Le
marché boursier grec a perdu 36% sur un an, et le risque présenté par l’éventuelle
sortie de la Grèce de voir se développé une contagion globale est plus actuel
que jamais. Ordinairement, une telle crise demanderait les efforts coordonnés
des parties prenantes à l’échelle internationale, peut-être sous l’aile du
FMI ou d’un autre corps financier national. Mais pas dans le cas présent. La
rhétorique est aujourd’hui nationale, et souffre d’écarts d’intérêts entre
les différents ministères des finances. Les récentes déclarations officielles
faites par les gouvernements britannique et allemand selon lesquelles leur exposition
à la Grèce serait limitée soulignent l’ampleur du déni, de l’ignorance et du
manque de consensus en Europe. Une sortie de la Grèce affaiblirait
profondément l’euro et représenterait un dangereux précédent pour les crises
futures dans la région.
L’économie européenne
est la plus grosse économie de classe moyenne de la planète. Avec plus de 400
millions de consommateurs relativement affluents, elle représente une grande
part de l’économie nette globale, et une dissolution de l’euro aurait des
répercussions sur les écarts de crédit et les décisions liées au capital pour
de nombreuses années à venir. Ce ne serait pas dû à la sortie de la Grèce,
mais à l’incapacité des autorités de gérer la crise dès que les premiers
risques se présentent, et d’établir des plans de sauvetage efficaces – ces efforts
ont jusqu’à présent clairement échoué.
Nous sommes les témoins
d’un échec total de planification, de politique et de justice sociale. Peu
importe de quel bord politique vous êtes, ce sont là des éléments critiques
pour le bon fonctionnement d’une économie moderne ouverte au reste du monde.
Malheureusement, sur le
plan géopolitique, l’heure est à la suspicion et aux hostilités, sous la
forme notamment d’une guerre de proximité entre les nations occidentales et
les intérêts de la Russie à l’est de l’Ukraine, d’une crise régionale et
humanitaire au Proche-Orient, où la Syrie et l’Irak sombrent peu à peu dans l’anarchie.
Ces facteurs réduisent les chances de voir une solution efficace apportée à
temps à la question grecque.
La valeur des actions
des banques grecques a de nouveau plongé de 30% dans la journée de mercredi,
avant de s’écrouler complètement jeudi face aux inquiétudes que le nouveau
gouvernement, désormais au pouvoir, refuse d’assouplir ses positions.
Suite à ce qui semble
être la pire performance jamais enregistrée par le secteur, les quatre plus
grosses banques du pays – Banque du Pirée, Alpha, la Banque nationale grecque
et Eurobank – ont toutes terminé la journée sur une baisse de 25%. Le marché
boursier d’Athènes a perdu 6,4% sur la journée.
Voilà qui marque une
accélération des pertes enregistrées lundi et mardi, immédiatement après la
victoire de Syriza. Voici ce qu’en dit le Telegraph :
Les banques grecques ont
perdu près de 40% de leur valeur au cours de ces trois derniers jours, suite
à la victoire de Syriza dimanche. Le risque d’une panique bancaire et d’une
perte du soutien de la BCE fait planer la menace d’un resserrement de
liquidités.
Forbes a déterminé cinq
causes de cet effondrement :
- Les
fuites de capital ont accéléré
- La BCE
pourrait fermer le robinet de liquidité
- La
dette publique et privée pourrait être restructurée
- Profitabilité
limitée
- Dépendance
des actifs d’impôt différés – les banques grecques reposent trop sur la
liquidité de l’Etat
Les banques grecques souffrent
d’hémorragie. Selon le Telegraph, « les banques risques également de
voir réapparaître une fuite de capital similaire à celle de 2012. Près de 8
milliards d’euros de dépôts du secteur privé ont été retirés des banques
grecques depuis le mois de novembre, selon Moddy’s ». Les dépôts
bancaires ont chuté de 5% en deux mois.
Le Financial Times est
plus pessimiste encore :
Le véritable danger
serait que les Grecs perdent eux-mêmes confiance. Tout indique que de l’argent
est de nouveau envoyé vers l’étranger, comme en 2012. Nikolaos Panigirtzoglou,
de chez JP Morgan, a souligné que 350 millions d’euros ont été envoyés depuis
la Grèce vers le Luxembourg depuis le début de la semaine dernière. Il estime
qu’un dixième des dépôts grecs ont déjà fui cette année. Si une panique bancaire
se développait en Grèce, la poigne de l’Allemagne se resserrerait, et les
négociations en seraient d’autant plus difficiles.