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Le tragique spectacle de l’intermittence

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Laurent D'aumale
Published : July 14th, 2011
677 words - Reading time : 1 - 2 minutes
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Category : Editorials

 

 

 

 

 A l’heure d’internet, ne sachant pas si mon lecteur est français, taïwanais ou américain, il me faut au préalable expliquer ce que recouvre le terme étrange, et presque poétique, d’intermittence du spectacle.


Il s’agit d’un dispositif étatique, unique au monde, par lequel l’État français subventionne les salariés de l’industrie du spectacle n’ayant pas de contrats d’emploi stables. Le processus de production artistique étant par nature irrégulier dans le temps, ce système d’assistanat concerne énormément de monde (plus de 100 000 allocataires) : artistes, ouvriers ou techniciens du spectacle. Sans compter ceux qui, avec la complicité de leurs employeurs, prétendent appartenir à ces catégories.


Le principe en est le suivant : pour peu que l’individu soit engagé par des entreprises du spectacle à raison de 507 heures sur 10 mois au minimum, il a accès aux bénéfices de l’intermittence : il sera dès lors indemnisé par l’État à raison de 60 à 100 euros par jour, environ, pour l’ensemble des journées non travaillées. Ceci constitue évidemment pour l’État un gouffre financier (un de plus…), soit un coût énorme (un milliard d’euros par an) pour les salariés du secteur privé, seuls, faut-il le rappeler, à financer la générosité de l’État. L’État donne d’ailleurs une définition large des entreprises et des activités concernées.


L’octroi de tels privilèges repose, bien entendu, sur un choix idéologique. L’État a estimé que l’artiste, en tant que tel, méritait d’être soutenu par l’impôt lorsqu’il ne produisait et ne vendait rien. Voilà une conséquence de plus du faux concept de « valeur-travail », c’est à dire l’idée que toute activité humaine aurait une valeur en soi. A la limite, si votre beau-frère, artiste dans l’âme, décidait de passer quatre ans à aligner les galets sur la plage de Palavas-les-Flots, il pourrait donc s’estimer en droit d’être rémunéré pour son travail harassant… On voit bien l’absurdité de la chose.


Or c’est cette même absurdité que l’on trouve au cœur de l’intermittence du spectacle, cette fois-ci organisée par l’État lui-même au moyen de l’impôt : l’art et le spectacle ayant une valeur en soi, il importe que les artistes soient subventionnés même - et surtout - s’ils ne produisent rien qui puisse intéresser le public (ce qui se produit lorsqu’ils sont en phase de réflexion, en période de répétitions, ou en vacances sous les cocotiers). Cette idéologie conduit à faire payer le contribuable pour avoir moins de création artistique et plus d’artistes médiocres incapables de vivre convenablement de leurs créations.


Condamnable sur le plan moral, ce système génère en outre quantité d’abus. Lorsque j’étais comédien, il m’est arrivé de travailler deux ans, sans interruption, dans un grand théâtre parisien. Mes petits camarades et moi-même étions donc « intermittents », puisque j’avais dû m’inscrire à l’UNEDIC afin de percevoir mes cachets, mais notre emploi était en réalité stable puisque nous étions sous contrat et que notre pièce se jouait tous les jours sauf les lundis. La plupart des comédiens en profitaient pour se faire rembourser cette journée de relâche (soit quatre jours par mois) par le contribuable, en se déclarant au chômage pour ces journées sans cachet. Cette anecdote n’est qu’une goutte dans l’océan des abus générés par le système de l’intermittence.


L’existence d’un Ministère de la Culture et le système de l’intermittence sont généralement considérés comme les deux piliers du « monde de la culture » en France. Si cet audacieux dispositif n’était pas scandaleux en soi, le contribuable français pourrait au moins s’interroger sur son efficacité : jamais la culture française n’a été moins diffusée, moins admirée, moins demandée, moins brillante, que depuis qu’il est en place ! Créé il y a cinquante ans, le Ministère de la Culture a efficacement présidé au déclin de la culture française dans le monde, en croyant le combattre. De fait, la production culturelle française a quasiment disparu de la scène mondiale avec l’apparition du Ministère de la Culture, tandis que les États Unis d’Amérique, qui n’ont ni ministère ni « intermittence », édifiaient un secteur culturel surpuissant et diffusaient leurs produits culturels, populaires ou élitistes, aux quatre coins du monde.  

