Les livres d’histoire se
souviendront-ils de ces dernières semaines comme du moment où le vent s’est
finalement tourné contre nos politiques étrangères interventionnistes ?
Au début du mois de septembre,
l’administration Obama se tenait prête à lancer des missiles Tomahawk sur la
Syrie. Une attaque est nécessaire, nous a-t-elle dit. Il nous faut punir le
gouvernement Syrien pour avoir utilisé des armes chimiques contre son propre
peuple. Certains rapports stipulent qu’en plus de missiles, l’administration
Obama prévoyait des raids aériens et une éventuelle intervention militaire
sur le terrain. Les débats autour de sanctions punitives contre la Syrie ont
également escaladé, et certains sont allés jusqu’à demande la dégradation des
forces militaires Syriennes afin de favorisé un changement de régime. L’idée
d’une invasion par les Etats-Unis ne semblait pas pouvoir être mise de côté.
Le secrétaire d’Etat John
Kerry a même invoqué un vieil argument qui a déjà fait ses preuves. Al Assad
est le nouvel Hitler, nous a-t-il dit, et ne rien faire ne reviendrait qu’à
un autre apaisement à la Neville Chamberlain.
L’administration a publié des
éléments de preuve pour soutenir l’idée que le gouvernement Syrien se trouve
derrière les attaques, et le président a demandé au Congrès de l’autoriser à
prendre des mesures contre la Syrie. Les sondages suggèrent que le peuple
Américain n’a que peu d’intérêt à se trouver impliqué à un autre conflit au
Proche-Orient, et que l’administration en place n’a pas apporté de preuves
suffisantes pour soutenir ses accusations. Les médias, comme à leur habitude,
ont usé de propagande de guerre.
Et puis quelque chose
d’extraordinaire s’est produit. Tout a commencé avec le Parlement
Britannique, qui a voté contre une attaque de la Syrie dirigée par les
Etats-Unis. La Grande-Bretagne avait jusqu’alors toujours soutenu les
Etats-Unis dans leurs interventions, et le vote du Parlement a eu un effet de
choc. Bien que la Chambre et le Sénat Américains aient accepté la décision du
président d’attaquer la Syrie, ce n’a pas été le cas du peuple. Le support du
Sénat et de la Chambre a ensuite commencé à se dissiper, à mesure que des
milliers d’Américains ont contacté leurs représentants pour leur demander de
s’opposer au projet du président. Le vote est vite apparu comme perdu à la
Chambre et incertain au Sénat. Ce sont ensuite les Sénateurs qui ont ressenti
la colère du peuple Américain, et le président a commencé à perdre la partie.
L’administration et ses alliés
pro-guerre ne pourraient pas se permettre de perdre le vote du Congrès, qui
fermerait complètement la porte à une attaque armée. Ils ont donc décidé de
l’annuler. Il aurait été préférable de laisser le projet du président se voir
refuser par la Chambre et le Sénat, mais même sans vote, il est clair que le
vent a tourné. Une proposition Russe de démanteler les armes chimiques du
gouvernement Syrien a été semble-t-il inspirée par la suggestion faite par
John Kerry que cela suffirait à éviter une intervention. Bien que les détails
de ce projet n’aient pas encore été discutés, le plan Russe, accepté par le
gouvernement Syrien, nous pousse à croire qu’une attaque sera évitée.
Le peuple Américain s’est
prononcé contre la guerre. Beaucoup se posent aujourd’hui les questions qui
me tracassent depuis bien longtemps : pourquoi les guerres civiles
étrangères devraient-elles devenir nos affaires ? Pourquoi devons-nous
toujours résoudre les problèmes du monde ? Je me réjouis que le vent ait
tourné. La liberté et la paix ont gagné, et j’espère que nous pourrons grâce
à elles construire un avenir meilleur.