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Les gouvernements ont besoin de l’inflation, pas les économies

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Published : October 28th, 2014
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Category : Editorials

Dans un article publié le 10 octobre par le journal britannique The Telegraph, le correspondant économique Ambrose Evans-Pritchard a mis à nu la vérité à propos de l’habitude actuelle d’embrasser l’inflation comme étant une panacée économique. Alors que les politiciens, les économistes et les PDG parlent du stimulus de la demande et s’inquiètent de la trappe déflationniste, Evans-Pritchard nous rappelle que l’inflation a, et a toujours eu, à voir avec la gestion de la dette.

Chaque année, la dette des gouvernements mesurée en pourcentage de leur PIB, sur les marchés émergents aussi bien que dans les économies développées, continue de grimper. A mesure que les ratios atteignent de nouveaux records, notamment dans le sud de l’Europe, la possibilité de se débarrasser de la dette par la monétisation devient la seule issue possible à un défaut. Evans-Pritchard cite un analyste de Bank of America, selon lequel même une inflation faible (sans même parler de déflation) représente une « très grosse menace pour les dynamiques de la dette publique ». La directrice du FMI Christine Lagarde a porté cette rhétorique plus loin encore en annonçant au Washington Press Club que la « déflation est un ogre à combattre à tout prix ». En d’autres termes, les gouvernements ont besoin de l’inflation pour demeurer viables. Elle est la drogue dont ils ne peuvent se passer.

Mais comme cette simple vérité est trop embarrassante pour être admise, les politiciens et les banquiers centraux (et leurs apologistes académiques, journalistiques et financiers) ont concocté toute une variété de théories torturées pour expliquer pourquoi l’inflation n’est pas seulement utile aux gouvernements surendettés, mais un outil économique utile à tous. Grâce à la victoire d’une propagande dont même Goebbels serait envieux, beaucoup pensent aujourd’hui que le pouvoir d’achat doive diminuer pour qu’une économie puisse prospérer.

Malgré tous les siècles passés qui ont pu nous prouver le contraire, ils continuent de penser que si les prix ne grimpent pas d’au moins 2% par an, les consommateurs ne dépenseront pas, les entreprises n’embaucheront pas, et les économies sombreront dans une spirale déflationniste qui leur sera fatale. Pour empêcher cela, ils recommandent aux gouvernements de dépenser sans faire grimper les taxes. Non seulement un tel principe nécessite un stimulus direct par l’augmentation des dépenses gouvernementales, mais l’argent imprimé par la banque centrale pour financer le déficit encourage lui-aussi la hausse des prix, qui pour eux est tant nécessaire à l’économie.

Offrir quelque chose aux électeurs en échange de rien est le Saint Graal de la politique. Mais en réalité, les électeurs devraient se rendre compte que tout a un prix. Ce n’est même pas une question d’économie, mais de physique.

Lorsque la hausse des dépenses gouvernementales est couverte grâce à une hausse des taxes, les salariés se rendent comptent que leurs revenus leurs permettent de consommer bien moins qu’avant. C’est une preuve que les dépenses gouvernementales ont un coût. Mais cette différence est bien moins facile à palper lorsque les dépenses accrues sont couvertes par l’inflation (l’impression monétaire). L’impact sur les consommateurs est cependant le même.

L’inflation ne réduit pas le montant nominal des salaires. Mais la hausse des prix réduit la quantité de biens et services que ces salaires permettent d’acheter. Lorsque les gouvernements sont en déficit, les salariés en paient la facture. Qu’ils le fassent au travers d’une hausse des taxes ou de l’inflation, leur niveau de vie s’en trouve diminué. La différence, c’est que les salariés blâment le gouvernement pour une hausse des taxes, ce qui explique pourquoi les politiciens préfèrent l’inflation.

Pour dissimuler cette tendance, les économistes ont développé l’idée étrange qu’une baisse ou une stagnation des prix fasse fondre la demande et décourage la consommation. L’idée est que si les consommateurs savent que les prix seront encore plus bas dans le futur (même si ce n’est que 2% moins chers), ils repousseront leurs achats indéfiniment, peut-être jusqu’à ce que le prix du produit qu’ils désirent acheter soit proche de zéro. Les économistes pensent que cela suffirait à plonger une économie dans une spirale déflationniste de chute des prix et de la demande, de laquelle il n’y aurait aucune issue possible.

