L’article intitulé What sets the Gold Price — Is it the Paper Market or Physical
Market? contient des informations intéressantes relatives au marché
de l’or, et vaut d’être lu pour cette raison. Il n’en est pas moins qu’il
contienne aussi quelques fautes de logique.
Les deux paragraphes qui suivent
sont tirés du milieu de l’article ci-dessus et en capturent le thème principal.
C’est sur eux que je me concentrerai ici.
« Les activités de
négoce sur le marché de Londres représentent essentiellement des réserves d’or
synthétiques et artificielles. C’est le négoce d’or papier qui détermine le
prix de l’or, et non le négoce d’or physique. L’or synthétique est créé à
partir de rien et prend la forme d’une simple écriture comptable exécutée en
tant que mouvement de trésorerie entre parties contractantes. Dans le cadre d’une
telle transaction, aucun achat d’or physique n’a lieu, et aucune demande
marginale en or n’est enregistrée. L’or papier synthétique absorbe donc une
demande qui aurait autrement été dirigée vers la demande en or physique ;
et le prix de l’or manque de représenter cette demande, qui a été redirigée
vers l’or synthétique plutôt que vers l’or physique.
De la même manière, si une
entité se débarrasse de contrats sur la plateforme du Comex, qui représente
des millions d’onces d’or, cette entité n’a peut-être jamais possédé d’or
physique, mais sa transaction a un effet immédiat sur le prix de l’or
international. Elle a un impact sur le monde réel, parce qu’une grande partie
des échanges physiques de par le monde utilisent ce prix international comme
base pour leurs opérations. »
L’erreur la plus évidente à
soulever dans l’extrait ci-dessus concerne les effets des décharges de
contrats sur le Comex. Bien qu’une telle action puisse certainement avoir l’effet
immédiat de forcer le prix de l’or à la baisse, une vente à découvert de
contrats à terme doit être clôturée par un achat de contrat à terme. Cela
signifie qu’il ne peut y avoir aucune réduction soutenue du prix de l’or en
conséquence de ventes de contrats à terme.
Une omission est aussi à
soulever ici, parce que le prix de l’or est souvent influencé à la hausse par
les achats spéculatifs de contrats à terme. Ici aussi, les effets n’en sont
que temporaires, parce que chaque achat de contrat à terme doit être suivi d’une
vente.
Pour ce qui est du marché de l’or
papier sans contrats à terme, son existence même est la conséquence du rôle
unique de l’or dans le monde des marchandises. Bien que l’utilité d’autres
marchandises découle d’un désir de les consommer, l’or est largement perçu
comme étant plus utile une fois déposé dans un coffre. Cela signifie que pour
profiter des bénéfices offerts par la propriété d’or, il n’est pas nécessaire
d’avoir physiquement accès à cet or. Dans de nombreux cas, un contrat de
papier déposé dans un coffre à l’autre bout du monde est considéré comme tout
aussi valide que de l’or physique. Et dans de nombreux cas, un morceau de
papier qui suit le prix de l’or est considéré comme ayant tout autant de
valeur que de l’or papier déposé dans un coffre.
Certaines personnes, en
revanche, préfèrent posséder de l’or physique – soit sous leur propriété
directe, soit sous forme d’un reçu qui leur garantit un morceau de métal
spécifique déposé dans un coffre. La demande en or de ces personnes ne peut
pas être satisfaite par un morceau de papier qui suit le prix de l’or et est
réglé en dollars ou dans une autre devise. En d’autres termes, leur demande
en or physique ne peut pas être satisfaite par la création d’or artificiel.
La réalité, c’est que l’existence
d’un marché de l’or papier sans contrats à terme débouche sur une offre ET
une demande bien plus importantes qu’il n’en existerait autrement. Pour dire
les choses plus simplement, elle donne lieu à un marché bien plus vaste et
bien plus liquide. Ce qui rend faisable pour les plus gros spéculateurs de s’impliquer
sur le marché de l’or, mais ne signifie pas nécessairement un prix de l’or
plus faible que ce qu’il serait si le négoce de l’or se limitait au métal
physique.
J’aimerais ajouter qu’il n’existe
pas de marché papier (sans contrats à terme) du platine, et pourtant, le prix
du platine est proche d’un bas à cinquante ans par rapport au prix de l’or.
Le niveau général des prix des marchandises, qui est représenté par le GSCI
Spot Commodity Index (GNX), a enregistré l’année dernière un bas historique
par rapport à l’or. Si le marché papier supprime le prix de l’or, pourquoi l’or
est-il aujourd’hui si cher en comparaison aux autres marchandises ?
Je perçois les débats concernant
les marchés physique et papier comme des distractions qui nous détournent des
moteurs véritables du prix de l’or. Le fait est que les mouvements du prix de
l’or peuvent être mieux compris en référence aux taux d’intérêt réels, aux
taux de change et aux indicateurs de confiance économique et financière – j’y
fais référence par les termes « bases fondamentales du prix de l’or ».
Comme l’illustre le graphique ci-dessous, le ratio or/dollar explique
généralement très bien les tendances du prix de l’or :
Pour conclure, le marché de l’or
papier n’est pas un problème auquel nous devrions nous confronter. Il fait
simplement partie de la situation générale de l’or et, comme je l’ai noté
plus haut, est une conséquence du rôle historique de l’or. De plus, il ne va
nulle part, c’est pourquoi il n’est pas nécessaire de s’en plaindre ou de
baser une position haussière sur sa disparition.