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Ce texte a
été publié pour la première fois en 1962 dans sa
traduction espagnole – El Establecimiento Histórico
de la Escuela Austriaca
de Economía. La version
anglaise ne fut publiée qu'en 1969 sous le titre The Historical Setting of
the Austrian School of Economics par
Arlington House. Et il existe une traduction italienne datant de 1992
– La Collocazione Storica della Scuola Austriaca di Economia. Nous
publions ici la première partie du texte dont la traduction
française a été réalisée par Hervé de Quengo.
I. Carl
Menger et l'École autrichienne
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1.
Les
origines
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Ce qu'on appelle, en économie, l'« École
autrichienne » commence en 1871, lorsque Carl Menger publia un
mince volume sous le titre Grundsätze
der Volkswirtschaftslehre [Principes
d'économie politique].
Il est habituel de
dépister l'influence que le milieu a exercé
sur les réalisations du génie. Les gens aiment attribuer les
exploits d'un homme de génie, au moins dans une certaine mesure,
à l'effet de l'environnement et aux courants de l'opinion de son
époque et de son pays. Quels que soient les résultats de cette
méthode dans certains cas, il n'y a pas de doute qu'elle est
inapplicable en ce qui concerne les Autrichiens dont les réflexions,
les idées et les doctrines comptent pour l'humanité. Bernard Bolzano,
Gregor Mendel et Sigmund Freud ne furent pas stimulés par leurs
parents, professeurs, collègues ou amis. Leurs efforts ne
rencontrèrent aucune sympathie, ni de la part des compatriotes de leur
temps, ni de celle du gouvernement de leur pays. Bolzano et Mendel
poursuivirent leur principaux travaux dans des
endroits qui, dans leurs domaines particuliers, pouvaient être
considérés comme un désert intellectuel. Et ils
moururent bien avant que les gens ne commencèrent à pressentir
la valeur de leurs contributions. On se moqua de Freud quand il rendit
publiques ses doctrines au sein de l'Association médicale de Vienne.
On pourrait dire que
la théorie du subjectivisme et du marginalisme
développée par Menger était dans l'air. Plusieurs
précurseurs la laissaient prévoir. De plus, à peu
près en même temps que Menger écrivait et publiait son
livre, William Stanley Jevons et Léon Walras écrivirent et
publièrent eux aussi des livres dans lesquels ils présentaient
le concept d'utilité marginale. Malgré cela, il est certain
qu'aucun des professeurs, amis ou collègues de Menger
n'éprouvait le moindre intérêt pour les problèmes
qui le passionnaient. Quelque temps avant le déclenchement de la
Première Guerre mondiale, alors que je lui parlais des réunions
informelles mais régulières aux cours desquelles les jeunes
économistes viennois avaient l'habitude de discuter des questions de
théorie économique, il remarqua d'un air songeur:
« Quand j'avais votre âge, personne ne se souciait de ces
choses à Vienne ». Jusqu'à la fin des années
1870, il n'y avait pas d'« École autrichienne »:
il n'y avait que Carl Menger.
Eugen von Böhm-Bawerk et Friedrich Wieser n'eurent jamais
Menger comme professeur. Ils terminèrent leurs études à
l'Université de Vienne avant que Menger ne commença ses cours
comme Privatdozent. Ce qu'ils apprirent de lui, ils le
trouvèrent en étudiant les Grundsätze.
Quand ils revinrent en Autriche après avoir passé quelque temps
dans les universités allemandes, en particulier au séminaire de
Karl Kniess à Heidelberg, et qu'ils
publièrent leurs premiers livres, ils étaient payés pour
enseigner l'économie dans les universités d'Innsbruck et de
Prague respectivement. Très vite, certains jeunes gens ayant participé
au séminaire de Menger et ayant subi son influence personnelle,
augmentèrent le nombre des auteurs contribuant à la recherche
économique. Des étrangers commencèrent à parler
de ces auteurs en disant « les Autrichiens ». Mais
l'appellation « École autrichienne
d'économie » ne fut utilisée que plus tard, quand
leur opposition à l'École historique allemande occupa le devant
de la scène après la publication, en 1883, du deuxième
livre de Menger, Untersuchungen über die Methode der Sozialwissenschaften und der Politischen Ökonomie insbesondere.
