Paul
Craig Roberts et Dave Kranzler ont développé la meilleure explication que
j’aie pu lire du pourquoi et du comment de la manipulation de l’or. Leur
analyse détaillée offre également d’excellents indicateurs de la direction
que devrait prendre le prix de l’or au cours de ces prochaines années.
La dérégulation du système
financier sous les régimes Clinton et George W. Bush a eu des résultats
prévisibles : concentration financière et comportements inconsidérés.
Une poignée de banques sont devenues si importantes que les autorités
financières les ont déclarées « too big to fail ». Retirées de
toute discipline de marché, les banques sont devenues les pupilles du
gouvernements et ont requis de la part de la Réserve fédérale toujours plus
d’impressions monétaire pour supporter, au travers des programmes de
quantitative easing, les prix des instruments
financiers sur les bilans des banques, et financer des déficits budgétaires à
faible taux d’intérêt de plusieurs milliards de dollars associés à la
récession causée par la crise financière.
La politique de monétisation
d’un trillion de dollars d’obligations par an de la Fed a fait pression sur
le dollar, dont la valeur a diminué face à l’or. En 2011, quand le prix de
l’or atteignait 1.900 dollars, la Réserve fédérale a réalisé qu’un prix de
l’or de 2.000 dollars aurait un impact psychologique très important qui
aurait des répercussions sur le taux de change du dollar par rapport aux
autres devises et engendrerait une fuite des détenteurs de dollars aussi bien
à l’échelle domestique qu’internationale. Une fois que la Fed a réalisé ceci,
la manipulation du prix de l’or a été portée au-delà des prêts d’or par les
banques centrales à des revendeurs de métal physique dans l’objectif de créer
une offre artificielle et d’absorber une demande qui autrement aurait fait
grimper le prix de l’or. La Fed utilise désormais les banques commerciales
comme ses agents chargés de vendre des positions nues à découvert sur le
marché à terme du Comex. Ces ventes à découvert font baisser le prix de l’or
et entraînent des ordres de vente stop et des appels de marge, et font fuir
les membres des fonds sur l’or. Les banques commerciales achètent ensuite les
actions abandonnées et les présentent aux fonds contre livraison de métal. Le
métal ainsi obtenu peut ensuite être vendu sur le marché physique de Londres,
où les ventes ratifient la baisse du prix de l’or que les ventes à découvert
ont achevé sur le Comex, et offrent suffisamment de métal physique pour
satisfaire la demande asiatique en métal physique.
Il est évident que le marché
de l’or est manipulé. Dans cet article, nous en apporteront la preuve et en
décrirons le processus. Nous en conclurons que la capacité des banques centrales
à manipuler le prix de l’or diminue à mesure que l’or physique se déplace
depuis New York et Londres vers l’Asie et laisse l’Occident avec entre ses
mains des contrats papiers sur l’or qui excèdent de beaucoup les réserves de
métal disponibles.
La scène principale des
activités de manipulation de la Fed est le Comex de New York, où sont
échangés les contrats à terme sur l’or. Chaque contrat à terme représente une
barre d’or de 100 onces. Le Comex est dit être un marché papier de l’or parce
qu’il utilise des contrats à terme. Bien que beaucoup de grosses banques
soient des membres du Comex, JP Morgan, HSBC et Bank of Nova Scotia sont responsables de la majorité des volumes
échangés. Le négoce de contrats à terme sur l’or et l’argent se passe à la
manière d’enchères entre 8h20 et 13h30 chaque jour, heure de New York. Le
trading de contrats à terme est aussi conduit sur ce que l’on appelle le
Globex. Le Globex est un système de trading informatique utilisé pour les
produits dérivés, les devises et les contrats à terme. Il opère en continu
excepté les weekends. Partout tant le monde, quiconque a accès à une
plateforme de contrats à terme informatisée peut accéder au système Globex.
En dehors du Comex, la Fed
manipule également le prix de l'or sur le bien plus large – en termes de
valeurs d’échange en dollars – marché de l’or de Londres. Ce marché est
appelé le marché du LBMA (London Bullion Market Association). Il est composé de nombreuses banques
connues sous le nom de banques commerciales (Barclays, Crédit Suisse,
Deutsche Bank, Goldman Sachs, HSBC, JPMorganChase, Merril Lynch/Bank of America,
Mitsui, Société Générale, Bank of Nova Scotia et
UBS). Alors que le Comex est un marché papier, le LBMA est depuis des siècles
un marché de métal physique. Quand de gros acheteurs comme des banques
centrales, des gros fonds d’investissement ou des investisseurs privés
veulent vendre ou acheter de grosses quantités d’or physique, ils le font sur
le marché du LBMA.
Les opérations de manipulation
de l’or de la Fed impliquent l’exercice d’une pression baissière sur le prix
de l’or par la vente de nombreux contrats à terme sur le Comex pendant les
heures ouvrables du Comex ou sur le Globex. Un récent exemple a pu être
observé le lundi 6 janvier 2014. Après avoir gagné plus de 15 dollars sur les
marchés européen et asiatique, le prix de l’or a soudainement perdu 35
dollars à 10h14. En l’espace de moins de 60 secondes, plus de 12.000 contrats
ont été échangés – soit plus de 10% du volume d’échanges quotidien de
contrats à terme. Aucun évènement particulier n’a pu justifier ces ventes
soudaines. Dans le même temps, aucun autre marché de valeurs mobilières (hors
de l’argent) n’a fait l’expérience de mouvements inhabituels. 12.000
contrats, c’est 1,2 million d’onces d’or, une quantité de métal qui
représente trois fois les quantités d’or physique disponibles à la livraison
dans les entrepôts du Comex.
Cette manipulation de la Fed
implique la vente à découvert de contrats à terme non-couverts sur le Comex.
« Non-couverts » signifie que ces contrats sont vendus sans pour
autant qu’il existe d’or physique livrable sur demande. C’est ce que l’on
appelle des contrats vendus à découvert à nu. Ces opérations de manipulation
sont conduites grâce aux plus grosses banques impliquées dans le négoce de
contrats à terme que sont JPMorganChase, HSBC et
Bank of Nova Scotia. Ces banques vendent les
contrats en le nom de la Fed. La manière dont la Fed se débarrasse
d'importantes quantités de contrats n'a rien à voir avec celle dont un trader
vendrait sa position. Ce dernier s’en débarrasserait avec précaution sur une
certaine période afin de dissimuler sa vente et ne pas faire fluctuer le prix
de l’or pour maximiser ses profits et minimiser ses pertes. La Fed, au
contraire, vend pour forcer le prix de l’or à la baisse sans se soucier de
profits ou de pertes, parce que son objectif est d’en endommager le prix
autant que possible et d’intimider les acheteurs potentiels.
A suivre…