Les Lemmings des banques centrales avancent droit vers la falaise

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Published : September 06th, 2016
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Category : Crisis Watch

John Hussman a publié un article intéressant cette semaine, intitulé The Decade of Zero and its Chaotic Unwinding.

Hussman est d’avis que les prix des actions et obligations soient devenus si ridicules que les rendements attendus sur toute période inférieure à dix ans ont de fortes chances d’être négatifs. Il est d’avis que les actions ne resteront pas au même niveau pendant encore dix ans, et s’attend à un retrait de 40% ou plus.

Hussman a également discuté des politiques des banques centrales, et de l’existence de preuves de leur fonctionnement. Penchons-nous donc sur la question des politiques des banques centrales.

Il n’existe aucune preuve que l’assouplissement quantitatif ait stimulé la production industrielle ou réduit le chômage

J’imagine que Ben Bernanke, Mario Draghi et Haruhiko Kuroda restent tous debout la nuit à imaginer des manières d’imposer des taux négatifs aux épargnants. Mais la question la plus importante ici, au-delà du simple désir sociopathe de contrôler les autres au service de son propre dogme intellectuel, est de savoir pourquoi quiconque déciderait de défendre de telles politiques. Je ne dirais jamais assez qu’il n’existe aucune preuve économique du fonctionnement des interventions monétaires de ces dernières années.

Plus spécifiquement, la trajectoire de l’économie au cours de ces dernières années a largement suivi une tendance de renversement que nous aurions pu anticiper sur la simple étude de données économiques ; et il n’y a économiquement aucune différence importante entre la trajectoire anticipée du PIB, de la production industrielle et du chômage en termes de variables non-monétaires, et les études qui incluent des mesures des récentes politiques monétaires.

Même en utilisant des taux des fonds fédéraux négatifs, comme l’ont fait Wu et Xia, les politiques monétaires extraordinaires établies par la Fed ne semblent avoir stimulé la production industrielle américaine que de moins d’1%, et réduit le taux de chômage d’un dixième d’un pourcent par rapport à des politiques monétaires conventionnelles (telles qu’elles sont définies par la règle Taylor).

Qu’importe le manque de preuves, un assouplissement quantitatif sans précédent est à venir

J’ai publié hier mon article intitulé Spirit of Abenomics: Bold New Plan in September?

Etsuro Honda, un conseiller du Premier ministre japonais, Shinzo Abe, aurait décrété que « les effets des politiques d’assouplissement quantitatif sont moindres qu’il y a quelques années, mais ce que nous devons en déduire, c’est que puisque leurs effets diminuent, nous devrions redoubler d’efforts. C’est là l’esprit de l’Abénomie ».

L’esprit de l’Abénomie

24hGold - Les Lemmings des ban...

Selon Honda, Abe pourrait bientôt opter pour un nouveau programme d’assouplissement quantitatif dès le mois de septembre.

Non seulement Honda résume très bien l’esprit de l’Abénomie, il résume parfaitement l’esprit des banques centrales en général.

Nous pourrions résumer le tout ainsi : « Si la solution appliquée ne fonctionne pas, il suffit de continuer jusqu’à ce qu’elle le fasse. »

La BCE laisse sous-entendre davantage d’assouplissement quantitatif

24hGold - Les Lemmings des ban... 

Voici un extrait de l’article du Financial Times intitulé ECB Hints at Taking Further Monetary Policy Action in September :

La Banque centrale européenne a laissé sous-entendre qu’elle prendrait des mesures supplémentaires le mois prochain si la situation en zone euro manquait de s’améliorer. Ses décideurs politiques ont annoncé que l’impact de la dernière vague d’incertitude ayant frappé l’économie globale aura besoin d’être « observée de très près ».

A l’occasion des plus récentes délibérations de la banque sur la question de ses politiques monétaires, le conseil de direction a annoncé qu’il serait susceptible d’agir en fonction des attentes des analystes et de maintenir ses politiques laxistes pour une durée prolongée suite à sa réunion du 8 septembre.

Le ton de ces remarques a redonné espoir à ceux qui souhaiteraient voir le programme d’assouplissement quantitatif de 80 milliards de dollars par mois se poursuivre au-delà du printemps 2017.