2.
L'École
économique autrichienne et les universités autrichiennes
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Le cabinet autrichien dans lequel Menger travaillait (au service de presse)
au début des années 1870 – avant d'être
nommé maître assistant à l'Université de Vienne
– était composé de membres du Parti libéral
défendant les libertés civiques, le gouvernement
représentatif, l'égalité de tous les citoyens devant la
loi, une monnaie stable et la liberté du commerce. À la fin des
années 1870, le Parti libéral fut écarté par une
alliance de l'Église, des princes et comtes de l'aristocratie
tchèque et polonaise et des partis nationalistes des diverses
nationalités slaves. Cette coalition s'opposait à tous les
idéaux que les libéraux avaient soutenus. Cependant, et
jusqu'à la désintégration de l'Empire des Habsbourg en
1918, la Constitution que les libéraux avait conduit l'Empereur
à accepter en 1867, et les lois fondamentales qui la
complétaient, restaient très largement en vigueur.
Dans le climat de
liberté que ces lois garantissaient, Vienne devint un centre pour les
pionniers des nouvelles façons de penser. Depuis le milieu du
seizième siècle jusqu'à la fin du dix-huitième
siècle, l'Autriche était restée étrangère
à l'effort intellectuel de l'Europe. Personne à Vienne –
et encore moins dans les autres territoires autrichiens – ne se
souciait de la philosophie, de la littérature et des sciences de
l'Europe occidentale. Quand Leibniz et plus tard David Hume visitèrent
Vienne, il ne s'y trouvait aucun autochtone qui aurait pu être
intéressé par leurs travaux[1]. À l'exception de Bolzano,
aucun Autrichien ne contribua de manière importante avant la seconde
moitié du dix-neuvième siècle aux sciences
philosophiques ou historiques.
Mais quand les
libéraux eurent éliminé les chaînes qui avaient
empêché tout effort intellectuel, quand ils eurent fini d'abolir
la censure et de dénoncer le concordat, d'éminents esprits
commencèrent à converger vers Vienne. Certains venaient
d'Allemagne – comme les philosophes Lorenz von
Stein et Rudolf von Jhering
–, mais la plupart venaient des provinces autrichiennes; un petit
nombre étaient nés à Vienne. Il n'y avait aucune
conformité de pensée entre ces leaders, ni au sein de leurs
successeurs. Brentano, l'ex-dominicain, inaugura un courant de pensée
qui aboutit finalement à la phénoménologie de Husserl.
Mach fut le chef de file d'une philosophie qui conduisit au positivisme logique
de Schlick, Carnap et de leur « Cercle de Vienne ».
Breuer, Freud et Adler interprétèrent les
phénomènes névrotiques d'une façon radicalement
différente de celle des méthodes de Krafft-Ebing et Wagner-Jauregg.
Le
« ministère de l'Instruction et des Cultes »
autrichien voyait d'un mauvais oeil toutes ces
tentatives. Depuis le début des années 1880, le cabinet
ministériel et le personnel de ce département avait
été choisi parmi les plus sûrs des conservateurs et des
ennemis de toutes les idées et institutions politiques modernes. Ils
n'avaient que mépris pour ce qui n'était, à leurs yeux,
que des « folies exotiques ». Ils auraient aimé
interdire l'accès aux universités à toutes ces
nouveautés.
Mais le pouvoir de
l'administration était sérieusement restreint par trois
« privilèges » que les universités
avaient acquis sous l'influence des idées libérales. Les
professeurs étaient des fonctionnaires et, comme tous les autres
fonctionnaires, devaient obéir aux ordres de leurs supérieurs,
c'est-à-dire celles du cabinet ministériel et de ses aides.
Toutefois, ces supérieurs n'avaient pas le droit de se mêler du
contenu des doctrines enseignées dans les classes et les
séminaires. À cet égard, les professeurs jouissaient de
cette « liberté de l'enseignement » dont on
parle tant. De plus, le ministère était obligé –
bien que cette obligation n'ait jamais été
énoncée de façon claire – d'accepter de nommer les
professeurs, ou, pour être plus précis, de suggérer
à l'Empereur la nomination de professeurs, d'après les
suggestions faites par la faculté concernée. Enfin, il existait
une institution appeléePrivatdozent.
