De nombreux pays à travers le monde se tournent vers l’or alors que les incertitudes concernant l’économie mondiale ne cessent de grandir. Les guerres commerciales et les politiques agressives des États-Unis poussent certaines nations à se retirer des marchés des actifs libellés en dollars, d’après des analystes interrogés par Russia Today.
« Nous pouvons nous attendre un changement des règles du jeu dans un futur proche. Au début de l’année, les pays en voie de développement furent les premiers à être confrontés à la panique des investisseurs. Si une crise en Amérique latine ou en Asie du Sud ne surprend personne, le moment est venu de se faire du souci pour les grandes économies de la planète », a déclaré à RT Mikhail Mashchenko, analyste du réseau social des investisseurs d’eToro pour la Russie et les pays voisins.
« La politique agressive des États-Unis, initiée depuis quelques années, a contraint certains pays à chercher une alternative au dollar. Notamment en accumulant de l’or. Les inquiétudes concernant la croissance mondiale future sont une autre raison d’acquérir du métal. De nombreux pays questionnent le protectionnisme de Donald Trump », a ajouté l’analyste.
Les risques s’amoncellent
Des signes semblent indiquer que le système financier mondial dominé par le dollar américain pourrait s’effondrer, selon Denis Lisitsyn, analyste de l’institut financier FinIst. Ces signes comprennent les émissions intempestives de monnaie par différents pays, l’augmentation des taux d’intérêt, les guerres commerciales, la hausse rapide des coûts de l’énergie, les tensions géopolitiques en Syrie, en Irak, ainsi que les guerres du Yémen.
« De nombreux pays anticipent en achetant de l’or. Ils comprennent que la valeur de l’argent papier est constamment érodée par l’inflation, qu’en cas de crise les marchés actions chuteront, que les dépôts à l’étranger peuvent être gelés ou confisqués », a-t-il déclaré.
La Hongrie, la Pologne, la Russie, la Chine, l’Inde, la Turquie, l’Arabie saoudite… tous ces pays accumulent de l’or, note Vladimir Rozhankovsky, expert de l’International Financial Center.
« Il y a peu d’alternatives aux obligations américaines en termes de volumes disponibles et de liquidité. Et les pays les plus prudents veulent consolider leurs réserves. L’or est, de facto, la seule alternative. Même pour ceux qui ne croient pas aux vertus du métal », a-t-il déclaré.
Dans de telles conditions, de nombreuses banques centrales perçoivent l’or comme une valeur refuge de tradition, qui leur permet de contracter une assurance contre d’éventuelles turbulences des marchés, a déclaré Mark Goihman, chef analyste chez TeleTrade. « Après tout, le cours de l’or a tendance à grimper durant les crises. De plus, il peut servir de support à la valeur de la devise nationale. De nombreux pays, en particulier la Chine et la Russie, se tournent vers l’or par opposition à leur dépendance à un dollar dominant. Ces pays réduisent l’exposition de leurs réserves au dollar », a-t-il déclaré.
Mais il n’y a pas que la Chine et la Russie qui se tournent vers l’or, comme le note Lisitsyn. L’Allemagne a rapatrié plus de 300 tonnes d’or, les Pays-Bas environ 100 tonnes de lingots. La Turquie a acheté 187 tonnes de métal l’année dernière. Ankara a également rapatrié des lingots d’or qui étaient stockés à la FED de New York.
L’Iran est un autre pays qui a utilisé l’or pour stabiliser son économie. « L’Iran a été contraint de basculer vers un système de paiement en or. Une économie faible et une inflation en hausse ont forcé Téhéran à injecter de l’or sur le marché domestique. Après quoi l’économie iranienne s’est stabilisée, tandis que la monnaie locale s’est appréciée », a-t-il ajouté.
« De nombreux pays voisins, comme la Turquie, ont également bénéficié des règlements en or. La Turquie a pu ainsi dégager un excédent commercial et assister à la stabilisation de la lire turque », a-t-il conclu.