Certains observateurs s’imaginent également que la BCE rallongera également la liste d’obligations susceptibles d’être achetées dans le cadre de son programme d’assouplissement quantitatif.

Retour sur l’Abénomie

Penchons-nous de nouveau sur un article publié il y a près de deux ans, le 31 octobre 2014, intitulé Japan’s central bank shocks markets with more easing as inflation slows :

« Nous avons décidé d’élargir notre programme d’assouplissement quantitatif et qualitatif afin de pouvoir atteindre notre objectif de prix, » a annoncé le gouverneur de la Banque du Japon lors d’une conférence de presse, réaffirmant ainsi l’objectif de la banque centrale de porter l’inflation des prix à la consommation à 2% d’ici l’année prochaine.

« Il est maintenant critique que le Japon émerge de la déflation. Les mesures prises aujourd’hui prouvent de notre détermination à mettre fin à la déflation. »

Une leçon de physique pour les banquiers centraux

Mark Gilbert, dans un article écrit pour Bloomberg et intitulé Physics Lesson for Central Bankers, nous explique ceci :

L’échec des programmes d’assouplissement quantitatif à réduire la menace de déflation est l’équivalent financier du rebond des chiffres qui a alerté les physicistes de la possibilité d’un nouveau boson. Les différences entre les théories économiques et les conséquences des taux d’intérêt à zéro pourcent sur le monde réel représentent une menace directe pour l’orthodoxie actuelle qui place un objectif d’inflation de 2% au cœur des politiques monétaires du monde développé.

Les années de création de dollars, d’euros, de yens et de livres par des gouvernements endettés n’ont pas généré le rebond de l’inflation prédit par les manuels d’économe. Les coûts d’emprunt, bien qu’ils n’aient jamais été plus bas, n’ont pas généré la hausse des investissements et des dépenses nécessaire à une hausse des prix.

C’est là le genre de preuve empirique qui devrait en pousser certains à reconsidérer ce que le directeur de Rothschild Investment Trust, Jacob Rothschild, nous a dit cette semaine : la plus grande expérience de politique monétaire est visible dans l'Histoire du monde.

Neil Grossman, directeur de la société C1 Financial, basée en Floride, et ancien responsable des investissements chez TKNG Capital Partners, associe le besoin d’abandonner les théories économiques actuelles à l’impact de la physique quantique sur le siècle dernier.

Si Einstein dirigeait la Fed, les taux grimperaient

Il y a un an, Gilbert a écrit un article intitulé If Einstein Ran the Fed, Rates Would Rise :

Voyez l’expérience suivante. Plutôt que de maintenir les taux d’emprunt où ils se trouvent (0,25%) suite à sa réunion de jeudi, imaginons que la Réserve fédérale décide de porter ses taux d’intérêt à 3,25%. Après tout, ce taux représente la moyenne enregistrée entre 2004 et 2008, alors que l’économie était encore considérée être dans un état normal. Si son objectif est la normalisation des taux, peut-être la banque centrale américaine devrait-elle y parvenir en une seule fois, et voir ce qui se passera ensuite.

J’ai reçu un certain nombre d’emails ces dernières semaines de la part de lecteurs qui ne sont pas d’accord avec mes récents articles, et qui pensent que la Fed devrait poursuivre ses politiques actuelles en raison du risque non-négligeable de déflation. Neil Grossman, directeur de la société C1 Financial, basée en Floride, et ancien responsable des investissements chez TKNG Capital Partners, a été un correspondant particulièrement éloquent sur le sujet.

Grossman utilise l’analogie de la physique, où les choses les plus étranges se passent au niveau quantique et forcent les théoriciens à réviser leurs manuels.

Le problème des économistes, c’est qu’ils ne parviennent pas à comprendre que l’économie traditionnelle n’est plus valable une fois que les taux se rapprochent de zéro. C’est très similaire à ce que nous avons pu observer il y a plus d’un siècle dans le domaine de la physique. Afin de stimuler la croissance aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et à l’échelle globale, les taux d’intérêt doivent être maintenus à des niveaux relativement normaux.

