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Les banques centrales peuvent gonfler la masse monétaire même si les banques ne prêten

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thorsten Polleit
Published : September 11th, 2014
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Category : Editorials

 

 

 

 

Dans le monde fiduciaire d’aujourd’hui, la monnaie est principalement créée par le biais de prêts bancaires. Qu’une banque commerciale fournisse du crédit à des consommateurs, une entreprise ou une entité gouvernementale, elle émet de la nouvelle monnaie, augmentant ainsi la quantité de monnaie dans l’économie.

Les économistes de l’école autrichienne appellent cette forme de production monétaire une « création monétaire à partir de rien », puisque la création de monnaie par la génération de crédit bancaire ne nécessite pas l’existence d’une épargne réelle.

Si de la monnaie est produite par le crédit bancaire, nous devrions espérer une relation positive entre les fluctuations du crédit bancaire et les fluctuations de la masse monétaire. Sur de longues périodes, il existe une importante corrélation entre ces deux facteurs.

Bien entendu, les mouvements parallèles du crédit et de la masse monétaire ne sont pas nécessairement parfaits. Il peut y avoir des périodes au cours desquelles l’expansion du crédit bancaire peut se découpler de la croissance de la masse monétaire.

Les banques peuvent par exemple pousser leurs clients à passer de dépôts de court terme, qui sont sujets à des exigences de réserve, à des passifs qui en sont exemptés.

Ainsi, les banques peuvent « libérer » des réserves, qui peuvent ensuite être utilisées dans le cadre de prêts et de création monétaire. Ces transactions mènent typiquement à l’expansion du crédit bancaire, alors que la masse monétaire demeure inchangée. [1]

Plus récemment, aux Etats-Unis, l'écart entre le crédit bancaire et la croissance M2 s’est accentué : le crédit bancaire a augmenté de 0,5% sur un an en août 2011, contre 10,2% pour M2. La hausse de M2 a été due à une expansion de M1, avec une augmentation des demandes de dépôt de plus de 50% sur un an.





Ces observations pourraient d’une part nous rappeler que sous l’étalon fiduciaire d’aujourd’hui, la crainte de voir une création monétaire trop faible naître d’une réduction des prêts accordés par les banques et découler sur une déflation, pourrait être infondée.

D’autre part, elles pourraient nous encourager à tenter d’en savoir plus sur la manière dont les banques centrales parviennent à maintenir, ou même augmenter, la masse monétaire dans un environnement au sein duquel les banques ne désirent plus prêter.

Les banques centrales achètent des actifs aux banques commerciales

Dans le cadre de la crise économique et financière actuelle, les banques centrales ont généré une augmentation substantielle des « excès de réserves » bancaires. Ceci est dû en grande partie au fait que les banques centrales ont acheté des valeurs mobilières détenues par les banques centrales en échange de l’émission de nouvelles bases monétaires.




Ces transactions peuvent être illustrées par les bilans. Si une banque centrale achète des valeurs mobilières pour une somme de 100 dollars à une banque commerciale, elle les indique sur ses bilans comme étant des actifs.

Dans le même temps, la banque centrale crédite les comptes de la banque commerciale, ouverts auprès de la banque centrale, de la somme de 100 dollars. Il s’agit là de monnaie de base – qui constitue un passif sur les bilans de la banque centrale.

La banque commerciale libère 100 dollars de valeurs mobilières en échange du dépôt monétaire. La composition des actifs de la banque change de cette manière : les valeurs mobilières déclinent de 100 dollars, et la monnaie de base augmente de la même valeur.




Le secteur commercial peut utiliser ces « excès de réserves »  pour encourager le prêt et la création monétaire. Mais que se passe-t-il si les banques (ou plus précisément leurs actionnaires) ne veulent plus ou ne sont plus en position (pour des raisons de pénurie de fonds propres) de prêter et d’assumer des risques additionnels ?




Pire encore pour les avocats de l’expansion monétaire : que se passe-t-il lorsque les banques commerciales, malgré leurs excès de réserves, commencent à rappeler les prêts arrivant à maturité et à réduire leur émission de prêts ? La masse monétaire s’en trouverait réduite – et une déflation apparaîtrait.

Les banques commerciales achètent des actifs à des institutions non-bancaires

Si une banque le désire, elle peut prévenir une réduction de la masse monétaire. Elle peut par exemple acheter des actifs à une institution non-bancaire (ménages, fonds de pension, compagnies d’assurance, etc.) et les payer grâce à de la monnaie de base nouvellement créée.