 

 

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Laurent-Louis d’Aumale est chanteur, comédien et metteur en scène. Il est également interprète et traducteur en diverses langues : anglais, allemand, espagnol, russe… et est coauteur, avec Renaud Dozoul, de « 10 (très) bonnes raisons de restaurer la monarchie » aux éditions Muller.
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Vous écrivez:
"Mes petits camarades et moi-même étions donc « intermittents », puisque j’avais dû m’inscrire à l’UNEDIC afin de percevoir mes cachets"

Ca n'est pas l'unedic qui verse des cachets mais l'employeur. Et on n'a jamais vu qu'il soit obligatoire d'être inscrit à l'UNEDIC pour être payé par son patron!

D'ailleurs, on ne s'inscrit pas à l'UNedic, pour percevoir des allocations chômage, mais à pôle emploi (ou avant la fusion, à l'ANPE et ensuite aux assedics).

Bref, si vous croyez ce que vous dites, soit vous n'avez jamais réellement touché un cachet et vous vous inventez un vécu indispensable à votre théorie, soit vous avez réellement couru "vous inscrire à l'unedic" (qui ne reçoit pas de public) en pensant que c'était obligatoire pour être payé.. et celui qui vous a raconté cette fable a du bien rigoler...

A moins que... je serais curieuse de savoir ce que vous avez fait après ces deux ans : vous les avez demandées, vos indemnités chômage? Car on n'est pas intermittent "à l'insu de son plein gré" parce qu'on serait "obligé de s'incrire à l'UNEDIC pour percevoir ses cachets" : pour être intermittent, il faut toucher des allocations chômage annexe 8 ou 10, et pour les toucher, il faut les demander, les allocations.... vous l'avez fait?

De plus, vous devriez vous renseigner. Les allocations chômage ne sont pas payées par le contribuable...
Je passerai sur votre discours sur la "décadence" de la culture française. On voit toujours comme décadent ce qu'on n'aime pas, et vu ce que vous écrivez et où vous l'écrivez, je comprends bien que peu de choses doivent vous agréer dans la culture française contemporaine...

Quand à dire que c'est parce qu'ils n'ont ni ministère de la culture, ni "intermittence" que les USA ont le quasi monopole de l'exportation culturelle, c'est un peu court jeune homme. Bien des pays n'ont pas non plus d'intermittence ou de ministère de la culture, ce n'est pas pour autant qu'ils "exportent" leur culture. Les USA exportent d'ailleurs aussi leurs armes (comme nous) , leurs fast foods, et leur idéologie boursière à laquelle vous adhérez visiblement où vous n'écririez pas vos articles sur ce site.... Que ce soit un bien pour l'humanité, ça reste à voir.. Que ce soit moralement plus juste de gagner de l'argent en boursicotant, qu'en touchant des assedic, c'est aussi affaire d'appréciation..

Mais juste un détail que quelqu'un qui a écrit « 10 (très) bonnes raisons de restaurer la monarchie » ne devrait pas ignorer : longtemps, les grandes, petites et moyennes "figures", qu'on les aime ou pas, de la culture française ont été "subventionnées", pas par les assedics ni par les états mais par les rois, barons, contes et bourgeois de tous poils... avec sans doute bien moins de liberté d'expression qu'aujourd'hui : déplaire à son mécène, voulait dire crever de faim.... ou crever tout court. C'est peut-être cette époque là que vous regrettez... Pas moi...

Au fait: je m'interroge sur votre CV à rallonge...
Dans le monde entier, on doit compter sur les doigts de la main les gens capables de vraiment être "traducteur et interprète" en autant de langues (5 avec le français!)....
Vous êtes sur de ne pas être aussi "fabuliste" et "conteur"
Très belle description du phénomène. Peut être pourrait on remonter d'un niveau sur la cause première, simple "choix idéologique" comme mentionné dans l'article, ou une volonté délibérée d'achat de la liberté d'expression de la partie de la population la plus apte à critiquer et à remettre en cause le système ?

Une fois que vous avez mis la main sur l'éducation (nationalisée), la presse, la télévision et les artistes, il ne vous reste plus qu'à donner du pain et des jeux au peuple pour pouvoir regner en paix.

Comme le disait Lamartine : "Il ya pire que l'esclavage: c'est d 'avoir des esclaves et de les appeler "citoyens".


Et concernant les Etats Unis je suspecte fortement que les moyens utilisés ne soient pas aussi clairement affichés qu'en France, mais tout aussi puissants, et pour les memes fins.

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Vous écrivez: "Mes petits camarades et moi-même étions donc « intermittents », puisque j’avais dû m’inscrire à l’UNEDIC afin de percevoir mes cachets" Ca n'est pas l'unedic qui verse des cachets mais l'employeur. Et on n'a jamais vu qu'il soit obligatoi  Read more
vivianez - 7/20/2011 at 5:07 PM GMT
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