Mais cette idée ignore la valeur temporelle d’un bien ou service (les gens tendent à payer plus pour un produit dont ils désirent profiter le plus tôt possible) et la loi économique selon laquelle la demande grimpe lorsque les prix baissent. Mais le bon sens n’a absolument rien à voir avec les pratiques économiques actuelles. L’argument dominant veut que l’inflation soit nécessaire pour stimuler la demande au sein d’une économie.

Mais cet argument n’est rien de plus qu’un paravent. S’il est une chose que l’inflation puisse faire, c’est aider les gouvernements à dépenser. Les économies s’en sortent suffisamment bien lorsque l’inflation est peu élevée. A la fin du XIXe siècle, les Etats-Unis ont traversé une déflation soutenue tout en enregistrant la plus importante croissance économique depuis plusieurs générations. Et plus récemment, pendant les années 1960, les Etats-Unis ont fait l’expérience d’une inflation limitée (moins de 2%) et d’une croissance économique solide. Mais lorsqu’ils demandent plus d’inflation, les économistes modernes ont tendance à oublier ces périodes.

L’inflation a toujours eu de plus lourdes conséquences que la taxation. Lorsque la ligne de séparation entre une hausse des dépenses gouvernementales et une baisse du pouvoir d’achat est floutée, le public à moins de chances de s’opposer à l’expansion du gouvernement. L’inflation n’est pas nécessaire pour la croissance économique. Elle est nécessaire pour la croissance des gouvernements.

Le problème est particulièrement sévère en Europe, où des pays aux caractéristiques fiscales très différentes ont été liés dans une union qui ne peut pas fonctionner politiquement. Il y a d’une part les pays comme l’Italie, l’Espagne et la France, dont les gouvernements sont connus pour avoir offert des aides sociales généreuses qu’ils ne peuvent payer. Avant l’adoption de l’euro, ces pays avaient des devises qui n’étaient pas connues pour leur bancabilité. L’Allemagne, quant à elle, a construit sa réputation sur des budgets équilibrés et un mark fort. Mais compte tenu des restrictions très strictes qui étaient nécessaires à la création de l’union, la Banque centrale européenne n’a pas été capable de générer de l’inflation aussi librement que les Etats-Unis ou le Japon. En conséquence, la crise de la dette est en Europe devenue un point central, puisque le problème est perçu comme bien plus grave en Europe que dans des pays capables d’imprimer de leur plein gré.

L’effort d’inflation devrait en Europe devraient faire descendre dans les rues les citoyens de tout le continent. Mais les économistes keynésiens ont protégé les politiciens des années durant, et ne manqueront jamais une occasion de le faire. Bien qu’il soit compréhensible que les gouvernements soient déterminés à gérer l’inflation, il est plus difficile de comprendre pourquoi des économistes de profession partagent leurs idées. Peut-être croient-ils vraiment que l’économie moderne ait la capacité de créer quelque chose à partir de rien. Mais l’idée qu’une formule macro-économique correctement appliquée puisse contourner les lois de l’offre et de la demande est grotesque et dangereuse.

L’idée que les gouvernements puissent maintenir l’inflation autour de 2% par an est ridicule. Une fois que ce seuil sera franchi, les gouvernements ne pourront plus rien faire pour la contenir. Nous irons tout droit vers une hyperinflation. La raison en est que la hausse du niveau de la dette les empêchera de faire grimper les taux d’intérêt jusqu’à des niveaux suffisamment élevés pour briser cette spirale inflationniste. Au début des années 1980, l’inflation est devenue hors-de-contrôle, et la Fed a pu remettre le génie dans sa lampe en faisant grimper les taux d’intérêt jusqu’à 18%. L’économie a non seulement survécu, elle a prospéré. Pensez-vous sérieusement que nous pourrions survivre aujourd’hui avec un taux quatre fois moins élevé ?

Puisque les banques centrales sont destinées à rester à jamais derrière l’inflation, elle continuera d’accélérer jusqu’à ce qu’une hyperinflation apparaisse et se fasse bien plus menaçante que la déflation que tout le monde cherchait au départ à éviter.


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