Il est
décidément assez compliqué d’être
entrepreneur en France. Nous savons que les taxes sur les entreprises ne
tuent pas seulement l’entrepreneuriat mais, également, plus
généralement la croissance si on en croit
les statistiques compilées par trois économistes de la Banque mondiale
et deux professeurs d’Harvard.
Mais, en
l’espèce, ce débat global sur les effets nocifs de la fiscalité
ne nous intéressera pas et, surtout, nous montrerons que les obstacles
à l’entrepreneuriat ne proviennent pas uniquement des taxes.
L’État
a ainsi malheureusement la triste tendance à miner les
activités où la demande est la plus forte. Le secteur des
crèches est, à ce titre, particulièrement
stratégique en ce que nous savons que l’offre est faible
par rapport à la demande et, surtout, que le développement de
ce secteur a une influence directe sur le taux d’emploi dans ce pays.
Une journaliste du Point, Louise
Cuneo, donnait d’ailleurs récemment des chiffres assez alarmants :
en France, il y a actuellement 2,4 millions d’enfants de moins de trois
ans et il manque au moins 400 000 places d’accueil…
De nombreuses
mères de famille seront obligées de sortir du marché de
l’emploi ou, tout simplement, de ne pas y entrer pendant quelques
années si elles ne parviennent pas à faire garder leurs chérubins.
Les conséquences macro-économiques seront alors importantes.
D’où l’intérêt évident de revitaliser
ce secteur.
L’État,
si exigeant à l’égard de l’activité des
entreprises privées et tellement moins pour ce qui concerne ses
propres services, préfère cependant consacrer son temps
à fermer les crèches
illégales plutôt qu’à trouver les solutions
permettant de dynamiser ce secteur.
Il est vrai
que réunir vingt-cinq enfants dans un appartement, seulement
surveillés par deux femmes (dont une ancienne infirmière, tout
de même) n’est pas très précautionneux.
Néanmoins, les parents le savaient et acceptaient la situation, preuve
qu’elle n’était sans doute pas aussi catastrophique
qu’on veut bien nous le faire croire. Selon l’article de Louise
Cuneo, un des parents disait même être « très
content » du service proposé qui était, de plus, peu
coûteux (17 € par jour, repas exclus).
De plus, aucun
cas de maltraitance et de négligence n’a été
signalé.
La brigade du
travail dissimulé de la Sûreté départementale allèguera
probablement qu’elle était au courant de la situation et avait
refusé d’intervenir, faute de mieux et de moyens.
Peut-être. Mais qui mieux que les parents seront habilités
à s’inquiéter pour le sort de leurs enfants ?
Peut-on réellement croire que si le service proposé par ces
deux femmes était si médiocre, les parents n’auraient pas
sorti leurs enfants de la « crèche
illégale » ? Peut-on encore croire qu’on avait
affaire à des parents inconscients ou, du moins, pris à la
gorge financièrement et donc prêts à prendre le risque de
mettre leurs chérubins en danger ?
On a parfois
l’impression que, plus que l’intérêt des enfants,
c’était la clandestinité de ces crèches qui
dérangeaient les pouvoirs publics. Hélas, le poids
réglementaire dans ce secteur est tel que
l’illégalité devient monnaie courante.
Plutôt
que de mener une politique répressive qui laissera d’ailleurs
les parents et les enfants dans une situation pire que
précédemment, les services de l’État feraient
mieux de réfléchir aux raisons qui ont conduit à la
création de cette « crèche
illégale ».
Les
coûts de fonctionnement sont lourds et la
réglementation en la matière l’est tout autant.
L’existence de sanctions
pénales importantes n’est pas non plus de nature à
inciter à la création de crèches.
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