Il y a
quelques semaines, nous écrivions un article
sur les perles du baccalauréat 2013. Restons sur le thème de
cet examen national (dont les épreuves débuteront
le 16 juin 2014) et concentrons-nous sur un autre de ses aspects :
l’épreuve orale de rattrapage.
Aujourd’hui,
le baccalauréat est encore majoritairement fondé sur les
examens écrits et peu sur les oraux. Cela n’a pas toujours
été le cas : au début du XIXème
siècle, au moment de sa création
« véritable », le baccalauréat se matérialisait
uniquement en des oraux. Mais se cantonner à une épreuve orale
ne permettait pas de se faire une idée réelle du niveau des
candidats, raison pour laquelle l’écrit va faire son
émergence progressivement, d’abord avec une épreuve de
latin, langue morte qui disparaît
petit à petit des lycées. Il ne faut pas non plus omettre une
année très particulière, 1968, à l’issue de
laquelle les lycéens ne passeront que
des examens oraux.
Le
Ministère de l’Éducation nationale souhaite
aujourd’hui augmenter le nombre d’épreuves orales au
baccalauréat. Les langues, notamment, sont concernées, ce qui
fait grincer quelques dents, notamment au sein des syndicats
d’enseignants, du fait que cette « innovation »
s’apparente fortement à une épreuve de contrôle
continu qui ne dit pas son nom, puisqu’en l’occurrence, les
élèves sont évalués par leurs propres professeurs.
L’oral
en histoire-géographie fait aussi son apparition
pour le baccalauréat scientifique. Ce grincement de dents
s’explique par le fait que les épreuves orales seraient
davantage sujettes à pression de la part des inspecteurs qui incitent
les professeurs à augmenter considérablement les notes. Ainsi,
pour l’examen oral en français, dans l’académie
d’Orléans-Tours, il aurait été demandé de
noter les élèves sur… 24 ! Les inspecteurs
justifient ces consignes par le fait que les enseignants sont trop
sévères avec les candidats et que ces mesures
d’assouplissement permettraient, en réalité, de
rétablir une forme d’équité avec les
élèves des autres académies. On peut en douter dans la
mesure où les inspecteurs n’apportent pas de preuves
réellement tangibles de la sévérité des
enseignants en la matière. Hélas, ce type de consignes
n’est pas isolé, si on en croit les témoignages de
professeurs. En revanche, de telles injonctions sont moins possibles avec les
épreuves écrites qui donnent lieu à une marge de
manœuvre plus étroite.
De fait, ce
n’est sans doute que parce que les académies octroient de telles
« largesses » aux candidats que le Ministère peut
se targuer, chaque année, de chiffres
records quant aux taux de réussite
à cet examen. En outre, il semblerait, si on en croit le SNPEDN (Syndicat
national des personnels de direction de l’éducation nationale),
que ces épreuves orales corsent le coût du baccalauréat,
déjà très élevé pour de multiples raisons
détaillées dans cet article
du Figaro.
Le
développement des épreuves orales fait quand même la joie
de certains qui ont immédiatement compris l’opportunité
que cela représentait. Ainsi des entrepreneurs, comme Aurlom, ont créé des organismes pour mieux
les entraîner pour les épreuves orales.
Car
l’épreuve orale demeure un examen stressant pour beaucoup de
candidats, du fait de son immense enjeu, d’abord, mais aussi parce que
peu d’élèves ont été rompus aux joutes
oratoires durant leur scolarité. Vaincre sa timidité ou
comprendre les ficelles d’une telle épreuve n’est pas
alors pas chose aisée.
Car le fond
– s’il est indispensable – ne suffit pas : la forme et
l’éloquence sont d’autres critères pris en
considération par le jury, de même que l’accoutrement
vestimentaire. L’élève qui connaît son cours sur
le bout des doigts mais qui pèche sur la forme risque de ne pas
décrocher le sésame tant désiré. Un exposé
structuré (même si non exhaustif) est le meilleur moyen
d’obtenir une bonne note. L’attitude globale aura
également un impact considérable sur le jury.
In fine,
l’épreuve orale est clairement indispensable pour les
élèves mais l’histoire et l’actualité
récente font apparaître quelques dysfonctionnements
regrettables, notamment dans ses modalités.
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