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Les efforts perdus de Pékin face à la bulle du crédit

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Published : June 23rd, 2014
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Ecrit par David Stockman, responsable du budget sous le président Reagan et auteur du bestseller The Great Deformation: The Corruption of Capitalism in America. Cet article a été publié sur David Stockman’s Contra Corner.

Au début du siècle, la Chine avait accumulé un trillion de dollars de dette impayée contractée sur le marché du crédit – un chiffre qui s’élève désormais à 25 trillions de dollars. Le fait est qu’aucun système économique ne puisse demeurer stable suite à une multiplication de sa dette par 25 en seulement 14 ans.

Mais cet axiome n'est vrai que pour les systèmes de contrôle et de commande constitués d’éléments disparates et qui ne s’accordent pas avec la discipline du marché libre, des informations économiques honnêtes, ou encore une compréhension primitive du fait que les valeurs ne tombent pas du ciel. Personne ne semble comprendre que les infrastructures construites ces dernières années constituent un évènement exceptionnel qui laissera se noyer l’économie sous l’excès de capacité de production de ciment, d’acier, de charbon, de cuivre et d’autres outils tels que les grues et les rétrocaveuses.

La mania dont sont l’objet les secteurs de la construction, de l’emprunt et de la spéculation en Chine est devenue si extrême que même le nouveau régime de Pékin a tenté de l’atténuer. Mais la situation ne s’achèvera que sur une catastrophe – et non sur l’atterrissage en douceur avancé par les haussiers de Wall Street qui n’ont pas la moindre compréhension de la différence entre le capitalisme de marché libre et le capitalisme de copinage imposé par l’appareil intrusif, bureaucratique et hiérarchique de l’Etat chinois.

L’erreur fatale commise par les haussiers chinois est qu’ils ne reconnaissent pas le fait que les cycles de croissance et de récession traversés par la Chine sont symétriques. L’empressement avec lequel les exportations se sont développées après 1994 et l’explosion du développement d’infrastructures survenu après 2008 ne sont pas la preuve d’une forme suprême de gouvernance. Ils ne sont que la preuve que le crédit, les faveurs, les financements et les franchises sont accordés à tout le monde et n’importe qui, qu’il n’y a ni gagnant ni perdant (le taux de banqueroute en Chine est infime). Un régime étatiste peut sembler pouvoir marcher sur l’eau.

Ce qu’il ne peut pas faire, en revanche, c’est dégonfler une bulle pour promouvoir la stabilité.

Une phase de croissance engendre un crescendo de créations d’entreprises, d’investissements, d’emprunts et de spéculation au sein d’une population qui ne peut pas être contenue sans que le pouvoir central resserre le poing. Mais les camarades de Pékin ont enclenché le mode « Père Noël de croissance » depuis si longtemps qu’ils ne savent plus comment lâcher leurs gendarmes économiques.

C’est en partie parce que leur arrogance les empêche de voir le château de cartes qu’est devenue la Chine aujourd’hui, et aussi parce qu’ils comprennent sans aucun doute que la popularité du parti, sa légitimité et même sa viabilité seraient compromises s’ils cessaient de remplir la coupe de punch. Observez les foules en colères qui descendent dans les rues lorsqu’un entrepreneur en banqueroute décide de fermer son usine, ou lorsque des développeurs sont forcés de vendre au rabais des appartements de luxe qu’ils ont vendus à des épargnants ou des spéculateurs de la classe moyenne, ou lorsque les banques tentent de se soustraire du remboursement d’actifs qu’elles ont vendus à des affiliés sous une porte dérobée, ou lorsque des millions de paysans ruraux se retrouvent sans rien après que leurs terres aient été expropriées par des officiels locaux et des développeurs à la recherche, respectivement, de quotas et de grosses fortunes.

