En
Allemagne, le débat climatique fait rage entre alarmistes voulant
“transformer la société” au nom de la lutte contre le réchauffement
climatique (comme, par exemple, Hans Joachim Schellnhuber), et climato sceptiques. Ce débat a été ouvert par un pavé dans la mare jeté par le professeur Fritz Vahrenholt,
un des pères du mouvement écologiste allemand et scientifique, qui a
écrit un ouvrage destructeur pour les théories “réchauffistes” lorsque
il s’est aperçu que les théories propagées par le GIEC étaient non
seulement erronées, mais l’étaient sans doute volontairement, et donc
avec une intention malhonnête.
En
langue française, ce débat semble quasi inexistant. La presse "mainstream" et la classe politique continuent de soutenir les politiques incroyablement dispendieuses de "lutte contre les rejets de CO2" sans la moindre remise en question critique.
Pourtant, quelques ouvrages ont tenté d’éveiller les
consciences à la façon de l’ouvrage du Pr Vahrenholt. Oublions le très
médiocre opus de Claude Allègre, malgré ses bons chiffres de vente,
tellement bâclé qu’il ne sert pas la cause qu’il veut défendre. J’ai
évoqué celui, bien meilleur, de JM Bélouve,
paru voilà déjà 4 ans, très complet et traitant à la fois les aspects
scientifiques, politiques et économiques du sujet, mais qui n’a pas eu
une diffusion lui permettant d’ouvrir le débat. Vincent Courtillot,
grand géologue et directeur de l’IGPP, dont les conférences ont été un des grands succès de ce blog,
a réussi à ouvrir une fenêtre aux climato-réalistes, mais pas à briser
le mur de l’unanimité politico-médiatique sur “l’absolue nécessité de
lutter contre nos rejets de CO2 pour sauver la planète”. On citera
encore les tentatives intéressantes de Benoit Rittaud, Serge Galam,
Christian Gérondeau, ou du regretté Marcel Leroux, dont le
retentissement médiatique n’a guère été fracassant malgré leurs qualités respectives.
Un nouvel ouvrage collectif climato-réaliste
C’est
pourquoi il faut saluer la pugnacité et l’efficacité de nos voisins
Belges, qui ont réussi à enfoncer un coin dans les certitudes
carbone-phobiques de l’establishment d’outre Quiévrain, en réussissant à
faire valoir leur point de vue jusqu’au sein du parlement, et à faire
paraitre de nombreuses tribunes contrariantes dans la presse grand
public de Bruxelles. Ce collectif, sous la direction du professeur
Istvan Marko, un chimiste de renom (il a tout de même donné son nom à une réaction chimique), publie un excellent ouvrage, “Climat, 15 vérités qui dérangent”, aux éditions Texquis.
Réussiront-ils à ouvrir une brêche significative dans l’unanimité
anti-carbonique qui agite nos élites, trop heureuses d’utiliser ce
prétexte comme instrument de pouvoir ?
L’ouvrage traite à la fois de la controverse scientifique, des problèmes dans le mode de fonctionnement du
GIEC,
et des distorsions politico-médiatiques autour du réchauffement. Il ne
prétend pas être exhaustif mais met le doigt sur 15 questions qui
soulignent plus particulièrement les fragilités des thèses des partisans
de la lutte contre les rejets de CO2
Quelles sont ces 15 vérités qui dérangent ?
(A) Sur la nature réelle du GIEC:
1. Le GIEC n’est pas un organisme scientifique mais un organisme politique.
2.
Le GIEC entretient constamment une habile confusion des registres entre
science et politique, clamant publiquement sa neutralité mais œuvrant
activement pour l’adoption de mesures politiques idéologiquement
orientées.
3. Le GIEC est au cœur d’une puissante coalition d’intérêts particuliers.
4. Le GIEC refuse le débat scientifique argumenté avec les scientifiques opposés à ses thèses.
5. Le GIEC dénigre, calomnie et entrave la liberté d’expression de ceux qui ne partagent pas ses thèses.
(B) Sur les rapports scientifiques du GIEC
6.
Les concentrations atmosphériques mondiales de dioxyde de carbone n’ont
pas fortement augmenté en conséquence des émissions de dioxyde de
carbone liées à l’utilisation des combustibles fossiles depuis 1750.
7. L’élévation de la température moyenne globale du demi-siècle passé n’est pas atypique par rapport aux 1300 dernières années.
8.
Le CO2 provenant des combustibles fossiles ne contribue pas, en tout
cas pas significativement, à la hausse de température depuis le milieu
du 20ème siècle.
