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Les heures les plus sombres

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Published : August 21st, 2013
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Category : Editorials

 

 

 

 

A la manière de l’entropie, les retombées négatives de la technologie ne dorment jamais. Le techno-narcissisme du jour, que nous retrouvons dans les efforts de l’Humanité de falsifier l’univers, finiront par poinçonner notre billet aller simple pour Palookaville.


Jusqu’à présent, l’idée a été de créer une importante inflation et d’exporter ses effets à nos partenaires commerciaux pour nous retrouver ici, aux Etats-Unis, avec l’illusion qu’il existe toujours plus de monnaie. Des prêts, pour des maisons, des voitures, ou des frais de scolarité. En un mot : de la dette. J’appellerai ce principe ‘économie à la Rainman’, parce qu’il ressemble de plus en plus au comportement d’un être humain souffrant d’un autisme sévère qui ne cesse d’accomplir des actions obsessionnelles à répétition et qui ont souvent à voir avec des nombres. L’économie à la Rainman, c’est la politique de la Réserve Fédérale et, ultimement, du gouvernement de Mr. Obama.


Le très suave Obama n’a aucune idée de ce qu’il se passe – bien qu’il soit entouré de larbins chargés de dossiers, de sages et de vizirs, de voyants quantitatifs la tête plongée jusqu’au cou dans les entrailles du mouton mathématique, et (toujours) d’un soldat solitaire selon lequel le nucléaire est la réponse à toutes les questions. Mr Obama ne sait pas que l’univers se dirige bien au-delà de la techno-industrialisation – et je n’entends pas par-là les orgasmes multiples de Ray Kurzweil. Là où nous allons, aucune sonnerie de téléphone ne retenti, et il ne reste pas même la moindre vergeture des Kardashian.


Quel été angoissant. Les efforts coordonnés de dévaluation de l’or – qui visent à maintenir la réputation affaissée de la devise internationale – n’ont eu pour effet que de chasser l’or des faibles mains de l’Ouest vers la puissante poigne de l’Est, vers des pays qui, fût un temps, nous considérions comme nos adversaires. La Chine et la Russie ont empli leurs semi-remorques respectifs auprès des entrepôts de lingots, et il ne se passera pas longtemps avant que le yuan ou le rouble aient bien plus de crédibilité que le dollar.


Il y a dans ces guerres de devises trop de pions en mouvement pour que la situation puisse sembler confortable. Paradoxalement, l’attitude des Etats-Unis ne vise qu’à conserver un confort non-mérité, un standard de vie qui n’est plus gagné mais emprunté aux plus profondes des piscines de capital, qui ne représentent rien de plus que le futur des espérances en déclin. Profitez de votre télévision écran plat, de vos parcs aquatiques, vos RV et vos Happy Meals tant que vous le pourrez. Du sable s’est infiltré dans les rouages qui ont rendu tout cela possible. Il est assez risqué de dévaluer une devise pour en tirer un avantage stratégique dans le même temps que de tenter de maintenir sa crédibilité. L’avantage stratégique de la dévaluation est qu’elle permet de dissiper le vol par l’endettement. Mais ce stratagème ne fonctionne plus aux Etats-Unis, parce que trop d’autres joueurs tentent désormais le même coup, et ce avec si peu de tact que tout autour du monde, les gens se débarrassent de leurs devises pour se réfugier vers le dollar. Le produit de ce stratagème n’est pas la prospérité mais l’instabilité. C’est la dernière chose que veulent les économies, et ce même si les joueurs des marchés financiers parviennent à l’arbitrer à leur avantage.


