« Il est évident que les adversaires de
la tendance qui vise à l’expansion des pouvoirs du gouvernement décrivent
leur opposition comme un combat contre Washington et contre Berne, ou plus
précisément contre la centralisation. Il s’agit de la lutte des droits des
Etats contre le pouvoir central ».
« J’ai vu en le droit des
Etats la dernière limite à l’absolutisme de la volonté souveraine, et la
Sécession m’a rempli d’espoir, non pas comme objet de destruction mais comme
objet de rédemption de la démocratie ».
- Lettre
écrite par Lord Acton au Général Robert E.Lee,
4 novembre 1866
Les entrepreneurs de la Silicon Valley cherchent-ils à rétablir
l’esclavage pour forcer des hommes à assembler leurs ordinateurs et autres
produits électroniques ? Un certain Anand Giridharadas,
dans son article écrit le 28 novembre pour le New York Times, aimerait
pouvoir nous en convaincre. Voici ses phrases d’ouverture :
« D’abord le Sud esclavagiste, et puis ça. La Silicon
Valley tente-t-elle de faire sécession avec les
Etats-Unis ? »
Giridharadas est apparemment horrifié du discours
tenu par l’entrepreneur de la Silicon Valley du nom de Balaji
Srinivasan à l’Université de Stanford lors duquel il a appelé à une
« sécession avec la société Américaine » et son état guerrier et
providence adepte du pillage.
Comme tous les autres
étatistes, qu’ils appartiennent ou non à la machine gouvernementale, à chaque
fois que le mot en S (Secession, ndt) est mentionné, Giridharadas fait tout son possible
pour censurer le débat sur la sécession en insinuant que prendre cette idée
au sérieux représenterait une sorte d’approbation de l’esclavage ou
d’apologie de la Confédération, une institution démonisée comme aucune autre
par l’Etat Américain depuis plus de 160 ans (ce même Etat qui a autorisé et
rendu légal l’esclavage par le biais des lois relatives à la fuite d’esclaves
entre la fin des Guerres Révolutionnaires en 1783 et 1866).
En plus de cet absurde jeu de
censure, l’avocat typique de la bureaucratie centralisée ment à propos de
l’Histoire ou répète des slogans aussi incorrects qu’insensés. C’est ce que
fait Giridharadas lorsqu’il écrit « D’abord le
Sud esclavagiste, maintenant ça ». A dire vrai, le « Sud
esclavagiste » n’a pas été le premier à demander le droit de faire
sécession. Les colons Américains ont fait sécession avec l’empire Britannique
pour créer la confédération connue sous le nom d’Etats-Unis. L’Amérique est née
de la sécession. La Déclaration d’Indépendance est la déclaration de
sécession par laquelle les Etats individuels sont devenus libres et
indépendants.
Les premiers Américains à parler de sécession après la Révolution ont été les
fédéralistes de Nouvelle-Angleterre, qui haïssaient Jefferson et ses idées de
gouvernement limité, qui ont imposé l’embargo commercial qu’il avait imposé
en tant que président comme alternative à une guerre contre l’Angleterre et
étaient particulièrement opposés à la guerre de 1812. Les citoyens de
Nouvelle-Angleterre ont fait sécession lorsque leur pays était en guerre en
ne participant pas à la guerre de 1812.
Josiah Quincy était tant en
colère contre les immigrants qui seraient autorisés à entrer dans son pays
après l’achat de la Louisiane qu’il a déclaré que « les liens établis
par l’Union étaient désormais effectivement rompus » et que « tous
devraient se préparer pour une séparation », ou si vous préférez, une
sécession (voir Daniel Wait Howe, Political History of Secession, p. 135). S’est ensuite développée
une croisade de dix ans pour la sécession de la Nouvelle-Angleterre dirigée
par Senaor Timothy Pickering, originaire du
Massachussetts, qui a également été le Secrétaire de la Guerre de George
Washington. Après avoir dénoncé la dépravation de Jefferson dans une lettre
écrite à George Cabot, Pickering aurait dit que « les principes de notre
révolution visent à un remède – la sécession ».