Et l’économie ne se comporte certainement plus comme le prédisent les manuels. Les bilans de la Fed sont passés à 4,5 trillions de dollars depuis seulement un trillion de dollars avant l’introduction des programmes d’assouplissement quantitatif. Peut-être les avocats de la normalisation des politiques monétaires ont-ils raison.

Persévérer dans l’échec

Il est évident que les politiques actuelles n’ont pas fonctionné. Même Krugman est capable de l’admettre.

Mais Krugman a une solution : toujours plus de stimulus fiscal. Son plan d’action est exactement celui qui a plongé le Japon dans une situation si difficile.

Voyez ceci pour plus d’informations (en Anglais) : Krugman’s Arrow Theory Misses Target by Light Years.

Les banquiers centraux menacent le moteur de l’économie

Voici un extrait de l’article de Bill Gross, Central Bankers are Threatening the Engine of the Economy :

Les taux d’intérêt proches de zéro et les 13 trillions de dollars d’obligations porteuses d’intérêt négatifs sont-ils une bonne chose pour l’économie réelle ? Les récentes données suggèrent que ce ne soit pas le cas. La croissance de la productivité, le meilleur indicateur qui soit de la vitalité de l’économie, est abyssale dans une majorité des pays développés. Elle est en déclin depuis plus ou moins une demi-décennie, ce qui correspond à l’arrivée de l’assouplissement quantitatif et au début de la réduction des taux d’intérêt.

Aux Etats-Unis, la tendance de productivité annuelle est devenue négative. Une majorité des banquiers centraux ignorent cette réalité et la perçoivent comme une aberration de court terme. Mais l’économie japonaise nous offre un exemple excellent des effets de taux d’intérêt proches de zéro sur une économie développée : absence de croissance réelle, inflation inexistante et croissance insuffisante du PIB pour rembourser les dettes si les rendements des obligations souveraines s’en retournaient à un niveau normal.

Les corporations rachètent de plus en plus d’actions plutôt que d’investir sur la croissance. Aux Etats-Unis, plus de 500 milliards de dollars sont dépensés chaque année pour stimuler les revenus des investisseurs plutôt que les profits futurs. La monnaie est déviée depuis l’économie réelle vers les propriétaires d’actifs financiers – entre les mains desquelles elle se trouve accumulée pour ne rapporter que de faibles rendements au travers des obligations gouvernementales et des marchés monétaires.

Les modèles d’entreprises aux obligations de plus long terme – tels que les compagnies d’assurance et les fonds de pension – encourent toujours plus de risques parce qu’ils s’attendaient à une hausse de leurs rendements au fil du temps et se retrouveront à tenir la courte paille si les taux ne revenaient pas à des niveaux plus normaux.

Les profits de ces entreprises seront affectés, tout comme l’économie réelle. Réductions d’effectifs, hausse des premiums, réduction des prestations de retraite et hausse des défauts : tous ont le potentiel de transformer un cercle autrefois vertueux en un cycle de stagnation et de décadence.

Les banquiers centraux seront les derniers à en venir à cette conclusion logique. Comme une majorité des gens, ils préfèreraient payer plus tard plutôt qu’aujourd’hui. Mais en adoptant davantage d’assouplissement quantitatif et des rendements de plus en plus faibles, ils pourraient faire caler la machine économique plutôt que la faire accélérer. Un changement de filtres et de politiques monétaires est urgemment nécessaire.

Une armée de Lemmings qui avance tout droit vers la falaise

Lemmings

Il est évident que les politiques actuelles ne fonctionnent pas. Et pourtant, les banquiers centraux se suivent les uns les autres sans réfléchir, à la manière de Lemmings.

La BCE est-elle à l’avant de la file de Lemmings ? Ou est-ce la Banque du Japon ? Qui suit qui ?

Il est difficile de dire quel Lemming dirige les autres, et lequel tombera le premier de la falaise.

Le principe d’incertitude de la Fed, une petite révision

Beaucoup d’entre vous se demandent peut-être « pourquoi les banques centrales ne réalisent pas que leurs politiques sont contre-productives ».

Pour répondre à cette question, revenons-en une fois de plus à la physique quantique. J’ai expliqué le 8 avril 2003, avant l’effondrement financier, ce qu’était le principe d'incertitude de la Fed :

L’observateur affecte l’observé

La Fed, ainsi que tous les autres joueurs qui observent la Fed, distordent le paysage économique. C’est une situation que j’associe au principe d'incertitude d'Heisenberg, selon lequel l’observation d’une particule subatomique change notre capacité de la mesurer correctement.

