Les banques
centrales du monde entier ont globalement et de manière
concertée réduit leurs réserves d’or
d’environ 10% depuis 1991. Il semble que cela soit en train de changer.
La Reserve Bank
of India (RBI) a annoncé son achat de 200 tonnes d’or
auprès du Fonds Monétaire International (FMI) il y a quelques
semaines. Cette transaction de 6,7 milliards de dollars US est la plus grande
acquisition d’or d’une banque centrale au cours de ces 30
dernières années.
Quelques jours
plus tard, la Central Bank of Sri Lanka (CBSL) a annoncé que ses
réserves d’or avaient augmenté au cours des 6 derniers
mois, sans préciser la quantité supplémentaire acquise,
mais que les spécialistes estiment à environ 5 tonnes. Le
Gouverneur de la CBSL, Ajith Nivard Cabraal, a affirmé que l’or
serait un point d’ancrage important pour les réserves en devises
de la banque, ajoutant que « …dans les circonstances
actuelles si fortement volatiles, il faut absolument détenir des
valeurs intrinsèques dans son portefeuille. »
Le 16 novembre,
le FMI a annoncé avoir vendu 2 tonnes d’or à la Banque
Centrale de l’Ile Maurice pour 71,7 millions de dollars US.
L’Inde, Sri
Lanka et Maurice ont rejoint la Chine et la Russie et sont maintenant des
acheteurs nets d’or.
La Russie
continue à augmenter ses réserves d’or
La Banque
centrale de Russie a acquis 180 tonnes de métaux précieux sur
le marché depuis juin 2006. Plus récemment, le
vice-président Alexi Ulyukayev a annoncé que la Banque centrale
de Russie pourrait acheter de l’or provenant du Dépôt
Central Gokhran.
Gokhran, qui a
été établi par le Tsar Pierre le Grand en 1719, est la
Réserve d’Etat de métaux précieux (or et
palladium), mais aussi de pierres précieuses et de diamants. La taille
des réserves du Gokhran est un secret d’Etat dont la divulgation
est passible d’emprisonnement.
Ce contrat serait
la première vente majeure d’or depuis la chute de l’Union
Soviétique en 1991, qui conservait le voile du secret sur ses ventes
d’or et de pierres précieuses, parfois importantes. Cette vente
en 2009 est estimée entre 20 et 50 tonnes.
La Chine ajoute
à ses réserves de l’or provenant de ses ressources
domestiques
L’année
passée la Chine a été le plus gros producteur d’or
avec 288 tonnes métriques, soit l’équivalent de 12,2% de
la production totale. La Chine va bientôt rattraper l’Inde comme
plus gros consommateur d’or du monde.
Hu Xiaolian, le
directeur de l’Administration d’Etat des Echanges Etrangers a
annoncé en avril dernier que les réserves d’or de la
Chine ont augmenté de 454 tonnes métriques depuis 2003 et que
le total était reporté selon les règles comptables du
FMI. Bien que Hu ne se soit pas étendu sur l’origine de cet or
supplémentaire, ses commentaires ont été
interprétés comme une affirmation implicite qu’elles
provenaient de sources domestiques et du raffinage des déchets
d’or.
Cette
augmentation place la Chine en cinquième position comme
détenteur d’or, juste devant la Suisse et parmi les six nations,
en dehors du FMI, dont les réserves excèdent les 1 000 tonnes
métriques.
Xia Bin, le
directeur du Département Financier du Centre de Développement
et de la Recherche Chinois a déclaré lors d’une interview
de Reuters: « L’Inde le fait, pourquoi pas nous ? Quel est
l’intérêt de détenir autant de dollars dont le pouvoir
d’achat diminue de toute façon ? Avec autant de
réserves monétaires disponibles, je pense que la Chine devrait
acheter [de l’or], sans aucun doute. »
Attitudes
changeantes
Les banques
centrales ont commencé à vendre massivement de l’or dans
les années 1980. Les cours se sont effondrés de 878 $
l’once le 21 janvier 1980 à 252 $ l’once le 25 août
1999. La dernière pression majeure à la baisse sur les cours de
l’or a eu lieu lors de l’annonce par le Royaume-Uni de la vente
d’une quantité importante de ses réserves d’or, le
7 mai 1999. Cet été là, l’or a atteint son cours le
plus bas depuis vingt ans.
Le Royaume Uni a
vendu environ 395 tonnes d’or en 17 ventes aux enchères entre
juillet 1999 et mars 2002 à un cours moyen de 275 $ l’once et
récoltant ainsi environ 3,5 milliards de dollars. ¹
Les banques
centrales se sont ensuite concertées pour limiter la quantité
d’or vendue grâce à l’accord de Washington sur les
ventes d’or.
“Sous cet
accord, la Banque Centrale Européenne (ECB) et les 11 banques
centrales nationales des pays qui participaient alors à la nouvelle
monnaie européenne, plus celles de la Suède, de la Suisse et du
Royaume-Uni, se sont mises d’accord pour que l’or demeure un
élément essentiel des réserves monétaires
nationales globales et limiter leurs ventes à 400 tonnes (soit 12,9
millions d’onces) annuelles pendant les cinq années à
venir allant de septembre 1999 à septembre 2004 soit 2 000 tonnes
(64,5 millions d’onces) en tout » (Accord de Washington).
Deux versions
similaires de l’accord ont été signées pour une
période de cinq ans, le 8 mars 2004 et le 19 août 2009.
Cette
année, nous assistons à un franc changement: les banques
centrales sont devenues des acheteurs nets après deux décennies
de vente d’or. L’or est encore largement considéré
comme une valeur refuge chez les personnes privées et les
gouvernements.
Notes:
1 On se réfère
à cette période en utilisant le terme « plancher de
Brown » pour rappeler le rôle du Chancelier de
l’Echiquier de l’époque, Gordon Brown, qui a pris la
décision de vendre plus de la moitié des réserves de la
Grande-Bretagne, au cours le plus bas des vingt dernières
années.
Mike Hewitt
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