. Le parti
conservateur somme
de plus en plus le Premier Ministre, David Cameron, de desserrer les liens
avec l’Union européenne. Cette dernière traverse une
telle crise que les Britanniques y trouvent peut-être un
prétexte utile pour en sortir.
Il faut dire,
qu’effectivement, la situation économique de certains pays
(Chypre, Espagne, Grèce, Italie, Portugal…) n’est pas
reluisante et le Royaume-Uni ne veut peut-être pas servir de
« vache à lait » au sein d’une institution
qu’ils ont souvent regardée avec méfiance. Ils sont donc
hésitants quant à cette intégration politique
renforcée prônée par certains Européistes. Les
Britanniques lui ont toujours préféré une zone de libre-échange
économique, moins contraignante, avant finalement d’accepter
d’éroder quelque peu leur souveraineté.
Le pays est
aujourd’hui divisé entre une population plutôt hostile
à l’UE, des entreprises circonspectes et des médias dont
certains poussent plutôt au maintien.
Dans un
premier temps, David Cameron avait mis les points sur les i : il était
hors de question de quitter
l’Union européenne pour le moment.
Il faut dire
que l’Angleterre a une carte à jouer, actuellement, au sein des
vingt-sept : l’axe franco-allemand est quelque peu
éreinté depuis la non-réélection de Nicolas
Sarkozy et le Royaume-Uni partage
avec l’Allemagne un principe clé : les finances
européennes doivent être assainies et cela passe par une
réduction du budget 2014-2020 sous la barre des 1000 milliards
d’euros.
Cameron
bénéficie donc du soutien de Merkel
et la rigueur attendue pourrait être partiellement au rendez-vous, si,
d’aventure, le Parlement européen ratifie
les orientations récemment prises par le Conseil européen.
Ce n’était
ainsi peut-être pas le bon moment pour quitter l’Union
européenne. Cameron avait pris une décision pragmatique :
dans une Europe sans cesse élargie, l’intégration
politique apparaît comme une utopie. Cameron le savait et se disait
probablement que les politiques économiques communes dont raffole
l’Union européenne ne survivront pas.
Concernant la
PAC, le résultat est « mi-figue, mi-raisin »
pour les Britanniques, la baisse des dotations étant légère.
Un
résultat si mitigé que Cameron vient de céder à
la pression populaire en annonçant que, si il était
réélu, il proposerait à ses concitoyens un
référendum sur le maintien (ou non) du Royaume-Uni dans
l’Union.
Pendant ce
temps, malgré l’accord trouvé entre les Chefs d’État
et de gouvernement, les fractures idéologiques demeurent importantes.
La construction européenne apparaît bel et bien en panne.
Ces multiples
divergences, accentuées par les élargissements successifs, font
que le rêve britannique d’une Europe cantonnée à
une zone de libre-échange pourrait devenir réel. En effet, il
apparaît difficile de voir naître un « super-État
européen », surtout si des pays comme l’Albanie,
l’Islande, le Kosovo, le Monténégro et la Serbie, des pays
aux situations économiques bien distinctes, venaient à
rejoindre l’Union.
Une alternative
« viable » serait la création d’une
« Europe à deux vitesses ». Et cela, les textes
le prévoient
presque explicitement depuis le Traité d’Amsterdam de 1997. En
effet, les eurocrates étaient déjà conscients, dans les
années 1990, que les élargissements successifs risquaient de
freiner la construction européenne. Ils ont donc mis en place le
mécanisme de coopération renforcée qui permet à
ceux souhaitant approfondir l’intégration politique de le faire
sans subir le veto d’autres pays.
Le Royaume-Uni
ne pourra alors plus être considéré comme celui qui met
un frein à à la construction
européenne même si, évidemment, la portée de ce
mécanisme demeure limitée en termes matériels. Surtout
s’il quitte l’Union européenne.
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