La Fed, par sa simple existence, affecte l’horizon économique. Et tous les yeux rivés sur les tentatives de la Fed de contrôler le système ne font qu’exacerber le problème.

Ce qu’il s’est passé en 2002-04 a été une boucle de rétroaction observateur/participant qui s’est poursuivie même après la récession. La Fed a maintenu les taux trop bas, trop longtemps. Ce qui a donné naissance à la plus grosse bulle sur l’immobilier de l’Histoire. La Fed de Greenspan n’a fait qu’ajouter au problème en adoptant les produits dérivés au pire moment imaginable.

Voici un résumé du principe d’incertitude de la Fed et ses corollaires tels que je les ai décrits avant la crise :

Principe d’incertitude de la Fed

La Fed, par sa simple existence, a complètement distordu le marché en renforçant la boucle de rétroaction observateur/participants. Il est donc une erreur fatale que de suggérer que la Fed se contente simplement de suivre le marché, et que le marché est à blâmer pour les actions de la Fed. Nous n’aurions pas de Fed dans un marché libre, et nous n’aurions pas non plus de boucle de rétroaction observateur/participant.

Corollaire numéro 1

La Fed n’a aucune idée de ce que devraient être les taux d’intérêt. Seul un marché libre est capable de le déterminer. La Fed n’oserait jamais nous avouer ce qu’elle sait (rien de bien utile) et ce qu’elle ne sait pas (bien plus qu’elle n’oserait l’admettre), notamment en période de stress économique.

Corollaire numéro 2

Le gouvernement / corps gouvernemental principalement responsable de la création de ce désastre (la Fed) fait tout son possible pour obtenir davantage de pouvoir, soi-disant pour régler les problèmes existants. Plus le désastre se propage, plus la Fed cherche à obtenir de pouvoir. Au fil du temps, cela nous mène à une concentration dangereuse de pouvoir entre les mains de ceux qui nous ont déjà prouvé ne pas savoir ce qu’ils font.

Corollaire numéro 3

Ne vous attendez pas à ce que la Fed apprenne de ses erreurs passées. Attendez-vous plutôt à ce qu’elle les répète encore et encore.

Corollaire numéro 4

La Fed se moque que ses actions soient illégales. Elle est d’avis qu’il soit plus simple d’obtenir le pardon qu’une autorisation officielle. Le pardon n’est qu’un moyen supplémentaire pour elle d’obtenir le pouvoir qu’elle désire.

Si vous en comprenez le principe clé, alors le problème devrait vous être évident. Voici les phrases à retenir de l’extrait ci-dessus :

  • Nous n’aurions pas de Fed dans un marché libre, et nous n’aurions pas non plus de boucle de rétroaction observateur/participant.
  • La Fed n’a aucune idée de ce que devraient être les taux d’intérêt. Seul un marché libre le sait. La Fed n’admet pas ce qu’elle sait (rien de bien utile) et ce qu’elle ne sait pas (bien plus qu’elle n’oserait l’admettre), notamment en période de stress économique.

Il est intéressant de voir que le mot « incertitude » apparaît maintenant plusieurs fois par jour.

La solution n’est pas de porter les taux à 3,25% en une fois comme le suggère Gilbert. Il est impossible de savoir ce que les taux d’intérêt devraient être aujourd’hui, en conséquence des récentes interventions des banques centrales.

La solution n’est pas non plus ce que suggère Krugman. Il y a déjà bien trop de dette.

La solution en trois temps qui n’a pas été testée est précisément celle qui devrait l’être :

  1. Abolir la Fed et laisser le marché libre déterminer les taux d’intérêt.
  2. Abolir les prêts de réserve fractionnaire.
  3. Laisser le marché libre déterminer ce qu’est la monnaie. L’or serait certainement son premier choix.

 

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Réflexions sur de débat de l’inflation /déflation/stagnation et autres remarques sur l’or, l’argent, les monnaies, les taux d’intérêts et les politiques monétaires affectant les marchés mondiaux.
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