L’instabilité mène à l’incertitude, particulièrement pour ce qui concerne la valeur relative des devises. Pour le moment, ceux qui détiennent des devises en déclin tentent de se réfugier sur un dollar qui paraît plus fort sur les marchés. De nombreux dollars supplémentaires ont été accumulés sur les bilans de la Réserve Fédérale sous forme d’obligations achetées à un rythme effréné depuis 2009 – le seul piège est que ces obligations n’ont aucune valeur, notamment les créances immobilières. Les nantissements ne sont rien de plus que des panneaux couverts de moisissure, des piscines emplies d’algues et des centres commerciaux qui n’hébergent généralement plus rien si ce n’est boutique de perruques. La Fed ne sera jamais capable de se débarrasser de ces ordures, même si elle s’acharne à les couvrir de nouvelles. Les dollars que la Fed crée à partir de rien sont pris au piège dans les eaux fétides du capital destiné à n’aller nulle part, encore moins vers des activités qui produisent du capital ou celles qui nous permettront de demeurer civilisés.


L’air est lourd en cet été détrempé, et il semblerait que ce soit dû à une perte de confiance générale. Dans un mois, à mesure que les nuits se feront fraîches et qu’approchera la saison la plus sobre de toutes, lorsque l’air semblera posséder un pouvoir grossissant, nous pourront enfin voir les choses clairement. Les programmes de trading à haute-fréquence sont efficaces quand il en vient à détecter des écarts microscopiques  dans des piscines digitales, mais ils ne disposent pas de l’antenne sensorielle du cerveau humain pour faire face à ce qu’il se passe au-delà des mathématiques.


Je me suis joint à mes compatriotes en ce weekend du 4 juillet, assis sur un banc du parc national du Vermont. C’est un endroit destiné aux familles. Les mères et pères semblaient en partance pour un concours du meilleur tatouage et du plus gros mangeur. Tant de têtes de mort, de représentations du Diable, de serpents, d’aigles, de drapeaux et d’éclairs. Je suppose qu’ils accumulent ce genre d’images afin de chasser un mal plus grand, de chasser les forces métaphysiquement incohérentes qui patrouillent aux frontières de ce à quoi la vie ressemble en cette nation de rackets, d’escroqueries et de larmes. En dehors de cela, tout était tranquille au bord du lac, les enfants grillant au soleil et les parents chemin-faisant. Un enfant de peut-être trois ans est venu me voir alors que je travaillais à mon bronzage allongé sur une serviette. Il m’a demandé si j’étai mort. Je lui ai dit que je ne l’étais pas encore. Derrière lui, une tête de mort à l’encre rouge et bleue, joint au bec, brillait au soleil sur le mollet de son père. Mon peuple. Mon pays.









Mon nouveau livre ne manquera pas de vous faire rire. Vous pouvez vous en procurer un ici.


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James Howard Kunstler est un journaliste qui a travaillé pour de nombreux journaux, dont Rolling Stones Magazine. Dans son dernier livre, The Long Emergency, il décrit les changements auxquels la société américaine devra faire face au cours du 21° siècle. Il envisage un futur prochain fait de crises sociales à répétition, la fin de la Surburbia et du modèle économique associé, une guerre mondiale pour les ressources en énergie. Il prédit la déconstruction des empires européens et américains et pense que, lorsque les convulsions seront terminées, le monde fonctionnera de manière décentralisée et local.
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Pas la peine de se prendre la tête, les gens simples ne se posent pas de questions existentielles : ils sont libres et ils font ce qu'ils veulent, surtout un jour de carnaval.
JHK a quand même raison au sujet de l'économie, ça déconne pas mal sauf que les gens qui s'en occupent sont censés êtres sérieux. Si on inversait les rôles ?
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l’attitude des Etats-Unis ne vise qu’à conserver un confort non-mérité, un standard de vie qui n’est plus gagné mais emprunté aux plus profondes des piscines de capital, qui ne représentent rien de plus que le futur des espérances en déclin. Profitez de votre télévision écran plat, de vos parcs aquatiques, vos RV et vos Happy Meals tant que vous le pourrez. Du sable s’est infiltré dans les rouages qui ont rendu tout cela possible.

Excellemment rédigé et si vrai.
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Pas la peine de se prendre la tête, les gens simples ne se posent pas de questions existentielles : ils sont libres et ils font ce qu'ils veulent, surtout un jour de carnaval. JHK a quand même raison au sujet de l'économie, ça déconne pas mal sauf que le  Read more
Pierre70 - 8/21/2013 at 4:35 PM GMT
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