« Tant
que le système économique actuel restera ce qu’il est, les Keynésiens
contrôleront les leviers du pouvoir et de l’influence. Mais quand le système
s’effondrera enfin sur lui-même, et que les banques centrales ne pourront
plus restaurer le système, beaucoup de questions seront posées.
Quand les gens
verront disparaître leur épargne retraite, ils chercheront quelqu’un à
blâmer. Ce quelqu’un, ce sera les Keynésiens. Et ces derniers ne seront pas
en mesure de transférer le blâme vers quelqu’un d’autre. »
Certains
blâment des Keynésiens spécifiques, comme Yellen et Bernanke, plutôt que le
Keynésianisme en général. Ils ne blâmeront pas l’économie keynésienne – à
moins qu’ils ne cherchent à la mettre à jour. Les électeurs demanderont des
réformes. Ils voudront voir les têtes tomber. Ceux qui se trouveront en haut
de la chaine alimentaire trouveront un moyen d’exploiter leur outrage, même
si cela signifie la guerre. Tant que le gouvernement ne sera pas devenu un Etat failli, le
Keynésianisme conservera sa place sur le trône.
Quand la
Réserve fédérale ne sera plus en mesure de restaurer la croissance économique
en élargissant la masse monétaire, les Keynésiens seront blâmés.
Les
économistes autrichiens leur feront porter le chapeau, comme ils le font
depuis 2007-08. Mais qui les écoutera, maintenant que la croissance
économique est de retour dans les livrets beiges de la Fed, qui révèlent
une hausse des dépenses à la consommation ?
Les Keynésiens
nous disent que la crise a été le résultat de standards de crédit trop
laxistes, de la régulation limitée d’institutions financières non-bancaires,
et d’une surabondance d’épargne. Wikipédia
nous en dit ceci :
« La
tentation offerte par cette épargne disponible sans délai a submergé les
mécanismes de contrôle politiques et règlementaires au sein d’une nation
après l’autre, alors que prêteurs et emprunteurs ont eu recours à cette
épargne et créé bulle après bulle tout autour du monde. »
Nous pourrions
facilement en conclure que la crise a été hors du contrôle de quiconque, et
n’a pas été la faute de théories économiques. Quand le prochain effondrement
se présentera, nous apprendrons une nouvelle fois que l'économie
est quelque chose de difficile, quelque chose que les simples mortels que
nous sommes ne devraient pas pratiquer à domicile.
En 2008, la
reine Elizabeth II a demandé au professeur Luis Garicano, de la London
Schoold of Economics, comment un évènement tel que la crise financière
pouvait frapper sans aucun avertissement. Son insipide
réponse a été la suivante : « A chaque stage de son
développement, quelqu’un se reposait sur quelqu’un d’autre, et tout le monde
pensait avoir bien fait ». Quatre
ans plus tard, un économiste de la Banque d’Angleterre a élaboré :
« Nous sommes devenus auto-satisfaits. Les régulations n’étaient pas
nécessaires. Vous savez comment sont les choses, votre Majesté. »
Bien sûr
qu’elle le sait. C’était alors l’heure de la Grande
modération : l’heure à laquelle les banquiers centraux ont résolu le
problème de la volatilité des cycles économiques. Pas étonnant qu’ils soient
devenus auto-satisfaits.
Les
Autrichiens auraient pu dire à la Reine que la seule solution au problème des
cycles économiques était de forcer les banquiers centraux à fermer boutique.
Les Autrichiens auraient pu lui dire qu’une économie saine repose sur des
marchés libres. Mais pour beaucoup de gens, les Autrichiens sont l’ennemi
qu’ils connaissent peu. Les Autrichiens sont l’ennemi dont ils ont vaguement
entendu parler.
La Grande
dépression et les marchés libres
Beaucoup pensent
encore que l’existence
de l'étalon or a été la cause première de la Grande dépression. L’or
était la monnaie du marché libre. Ce n’est qu’après que les gouvernements ont
abandonné l’or que la reprise a pu commencer, nous expliquent les Keynésiens.
Un rapide coup d’œil aux graphiques de l’époque suggère qu’ils aient
peut-être vu juste. Personne ne relève que le monde fonctionnait alors sous
un étalon
or manipulé par le gouvernement. Le marché libre a freiné la reprise.
Nous ne devons jamais refaire confiance au marché libre.
Pendant la
Dépression, l’un des défenseurs anglophones de l’idée autrichienne était
Lionel Robbins, qui a publié en 1934 un ouvrage intitulé The Great
Depression. Il a fini par répudier son travail. Une note biographique
nous apprend qu’après la guerre, il a publié un livre en soutien aux
« politiques keynésiennes de plein emploi par le contrôle de la demande
en agrégats ». Aux yeux de certains, cette apostasie a pu être bien
fondée ou expédiée. Quoi qu’il en soit, elle n’a rien fait pour aider le
marché libre.
J’espère que
North a raison, j’espère que les Keynésiens porteront le blâme. Mais s’ils
doivent être jugés, qui les jugera ? Les Keynésiens écriront simplement
un nouvel article sur Wikipédia pour nous expliquer qui doit être blâmé et
pourquoi. Ils iront à la télévision et pointeront d’autres du doigt. La Reine
recevra de nouvelles excuses lamentables. Bien que j’espère que les choses se
passeront autrement, le public ne passera pas ses soirées à étudier
l’économie autrichienne ou à regarder des économistes autrichiens sur
YouTube. Et les gens pourront soutenir aussi bien Bernie Sanders que Ron
Paul. Ils exigeront des réparations, et ne chercheront pas à comprendre. Ils
laisseront la compréhension aux experts, et les experts seront encore et
toujours des Keynésiens.
La situation
me rappelle les contrôles et les rééquilibrages du gouvernement. C’est le
gouvernement qui effectue ces contrôles et équilibrages. Peu importe les
atrocités commises, il ne se considèrera jamais responsable. Il trouvera
toujours un moyen d’accroître son pouvoir.
Je suis
probablement aussi optimiste que North. Et il est optimiste. Voyez ici pour plus de
détails.
J’imagine que
l’avenir nous réserve une combinaison entre Rothbard
et Kurzweil. Le Keynésianisme existera toujours intellectuellement
parce qu’il sera trop utile à l’élite au pouvoir pour être abandonné. Mais
les institutions qui y auront eu recours pendront au bout de cordes. Les
gouvernements en faillite nous permettront d’avoir des marchés presque libres,
et la loi du retour accéléré nous ouvrira des opportunités économiques
radicalement nouvelles.