En clair, la population chinoise « ne peut pas accepter la vérité », comme l’a dit Jack Nicholson. Elle pense désormais avoir droit à un buffet sans fin, et s’attend à ce que chaque parti et appareil d’Etat le lui fournisse. En conséquence, Pékin a eu recours à une stratégie qui n’est autre que marcher sur la pointe des pieds autour du pot et entreprendre une série de manœuvres pour tenter de contenir la mania sur le crédit et la construction.

Mais ces initiatives mitigées n'ont fait que pousser la bulle du crédit un peu plus loin sous le régime capitaliste opaque de la Chine, ce qui veut dire que son instabilité intrinsèque a été exacerbée. Les boules de billard qui ont roulé sur la table depuis que Pékin a tenté de réduire les prêts accordés par les banques d’Etat il y a quelques années en sont un exemple frappant.

Au départ, les grosses banques ont tenté d’éviter un rehaussement du plafond de la croissance de la dette en retirant quelques pages du cahier de stratégies de Citigroup, un affilié qui travaillait hors-bilans au sein de ce que l’on appelle le système bancaire parallèle. Ces affiliés ont inventé des produits qui étaient essentiellement des certificats de dépôt qui rapportaient deux ou trois fois le plafond régulé des comptes de dépôts classiques. Comment ces affiliés ont-ils pu tirer des profits en payant disons 12% pour des fonds ? Ne vous en souciez pas ! Le département du prêt des banques d’Etat ont référé leurs emprunteurs en banqueroute ) leurs affiliés qui leur ont à leur tour proposé une offre qu’ils ne pouvaient refuser – 20% de leur argent sur 12 ou 24 mois, sans quoi ils se trouveraient radiés par la banque parente.

Le château de cartes du crédit a donc été élargi, étendu et criblé de toujours plus de falaises de dettes. Depuis 2010, les produits du système bancaire parallèle sont passés à plus de 6 trillions de dollars.

Mais voilà que la bulle du crédit se déplace vers le secteur des emprunteurs zombies que sont les opérateurs de mines de charbon, qui ont toujours bénéficié d’un important effet de levier mais font aujourd’hui face à une baisse de la demande et à un effondrement des prix lié aux mesures prises par Pékin contre la pollution. Les 6 trillions de prêts accordés par le système bancaire parallèle sont tout l’opposé d’un capital d’emprunt de long terme : ils sont des bombes à retardement qui prennent la forme de crédits sur 12 ou 24 mois, accumulés sur une couche de maturités qui ne fera qu’intensifier la crise à venir.

Les régulateurs bancaires ont récemment lancé une campagne à l’encontre des prêts accordés par le système bancaire parallèle, mais continuent de croire en une asymétrie des cycles de croissance et de récession en Chine. La nouvelle expansion du crédit migre vers le dernier refuge des bulles en fin de vie : les corporations non-financières injectent d’importantes sommes sur le secteur du prêt spéculatif. Comme le présente cet extrait d’un article tiré du Wall Street Journal, ces prêts ont désormais atteint des proportions épidémiques, et sont la réponse directe aux efforts de Pékin de régner sur la bulle du crédit monumentale de la Chine :

Ces prêts accordés par une société à une autre représentent le secteur le plus florissant du système bancaire parallèle chinois, et apportent une source de crédit extérieure aux canaux bancaires traditionnels. La multiplication de ces prêts était équivalente l’an dernier à près de 30% des prêts accordés par les banques en yuans – plus de deux fois le pourcentage de 2012. Cette hausse est d’autant plus prononcée par le fait que le financement social de la Chine, une mesure de création de crédit, a baissé de 561,2 milliards de yuans sur la même période, en grande partie parce que d’autres formes de crédit parallèle ont décliné à mesure que Pékin cherchait à régner sur la croissance de la dette.

Les économies modernes assoiffées d'endettement et les systèmes financiers dominés par les ateliers de frappe monétaire de leurs banques centrales refusent d’apprendre les leçons de l’Histoire. Mais dans le cas de la Chine et des prêts accordés par des firmes commerciales et industrielles, les leçons à tirer sont claires comme de l’eau de roche. Au cours du dernier relâchement du marché boursier américain en 1928-29, les opérations de prêt avec appel de marge sont passées de 5 à 10% du PIB en 12 mois, et la vaste majorité de cette expansion a été causée par des corporations spéculant grâce à leurs excès de liquidité – obtenus sur le marché boursier !

