Une récente étude de Natixis sur le niveau de défiance des
épargnants vis-à-vis des monnaies montre que l’excès de liquidité créée par
les Banques Centrales dans les pays de l’OCDE a provoqué un report vers les
métaux précieux en anticipation de la perte de valeur des devises.
À force d’injecter toujours plus de monnaie dans le système financier,
sans plus aucun lien avec le moindre support tangible ou rationnel, les
banques centrales ont fini par se retrouver confrontées à un phénomène
pourtant parfaitement attendu : la défiance devant la monnaie.
En effet, il devient de plus en plus difficile pour les agents économique
d’accorder leur confiance dans la valeur d’une monnaie dont la quantité ne
cesse de croître alors même que les richesses nationales et les PIB
connaissent, au mieux, une stagnation particulièrement instable. Très
logiquement, plus de monnaie pour autant de richesse signifie une
baisse de la valeur de ladite monnaie.
Les signes d’une perte de confiance dans la monnaie
L’étude de Natixis
publiée le 19 mai dernier s’est donc attachée à déceler les éventuels
signes traduisant cette perte de confiance, qui pourrait par exemple prendre
la forme d’un transfert de l’épargne vers des biens tangibles au
détriment de la monnaie nationale. Et la conclusion est tout
simplement implacable : partout dans le monde, on voit un report massif vers
des actifs censés protéger l’épargne de leurs détenteurs.
Comme le souligne Patrick Artus, rédacteur du rapport, la limite aux
politiques expansionnistes des banques centrales est fixée par la confiance
dans la monnaie : “Si la quantité de monnaie créée par une Banque
Centrale est trop importante, les agents économiques peuvent perdre
confiance dans la valeur de cette monnaie, penser que trop
répandue, elle finira par ne plus être acceptée plus tard pour acheter des
biens, des services ou des actifs. Ils essaient alors de se débarrasser de la
monnaie qu’ils détiennent pour la remplacer par des actifs qui les protègent
contre la perte anticipée de valeur de la monnaie.”
Immobilier et métaux précieux comme épargne de protection
Hormis les cas très spécifiques de pays “économiquement isolés” dont les
résidents auront tendance à se débarrasser de la monnaie nationale en
achetant des devises étrangères, les deux actifs majoritairement plébiscités
par ceux qui n’ont plus confiance en leur monnaie sont l’immobilier
et les métaux précieux. La bourse et les marchés financiers, quant à
eux, pâtissent directement de leur dépendance aux politiques des banques
centrales et le marché des actions ne séduit plus grand monde,
car “les agents économiques savent que si une crise de défiance vis-à-vis
de la monnaie se déclenche, l’aversion pour le risque va augmenter et la
valeur des actifs risqués va inévitablement chuter“. Même
constat pour les obligations d’État, pourtant longtemps considérées
comme sures : la création monétaire venant de l’achat de ces actifs par la
Banque centrale, les agents économiques savent pertinemment que tout le
système tient debout par la magie d’une surestimation de ces actifs, créant
une bulle susceptible d’exploser à tout moment.
Ainsi, les chiffres des 15 dernières années montrent un très net report
des épargnants vers l’immobilier, directement lié à l’excès de création
monétaire. Quelques nuances toutefois : aux États-Unis et dans la
zone euro, c’est l’immobilier commercial qui semble être privilégié,
tandis que l’immobilier résidentiel (même s’il est toujours bien coté aux USA
et dans l’UE) concerne surtout les épargnants britanniques et japonais. De la
même façon, l’excès de liquidité créé par les Banques Centrales a
visiblement boosté l’achat de métaux précieux, qu’il s’agisse d’or,
d’argent mais aussi de platine, et ce dans tous les pays de l’OCDE.
La création monétaire étant en progression constante depuis 2009, et
devant l’échec de la stratégie (plus ou moins malhonnête) des banques visant à
limiter l’envolée des cours de l’or, ceux-ci repartent à la hausse
suivant la même orientation que celle qui avait conduit aux pics de
2011-2013. Mais en partant d’un niveau bien plus plus élevé qu’il y a huit ou
dix ans, certains anticipent déjà un cours de l’or avoisinant les $2000
l’once à l’horizon 2018.