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Récemment, la
première bulle à avoir éclaté dès le
milieu 2011 c’est celle des monnaies (étrangères) contre
le dollar US, puisque l’euro, le yen, le franc suisse, etc. se sont
clairement retournés à la baisse contre le dollar US. La
seconde bulle à avoir éclaté c’est celle des
obligations d’Etat de la plupart des Etats de la zone euro, suivie
depuis peu de celle des obligations d’Etat US puisque les taux
d’intérêt US à 10 ans et à 30 ans sont repartis
en forte hausse. La troisième bulle à avoir
éclaté c’est celle de l’or et de
l’argent-métal exprimés en dollars US. Nous avons
correctement identifié ces trois retournements de tendances qui
s’accélèrent et devraient se poursuivre avec les gains
correspondants que l’on peut attendre des achats d’options puts ou d’ ETF short que
nous avons effectués sur ces divers actifs. A noter que, plus les taux
long US monteront à la condition que le rythme de leur hausse soit
modéré (et ne se transforme pas en krach obligataire aux USA),
plus le dollar US montera, puisqu’il ne sera plus une monnaie de
“carry trade” que l’on emprunte
pour investir dans une autre mais une monnaie de placement, et plus
l’or et l’argent-métal exprimés en dollars US
baisseront avec comme objectifs leurs plus bas de 2011. Tout cela
n’excluant évidement pas des
corrections temporaires inhérentes à la volatilité des
marchés financiers.
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Les taux
longs US sont remontés de 2,70 à 3,411 % pendant que le US Dollar Index poursuit sa progression.
L’or
exprimé en dollars US devrait continuer de baisser mais devrait
continuer de monter quand il est exprimé en euros, du seul fait de la
hausse du dollar US en parallèle avec la baisse de l’euro. Idem
pour l’argent-métal. Objectifs possibles: 1.350 et 22 USD
l’once.
La
quatrième bulle qui éclatera nécessairement c’est
celle des actions mais là nous avons pour le moment
complètement tort, puisque les actions US bien que fortement
surachetées -voir le graphique ci-dessous d’Apple- continuent de
monter (ce qui tire mécaniquement à la hausse -plus
modérément toutefois- les actions européennes) alors que
la hausse du dollar US et le ralentissement économique mondial en
particulier en Europe et dans les pays émergents (Chine) auraient
dû les faire baisser, et que nous perdons les montants investis sur les
achats d’options puts que nous avons
effectués sur le S+P500 depuis décembre 2011.
Nous
persistons, toutefois, à considérer, qu’à leur
stade actuel, les marchés des actions US et européens
présentent des risques de chute massive à tout moment,
d’autant que leur volume n’a jamais été aussi
faible depuis de nombreuses années (ils montent dans du vide!) qui,
quand elle aura lieu, lessivera tous ceux qui seront alors investis dans ce
type d’actif sans même qu’ils aient pu réagir.
Apple et
beaucoup d’autres actions (constituant l’essentiel de la
capitalisation boursière US) sont dans une configuration de hausse -en
principe intenable longtemps- qui ressemble à celle de Google et
autres ayant précédé le krach de 2007 à mars
2009.
Quelle est la raison de l’éclatement des trois bulles
précitées qui est aussi celle qui fera imploser la
quatrième toujours en cours? C’est la déflation!
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En effet, en
dépit de la création massive de liquidités
créées ex nihilo par les banques centrales (US et
européennes) bien au delà de la
production effective de biens et de services par les économies
occidentales, qui restent en faible croissance voire en récession
(comme le montre le Baltic Dry Index au plus bas
depuis 25 ans et toujours incapable de se reprendre), cette
création monétaire artificielle n’est pas rentrée
dans les économies précitées mais a été
absorbée par la “trappe à liquidités” ainsi
qu’en témoigne la chute des vitesses de circulation des monnaies
et des multiplicateurs monétaires ou de crédit. Autrement
dit, les grandes banques privées qui ont reçu cet influx
inimaginable de monnaie continuent de la thésauriser, pour
améliorer leurs bilans gravement impactés par leurs pertes dans
les marchés obligataires et autres dettes diverses, ou bien en la
replaçant pour l’essentiel auprès des banques centrales
et accessoirement en l’utilisant pour spéculer pour leur propre
compte (sur les marchés d’actions), sans la prêter
à l’économie réelle. De telle sorte que cette
création monétaire n’a pour le moment pas d’effet
inflationniste mais tout au contraire un effet déflationniste puisque
la contraction générale du crédit s’aggrave,
sans compter qu’au plus mauvais moment les Etats rivalisent de plans
d’austérité en coupant les dépenses publiques
alors qu’il eut fallu le faire bien avant. Et que le chômage de
masse et la diminution des salaires comme des prestations sociales, alors que
les impôts et certains prix de produits de base (le pétrole par
exemple) augmentent, accentuent la déflation. D’où la
hausse du dollar US et les chutes des marchés obligataires et des
métaux précieux (exprimés en dollars US mais pas dans
les autres monnaies qui se dévaluent).