Que se passe-t-il si une banque centrale achète 100 dollars de valeurs mobilières à une institution non-bancaire ? La banque centrale donne directement de l’argent au vendeur, qui détient un compte auprès de banques commerciales.

Les banques commerciales reçoivent à leur tour 100 dollars de monnaie de base en guise paiement de la part de la banque centrale. La masse monétaire entre les mains des institutions non-bancaires (M1) augmente de 100 dollars, tout comme les réserves des banques.




Si la banque centrale monétise les obligations nouvellement émises par le gouvernement (en les achetant sur le marché primaire ou secondaire), les effets sont les mêmes : les excès de réserve des banques augmentent, et la masse monétaire (M1) augmente, puisque le gouvernement utilise la nouvelle monnaie pour financer ses dépenses.

Les effets de la prévention d’une réduction de la masse monétaire

Si une banque centrale achète des obligations, ceux qui les émettent doivent lui payer des intérêts. Ces paiements réduisent  la masse monétaire M1 et M2 au fil du temps.

En d’autres termes, en achetant des obligations, la banque centrale ne fait que reporter l’inévitable – la réduction de la masse monétaire fiduciaire au travers de remboursements de dette contractuelle par les emprunteurs (« désendettement »).

Pour maintenir une fois pour toutes la masse monétaire, la banque centrale peut acheter de la dette M1 puis l’oublier, ce qui favorise bien évidemment les emprunteurs dont la dette se retrouve annulée aux dépens de tous les autres acteurs économiques.

Alternativement, la banque centrale peut acheter des actifs qui ne sont pas du crédit tels que des actions, des biens immobiliers, etc., afin d’émettre de la monnaie fiduciaire qui n’aura pas à être remboursée. En revanche, cette possibilité revient à nationaliser les actifs achetés – ce qui a les conséquences déplaisantes d’une politique socialiste.

Nous devrions noter que dans ce contexte, une augmentation de la masse monétaire n’est jamais neutre. Ceux qui reçoivent la monnaie nouvellement créée en bénéficient les premiers aux dépens de ceux qui la reçoivent plus tard ou jamais.

Ceci étant dit, il devient évident que la politique de prévention du déclin de la masse monétaire (qui déclinerait en l’absence d’une telle mesure) a des effets coercitifs.

Les propriétaires de biens et services en profitent aux dépens des propriétaires de monnaie : les acheteurs ne peuvent plus obtenir de biens et services à des prix raisonnables, et les vendeurs ont la possibilité de vendre à des prix plus élevés.

En route vers l’inflation

Techniquement parlant, une politique de maintien ou d’expansion de la masse monétaire fiduciaire dans un environnement au sein duquel les banques ne désirent plus élargir le crédit et émettre de nouvelle monnaie apparaît comme possible.

En revanche, l’école autrichienne d’économie démontre que la structure de production d’une économie peut être renversée une fois que la croissance de la masse monétaire, générée par le crédit bancaire, commence à ralentir ou à se contracter.

Une fois que la croissance du crédit s’assèche, la « croissance » générée par la monnaie fiduciaire laisse place à une récession, comme le montre la théorie autrichienne des cycles. Une récession entraîne une hausse des taux d’intérêt à mesure que la préférence temporelle et les premiums liés aux risques augmentent.

Une hausse des taux d’intérêt menace de faire s’effondrer les banques endettées. Un défaut des banques entraînerait une réduction de la masse monétaire. Ainsi, pour prévenir un déclin de la masse monétaire, la banque centrale se trouve forcée de maintenir les taux d’intérêt très bas.

En revanche, la monétisation continuelle de dette par la banque centrale peut engendrer des pressions de vente sur les marchés des obligations : les investisseurs, inquiets de voir l’inflation grimper, commencent à se débarrasser de leurs obligations, ce qui engendre une hausse des taux d’intérêt.

La banque centrale se trouve ensuite dans l’obligation d’acheter toujours plus de dette et d’émettre toujours plus de monnaie fiduciaire. Cette tentative infinie de maintenir les taux d’intérêt proche de zéro pour prévenir un déclin de la masse monétaire mène rapidement à une politique d’inflation, voire d’hyperinflation.



 

 

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