Le fondateur de Daily
Reckoning, Bill Bonner, est d’avis que les banques centrales mènent la
guerre aux marchés. Il pense aussi qu’elles finiront par perdre.
Je suis tout à fait d’accord
avec lui. Voici comment il voit les choses.
Cet article a été publié avec l’aimable
autorisation de Bill Bonner et du Daily Reckoning.
Pourquoi les fédéraux
perdront la bataille contre les marchés
Les marchés continuent de flâner
sans sembler vouloir opter pour une direction plutôt que l’autre.
Nous nous sommes déjà penchés
sur la guerre contre la pauvreté, la guerre contre la drogue et la guerre
contre le terrorisme.
Passons désormais à autre chose.
Tournons-nous vers une autre des fausses guerres que mènent les fédéraux.
Guerre
sale
Aucune guerre n’a jamais été
officiellement déclarée contre les marchés.
Cependant, quatre décennies
durant, les fédéraux ont mené des opérations secrètes envers eux… une guerre
sale par laquelle ils ont cherché à tromper et à supprimer les forces des
marchés.
Ils ont eu recours à de la
fausse monnaie, à de la fausse épargne et à de faux taux d’intérêt pour
induire les investisseurs, les consommateurs et les entreprises en erreur.
Ils ne l’ont pas fait
directement, mais leur objectif était d’émettre de faux signaux afin que les
gens changent de comportement.
Pour eux, la demande était trop
faible. Ils se sont demandé comment y remédier.
Ils ont inondé le système de
crédit.
Les signaux de prix ont été
distordus. Plus aucune limite n’a été imposée au prêt. Les plafonnements de
dette ont été annulés.
Et puis, en 2008, leur guerre
est devenue une guerre chaude. Les fédéraux ont activement et ouvertement
maintenu les taux d’intérêt à la baisse afin de soutenir les actions et obligations.
En réponse à la crise qu’ils ont
causée – en encourageant une accumulation de dette trop importante sur le
secteur immobilier – ils se sont exclamés que le marché libre avait échoué.
Ils n’avaient fait que répondre
à une situation d’urgence, ont-ils dit.
Et tout le monde s’y est mis –
tout le monde a cherché à deviner quel devrait être le niveau des taux d’intérêt.
Force et
fraude
Croyez-le ou non, un groupe d’activistes
baptisé Fed Up est persuadé que rehausser les taux d’intérêt est… vous
avez deviné… raciste !
Le magazine Institutional
Investor a rapporté qu’un groupe financé par le cofondateur de Facebook,
Dustin Moskovitz, âgé de 32 ans, s’oppose à une hausse des taux d’intérêt
dans l’idée qu’ils soient néfastes pour les travailleurs américains. Voici ce
que dit son site web :
« La vérité concernant
l’économie est évidente aux yeux de la plupart d’entre nous : il n’y a
pas assez d’emplois, pas assez d’heures de travail, et des salaires trop bas –
notamment parmi les communautés de couleur et chez les jeunes travailleurs.
Certains employés de la
Réserve fédérale pensent que l’économie s’est rétablie. Ils souhaitent
rehausser les taux d’intérêt pour ralentir la croissance du marché de l’emploi
et empêcher les salaires d’augmenter. C’est une très mauvaise idée.
Nous défendons les intérêts
des millions de travailleurs et de leurs familles, et appelons la Réserve
fédérale à adopter des politiques qui défendent les intérêts des travailleurs
et du reste d’entre nous. La Fed devrait maintenir les taux d’intérêt où ils
se trouvent, donner à l’économie une chance de repartir, et donner la
priorité au plein-emploi et à une hausse des salaires. »
Pardon ? Qui sont ces gens ?
Ont-ils des cornes ?
Ils ont raison sur un point :
quand la Fed tente de contrôler l’économie, c’est la politique, et non les
marchés, qui l’emportent.
Les marchés fonctionnent grâce à
la persuasion et l’échange volontaire. La politique fonctionne par la force
et la fraude. Fed Up est une organisation politique qui cherche à
influencer la manière dont sont appliquées cette force et cette fraude.
Mais observons maintenant la
guerre des fédéraux contre les marchés de notre manière habituelle.
La
victoire est impossible
Tout d’abord, est-ce une guerre
qu’ils peuvent gagner ?
Non. Bien sûr que non.
Les marchés peuvent être
supprimés, entravés… mais jamais éliminés.
Les marchés ne cessent pas de
fonctionner simplement parce que vous essayez de les tordre, de les distordre
ou de les rendre illégaux. La victoire est impossible.
