Les
Américains appartiennent-ils à une nation ? Peut-être devrais-je formuler
la question ainsi : La « République qu’ils défendent »
est-elle réellement une « nation indivisible » ? Existe-t-il
réellement une nation américaine ?
Je
ne le pense pas. Je suppose qu’il s’agit d’une fiction politique, d’un mythe
qui vise à soutenir le gouvernement. Je suis d’avis que si nous observions de
près la définition de nation, nous découvririons qu’elle est toujours liée à
l’idée de gouvernement. Il n’existe rien de plus que des tentatives
d’accepter, et donc de défendre (de rationaliser) le gouvernement. Les
définitions du terme « nation » sont des excuses pour justifier la
présence de gouvernements. C’est-à-dire qu’une fois que nous acceptons l’idée
qu’un peuple représente une nation, nous devons aussi accepter le fait que ce
peuple ait un gouvernement, et que c’est ce gouvernement qui définit ce
peuple en tant que nation. C’est un rapport circulaire. C’est une
conceptualisation qui empêche tout individu de remettre en question les idées
de bases impliquées. Je remets en question ces idées.
Existe-t-il
une nation américaine, et quelles sont les caractéristiques de ses membres
qui la définissent ? Si de telles caractéristiques existent réellement,
impliquent-elles un gouvernement que tout membre est forcé d’accepter ?
Je
suis d’avis que ceux qui soutiennent l’idée d’une nation pour un gouvernement
exprimée dans le Serment manquent de nous apporter une idée claire des
caractéristiques partagées par chaque habitant de ce sol et qui en fait une
nation. Ayant manqué de satisfaire à cette tâche, ils ne nous expliquent pas
non plus pourquoi cette supposée nation doit avoir un gouvernement, et encore
moins un gouvernement du genre de celui que nous avons aujourd’hui, un gros
gouvernement, paternel et puissant.
Les
gouvernements de toutes tailles, et notamment les plus élargis, soutiennent
l’idée que les Américains forment une nation indivisible. Cette idée est l’un
des fondements de l’idée qu’il doive y avoir une série de lois
gouvernementale imposée à tous ceux qui vivent au sein de certaines
frontières territoriales. Cette conclusion dérive de trois autres
présomptions. La première est l’idée que tout individu vivant au sein de ces
frontières soit un membre de la nation en question. La deuxième est l’idée
que, d’une manière ou d’une autre, cette appartenance donne vie à l’amalgame
de tous les individus du territoire, et que cet amalgame soit synonyme d’une
approbation face à l’existence d’un gouvernement. La troisième idée est que
cette nation ait des désirs, des besoins, des objectifs et des aspirations
identifiables.
Il
existe une quatrième idée que ceux qui soutiennent le gouvernement défendent et
invoquent, et qui est le fait que les dirigeants intellectuels et
gouvernementaux puissent identifier les attentes et les désirs du peuple. Non
seulement peuvent-ils les identifier, ils peuvent également mettre en place
des lois pour aider les gens à les réaliser.
Prenons
par exemple Cass Sunstein,
un membre articulé de l’établissement, qui écrit que « l’objectif de
Roosevelt était de donner une nouvelle vie aux aspirations qui définissent la
nation ».
C’est
idées sont au mieux fragiles, infondées et injustifiées. Au pire, elles sont
erronées, fallacieuses et cruellement trompeuses, et divertissent une
quantité significative d’énergie vers des fins contre-productives et
dysfonctionnelles.
Qu’est-ce
donc qu’une nation ? C’est que nous appelons en mathématiques un
ensemble. Un ensemble est défini par des membres qui possèdent des propriétés
connues. Voici ce que Wikipédia nous dit de la nation : diverses
propriétés peuvent identifier une nation. « Des peuples qui partagent
une langue, une culture, une ethnicité ou une histoire commune ». En
revanche, aucune d’entre elle ne suffit à définir l’idée d’un peuple
américain. Beaucoup de non-américains parlent anglais. Les Américains sont des
gens de nombreuses ethnicités et origines. Chaque personne a sa propre
histoire, personnelle et familiale. Nous ne pouvons inférer un gouvernement
aux Américains sur le principe qu’ils aient une histoire commune, qui en
elle-même est de nature politique et ne se traduit pas par une définition
circulaire du mot nation. Et nous ne pouvons inférer un gouvernement de la
culture ou d’une langue.
La
définition donnée au mot nation par le dictionnaire en ligne Merriam-Webster est circulaire et n’a aucune valeur aux
yeux de ceux qui chercheraient à comprendre comment un gouvernement dérive
d’une nation. Elle nous dit qu’un « vaste territoire est contrôlé par
son propre gouvernement ». Elle ajoute également qu’une nation est
« une nationalité politiquement organisée ». Rien de plus circulaire.
Une nation est donc un groupe politiquement organisé. Wikipédia dit aussi
ceci : « Le XVIIIe siècle a apporté une altération à la
signification du mot nation, qui est alors devenu le terme utilisé en
référence à un groupe possédant un gouvernement souverain reconnaissable et
des frontières physiques. Cette nouvelle définition s’aligne plus avec le
concept d’Etat-nation ».