Plus fou encore est le relâchement de la bulle japonaise entre 1988 et 1990, baptisé Zaitech pour l’ingénierie financière. Les corporations ont à l’époque levé d’importantes quantités d’argent sur le marché des obligations pour le transférer sur le marché boursier en route vers 50.000.

Les capitalistes chinois ne font que rejouer Zaitech avec une touche locale. Les sociétés non-financières convertissent leur argent – qui devrait être épargné – et les prêts accordés par les banques d’Etat en jetons de Poker pour spéculer sur un marché du prêt qui a grand besoin de financement. Lorsque l’Etat n’aura plus la volonté ou la capacité de supporter ce qui deviendra une spirale de défauts chez les petites et moyennes entreprises, l’effondrement qui surviendra fera passer la crise japonaise pour un piquenique scolaire.

C’est à ce moment-là que le poing d’acier de l’Etat devra entrer en jeu. Les gendarmes économiques seront déployés par les camarades désespérés de Pékin. Les procès contre les ennemis de l’Etat se prolifèreront et les rues seront emplies de masses privées de leur droit à une prospérité permanente. La machine de croissance chinoise s’éteindra brusquement. Et le miracle chinois sera dévoilé. Il n’a jamais existé.


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Bonjour
Je reviens de deux voyages en Chine et je ne vois pas l'avenir de ce pays comme cet auteur;
Il ne faut pas oublier plusieurs points
1° La Chine en population représente 3 fois l'Europe. La France nous ne sommes presque rien
2° La Chine bénéficie de fonds accumulés en dollars qui la mettent en sécurité sur le marché mondial
3° La Chine a un marché extérieur excédentaire.
Alors c'est vrai les chinois vivent ce que nous avons vécu après la dernière guerre :
il faut tout acheter : l'appartement , l'électro ménager, ils savent qu'ils ne pourront tous avoir une voiture
vu le nombre 1 600 000 000 d'habitants.
Qu'avons nous fait après guerre avec nos dettes, nous avons dévalué et elles ont été toutes payées,
les chinois font et feront pareil, il ne faut pas s'inquiéter ce pays maintenant est beaucoup mieux géré que le notre.
La population veut accéder à notre niveau de consommation, elle peut aujourd'hui comparer
donc il n'y a pas à se faire des soucis sur cette économie AU MOINS POUR 30 ANS.
Je crois au contraire que la Chine désire avoir une monnaie reconnue internationalement
et elle accumule de l'or pour ceci. On peut s'attendre au contraire qu'un jour ou l'autre
elle refuse les dollars et impose sa monnaie. Cela risque de faire TRES TRES MAL à l'occident,
et pourtant je crois qu'on y va en droite ligne.
Les chinois ont conscience qu'ils ont dominé scientifiquement le monde à une époque ancienne
ils veulent revenir à cette position et ils sont bien partis pour.
Un pays qui doit équiper entièrement ses ménages avec des gens très vaillants
ne peut aller à la ruine. Il y aura probablement des crises sociales, mais c'est bien le propre
du capitalisme et pour beaucoup ces crises sont nécessaires.
Je crois qu'il y a beaucoup plus de soucis à se faire pour notre vieille Europe
et pour l'avenir de nos enfants.
signé LULULU
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Un problème ce pose, notre planète est en surpopulation et surexploitation, il faudrait plusieurs planètes si on devait tous vivre comme un américain. La Chine exporte parce que les Occidentaux achètent, le jour où ce cycle s'arrêtera je donne pas cher de la peau des millions de travailleurs chinois, précarité et chômage en perspective... l'avenir ne sera pas rose.
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Dekyus - 6/28/2014 at 7:06 PM GMT
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