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Pourquoi le prix de l’or
pourrait bientôt grimper
Les
forces contre-intuitives du marché de l’or sont en marche.
L’Europe avance doucement mais sûrement vers sa dissolution. Tout indique
que le prix de l’or devrait bientôt grimper. Après tout,
tout le monde parle d’un éventuel effondrement de devises, voire
de l’économie toute entière.
Et
pourtant, l’or semble continuer de baisser. A quoi peut bien être
dû cet étrange phénomène ?
Le
conflit entre les forces rationnelles et irrationnelles est dans l’air
du temps. Sur les marchés, nous transmettons de plus en plus la
tâche de penser à des ordinateurs qui possèdent des
réserves de capital quasi-illimitées qu’ils peuvent jeter
dans la direction que leur conseille leur algorithme. Ainsi, si cet algorithme
pense que le prix de l’or baisse quand le dollar grimpe et que le dollar
grimpe quand l’euro grimpe, c’est que ce doit être vrai
– et ce peu importe ce que notre intellect ou notre intuition nous dit.
Des échanges papiers, et non physiques, prennent place sur le
marché, bien souvent sans aucune intervention humaine. Le marché
ne fait que faire ce qui lui est dicté.
C’est
la caractéristique principale de notre temps. Ce que nous pouvons
observer aujourd’hui est selon moi une infime part de la psychologie de
bulle qui domine notre ère. Avec un peu de nuance, cela n’a rien
de différent de la bulle qui préoccupait la Hollande et ses
champs de tulipes, ou celle de la France avec la bulle sur les Mers du Sud et
les autres délusions extraordinaires présentées par
Charles Mackay dans son ouvrage aujourd’hui célèbre.
Aujourd’hui, ces préoccupations sont
générées par des machines et leurs programmes, et plus personne
ne semble intéressé de comprendre comment les choses fonctionnent,
encore moins de les arrêter. Bien qu’il n’y ait plus
beaucoup d’espoir pour l’expérience Européenne de
l’euro, j’aperçois un avenir brillant pour l’or – une
cassure du mariage informatique de l’or et de l’euro. Lorsque
l’euro s’effondrera, le prix de l’or sera catapulté
à la hausse à mesure que les gens comprendront que ce qui peut
les protéger n’est pas le dollar, mais l’or.
Les
manias sont épidémiques, votre portefeuille a besoin
d’inoculation
Dans
son livre intitulé Memoirs
of Extraordinary Popular Delusions and Madness of Crowds
et publié en 1841, Mackay nous présente l’un des meilleurs
exemples qui soient des comportements modernes des marchés. La mission
de Mackay, comme il le décrit dans la première édition de
son livre, a été de ‘collecter les exemples les plus
frappants des épidémies qui sont survenues pour une cause ou
pour une autre, et de démontrer à quel point les masses ont
été égarées jusque dans leurs crimes’. Les
manias sont une épidémie qui se propage au travers de la
population aussi délibérément que la grippe. En
conséquence, de la même manière que notre corps se
protège contre les maladies, nous devons protéger nos
portefeuilles de la folie des foules, ou des machines, si vous
préférez.
Je
ne pense pas que Mackay se soit douté un instant que son livre serait
lu et pris pour exemple par des lecteurs du XXIe siècle. Mais en
même temps, il n’aurait certainement pas été surpris
de voir que la situation qui a poussé beaucoup de gens à
investir des fortunes sur les tulipes de Hollande ou sur des terres du Nouveau
Monde est encore omniprésente à l’époque des
ordinateurs, de la communication instantanée et de la
disponibilité quasi-infinie de l’analyse de marché. Nous
sommes là, 170 ans plus tard, à faire face aux mêmes
forces inexplicables et au même comportement irrationnel.
Le
grand spéculateur et investisseur sur l’or du XXe siècle,
Bernard Baruch, a cité ce livre parmi les raisons de son succès
à Wall Street.
‘Avez-vous
déjà vu dans les bois, en un jour d’automne paisible, des
nuées de moucherons qui semblent être des milliers, voleter dans
un rayon de soleil ? Oui ? Avez-vous déjà vu ces
mêmes nuées de moucherons se déplacer de quelques
mètres d’un côté ou d’un autre, chacun des
moucherons conservant une même distance entre lui et les autres ?