Le marché de la drogue ne
disparaît pas parce que les fédéraux la rendent illégale. Les prix changent
simplement, pour prendre en compte la hausse du coût des affaires.
La pauvreté ne disparaît pas non
plus simplement parce que les fédéraux lui mènent la guerre.
« Les pauvres seront
toujours avec vous, »
nous a dit Jésus.
La richesse et la pauvreté sont
relatives, il y aura toujours des riches et des pauvres, et les lois ne
pourront rien y changer.
Et le terrorisme ?
Ceux qui n’ont pas accès à des
armées conventionnelles auront toujours recours à des attaques peu
orthodoxes.
C’est ce qu’ont fait les colons
américains quand ils ont déclaré la guerre aux Britanniques en 1775.
C’est ce qu’ont fait les Juifs
quand ils se sont soulevés contre les Britanniques de Palestine en 1939.
C’est ce qu’ont fait les
Maquisards pendant la seconde guerre mondiale sous l’occupation de la France par
les Nazis.
Le terrorisme ne prendra pas fin
de sitôt. Et les marchés ne cesseront pas de fonctionner.
Bulles,
banqueroutes et misère
Deuxièmement, l’ennemi ressort-il
plus fort de la guerre qui est menée contre lui ?
Oui et non.
Les marchés fonctionnent très
bien, qu’une guerre soit menée contre eux ou non. Les gouvernements peuvent
imposer les prix qu’ils veulent à ce qu’ils veulent. Mais seuls les marchés
peuvent vous dire ce qu’ils devraient vraiment être.
Voyez ce qui s’est passé en
Union soviétique. Ou en Chine avant 1979. Ou au Venezuela.
Qui a acheté quoi que ce soit à
la Chine quand les communistes déterminaient les prix ?
Qui va faire ses courses au
Venezuela aujourd’hui ?
J’ai visité la Russie peu de
temps après la chute de l’Union soviétique. Les marchés ouvraient à peine.
Mais après 70 années de manipulation de prix, il n’y avait presque rien à
acheter. Tout ce qui était vendu avait été volé par l’armée. J’ai acheté une
paire de bottes pour un dollar. Je les ai encore. Les semelles sont si
rigides qu’elles plient à peine.
Il n’y a que deux types d’économie
– les économies de commande et les économies de marché. Ces dernières
fonctionnent pour tout le monde – mais il n’est jamais possible de savoir qui
en sont les vrais gagnants. Les premières ne fonctionnent que pour ceux qui
les commandent. Puis, une fois qu’il n’y a plus rien à voler, les marchés
reprennent le dessus.
Les économies sont des systèmes
de génération d’informations et de découverte des prix. Sur les marchés
globaux, toutes les économies ont plus ou moins accès aux mêmes ressources. C’est
ce qu’elles en font qui importe.
Déterminer les prix, c’est un
peu comme apprendre à des étudiants que le Japon a gagné la seconde guerre
mondiale… ou que deux plus deux font cinq… ou arrondir Pi juste pour le
rendre plus facile à mémoriser.
Mais plus vous émettez de
fausses informations, plus les vraies ont de la valeur.
Une
guerre que les fédéraux finiront par perdre
Troisièmement, cette guerre
a-t-elle créé une industrie corrompue gérée par le Deep State ? Et
quatrièmement, les combattants des deux camps enregistrent-ils des profits alors
que le reste du public en souffre ?
Pas exactement.
Cette guerre est différente des
autres guerres que mène le Deep State. Elle permet aux insiders de financer
ces autres guerres… et de transférer des trillions de dollar depuis le public
vers leurs propres poches.
La guerre contre les marchés a
distordu quasiment toutes les industries et corrompu l’économie toute
entière.
Comme je l’ai déjà expliqué à de
nombreuses reprises, la suppression des taux d’intérêt a probablement coûté
aux investisseurs 10 trillions de dollars depuis 2008. Le gonflement des prix
des actifs a peut-être transféré 10 trillions de dollars supplémentaires vers
ceux qui les possèdent (majoritairement l’élite).
Et comme pour toutes les autres guerres,
le casus belli ne tient pas debout.
Les marchés ne portent pas les
gens à mal, ils leur viennent en aide. Les signaux de prix qu’envoient les
marchés sont essentiels. Sans eux, nous ne saurions pas si nous accumulons du
capital ou si nous en perdons.
Tenter de supprimer les marchés libres
ou de les abolir mène à une confusion, des bulles, des banqueroutes, et à la
misère. Les économies s’affaiblissent et les peuples s’appauvrissent.