Un docteur ayant publié un livre savant pouvait demander à la
faculté de l'admettre comme enseignant libre et privé dans sa
discipline. Si la faculté tranchait en faveur du candidat, le
consentement du ministère était encore requis. En pratique ce
consentement était, avant le régime de Schuschnigg, toujours
accordé.
Le Privatdozent dûment
admis n'était pas, dans cette fonction, un fonctionnaire. Même
si le titre de professeur lui était accordé, il ne recevait
aucune rémunération de la part du gouvernement. Quelques Privatdozentspouvaient vivre de leurs propres
fonds. La plupart travaillaient pour gagner leur vie. Leur droit de toucher
les frais d'inscription payés par les étudiants suivant leurs
cours était dans la plupart des cas sans valeur.
L'effet de cet
aménagement de la vie universitaire fut que les conseils de
professeurs jouissaient d'une autonomie presque illimitée dans la
direction de leurs écoles. L'économie était
enseignée dans les Facultés de Droit et de Sciences sociales (Rechts und staatswissenschafltiche Fakultäten)
des universités. Dans la plupart de ces universités, il y avait
deux chaires d'économie. Quand l'une d'elle devenait vacante, un corps
de spécialistes du droit devait – avec le concours d'au plus un
économiste – choisir le futur titulaire. La décision
appartenait ainsi à des non-économistes. On peut
raisonnablement supposer que ces professeurs de droit étaient
animés des meilleures intentions. Mais ils n'étaient pas
économistes. Ils devaient choisir entre deux écoles des pensée rivales: l'École autrichienne d'une
part, et l'École historique, prétendument moderne, de l'autre.
Même si aucun préjugé politique et nationaliste ne troublait
leur jugement, ils ne pouvaient s'empêcher d'être un peu
méfiants à l'égard d'un courant de pensée que les
professeurs des universités de l'Empire allemand qualifiaient de
spécifiquement autrichien. Jamais auparavant le moindre nouveau mode
de pensée n'était né en Autriche. Les universités
autrichiennes étaient restées stériles jusqu'à ce
qu'elles furent – après la
révolution de 1848 – réorganisées selon le
modèle des universités allemandes. Pour des personnes peu
familières des sujets économiques, l'attribut
« autrichien » appliqué à une doctrine
portait en lui de forts relents des jours sombres de la contre-réforme
et de Metternich. Pour un intellectuel autrichien, rien ne pouvait sembler
plus désastreux qu'un retour de son pays à l'inanité
spirituelle du bon vieux temps.
Carl Menger,
Wieser et Böhm-Bawerk avaient obtenu leurs chaires
à Vienne, Prague et Innsbruck avant que la « Querelle des
méthodes » [Methodenstreit]
n'eut commencé à apparaître aux yeux du profane
autrichien comme un conflit entre la science
« moderne » et
« l'arriération » autrichienne. Leurs
collègues n'avaient aucune rancune contre eux. Mais ils essayaient
à chaque fois que c'était possible de faire venir d'Allemagne
des partisans de l'École historique dans les universités autrichiennes.
Ceux que le monde appelait les « économistes
autrichiens » étaient, dans les universités
autrichiennes, des marginaux tolérés plutôt avec
réticence.
3.
L'École
autrichienne et la vie intellectuelle de l'Autriche
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Les universités françaises et allemandes les plus
distinguées n'étaient pas uniquement, à la grande
époque du libéralisme, des institutions d'apprentissage
permettant de donner aux générations montantes l'instruction
requise pour la pratique satisfaisante de leurs métiers. Elles
étaient des centres de culture. Certains de leurs professeurs
étaient connus et admirés dans le monde entier. Leurs cours
étaient suivis non seulement par des étudiants ordinaires prévoyant
de passer leurs diplômes universitaires, mais aussi par des hommes et
des femmes mûrs, tenant une place active dans leurs professions, leurs
affaires ou en politique, et n'attendant de ces cours rien d'autre que la
satisfaction du plaisir intellectuel. Ainsi, de telles personnes extérieures,
qui n'étaient pas des étudiants au sens officiel, affluaient
aux cours de Renan, Fustel de Coulanges et Bergson à Paris, à
ceux de Hegel, Helmholtz, Mommsen et Treitschke à Berlin. Le public
instruit s'intéressait de manière sérieuse au travail
des cercles universitaires. Les élites lisaient les livres et les
magazines publiés par les professeurs, s'inscrivaient aux
sociétés savantes et suivaient passionnément les
débats se déroulant lors des réunions.
