D’après le rapport de l’ONG, intitulé An Inside Job et publié ce
11 septembre sur le site web de l’ONG, le gouvernement zimbabwéen utiliserait
les revenus des exportations du diamant pour financer ses services de
renseignement, accusés de graves violations des droits de l’homme et
d’oppression ayant permis de maintenir Mugabe au pouvoir depuis
l’indépendance de cette ancienne colonie britannique en 1980.
L’ONG basée à Londres rappelle qu’en 2011, Tendai Biti, qui occupait alors
le poste de ministre des Finances, avait accusé l’élite au pouvoir d’avoir
détourné 15 milliards de dollars de revenus de diamant. Avec une dette
évaluée à des milliards de dollars et des infrastructures moyenâgeuses, les
richesses générées par le diamant auraient pu être utilisées pour faire
sortir le Zimbabwe de sa profonde crise économique et sociale, poursuit
l’organisation, rappelant les taux de chômage et de pauvreté excessivement
élevés dans ce pays de l’Afrique australe.
Global Witness explique que l’armée, les trafiquants et l’élite politique
ont pris le contrôle des compagnies opérant dans les mines de diamant au
Zimbabwe. L’ONG dévoile également les liens douteux entre ces compagnies et
les services de renseignement du régime de Mugabe.
Des richesses exploitées dans le secret
L’enquête de Global Witness s’est basée sur l’examen des comptes et
opérations des cinq principales sociétés minières ayant opéré récemment dans
la région de Marange à l’est du pays (province de Manicaland), connue pour
ces champs de diamants. Le rapport montre comment les entreprises, aidées et
protégées par le service central de renseignement (Central intelligence
organization), ont sciemment falsifié leurs bilans d’activités ou dissimulé
une partie de leurs activités au grand public. Global Witness avance que des
sommes détournées serviraient les institutions d’Etat responsables de «l’oppression
du peuple zimbabwéen».
«Compte tenu de l’opacité totale dans ce secteur, ce que nous avons
découvert est probablement le symptôme d’un problème beaucoup plus grave. Les
habitants du Zimbabwe méritent de savoir où sont partis les revenus des mines
de diamant», note Gibb Michael Gibb de Global Witness.
Un trafic à l’échelle internationale
Dans le détail, l’ONG a publié pour la première fois une carte qui
révèle les relations douteuses entre militaires, politiques et entreprise
minières. On a apprend également, à la lecture du rapport, que l’armée
est partenaire avec un investisseur chinois dans la société d’extraction de
diamants Anjin Mining. Des documents donnent la preuve que les diamants de
cette dernière ont probablement été vendus à Anvers en Belgique, malgré les
sanctions européennes imposées aux «diamants de sang»
zimbabwéens. Selon global Witness, trois appels d’offres, réalisés entre
décembre 2013 et septembre 2014 par l’Antwerp World Diamond Centre (AWDC),
l’Antwerp Diamond Tender Facility (ATF) et la SPRL First Element, auraient
mis en vente des diamants zimbabwéens par l’entremise de l’entreprise
chinoise Anjin.
Autre révélation est pas des moindres, des documents secrets indique que
l’agence d’espionnage (CIO) aurait des intérêts dans l’entreprise minière
Kusena Diamonds, fusionnée dans une nouvelle structure portant le nom de
Zimbabwe Consolidated Diamond Company (ZCDC). Les diamants extraits des mines
exploitées par cette dernière auraient été échangés sur les marchés d’Anvers
et de Dubaï, circulant librement sur
les marchés internationaux, malgré le risque qu’ils leurs revenus
financeraient des opérations de violations des droits de l’homme dans le pays
de Mugabe.
Des mémos secrets signés par un«économiste» des services
secrets
Global Witness a également réussi à se procurer deux mémos secrets
échangés entre des agents de la CIO, où sont évoqués discutant les diamants
de la région de Marange. Les deux documents, estampillés «secret»,
datent de 2012 et se réfèrent à la création et l’exploitation d’une société
minière de diamants du nom de «Zimdiamonds» ou, Zimdiam.
Lire la suite
ICI