9.
La théorie du « changement climatique dû à l’homme » se base sur des
modèles ou simulations numériques avec tous les aléas, hypothèses et
approximations que de tels modèles comportent. Les modèles sont une aide
à l’analyse mais ils ne constituent en aucun cas une preuve
scientifique.
10.
Les observations mettent en évidence d’autres facteurs majeurs (soleil,
volcans, courants océaniques, nuages, etc.) dans l’évolution du climat,
dont le GIEC ne tient pas ou pas suffisamment compte.
(C) Sur le traitement médiatico-politique des rapports du GIEC
11. Les thèses du GIEC ne font pas l’objet d’un consensus scientifique.
12.
La presse ne traite pas de la problématique du réchauffement climatique
avec tout le recul critique, l’objectivité et l’impartialité qu’on est
en droit d’attendre.
13. La communication gouvernementale autour des rapports du GIEC en augmente encore les biais
14. En
raison de la popularité des thèses du GIEC résultant de leur diffusion
médiatique complaisante, les partis politiques avalisent les thèses du
GIEC et ne contestent pas, sur le principe, la nécessité de réduire les
émissions de CO2.
15.
Les milieux économiques et financiers ont été contraints de s’adapter
aux politiques de lutte contre le changement climatique qui affectent
durement leur productivité et leur compétitivité alors que d’aucuns ont
réussi à se ménager des rentes de situation au détriment de leurs
concurrents et des contribuables.
Commentaire
Les
parties sur le GIEC et le traitement médiatique de ses rapports ne
traitant pas de la question scientifique, elles sont faciles à lire et très instructives. Et
même si la dernière partie de l’ouvrage tire tous ses exemples francophones des
médias et politiciens belges, les mêmes constats peuvent être faits chez
nous. Drieu Godefridi avait effleuré le sujet dans un ouvrage précédent, mais ici, l'analyse épistémologique du travail du GIEC et de ses erreurs et biais est bien plus aboutie.
La partie
centrale, où est discutée la thèse du GIEC sur l’importance réelle du
CO2 pour le climat, est évidemment plus ardue, malgré le souci des
auteurs de rester accessibles. Pour celui qui se donnera la peine de la
lire, elle n’en est pas moins un très bon résumé des principales
faiblesses (et le mot est... faible) des théories visant à n’incriminer
que les seuls rejets de CO2 liés à nos activités dans l’évolution
climatique, nombreuses références de qualité à l’appui.
Il y a d’autres “pépites” dans cet ouvrage abondamment documenté que je recommande... chaudement !
Ainsi,
en fin de première partie, un tableau résume de façon synthétique les
20 principaux arguments des tenants des thèses carbo-centristes pour
dénigrer les climato-réalistes, et en démontre l’ineptie. Citons pêle
mêle : “Il y a un consensus scientifique”, “Les sceptiques ne sont pas
climatologues”, “ils sont payés par le lobby pétrolier”, “Ce sont des
négationnistes, des croyants de la terre plate”, etc...
Je
pourrais encore citer la préface, signée d’un ancien ministre italien
de l’environnement et commissaire européen à l’énergie, Carlo Ripa di
Meana, qui raconte le parcours somme toute classique d’un "sceptique", qui
a d’abord cru ce que disait le GIEC, avant de comprendre, devant
l’accumulation de faiblesses épistémologiques et déontologiques
présentes dans les travaux qui lui étaient soumis, qu’il y avait
anguille sous roche. C’est à peu de choses près exactement le parcours
inellectuel suivi par Fritz Vahrenholt ou Vincent Courtillot, pour ne
parler que d’eux.
Enfin,
je ne serais pas complet si je ne mentionnais pas la partie
généralement sous-évaluée d’un livre, mais qui ici lui donne encore plus
de valeur: ses annexes, qui fournissent une quantité de liens vers les
écrits (scientifiques ou de vulgarisation, essais ou Interviews) de plus
de 400 scientifiques climato-réalistes qui critiquent ouvertement la
thèse de moins en moins dominante du GIEC et ses méthodes, sans parler
d’une lettre signée par 121 de ces grands noms de la recherche à Ban Ki
Moon, secrétaire général de l’ONU (qui chapeaute les travaux du GIEC,
faut il le rappeler ?) lui demandant de cesser son oeuvre de
désinformation sur le climat.
Je souhaite aux auteurs du livre, et à son courageux éditeur et ami Drieu Godefridi, un succès mérité.