Les citoyens de
Nouvelle-Angleterre ont discuté l’idée d’une sécession une décennie durant,
et leurs débats ont culminé en 1814 avec la Hartford Secession
Convention. A l’occasion de cette convention, ils ont décidé d’essayer
de renverser le gouvernement national plutôt que de s’en séparer, mais seules
très peu de voix se sont élevées pour décréter que les Etats individuels
n’avaient pas le droit de faire sécession. Il était largement compris que les
Etats « libres et indépendants » étaient des Etats souverains qui
avaient le droit de participer ou non à l’Union. Le Rhode
Island et la Virginie ont donc imposé comme condition à la ratification du
traité de New York que leur soit réservé le droit de faire sécession dans le
futur si l’Etat fédéral venait à mettre en danger leurs libertés. Puisque
tous les Etats (dont ceux qui ont rejoint l’Union après les treize premiers)
ont des droits égaux sous la Constitution, il était également compris que ces
trois Etats n’étaient pas les seuls à avoir le droit de faire sécession. Tous
les Etats en disposaient.
Lincoln a menacé d’invasion et
de bain de sang les Etats qui ont tenté de faire sécession à l’occasion de
son premier discours d’investiture, qui lui a plus donné l’image d’un
dictateur communiste du vingtième siècle que d’un Père Fondateur des
Etats-Unis. Au contraire, dans son premier discours d’investiture, Thomas
Jefferson a décrété que « S’il y en ait
parmi nous qui souhaiteraient dissoudre cette union ou changer sa forme
républicaine, les laisser se tenir calmes comme monuments de la sûreté avec
laquelle l’erreur de l’opinion peut être tolérée où la raison est laissée
libre pour la combattre ».
Dans une lettre écrite le 29
janvier 1804 au Dr. Joseph Priestly, Jefferson a
écrit ceci : « que nous demeurions une confédération ou devenions
deux confédérations distinctes du Mississippi et de l’Atlantique n’importe
que très peu au bonheur. Les confédérations de l’ouest seront autant nos
enfants et nos descendants que les confédérations de l’est… et si je
percevais une séparation future, je devrais ressentir le devoir et le désir
de promouvoir les intérêts de l’ouest aussi fermement que ceux de
l’est ».
Lorsque John C. Breckenridge lui a demandé ce qu’il pensait du mouvement
de sécession de la Nouvelle-Angleterre, il a répondu le 12 août 1803 que s’il
devait y avoir une séparation, « que Dieu les bénisse tous et qu’il les
garde dans l’Union pour leur bien ou les laisse s’en séparer si besoin
est ».
Un mouvement est également né
au sein des « Etats du milieu » (New York, New Jersey, Maryland,
Pennsylvanie, Delaware) dans les années 1850, comme nous le rapporte William
C. Wright dans son livre The Secession
Movement in the Middle Atlantic States.
C’est pourquoi à l’aube de la guerre qui a prévenu la sécession des Etats du
sud, une grande majorité des journaux des Etats du nord se présentaient comme
en faveur d’une sécession pacifique des Etats du sud, comme nous l’explique
Howard C. Perkins dans Northern Editorials on Secession. Un édito typique est celui du
Cincinnati Daily du 21 novembre 1860 : « Nous pensons que le droit
de chacun des membres de notre confédération de dissoudre ses relations
politiques avec les autres pour assumer une position indépendante est absolu
– et qu’en d’autres termes, si la Caroline du Sud désire quitter l’Union,
elle a le droit de le faire, et aucun pouvoir ou parti n’est en mesure de le
lui refuser ».
Le 17 décembre 1860, le New
York Daily Tribune a écrit que si la tyrannie et le despotisme justifient la
Révolution de 1776, alors « il n’y a pas de raison qu’ils ne justifient
pas la sécession de cinq millions de citoyens du sud en 1861 ». Le New
York Journal of Commerce a écrit le 12 janvier 1861 qu’en s’opposant à leur
sécession, les citoyens du nord transformeraient la nature de leur
gouvernement d’une union volontaire au sein de laquelle les Etats sont
souverains en une union despotique dont les citoyens sont les esclaves. Sous
une Union maintenue par les menaces d’invasion et de bain de sang de Lincoln,
tous les citoyens sont les esclaves de l’Etat, et pas seulement une partie
d’entre eux.
Saluons Balaji
Srinivasan et les libertaires sécessionnistes de la Silicon
Valley !