À l’occasion d’un colloque du conseil scientifique de l’Autorité
des marchés financiers qui s’est tenu à Paris le 20 juin dernier, le
gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a insisté sur
la nécessité de mieux former les Français aux rudiments de l’économie afin de
favoriser une meilleure intégration sociale, et surtout limiter les risques
de surendettement.
Ainsi, selon différentes études menées par la Banque de France, au moins un
tiers des ménages français ne disposent pas des connaissances économiques et
financières de base qui lui permettraient de comprendre des notions
élémentaires comme le calcul des intérêts, les effets de l’inflation sur
l’épargne ou encore le caractère plus ou moins risqué des produits
financiers. Pire encore, ces lacune toucheraient principalement les jeunes
dont on s’attendrait au contraire qu’ils soient mieux instruit des
problématiques actuelles et donc mieux préparés aux défis qui les attendent à
l’avenir. Selon l’enquête PISA, près de 20% des élèves de quinze ans
n’atteignent pas le niveau de compétence minimum en culture financière,
ce qui place la France très loin derrière nos voisins Allemands ou Suisses
par exemple. Certes, nos résultats sont comparables à ceux des Américains,
mais est-ce vraiment une référence culturelle satisfaisante ?
Une priorité d’équité sociale
Quoi qu’il en soit, pour François Villeroy de Galhau comme pour les
experts présents à ce colloque, “une meilleure éducation économique et
financière des Français est primordiale, à la fois pour l’équité sociale et
pour le bon fonctionnement de l’économie“. Car, non seulement
l’éducation financière contribue à une meilleure intégration sociale
des individus, en leur évitant par exemple l’exclusion financière
consécutive aux risques de surendettement, mais elle permet
aussi de corriger les différences qui existent entre les catégories de
population. En effet, de nombreuses études (comme par exemple celle menée en
2014 par le Comité consultatif du secteur financier de l’AMF) semblent
démontrer que les revenus, l’âge, le sexe, la structure familiale, le niveau
d’éducation générale ou encore la classe sociale sont autant de facteurs qui
jouent dans l’accès aux connaissances économiques et financières.
Concrètement, les hommes d’âge moyen, ayant une bonne situation
professionnelle, une certaine éducation et de confortables revenus ont
généralement un meilleur niveau d’éducation financière que les autres
catégories de population.
Des citoyens éduqués pour une économie efficace
Mais une bonne éducation financière participe également au bon
fonctionnement de la société, notamment sur le plan économique, car
elle permet aux individus de faire de meilleurs arbitrages, de mieux évaluer
les avantages ou les inconvénients d’une situation et, au final de procéder à
des choix d’investissement plus judicieux. De la même façon,
les personnes disposant d’une certaine connaissance des mécanismes
économiques de base sont capables de mieux orienter leur épargne
et de planifier sur le long terme, ce qui s’avère crucial dans un contexte de
vieillissement de la population et de réforme des systèmes publics de
protection sociale (retraite, dépendance, etc.). Ce constat est d’ailleurs à
rapprocher des conclusions d’une étude réalisée en mai dernier par OpinionWay pour
AuCoffre.com, qui montre que seul un Français sur deux se sent prêt à
faire face à un éventuel bouleversement de l’économie comme, par exemple,
la dématérialisation de tous les moyens de paiement : une majorité
de personnes est en effet encore très attachée aux instruments “historiques”
dont certains, comme le chèque par exemple, sont abandonnés par de plus en
plus de pays à travers le monde.
Les banques veulent mieux informer… pour mieux réguler
Enfin, si les autorités financières et bancaires mettent l’accent sur la
nécessité d’une formation initiale des citoyens à tous les âges de la vie, y
compris dès la scolarité des enfants, elles souhaitent également
accompagner le développement des technologies numériques en apportant
à la fois information et régulation lors des échanges commerciaux en ligne,
tant elles craignent que la dématérialisation des transactions se fasse au
détriment des moins informés en matière économique.
Des esprits chagrins, et aussi un peu suspicieux, suggèreront sans doute
que cette dernière préoccupation est davantage motivée par la crainte des institutions
bancaires de ne surtout plus maîtriser l’ensemble des flux financiers qui
passent de plus en plus souvent hors des canaux traditionnels.
Ainsi, toujours dans le cadre du sondage OpinionWay/AuCoffre réalisé en mai
dernier, 40% des Français utiliseraient régulièrement un service de paiement
en ligne de type Paypal, 14% auraient recours à une monnaie locale ou
complémentaire pour certains actes de leur vie quotidienne, 8% règleraient
leurs achats avec une carte de paiement non bancaire de type VeraCarte et 5%
seraient même habitués à utiliser des monnaies totalement virtuelle comme le
Bitcoin.