Certains de ces
amateurs, qui ne consacraient que des heures de loisir à leurs
études, dépassèrent le niveau de simples dilettantes.
L'histoire de la science moderne retient les noms de nombreux
« marginaux » merveilleux de ce genre. C'est par
exemple un fait typique que la seule contribution remarquable (bien que
n'ayant pas marqué son époque) à l'économie en
provenance de l'Allemagne du deuxième Reich vint d'un conseiller
d'entreprise affairé, Heinrich Oswalt, de
Francfort, ville qui n'avait pas d'université à l'époque
où son livre fut écrit[2].
À Vienne
également, une association intime entre les professeurs de
l'université et le public cultivé de la ville prévalait
dans les dernières décennies du dix-neuvième
siècle et au début du vingtième. Elle commença
à s'évanouir lorsque les vieux maîtres moururent ou
partirent à la retraite et que des hommes de moindre stature obtinrent
leurs chaires. Ce fut l'époque où la réputation de
l'Université de Vienne ainsi que le rang culturel éminent de la
ville se maintinrent et s'élevèrent grâce à
quelques Privatdozents. Le cas le plus remarquable est celui de
la psychanalyse. Elle n'obtint jamais le moindre encouragement de la part des
institutions officielles; elle se développa et prospéra en
dehors de l'université et ses seuls liens avec la hiérarchie
bureaucratique de l'enseignement résidaient dans le fait que Freud
était un Privatdozent ayant le titre sans
signification de professeur.
Il existait à
Vienne, en tant qu'héritage des années où les fondateurs
de l'École autrichienne avaient finalement obtenu la reconnaissance,
un vif intérêt pour les problèmes économique. Cet
intérêt permit à l'auteur de ces lignes d'organiser
un Privatseminar dans les
années 1920, de créer l'Association économique, de
mettre sur pied l'Institut autrichien de recherches sur le cycle
économique, devenu plus tard l'Institut autrichien de recherche
économique.
Le Privatseminar n'avait aucun lien avec
l'université, ni avec aucune autre institution. Deux fois par mois, un
groupe d'érudits, parmi eux plusieurs Privatdozents, se
réunissait dans le bureau de l'auteur de ces lignes à la
Chambre de commerce. La plupart des participants appartenaient à la
génération qui avait commencé ses études universitaires
après la fin de le Première Guerre
mondiale. Certains étaient plus âgés. Ils étaient
unis par un intérêt ardent pour tous les domaines des sciences
de l'action humaine. Au cours des débats, on traitait de problèmes
de philosophie, d'épistémologie, de théorie
économique et de diverses branches de recherche historique. LePrivatseminar s'arrêta quand, en
1934, l'auteur de ces lignes fut nommé à la chaire de relations
économiques internationales de l'Institut universitaire des hautes
études internationales de Genève, en Suisse.
À l'exception
de Richard von Strigl,
dont la mort prématurée mit fin à une brillante
carrière scientifique, et de Ludwig Bettelheim-Gabillon,
sur lequel nous reviendrons, tous les membres de ce Privatseminar trouvèrent
un domaine adéquat pour continuer hors de l'Autriche leur travail en
tant que savants, auteurs et enseignants.
Dans le domaine de
l'esprit, Vienne joua un rôle important dans les années
séparant l'établissement du Parlement au début des années
1860 et l'invasion des nazis en 1938. L'épanouissement s'était
produit soudainement, après des siècles de
stérilité et d'apathie. Le déclin avait
déjà commencé plusieurs années avant l'intrusion
des nazis.
Dans toutes les
nations et dans toutes les périodes historiques, les exploits
intellectuels sont le fruit du travail d'un petit nombre d'hommes et ne sont
appréciés que par une petite élite. Le grand nombre
regarde ces prouesses avec haine et mépris, au mieux avec
indifférence. En Autriche et à Vienne l'élite
était particulièrement réduite, et la haine des masses
et de leurs chefs était particulièrement venimeuse.
