J’ai
un ami architecte à Shanghai. Je lui ai envoyé un article selon
lequel les appartements non-éclairés y étaient
comptés à la nuit tombée afin de déterminer le
taux d’habitations vacantes. Ce qu’il m’a envoyé en
retour n’a fait que confirmer la situation cauchemardesque dans
laquelle se trouve actuellement le marché immobilier Chinois.
Voici
ce qu’il m’a répondu…
A
la sortie des grandes villes, et à l’entrée des villes de
seconde-zone, un taux d’habitations vacantes de 50% sonne plutôt
juste. J’ai déjà visité de nombreuses villes, et
il va sans dire qu’elles sont toutes pleines de gratte-ciels.
D’après ce que j’ai pu en voir, la plupart d’entre
eux comptent un grand nombre d’appartements vacants.
L’idée
de ‘construire pour faire venir les gens’ est à
l’origine de tout cela. Le gouvernement a récemment
imposé certaines lois pour ralentir l’excès de
constructions, mais de nombreux immeubles étaient déjà
soit complétés soit en voie d’être terminés
avant que ces mesures n’entrent en application.
Le
plus triste, c’est que ces immeubles sont généralement
mal construits, et je ne suis pas sûr qu’ils puissent tenir le
coup jusqu’à la migration de la population depuis les campagnes
vers les villes. Les développeurs immobiliers se retrouvent
sévèrement handicapés lorsqu’il en vient à
déterminer quoi construire et comment. Ils ne font pas
d’étude de marché, d’après ce que j’ai
pu comprendre.
C’est
pourquoi c’est généralement notre travail (en tant
qu’architectes) de déterminer cela pour eux.
Culturellement,
les développeurs immobiliers sont des gens qui pensent qu’ils
ont un certain pouvoir et qu’ils doivent le prouver aux personnes dans
la salle en prenant des décisions radicales. Ce qui est le plus
fou, c’est que la Chine est si étendue et robuste qu’ils
peuvent se permettre de faire de nombreuses erreurs – s’ils
construisent un centre commercial qui ne rencontre aucun succès, ils
peuvent le démolir et construire autre chose à la place en
l’espace de très peu de temps, et sans tomber dans la
banqueroute.
Ce
type de programme ruinerait n’importe quelle société de
développement immobilier aux Etats-Unis, mais c’est très
différent en Chine. Je pense qu’il faudra à la Chine une
bonne vingtaine d’années pour trouver sa propre identité.
En attendant, elle demeurera un pays du tiers-monde pour ce qui concerne la
qualité de ses constructions.
Le
mal-investissement est le meilleur terme à employer pour
décrire ce qu’il se produit actuellement en Chine.
Il
a déjà ruiné de nombreuses entreprises d’Etat, et
finira tôt ou tard par prendre une fin brutale.
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