Depuis 2008, les salaires
stagnent ou chutent pour beaucoup de gens. La croissance du PIB a décliné et
est désormais probablement négative. La croissance de la productivité a
baissé plus qu’elle ne l’avait encore fait ces 40 dernières années. Le
commerce global est de retour à son niveau de 2009. Et la reprise que nous
avons traversée depuis la Grande récession a été la plus faible jamais
enregistrée.
Pour l’heure, la guerre parvient
à ses fins : la croissance du pouvoir et de la richesse des insiders du
Deep State.
Mais c’est une guerre que les
fédéraux finiront par perdre.
Tenter de supprimer les marchés,
c’est tenter de mettre un bouchon géant dans le cratère d’un volcan. L’éruption
ne sera pas évitée pour autant, elle n’en sera que plus violente.
Bill Bonner,
The Daily Reckoning, Australie
Commençons par trois vérités
avancées par Bonner :
- Les marchés
fonctionnent grâce aux échanges volontaires.
- La politique
fonctionne par la force et par la fraude.
- Fed Up est une organisation politique qui
cherche à influencer la manière dont la force et la fraude sont
appliquées.
La théorie du cafard
J’ai écrit sur le sujet de Fed Up le 23 août, dans Is it Possible to Overhaul Cockroaches?
Une Fed pour le peuple
Andrew Levin [le fondateur de Fed
Up] a proposé une Fed pour le peuple.
Un problème de contrôle
Levin note que la Fed est unique
dans le sens où elle est une entreprise principalement privée. C’est vrai.
Mais voulons-nous vraiment que notre modèle soit similaire aux performances
pathétiques de la Banque du Japon ou de la BCE ?
Conflit d’intérêts
Pourrions-nous changer quoi que
ce soit en rendant la Fed publique ?
Notez que Mario Draghi, le directeur de la BCE, est un ancien membre du
directoire de Goldman Sachs.
Ce qui nous amène au troisième
point du plan malavisé de Levin.
Pas de voix
La diversité par simple souci
de diversité
Voilà qui n’a aucun sens. Peu
importe qu’il y ait des Noirs, des Blancs ou des Latinos. Le problème, c’est
l’esprit de groupe, pas la race.
Tout le monde à la Fed (et dans
les banques centrales en général) a été entraîné à penser selon les théories
keynésiennes et monétaristes.
Si Fed Up voulait
vraiment de la diversité, alors elle la rechercherait dans la pensée, par
dans la couleur de peau.
Certains pourraient proposer des
gens comme Zero Hedge, Peter Schiff ou moi-même. Voilà qui amènerait de la
diversité dans le groupe. Mais ce n’est pas non plus la réponse appropriée.
Ma proposition
Levin se plaint de ce qui ne va
plus, mais n’explique jamais pourquoi nous avons besoin d’une Fed.
Alors, pourquoi ?
La Fed, la BCE, la Banque du
Japon, la Banque de réserve d’Australie… toutes ont fait gonfler des bulles
les unes après les autres.
Si nous n’avions pas de Fed,
elle ne serait pas rattachée à Goldman Sachs. Et elle serait aussi diverse
que le marché libre. Rien n’a plus de diversité que ça.
Et pourtant, la diversité ne
peut pas et ne va pas régler le problème, parce qu’elle n’est pas le problème
central.
Le problème clé, c’est le
système de banques centrales couplé à celui de devises fiduciaires, qui peut
être élargi par les banques centrales à leur bon vouloir, en réponse directe
aux dépenses déficitaires de leurs gouvernements.
Un tour de force
politique à double-tranchant
Fed Up n’est rien de plus qu’une association d’opportunistes
qui comprennent encore moins les marchés que la Fed, ce qui est assez
spectaculaire.
Et pourtant, lors de la dernière
réunion de Jackson Hole, la Fed s’est entretenue avec Fed Up.
Lors de cette réunion, la Fed a
prétendu se soucier de ce que Fed
Up
avait à dire, et Fed
Up
a prétendu que cette réunion avait abouti à quelque chose.
Nous n’avons besoin ni de Fed Up, ni de la Fed. Nous
devrions renoncer à la Fed et aux charlatans de Fed Up, dont l’objectif n’est que de gonfler les
poches de leurs créateurs.
Bill Bonner
"Trying to suppress free markets or abolish them always leads to
confusion, bubbles, bankruptcies, and misery."
— Mike Mish Shedlock (@MishGEA) 7 octobre 2016
Fed Up se nourrit de ceux qu’elle prétend
aider.