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Si on écoute les
commentaires du programme politique sur quoi ils se seraient mis d'accord,
les socialistes du parti du même nom vont asseoir leur campagne pour la
prochaine élection présidentielle (réglementairement, en
2007…),
en particulier sur le thème “le SMIC à 1500 euros en
2012".
Par là, ils laissent entendre que le SMIC actuel serait
inférieur à 1500 euros.
1. Mensonge ?
Ignorance ?
A combien se monte aujourd'hui la rémunération de
l'employé réglementairement payé au “SMIC”
(salaire minimum interindustriel de croissance) ?
En passant, merci aux 4 vérités
pour le dessin de Miège.
Pour le savoir, reportons nous au tableau ci-dessous qui fait
apparaître ce qu'était le "bulletin de salaire" d'un
employé payé au SMIC en août 2005.
Il ressort de ce tableau que le SMIC recouvre trois grandes
considérations comptables différentes :
* le "salaire
mensuel brut" : 1275,89 euros ;
* le "net à
payer" : 1034,61 euros (salaire mensuel brut –
cotisations sociales obligatoires "employé") et
* le "prix du
travail de l'employé payé par l'employeur" :
1900,16 euros ("net à payer" + cotisations sociales
obligatoires "employé" + cotisations sociales
obligatoires "employeur" + allègement Fillon).
2. Que penser de ces
trois considérations du SMIC ?
Deux sont réelles et la troisième imaginaire.
La troisième, c'est le salaire brut mensuel, c'est "l'os que les
partenaires sociaux rongent" depuis la création de l'organisation
de la sécurité sociale obligatoire par les ordonnances de
1945. Et surtout depuis l'instauration du SMIC, c'est leur
"grain de sel", celui qu'ils vont de temps à autre chercher
à moudre à l'occasion de négociations dites
"sociales".
C'est en vérité le cheval que les socialistes viennent
d'enfourcher et qu'ils veulent mener à 1500 euros en 2012.
Rappelons, en passant, la différence que faisait en 1850
Frédéric Bastiat entre un économiste et un socialiste :
"Les
économistes observent l'homme, les lois de son organisation et les
rapports sociaux qui résultent de ces lois.
Les socialistes
imaginent une société fantaisie et ensuite un cœur humain
assorti à cette société".
Mais le propos situe – et situe ceux qui les écoutent –
dans le mensonge ou l'ignorance.
3. Quelle est en
effet la réalité ?
* Premier aspect de la
réalité :
le "net à payer" prend la forme de la quantité de
monnaie que l'employé reçoit sur son compte en banque et qu'il
pourra dépenser pour vivre, c'est le montant de son pouvoir de
dépense !
A l'évidence, ce pouvoir de dépense ne correspond pas à
la valeur du travail qu'il a effectué, ni au pouvoir d'achat qu'il a
gagné par son travail.
Il lui est inférieur à cause des règles de
l'organisation de la sécurité sociale, en particulier en
matière de cotisations sociales obligatoires.
Et en cachant la vraie valeur de son travail à l'employé, force
est de reconnaître que les hommes des syndicats qui veulent faire le
bonheur de l'employé à sa place, avec la
bénédiction du législateur, contribuent à ce
qu'il sous- estime la valeur du travail qu'il fait (1034,61 euros), se sous
estime, ce qui est, d'abord et profondément, immoral.
* Quelle est la vraie valeur du travail de l'employé dont celui-ci
devrait avoir connaissance en permanence ? Quel est le pouvoir d'achat qu'il
a gagné ?
C'est le second aspect
de la réalité.
Donne cette valeur la quantité de monnaie que l'employeur doit sortir
de son compte en banque pour payer la productivité du travail qu'a
déployée l'employé, en d'autres termes, c'est le prix du
travail payé par l'employeur, soit 1900,16 euros.
Seulement cette quantité de monnaie ne prend pas en totalité le
chemin du compte bancaire de l’employé “smicard”,
loin de là: les prélèveurs sont là et effectuent
leur sourde besogne en toute irresponsabilité.
