Une étrange torpeur plane
aujourd’hui. Alors que l’année commence, rien ne semble se produire, et ce
qui se produit semble ne pas avoir d’importance. Le monde attend, les nerfs à
fleur de peau, à l’écoute d’un bruit distant qui est celui de la vis cosmique
de l’Histoire tournant lentement.
La nation américaine se remet
de tout sans rien régler – la falaise fiscale, le plafond de la dette, les
soins de santé, l’espionnage domestique, les écoutes téléphoniques, les
turpitudes bancaires, la catastrophe Syrienne, les accords avec l’Iran. Il
est dangereux de vivre comme si rien n’avait de conséquence. Les sociétés ont
une manière bien à elles d’aboutir à un consensus sans pour autant le
mentionner. Le public Américain accepte en silence de s’asseoir sur ses mains
un Noël de plus.
Que se passera-t-il, par
exemple, quand les gens manqueront à se payer une assurance maladie ou ne
pourront simplement pas le faire en raison de l’absurdité du design du site
d’Obamacare et que le nombre de gens malades et
sans assurance gonflera, que leurs frais d’hôpitaux exorbitants aligneront de
plus en plus de zéros et que la banqueroute guettera des dizaines de milliers
de familles – dans le même temps que les directeurs de compagnies d’assurance
partiront dépenser leur bonus sur un nouveau manoir ? Nous approchons
d’une situation critique et devrions bientôt atteindre un point de non-retour
qui poussera la population à descendre dans les rues. Disons qu’un enfant
finisse par mourir après avoir été renversé par une voiture et avoir subi
trois chirurgies. Que se passera-t-il quand, trente jours après son
enterrement, son père recevra une facture de 416.000 dollars ? Une
société ne peut pas accepter des insultes comme celle-là.
Notre grande nation n’est pas
parvenue à comprendre le grand dilemme de notre temps qu’est l’hypertrophie
de la finance. Cette machinerie du racket est le cœur trop gros d’un corps
politique en fin de vie, et nous savons tous qu’il nous faudra sans cesse le
nourrir de plus de Cheez Dooidles
monétaires. Cette situation dure depuis bien plus longtemps que n’importe
quel médecin aurait pu le prédire, et les plus crédules pensent bêtement que
l’organisme de l’économie est de ce fait immortel. Mais la minorité qui a
encore les pieds sur terre attend stoïquement l’infarctus fatal.
Tout pousse à croire que
l’année 2014 sera celle où les prétentions toucheront à leur fin et où la
vérité viendra à nouveau régner. Personne ne croit plus que la Réserve
Fédérale soit capable de remplacer une économie basée sur des transactions
authentiques avec des billets à ordre. Une seule chose pourra arriver à la
Fed, et c’est la perte de contrôle totale sur la hausse des taux d’intérêts.
Janet Yellen est en passe de rejoindre les rangs
des grands idiots de l’Histoire, et la preuve même de son incapacité
académique est son acceptation du poste de directrice de la Fed. Elle règnera
sur la disparition fabuleuse de la richesse des Etats-Unis. Et elle en
portera le blâme, bien qu’il puisse ne pas représenter une compréhension
sincère de ce qui s’est passé.
On parle beaucoup aujourd’hui
de la solitude de Barack Obama. Il occupe une niche tragique de l’Histoire. A
l’heure actuelle, il est difficile de dire s’il aura été un otage ou un
idiot. Il aurait pu décider de laisser les grosses banques faillir en janvier
2009, et aurait depuis lors pu demander au Département de la Justice de
lancer des poursuites pour crime financier (ou de remplacer l’Avocat
Général). Mais il ne l’a pas fait. A-t-il été menacé par les Jamie Dimon et Lloyd Blankfein de
notre monde, ou ne savait-il simplement pas ce qui était en jeu ?
L’histoire de Barack Obama
sera une longue liste d’omissions plutôt que d’échecs. Il est le Bartleby the Scrivener de la
politique. Il ‘préfère ne pas…’ Adolf Hitler était très clair quant à son
programme dans les années 1920. Il l’a beaucoup développé dans ses discours
et dans son testament politique, Mein
Kampf: mettre en place une démocratie absurde et assassiner les Juifs. Il
n’aurait pas pu être plus clair. L’admiration que ressentent les membres
actuels des partis d’extrême droite pour sa personne est liée au fait qu’il a
su faire ce qu’il avait promis de faire. Il existe une soif potentielle pour
ce genre de personnages. Le climat politique des Etats-Unis ressemble aujourd’hui
à Weimar sous stéroïdes, et je suis sûr qu’un personnage à la Hitler ferait
fureur parmi nos citoyens accablés.
Les choses font peur :
attaques de drones, surveillance informatique, police militarisée, presse
pantin. Les gens sont mal à l’aise. Je pense qu’une montée au pouvoir du
fascisme pourrait finir par se prouver aussi inepte qu’Obamacare.
C’est là l’une des bénédictions cachées de notre temps. Tout ce qui est
organisé sur une grande échelle est voué à échouer. Mais c’est aussi la
grande mission de notre temps que de se préparer à s’organiser localement,
chose pour laquelle nous ne semblons pas encore prêts ni intéressés. Toutes
ces dynamiques façonneront les années à venir.