http://blog.kimblechartingsolutions.com/2012/03/are-the-currency-bears-about-to-wake-up/
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http://www.creditwritedowns.com/2011/04/m1-money-multiplier.html
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http://research.stlouisfed.org/fred2/series/MULT
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http://www.financialsense.com/contributors/danielle-park/m2-money-velocity-plunges-most-since-1959
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http://macromon.wordpress.com/2012/01/30/capitano-crunch-europes-collapsing-monetary-aggregates/
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http://investmentwatchblog.com/european-money-supply-has-been-collapsing-faster-than-in-2008-2009/
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http://blogs.telegraph.co.uk/finance/ambroseevans-pritchard/100015335/draghi-bazooka-has-not-yet-stopped-club-med-money-collapse/
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http://www.zerohedge.com/news/equity-trading-volume-collapse-bodes-badly-banks
—
http://www.zerohedge.com/news/another-record-ecb-margin-call-impairing-gold-again
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Que peut-t-il
maintenant se passer?
- Soit les
banques centrales accélèrent encore la création
monétaire massive (QE 3 aux USA et en Grande Bretagne, LTRO 3 dans la
zone euro, etc.) et les grandes banques privées prêtent aux
agents économiques l’argent qu’elles reçoivent. Ce
qui ne va pas être facile parce que les dites grandes banques privées
ne veulent plus prendre de risque excessif, parce qu’elles n’ont
plus de collatéraux de qualité à apporter aux banques
centrales lorsqu’elles empruntent, et que lesdits agents
économiques n’ont pas les moyens d’emprunter plus faute de
disposer de perspectives d’amélioration de leur situation
(”on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif”!).
Mais tout cela, si ça fonctionne, débouchera à terme sur
l’hyper-inflation, parce que l’on ne
peut pas traiter une crise globale d’endettement massif par
l’émission de plus de dettes encore, ou monétaire par
l’émission de plus de monnaie encore. Mais si les grandes
banques privées ne prêtent plus et les agents économiques
n’empruntent plus, créer du crédit et de la monnaie ne
servira à rien tout en augmentant la fragilité
générale du Système monétaire et bancaire.
- Soit, plus
probablement, les banques centrales ralentissent voire cessent leur
création monétaire pour: 1/ rétablir une meilleure
qualité de leurs bilans dont l’extension à l’infini
sous la forme d’actifs pourris est suicidaire pour elles et 2/ favoriser
le “Grand Ajustement”, c’est-à-dire laisser
certaines dettes, mécanismes à bout de souffle (la zone euro),
institutions et/ou Etats super-endettés en faillite virtuelle ou
réelle exploser, afin de réduire la pyramide mondiale de
crédits gagés sur le néant qui est à la source de
la crise. Et tout cela accroitra la déflation actuelle, mais assainira
à terme la situation occidentale permettant ultérieurement une
reprise économique auto-entretenue par les forces du marché
lui-même.
Ludwig von Mises écrivait dans “L’action
humaine”: “Il n’y a aucun moyen de soutenir un boom
économique résultant de l’expansion à
crédit. L’alternative est ou bien d’aboutir à une
crise plus tôt par arrêt volontaire de la création
monétaire, ou bien à une crise plus tard avec
l’effondrement de la monnaie qui est en cause“. Voilà
où nous en sommes arrivés.
Il est
très difficile actuellement d’investir des fonds pour la raison
que la déflation a toujours été synonyme de liquidation
et de baisse générale de la valeur de tous les actifs sauf le
cash, puisque quand les prix chutent la valeur du pouvoir d’achat de la
monnaie remonte à la condition bien sûr d’être dans
la bonne monnaie c’est-à-dire pour le moment le dollar US.
Le graphique
de la chute de la vitesse de circulation du dollar US montre que les USA sont
entrés en déflation à partir de 2000, ce qui correspond
au début de la phase “hivernale” du cycle de Nicolas
Kondratieff, alors même que la masse monétaire en dollars US
explose. Comment en sortir puisque la création monétaire
massive a été impuissante à stopper cette
déflation? Personne n’en sait rien puisque cela ne s’est
jamais produit dans l’histoire du Système de la monnaie de
papier qui ne remonte qu’après la Première Guerre
mondiale, grosso modo aux années 1920, mais surtout aux années
1970 avec la cessation de convertibilité du dollar US en or de 1971.
L’évolution
de la hausse des prix aux USA montre qu’elle reste dans une phase de
ralentissement, en partie du fait de la chute des prix de l’immobilier
qui sont au plus bas depuis 1980. A cet égard, que les prix des actions
US montent alors que les prix de l’immobilier US baissent montre aussi
l’absurde sur-évaluation desdites
actions et la non moins excessive sous-évaluation de
l’immobilier dans ce pays (alors que c’est le contraire qui se
produit un peu partout dans le monde où les prix de l’immobilier
montent beaucoup plus vite que ceux des actions).
Pierre
Leconte
Article originellement
publié
ici
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