Comment font-ils cela ? Ce ne peut pas être à cause du vent
puisque je viens de dire ‘jour paisible’. Avez-vous
déjà vu une nuée de moucherons se déplacer puis
revenir à sa place d’origine à l’unisson ?
Comment font-ils cela ? Les mouvements humains se font bien plus
lentement, mais sont tout aussi extraordinaires.
C’est
ce même Bernard Baruch qui, juste avant le krach boursier de 1929, a
investi une importante part de sa fortune sur l’or. Lorsque le
secrétaire du Trésor lui a demandé pourquoi il avait fait
une telle chose, il lui a répondu qu’il ‘commençait
à avoir des doutes quant au dollar’. Alors que d’autres se
ruaient sur les actions, l’intuition de Baruch l’a poussé
à réaliser que quelque chose allait se produire. Il a
résisté et n’a pas suivi la foule. Si vous commencez
à douter du tango que semblent danser le dollar et l’euro, il
faudrait que vous pensiez à regarder dans quel sens vont les
masses… et à ne pas faire comme elles.
La
folie des machines et le rôle de la Chine
Le
livre de Mackay est à la fois complexe et révélateur
– une chronique du comportement de groupe, des manias et des pertes et
gains financiers. Je vous conseille vivement de le lire, compte tenu de la
situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui sur le
marché de l’or. Salomon nous a appris qu’il n’y a
rien de nouveau sous le soleil. Mackay nous a appris comment nous pouvons nous
rendre compte que les foules s’affolent et que c’est un
phénomène qui a toujours existé et qui est applicable
à toutes les époques – même à la nôtre.
Baruch nous a appris que lorsqu’un troupeau court dans une direction, il
est préférable de courir dans la direction opposée. Si la
folie des masses ou des machines nous offre une opportunité
d’achat, il nous faut la saisir. Ce matin, nous avons pu lire un rapport
concernant un acheteur d’or semi-officiel en Asie, et l’on
pourrait penser que la Chine achète de l’or lorsque son prix
chute pour placer un palier sous son prix.
L’or
est capable de nous protéger contre ces élans de folie, et en
posséder sous sa forme physique est la meilleure approche qui soit. Il
existe un exemple historique à cela, présenté dans le
livre de Mackay, qui illustre parfaitement cette idée. Au début
du XVIIIe siècle, le ministre Français des Finances John Law,
à l’origine de la plus importantes des manias citées par
Mackay (la bulle du Mississippi) a ruiné la devise Française et
l’économie de son pays. Inutile de préciser que les
citoyens ont fait tout leur possible pour se protéger de la
dépréciation de leur devise en achetant de l’or. Avant de
fuir le pays, Law a aboli l’utilisation de pièces d’or et
d’argent comme moyens d’échange, rendu la possession
d’or illégale et fermé les frontières à
toute personne tentant de s’échapper avec du métal. Law,
comme le public, comprenait la valeur de l’or en temps de crise.
Epilogue :
résolvons pi aussi vite que possible
Au
vu de la dominance des machines à Wall Street, qui me fait penser
à cet épisode de Star Trek dans lequel les protagonistes se
rendent sur une planète dont les habitants semblent vivre dans le
bonheur le plus absolu et que le capitaine Kirk se doute que quelque chose ne
va pas. Le bonheur absolu n’existe pas. A la fin de
l’épisode, nous apprenons que la population est
contrôlée non pas par un dictateur infect qui l’a
droguée pour qu’elle lui obéisse, mais par un ordinateur
qui a évolué de manière à pouvoir prendre le
contrôle de l’esprit des gens. Quelque chose doit être fait
pour arrêter ça, et Spock résout
le problème en demandant à l’ordinateur de résoudre
la valeur de pi – ce qui est impossible puisque, si vous vous rappelez
vos leçons de mathématiques, sa résolution est infinie. L’ordinateur
utilise toutes ses ressources pour tenter de résoudre
l’impossible et son emprise sur la population disparaît –
une astuce que nous devrions garder à l’esprit pour le jour
où les ordinateurs auront pris le contrôle total de Wall Street.
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