Les représentants des syndicats de travailleurs ont beau jeu de dire,
après coup, que les "smicards" sont sous-payés et
qu'ils veulent une augmentation de leur pouvoir d'achat : ce sont eux qui
font en sorte qu'il en soit ainsi avec l'obligation aveugle et arbitraire de
sécurité sociale (dont celle des cotisations sociales
obligatoires dites "employeur") qu'ils soutiennent (cf. http://bureaucrash.com/blog/the_minimum_wage.)
Reconnaissons en passant qu'elle les fait vivre : où en seraient-ils
sinon, si l'organisation de sécurité sociale obligatoire qu'on
nous inflige n'avait pas été créée ?
Alors que l'employé devrait disposer d'un pouvoir d'achat égal
à 1900,16 euros, il ne reçoit donc que 1034,61 euros.
On est effectivement loin des 1500 euros, mais l'inégalité
qu'on peut établir n'est pas dans le sens indiqué tacitement
par les socialistes, et ne s'expliquent pas par les raisons qu'ils avancent
et que je m'épargnerai de résumer !
Soit dit en passant, je ne saurais trop renvoyer au site d’adresse
internet http://cvincent.club.fr/textes/textes/augmentation30.htm
Il permet d’étalonner le SMIC par rapport à des
“salaires mensuels bruts ” plus élevés - non
"smiqués" - de respectivement 1650 euros et 3600 euros, i.e.
des salaires vrais de respectivement 2250 euros et 5000 euros.
En résumé, étant données les
règlementations existantes qu’ils ont échafaudées
dans le passé avec la complicité du législateur,
à partir de la décennie 1950, dans le but de faire
régner ce qu’ils prennent soin de dénommer
désormais la “justice sociale”, les prétendus
protecteurs du “smicard” font en sorte de lui prendre au passage
865,55 euros pour, affirmeront-ils, son bien, pour le protéger, lui et
sa famille - et pour autant que son conjoint n’a pas d’activité
rémunérée -. Ils font en sorte d'entretenir la vie
chère.
4. Mensonge et
ignorance.
En réalité, ils vont dépenser immédiatement les
865,55 euros - soit près de la moitié de la "valeur
réelle de son travail" sur le marché, valeur qu'il ignore,
répétons-le - pour faire survivre une organisation de la
sécurité sociale obligatoire toujours plus inefficace,
désormais au bord du précipice, et rémunérer la
bureaucratie qui y sévit (de l’ordre de 180 000 personnes au
nombre desquelles on retrouvera bien évidemment mains permanents des
syndicats de travailleurs dits "représentatifs").
Bref, le SMIC est dès à présent largement
supérieur à 1500 euros puisqu'il se situait à 1900,16
euros en août 2005 (1). Et la formule "le SMIC à 1500 euros
en 2012" est autant une ignorance (2) qu'un mensonge assis sur l'immoralité
de l'organisation de la sécurité sociale obligatoire (3).
Note :
(1) Le SMIC a été relevé en juillet 2006 : le prix
du travail est ainsi passé de 1900,16 euros à 2064 euros : cf.
Arnoux, A. (2006), "Le salaire complet", Liberté économique
et progrès social (bulletin trimestriel de l'aleps), n°116, juillet,
pp.2-23.
On ne peut que s'étonner que les "rémunérations des
élus" ne fassent pas apparaître leurs "indemnités complètes" : cf. journal du net.
(2) S'agissant de l'ignorance, on peut l'expliquer par ce document.
(3) Les propos tenus sur le SMIC alimentent un dumping politique scandaleux, le seul dumping qui puisse
exister ... un temps.
Georges
Lane
Principes de science économique
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publiés par Georges Lane
Georges Lane
enseigne l’économie à l’Université de Paris-Dauphine.
Il a collaboré avec Jacques Rueff, est un membre du séminaire
J. B. Say que dirige Pascal Salin, et figure parmi les très
rares intellectuels libéraux authentiques en France.
Publié avec
l’aimable autorisation de Georges Lane. Tous droits
réservés par l’auteur
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