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L’État
aide les entreprises avec de l’argent public : cette
hérésie économique est devenue le credo des
gouvernements français qu’ils soient de droite ou de gauche.
Trois chiffres résument bien la situation : 6 000 aides sont fournies
par une administration de 15 000 fonctionnaires et distribuent 110 milliards
d’euros par an. Ce maquis d’aides est géré par une
administration qui ne coûte pas moins de 700 millions d’euros en
frais de fonctionnement annuel.
L’industrie
française est ainsi aidée à hauteur de 2 milliards
d’euros, l’agriculture à hauteur de 4 milliards
d’euros et des aides sont distribuées sous toutes leurs formes
aux commerçants, aux artisans, à la culture, au cinéma :
à chacun son aide. Et tout ça pour quoi ? Pour une
économie en perte de vitesse depuis bien trop longtemps, avec -0,2% de
croissance au premier trimestre 2013, un chômage qui ne cesse
d’augmenter de mois en mois pour atteindre 10,8% en mai, un climat des
affaires qui se dégrade et une dynamique économique
défavorable selon l’Insee.
Mais plus
particulièrement, lorsqu’un chef d’entreprise accepte ou
sollicite une aide publique, il commet deux fautes graves : l’une envers
les contribuables et l’autre contre sa propre entreprise.
Première
faute : l’entrepreneur aidé prend en fait l’argent des
contribuables. Rappelons cette
vérité trop oubliée que Margaret Thatcher avait si bien
défini : « L’argent public n’existe pas, il
n’y a que l’argent des contribuables. » Ce sont donc les
contribuables, à qui on ne demande pas leur avis, qui financent toutes
ces aides. En conséquence, chacun d’entre nous devient de fait
un investisseur. En effet, soyons logique, si notre argent, par les aides et les
subventions, apporte un concours financier à des entreprises, cela
s’appelle bien un investissement. Or qui dit investissement, dit retour
sur investissement. Où est-il ? Nulle part. Or, comme tout actionnaire
qui reçoit des dividendes quand son investissement permet la bonne marche
de l’entreprise, chaque
contribuable serait en droit d’attendre un retour sous une forme ou
sous une autre. Mais à ce jour, cet « investissement
contribuable » est perdu, sûrement au nom de la
générosité nationale.
Deuxième
faute : l’entrepreneur aidé abandonne sa propriété
et sa liberté. Accepter l’aide de l’État,
c’est accepter que l’État s’immisce dans les
affaires de l’entreprise. Inévitablement, du fait de cette ingérence,
l’intervention étatique grandit dans l’économie.
Frédéric Bastiat déconseillait déjà au
siècle dernier aux entrepreneurs d’entrer dans ce dangereux
processus « qui substitue la volonté du législateur
à leur propre volonté, l’initiative du législateur
à leur propre initiative. »
Il avait sans
doute raison quand on constate que plutôt que de vaquer à leurs
affaires, les chefs d’entreprise jugent bon de participer à des «
Assises de l’entrepreneuriat », au Palais de
l’Élysée et d’écouter François
Hollande leur expliquer ce qu’ils doivent faire et comment
l’État s’occupera d’eux.
Alors se
produit pour les entrepreneurs ce que Bastiat a décrit : « Ils
n’ont plus à se consulter, à comparer, à
prévoir ; la Loi fait tout cela pour eux. L’intelligence leur
devient un meuble inutile ; ils cessent d’être hommes ; ils
perdent leur Personnalité, leur Liberté, leur
Propriété. » Au final, l’État décide
des investissements privés, des secteurs prioritaires et choisit qui
doit être aidé. François Hollande et Jean-Marc Ayrault ne
font pas autre chose avec la Banque publique d’investissement et le
crédit d’impôt compétitivité emploi.
La pire des
choses qui puisse arriver à une économie est que les
entrepreneurs perdent l’esprit d’entreprise. Or c’est bien
ce qui arrive en France : beaucoup d’entreprises ont perdu la culture
du risque, de l’investissement et de la levée de fond pour
attendre l’aide de l’État. Un État qui par ailleurs
matraque fiscalement ces mêmes entreprises. Cette schizophrénie
fiscale n’a aucun sens. Les entrepreneurs ont tout à y perdre.
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