L’objectif
des banques est de prêter de l’argent. Mais est-ce là un bon modèle
d’entreprise ?
Avant
de répondre à cette question, veuillez considérer l’exemple du Lending
Club.
Le
Lending Club est une communauté financière en ligne qui rassemble des
emprunteurs solvables et des investisseurs perspicaces afin que les deux
partis puissent en tirer des bénéfices financiers. Nous remplaçons le coût du
prêt traditionnel par une manière plus rapide et plus intelligente
d’emprunter et d’investir.
Voici
à quoi ressemble le processus initial, tiré directement du site internet du
Lending Club.
Etapes
- Vous
déterminez votre besoin d’emprunter
- Vous vous
connectez au site du Lending Club
- Vous entrez
la somme qui vous est nécessaire
- Vous
expliquez pourquoi vous en avez besoin
- Vous répondez
à une question relative à votre solvabilité
- Le Lending
Club évalue vos informations sans impacter votre pointage de crédit,
détermine votre taux d’intérêt et présente instantanément une variété
d’offres à des emprunteurs qualifiés
- Si votre
demande est acceptée, vous pouvez rembourser votre emprunt quand vous
voulez et sans frais de pénalité
Les emprunteurs du Lending Club réduisent considérablement leurs taux par
rapport à ceux offerts par les banques.
Exploration
du Lending Club
Mat Levine,
qui est chroniqueur chez Bloomberg, se penche sur la question du Lending Club
dans : Lending Club Can Be a Better Bank Than the Banks.
De nombreux
points de vue, le Lending Club n’est pas une banque, mais ce qu’il faut
principalement retenir est que la quasi-totalité (95,6%) de ses passifs sont
des « billets de trésorerie et certificats », c’est-à-dire des
billets de trésorerie structurés et non-garantis liés directement à des prêts
sous-jacents spécifiques.
Les banques sont quant à elles financées principalement
par les dépôts et d’autres formes d’emprunt sur le court terme.
- Les actifs
et passifs du Lending Club ont une durée parfaitement équilibrée :
ces billets de trésorerie et certificats arrivent à maturité lorsque les
prêts qui leurs correspondent arrivent à maturité. Une banque cherche
quant à elle toujours à emprunter à découvert pour prêter à la vente.
- Les pertes
des actifs et des passifs du Lending Club sont parfaitement
équilibrées : chaque dollar qu’un emprunteur manque à rembourser
est un dollar que le Lending Club ne rembourse pas aux porteurs de
billets. Les porteurs de billets savent dès le départ qu’ils risquent de
perdre l’intégralité des prêts sous-jacents. Un déposant bancaire
s’attend à récupérer son argent même si sa banque décide d’émettre des
prêts toxiques.
Voilà qui
retire, en nombre entiers, toute forme de risque des bilans du Lending Club.
Le Lending Club
est donc une banque financée par des actifs financiers à hauteur de
100% : chaque dollar qui est prêté provient d’investisseurs de long
terme prêts à courir un risque.
Une banque
financée par des actifs financiers à hauteur de 100%
Le Lending
Club est une banque financée par des actifs financiers à hauteur de 100% et
qui présente un risque de prêt de 0% !
Ironiquement,
le Lending Club n’émet pas de prêts. Il se contente de faciliter la rencontre
d’emprunteurs et de créditeurs, et impose des frais pour ce service.
Que demander
de plus ?
Malheureusement,
Levine se jette à l’eau avec ses commentaires suivants.
Premièrement :
il ne serait pas bon que toutes les banques soient fondées sur le modèle du
Lending Club. Les gens ont des comptes chèque. Au-delà des comptes chèque,
les gens aiment avoir des revendications sans risque et liquides. Les banques
existent pour transformer les investissements à risque – les prêts aux
individus et aux entreprises – en ce genre de revendications, qu’il s’agisse
de comptes chèque, de certificats ou de dépôts.
L’idée que les banques soient capables de transformer des
investissements à risque en revendications sans risque est absurde. De plus,
l’idée que les comptes chèque puissent disparaître l’est tout autant. Pour ma
part, je préfèrerais sans doute des banques de prêt sans risque fondées sur
le modèle du Lending Club.
Avantages
- Le Lending
Club ne crée pas de monnaie à partir de rien
- Le Lending
Club n’offre pas de prêts à la durée déséquilibrée
- Avec le
Lending Club, il ne peut pas y avoir de panique bancaire
- Les
investisseurs du Lending Club prennent un risque pour pouvoir obtenir un
intérêt
- Nul besoin
légitime de FDIC
- Le Lending
Club ne prend aucun risque, ce sont les investisseurs qui acceptent de
le prendre
Banques de
prêt vs. Banques de dépôt
Pour ainsi
dire, les banques de prêt sont des banques idéales sans risque. Puisqu’elles
ne prêtent pas d’argent, aucune crise financière n’est rendue possible par un
tel modèle.
Cela
signifie-t-il que les comptes chèque cessent d’exister ? Pas vraiment,
et Levine devrait le savoir.
Tout ce qui
est nécessaire est une séparation des tâches (prêt vs dépôt) : les
banques de dépôt n’accorderaient jamais de prêts, et tous les comptes chèque
seraient ouverts auprès de banques de dépôt.
En échange de
ce service de dépôt, les banques imposent des frais à leurs clients (comme
elles le font aujourd’hui – frais de retrait, frais de transaction, etc). Nul
besoin d’une FDIC, puisqu’aucun somme d’argent n’est prêtée.
Grâce à cette
séparation des tâches, les banques de prêt faciliteraient les prêts à la
manière du Lending Club. Vous désirez gagner un intérêt ? Sélectionnez
un prêt qui vous intéresse, pour la durée que vous souhaitez, et investissez.
Ces prêts ne
seraient pas garantis par la FDIC (ce qui est un avantage, et non le
contraire). Ceux qui prêtent de l’argent pour en tirer des intérêts devraient
porter le risque de leur décision.
Nous pourrions
voir apparaître des changements, tels que la fin des prêts immobiliers sur
trente ans. Certains pourraient le percevoir comme un inconvénient, mais
c’est en fait un autre avantage. Les prêts immobiliers peu chers ont
contribué à la bulle sur l’immobilier et à un effondrement financier manqué.
Si les prêts sur 10 ou 15 ans devenaient la norme, nous ne nous tirerions que
mieux. Les maisons devraient principalement être des lieux de vie, et non des
jeux spéculatifs.
L’impression
monétaire est la cause de toutes les crises financières, et elle ne fait que
contribuer au problème de l’inégalité.
Je ne suis pas
opposé aux prêts. Disons que je m’oppose à l’impression monétaire, à la FDIC,
etc…
Il est grand
temps de changer de système pour passer à un système de réserves garanties
qui élimine les déséquilibres de durée et n’autorise pas l’impression
monétaire.
Il est grand
temps de passer à un système similaire à celui du Lending Club, et à une
séparation des banques de prêt et des banques de dépôt.