4.
Böhm-Bawerk
et Wieser, membres du cabinet autrichien
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L'impopularité de l'économie est la conséquence de son
analyse des effets des privilèges. Il est impossible de
démentir la démonstration des économistes prouvant que
tous les privilèges nuisent aux intérêts du reste de la
nation ou au moins d'une grande partie de celle-ci, que ceux qui en sont
victimes ne toléreront l'existence de tels privilèges que si on
leur en accorde à eux aussi, et que lorsque tous
le monde jouit de privilèges, personne n'y gagne mais tout le monde y
perd du fait de la baisse de la productivité du travail[3]. Les avertissements des
économistes sont toutefois écartés par la convoitise de
gens pleinement conscients de leur incapacité à réussir
dans un marché concurrentiel sans l'aide de privilèges spéciaux.
Ils sont persuadés qu'ils obtiendront des privilèges plus
intéressants que les autres groupes ou qu'ils seront en mesure
d'empêcher, au moins pendant un certain temps, tout octroi de
privilèges compensatoires aux autres groupes. À leurs yeux,
l'économiste est simplement une source d'ennuis qui veut contrarier
leurs plans.
Quand Menger,
Böhm-Bawerk et Wieser commencèrent leurs carrières
scientifiques, ils ne s'intéressaient pas aux questions de politique
économique et au rejet de l'interventionnisme de la part de
l'économie classique. Ils considéraient que leur vocation
était de fonder la théorie économique sur une base
saine, et ils étaient prêts à se consacrer
entièrement à cette cause. Menger désapprouvait de tout
son coeur la politique interventionniste que le
gouvernement autrichien – comme presque tous les gouvernements de
l'époque – avait adopté. Mais il ne croyait pas pouvoir
contribuer à un retour à des politiques correctes autrement
qu'en expliquant la bonne économie dans ses livres et articles, et
dans son enseignement universitaire.
Böhm-Bawerk
rejoignit l'équipe du ministère autrichien des Finances en
1890. Il fut deux fois brièvement ministre des Finances dans un
cabinet prudent. De 1900 à 1904, il fut ministre des Finances dans le cabinet
d'Ernest von Körber.
Les principes de Böhm-Bawerk dans son travail étaient de
maintenir de manière rigoureuse d'une part la parité-or,
fixée par la loi, de la devise autrichienne et d'autre part un budget
équilibré sans aucune aide de la banque centrale. Un savant
éminent, Ludwig Bettelheim-Gabillon, avait
eu l'intention de publier un ouvrage détaillé analysant les
activités de Böhm-Bawerk au ministère des Finances.
Malheureusement, les nazis tuèrent l'auteur et détruisirent son
manuscrit[4].
Wieser fut pendant un
moment, durant la Première Guerre mondiale, ministre du Commerce du
cabinet autrichien. Son travail était cependant plutôt
entravé par les pouvoirs importants qui avaient déjà
été donnés à un fonctionnaire du
ministère, Richard Riedl, et ce avant que
Wieser ne prenne ses fonctions. En pratique, seules des décisions
portant sur questions d'importance secondaire était laissées
à Wieser lui-même.
1. Le seul Viennois de
l'époque qui appréciait l'oeuvre
philosophique de Leibniz était le Prince Eugène de Savoie,
descendant d'une famille française, né et éduqué
en France.
2. Cf. H. Oswalt, Vorträge über
wirtschaftliche Grundbegriffe,
3ème éd. (Iéna, 1920).
3. Cf. Mises Human Action [L'Action
humaine] (1949) et éditions ultérieures, chapitres
XXVII-XXXVI.
4. Seuls deux chapitres, que l'auteur avait
publiés avant l'Anschluss, furent préservés:
« Böhm-Bawerk und die Brüsseler Zuckerkonvention »
et « Böhm-Bawerk und die Konvertierung von Obligationen der einheitlichen Staatsschuld » dans la Zeitschrift für Nationalökonomie, Vol. VII et VIII (1936 et
1937).
Suite
Article
originellement publié par le Québéquois
Libre ici
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