Le vrai problème que pose un défaut de la Grèce

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Published : April 18th, 2015
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La situation en Grèce se réduit tout simplement au plus gros problème auquel fait aujourd’hui face le système financier, le collatéral.

Selon la théorie financière moderne, les obligations souveraines sont les actifs financiers qui présentent le moins de risque (les équités, les obligations municipales ou encore d’entreprises sont toutes inférieurs aux obligations souveraines en termes de risque). Cela s’explique par le fait qu’il est bien plus facile pour une société de faire faillite que pour un pays.

Pour cette raison, le système financier occidental dans son ensemble a vu les obligations souveraines (américaines, allemandes, japonaises, etc.) devenir les actifs les plus utilisés en tant que collatéral, avec plusieurs centaines de trillions de dollars.

Le marché des produits dérivés représente 700 trillions de dollars à l’échelle globale. C’est plus de dix fois le PIB de la planète. Et les obligations souveraines… à l’inclusion des obligations émises par les nations en banqueroute comme la Grèce… sont les actifs principalement utilisés pour garantir ces transactions.

Au beau milieu des mesures d’austérité et du ratio dette/PIB de la Grèce se trouve le véritable problème qui fait face aux banques et aux régulateurs de l’Union européenne : qu’arrivera-t-il aux transactions que les banques européennes ont finalisées en utilisant des obligations souveraines grecques comme collatéral ?

C’est un point qui a été complètement ignoré par les médias. Mais en lisant entre les lignes, il est possible de comprendre ce qui s’est réellement passé avec les précédents plans de sauvetage accordés à la Grèce.

Souvenez-vous que :

1)   Avant que la Grèce ne reçoive son second plan de sauvetage, la BCE a échangé ses obligations souveraines grecques contre de nouvelles obligations qui ne subiraient pas de décote.

2)   80% de l’argent concerné par ce plan de sauvetage a été redirigé vers les banques européennes qui possédaient des obligations grecques, et n’a jamais intégré l’économie grecque.

Pour ce qui est du premier point, avant le second plan de sauvetage accordé à la Grèce, la BCE autorisait les nations et banques de l’Union européenne de porter des obligations souveraines sur ses bilans en échange de liquide. C’est un mécanisme qui a été rendu possible par les Opérations de refinancement à plus long terme 1 et 2, lancées respectivement en décembre 2011 et en février 2012. Collectivement, ces opérations ont entraîné l’accumulation de plus d’un trillion d’euros d’obligations souveraines sur les bilans de la BCE.

Une grande partie de ces obligations provenaient de la Grèce, puisque tout le monde en Europe savait que le pays était en banqueroute.

Quand la BCE a pris la décision d’échanger ses obligations grecques contre de nouvelles obligations qui ne subiraient pas de décote suite au deuxième plan de sauvetage grec, elle s’est assurée à ce que les obligations grecques sur ses bilans demeurent intouchables et puissent continuer de jouer le rôle de collatéral pour les banques qui les lui avaient prêtées.

La BCE a donc autorisé les banques qui avaient déposé des obligations grecques sur ses bilans à éviter une perte… et à éviter d’avoir à lever davantage de collatéral pour leurs portefeuilles commerciaux.

Ce qui nous mène au deuxième problème que représente le deuxième plan de sauvetage grec : 80% de l’argent versé a été redirigé vers les banques de l’Union européenne porteuses d’obligations, et non vers l’économie grecque.

Une fois encore, il était question d’offrir de l’argent aux banques qui utilisaient les obligations grecques comme collatéral, afin de s’assurer à ce qu’elles disposent de suffisamment de capital.

Il est clair que la situation grecque n’avait en réalité rien à voir avec une remise sur pieds de la Grèce. Oubliez la dette grecque, les mouvements protestataires et les décisions politiques… Les pans de sauvetage n’avaient pour objectif que de s’assurer à ce que les banques européennes porteuses d’obligations grecques puissent rester sur pieds.

C’est pourquoi les négociations qui se tiennent actuellement en Grèce ne se résument qu’à une chose : impliqueront-elles une restructuration véritable de la dette grecque qui affectera l’ensemble des détenteurs d’obligations ?

C’est ce que souhaite la Grèce. Les dirigeants de la BCE et de l’Union européenne pensent qu’une décote de la dette grecque pourrait :

1)   Faire imploser une petite mais significative quantité des transactions sur dérivés de crédit des banques de l’Union européenne.

2)   Pousser l’Espagne, l’Italie et finalement la France à demander des programmes similaires. Ce qui devrait représenter la restructuration de plus de 3 trillions de dollars de collatéral haut de gamme (un collatéral qui soutient plus de 30 trillions de transactions sur dérivés de crédit).

Dans l’ensemble, les banques ont un effet de levier de 26 pour un. A ce niveau, même une baisse de 4% des prix des actifs suffirait à anéantir l’intégralité de votre capital. Une décote de la dette grecque, espagnole, italienne et française représenterait bien plus que 4%.

Une nouvelle crise approche. La BCE a acheté du temps en promettant de faire « tout le nécessaire », mais la bulle globale sur les obligations est sur le point d’éclater. Et lorsqu’elle le fera, 2008 ressemblera à une vieille plaisanterie.

 

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