Si
je demandais quelles propriétés les membres d’un certain groupe possèdent
dans un ensemble appelé nation, on me répondrait donc qu’ils vivent tous au
sein d’un territoire défini contrôlé par un gouvernement.
Accepter
l’idée que les Américains forment une nation est, selon le concept actuel,
accepter qu’ils aient un même gouvernement. Gouvernement dont les lois
parlent légitimement pour la nation. Ce qui nous mène ensuite aux autres
présomptions que j’ai déjà soulignées : vous êtes automatiquement membre
de cette nation du fait de votre localisation au sein d’un territoire particulier.
Vous êtes rattaché à un groupe et devez accepter son gouvernement. Ce groupe
a des aspirations qui dépassent les vôtres. Les dirigeants du gouvernement
identifient vos espoirs et désirs et établit des lois pour vous aider à les
réaliser.
Pour
porter encore plus loin cet ensemble de présomptions, nous pouvons dire que
ce que vous êtes et ce que vous possédez ne vous appartient pas. Vous ne
faites pas simplement qu’interagir avec les autres membres de votre nation.
Vous êtes tous unis sous un gouvernement, vous êtes interdépendants les uns
des autres. Vous acceptez les taxes. Vous acceptez les lois. Elles
définissent votre liberté. Vous n’êtes pas un Homme. Vous êtes un membre.
Vous vivez au sein d’une nation, et sous un gouvernement. Vous devez payer
des taxes. Si vous ne vous pliez pas aux règles, vous serez à la fois pauvre
et non-libre. Voici ce qu’a écrit Cass Sunstein :
« Dans
quel sens l’argent qui se trouve dans nos poches et nos comptes en banque
est-il le nôtre ? L’avons-nous gagné de nos efforts autonomes ?
Aurions-nous pu en hériter sans l’assistance de la Cour des
successions ? Aurions-nous pu l’épargner sans l’assistance des
régulateurs bancaires ? Pourrions-nous le dépenser en l’absence des
fonctionnaires qui coordonnent les efforts et rassemblent les ressources de
la communauté dans laquelle nous vivons ? Sans taxes, il n’y aurait pas
de liberté. Sans taxes, il n’y aurait pas de propriété. Sans taxes, très peu
d’entre nous auraient des actifs qui vaudraient d’être protégés. Il est
absolument faux que certaines personnes puissent jouir de leurs droits sans
imposer un fardeau sur le reste du public. Il n’y a pas de liberté sans
dépendance ».
Mais
que sait le professeur Sunstein de ceux qui m’ont
aidés dans la vie, de ce à quoi je suis parvenu tout seul, du rôle que
d’autres ont pu jouer, qu’ils soient famille, amis ou ennemis, étrangers,
personnes décédées au travers de leurs livres et articles, ou fonctionnaires
publics ? Qui est-il pour décrété savoir quelles taxes je paie et ce que
j’obtiens en retour ? Comment sait-il ce que
je possède et qui n’aurait pu être mien en l’absence d’un gouvernement ?
Comment détermine-t-il le fardeau que j’impose aux autres ? Comment sait-il que j’apporte quoi que ce soit aux autres ?
Il
continue cependant de dire savoir des choses dont il ne peut pas possiblement
avoir la connaissance, et le savoir suffisamment bien pour décréter que je
sois moi-aussi un MEMBRE de cette communauté (qui ici signifie nation) de
laquelle il parle. Il ne sait plus ce qu’est être un HOMME, et réduit la vie
d’un Homme à sa dépendance au gouvernement.
La
prochaine fois, il viendra me dire comment je dois vivre. Si ce n’est pas
déjà ce qu’il fait :
« Le
droit à la propriété privée, la liberté d’expression, l’immunité face aux
abus policiers, la liberté contractuelle et la liberté de religion – de la
même manière que le droit à la sécurité sociale et aux coupons repas – sont
financés par les contribuables et les services sociaux établis par le
gouvernement pour améliorer le bien-être individuel et collectif ».
Mon
bien-être individuel est amélioré, me dit-il, par l’état-providence. Le 10
mai 2006, il écrivait encore ceci :
Je
n’ai nullement mentionné comment ce territoire a été formé, puisque le faire impliquerait
un certain nombre de facteurs. Le premier est la guerre. Si une nation
s’identifie par son gouvernement territorial et les gens qui peuplent
l’intérieur de ses frontières, la guerre n’est-elle pas dans une majorité de
cas le facteur le plus important pour l’apparition de ces frontières par
lesquelles sont définies les nations ? Pourquoi donc prêter serment à un
tel résultat politique, et pourquoi en devenir membre ? Comment une
telle attitude peut-elle être conciliée avec l’idée de prêter volontairement
serment à des valeurs en lesquelles on croit et qui n’ont rien à voir avec
une carte politique et un gouvernement ?