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Les faiseurs de miracles sont des bonimenteurs

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Published : September 05th, 2011
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Category : Editorials

 

 

 

 

Les eurobonds seront « l’instrument naturel » permettant de « concilier diminution de la dette et croissance », le miracle tant attendu étant ainsi accompli. Telle est la conclusion d’un article de Henri Elbaz et Hervé Lorenzi de l’Université Paris-Dauphine dans « La Tribune » d’aujourd’hui, qui considère leur adoption comme « une certitude », lorsque l’Allemagne en viendra à convenir qu’ils représentent la moins onéreuse des solutions pour elle, comparée à l’éclatement de la zone euro.


Après avoir énuméré les variantes possibles d’une émission de cet instrument de mutualisation de la dette européenne, reprenant les récentes suggestions émises par ses défenseurs, les auteurs en viennent à leur préconisation.


Ils y voient au passage, sans hélas expliciter leur propos, l’opportunité « d’un vrai véritable marché de la dette européenne, nécessaire à la finance mondiale ». On croit comprendre qu’il s’agit d’étayer à nouveau celle-ci grâce à des actifs hier solides et aujourd’hui chancelants. Permettant de mettre à la disposition des banques des valeurs sans risque afin de conforter leurs fonds propres. Ce sont toujours les non-dit qui sont décidément les plus intéressants.


Poursuivant l’analyse, Henri Elbaz et Hervé Lorenzi remarquent que « la difficulté actuelle est de suivre pour les pays en difficulté une trajectoire soutenable, c’est-à-dire telle que le ralentissement de la croissance ne vienne pas obérer les efforts exigés de réduction de l’endettement ». D’une manière générale, « la plupart des pays de la zone euro sont confrontés à un véritable mur de la dette à court terme », poursuivent-ils. Ils auraient pu ajouter que c’est également le cas des établissements financiers qui doivent faire face au roulement de la leur, qui n’est pas moins gigantesque.


Ils voient donc dans l’émission d’eurobonds la possibilité d’allonger la maturité de cette dette, tout en contenant son taux. Jusque-là, tout va bien.


Afin d’inciter les Etats à réduire leurs déficits en dépit de cette facilité – et combattre l’aléa moral – les eurobonds seraient assortis d’un dispositif incitatif : un taux plus élevé dans une deuxième période – une sorte de pénalité. Fort bien.


Mais voici le temps fort de la démonstration : le différentiel de taux, tout du moins dans la première période, entre celui que le marché accorde à un pays donné et celui dont ces eurobonds seraient porteurs permettrait de réaliser des économies et de financer – via « un mécanisme » non identifié – « des projets porteurs de croissance ». Et donc de faciliter le remboursement de la dette.


Aucune estimation chiffrée ne venant à l’appui de cette construction, il est difficile d’en mesurer la réelle portée financière. Manque également à l’appel l’amorce d’une réflexion sur ce que pourraient être les projets porteurs de croissance. Il est à craindre que les pistes rabâchées soient dans les circonstances récessives actuelles des pétitions de principe, une fois de plus. Même sophistiqué, un montage financier sophistiqué ne fait pas en soi le printemps !


L’énorme désendettement reste à accomplir. Jusqu’à quand faudra-t-il attendre pour qu’il soit reconnu que la stratégie censée le permettre reste inopérante ? N’ayant plus les ressources de faire fonctionner à plein régime le moteur à fabriquer de la dette, le capitalisme financier arrive au terme de ses contradictions. La baisse tendancielle du taux de profit prédite par Karl Marx a été surmontée grâce à la financiarisation de l’économie ; mais la globalisation a abouti à saper les bases mêmes de l’économie productive occidentale, faisant reposer l’ensemble sur une pointe. Poursuivre sur cette voie est un pari de plus, qui a désormais toutes les chances d’être perdu.


Une mise à plat générale ne pourra pas être éludée. Les plus savants parlent de « changement de paradigme » et annoncent que le temps en est venu, aussi inconcevable que cela puisse encore paraître. La nature même de la croissance économique est désormais en question, induisant une interrogation plus globale sur la société elle-même, à l’échelle de la planète et non plus seulement des pays que l’on disait avancés.


Aussi ingénieux soient-ils, les raccommodages ne sont plus de saison, comme les événements le démontrent jour après jour. Certains de ceux qui s’y essayent devront aller plus loin qu’ils ne sont prêts à le faire et ne le conçoivent aujourd’hui. D’autres resteront, comme vient de les qualifier Alistair Darling, ancien ministre travailliste des finances britannique sous Gordon Brown, pour les avoir bien fréquentés, « arrogants et stupides ».


Il faut avoir le courage (en ces temps où il est abusivement sollicité pour justifier une rigueur destinée aux autres et menant dans le mur) de remettre en cause ce qui de toute manière le sera. Et d’abandonner le conformisme pour le coup naturel des possédants – érigé en catéchisme pour premiers communiants – afin d’engager une aventure libératrice. L’époque, désormais, le permet.




 

 



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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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Ok pour la critique de Lorenzi / Elbaz.
Malheureusement, Jorion est dans une attitide similaire, avec des solutions pseudo scientifiques sur fond de sauce marxiste.
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Ok pour la critique de Lorenzi / Elbaz. Malheureusement, Jorion est dans une attitide similaire, avec des solutions pseudo scientifiques sur fond de sauce marxiste. Read more
toffcris - 9/5/2011 at 8:55 AM GMT
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