Mon propos n’est pas de vous faire peur, mais de vous
préparer, car c’est en sachant les choses qu’on peut mieux les gérer.CE
QUE L’ON VOITJe demande par avance pardon à mes anciens et fidèles
lecteurs, mais je vais à nouveau rappeler la philosophie de mes
billets. « Je ne cherche pas à vous faire peur, mais à vous préparer »
… aux conséquences « peu agréables », dues à l’ampleur des bouleversements
politiques, financiers et sociétaux actuels. Je suis bien conscient que pour
beaucoup d’entre nous, il est plus « confortable »
de jouer à l’autruche et se mettre la tête dans le sable, que
d’affffronter les réalités. Fort de mes dix-huit années d’expérience en tant
que sapeur-pompier de Paris, j’ai acquis la certitude que « c’est en
sachant les choses que l’on peut mieux les gérer ». Le maître mot
étant AN-TI-CI-PA-TION.Pour être pleinement efficace, lors d’une situation de
crise, j’ai pu constater en maintes occasions que « l’avenir ne se
prévoit pas, il se prépare ». C’est ce principe que pratiquent
et développent toujours plus finement mes collègues pompiers, qu’ils soient
militaires, professionnels ou bien volontaires. Merci les amis de perpétuer
les valeurs de nos anciens, pour le plus grand bien de tous.J’ai décidé de
revenir sur… les obligations à 100 ans, autrement dit « les emprunts
perpétuels ».
Sans faire un cours d’économie appliquée, il est bon de rappeler aussi
simplement que possible (que les spécialistes veuillent bien pardonner mes
« imprécisions volontaires »), ce qu’est une obligation et la
situer dans le paysage économique.
Quand une société (il en est de même pour un État), a besoin de fonds pour
financer son développement ou ses services, elle peut avoir recours à
l’émission d’obligations. C’est un emprunt qui est fait auprès de
particuliers, d’institutions…, moyennant un intérêt. Une obligation est
caractérisée par :
- Le montant de la somme empruntée (le nominal) ;
- Sa durée (la maturité) ;
- Son taux d’intérêt annuel (le coupon).
Avant que la loi
n° 81-1160 du 30 décembre 1981 n’interdise l’émission de titres
papier (la dématérialisation des titres), les obligations se présentaient
généralement sous la forme d’un document en papier, richement illustré par
son émetteur. Le titre ci-dessous nous montre qu’une partie de celui-ci est
« manquante ». Des petits rectangles de papier, représentatifs des
intérêts, ont été « coupés » par la société des tramways et omnibus de
Toulouse afin de prouver le paiement des intérêts dû au détenteur de
l’obligation… d’où le nom de « coupons ». CQFD. Autrement dit,
l’émetteur s’oblige (obligation) à verser au souscripteur de ce titre les
intérêts définis et mentionnés sur le titre, ainsi qu’à rembourser le
nominal, au terme du contrat.
Puisque nous évoquons le passé, il fut un temps que les moins de vingt ans… où
les obligations étaient un placement sûr et non-risqué. L’obligation
souscrite à une société ayant « pignon sur rue », l’épargnant
n’avait plus qu’à attendre tranquillement son échéance pour récupérer le
nominal et profiter tous les ans du « détachement des coupons ».
Signe des temps, « l’épargnant » est devenu
« investisseur ». La notion de risque est sous-jacente dans
l’appellation investisseur alors qu’épargnant est plutôt associé à placement
en « bon père de famille » (je persiste à braver la loi
n° 2014-873 du 4 août 2014, dite « Loi pour l’égalité réelle
entre les femmes et les hommes »). Vous avez remarqué comme le sens des
mots a changé. En France, la sémantique est une « arme politique de
déstructuration massive » largement utilisée par nos gouvernants de tous
bords et malheureusement, ça marche.
Aujourd’hui, l’investisseur n’est plus du tout sûr que l’entreprise auprès
de laquelle il a souscrit une obligation sera encore en état de lui
rembourser le nominal au terme prévu. Au gré du temps, une « mauvaise
nouvelle » concernant cette entreprise pourra inciter l’investisseur à
la revendre (moins cher que le nominal) alors qu’une « bonne
nouvelle » lui permettra de vendre au-dessus du nominal. Du fait de
« l’irrationnelle
exubérance » des marchés chère à Alan GREENSPAN, une
obligation est devenue un produit parfois aussi risqué (volatil)
qu’une action.
Cela étant, pour beaucoup d’investisseurs, une obligation est encore
synonyme de placement sûr, et ce, encore plus s’il s’agit d’une obligation
émise par l’État (dette souveraine). En effet, il est communément admis
et propagé qu’un État ne peut pas faire faillite. C’est, hélas, TO-TA-LE-MENT
FAUX. Il suffit de lire l’ouvrage de deux professeurs d’économie de renommée
internationale que sont Carmen REINHART et Kenneth ROGOFF Cette
fois, c’est différent aux éditions PEARSON. Ce livre nous
compte huit siècles de folies financières, de paniques bancaires, de crises
inflationnistes et … de défauts souverains. OUI, les États font faillite.
CE QUE L’ON NE VOIT PAS
Aujourd’hui que la dette souveraine de tous les grands États du monde est
d’un niveau tel qu’elles ne seront JA-MAIS remboursées, nos gouvernants le
savent parfaitement et ils utilisent deux techniques leur permettant de faire
croire le contraire : la prime
d’émission et la dette
perpétuelle.
Lorsqu’une entreprise émet une obligation à 100 ans – oui, c’est bien
100 ans que j’ai écrit –, le prêteur qui analyse son risque sait qu’il en
prend un COLOSSAL d’avoir à attendre un siècle pour une hypothétique
récupération du nominal (le stock), mais… il compte bien « se
rattraper » sur les intérêts (les flux) pour ne pas « perdre
d’argent ». En effet, à environ la moitié de la maturité de
l’obligation, le montant des intérêts servis équivaut au montant du nominal.
Prenons l’exemple de la « SNCF Réseau » qui, comme je vous l’ai
relaté dans mon billet
du 31 août 2015, a émis le 21 juillet 2015 une obligation de 25 millions
d’euros au taux de 2,78 %, sur 100 ans. À un peu plus de 57 années, le
montant des intérêts versés correspond au montant facial de l’obligation. Si
la SNCF Réseau honore le paiement de tous ses intérêts, c’est environ 2,8
fois le montant du nominal que les souscripteurs de l’obligation auront
perçu. À ce stade, ce nominal, s’il n’est pas remboursé… Ce n’est pas
dramatique !!
Cela explique sans doute pourquoi, dès mars 2015, le Mexique a osé émettre
une obligation de 1,5 milliard d’euros sur 100 ans à 4,2 %. L’Irlande, quant
à elle, a réussi à placer une obligation de 100 millions d’euros sur 100 ans.
De même, la Région Belge de Wallonie, 100 millions d’euros à 100 ans au taux
de 2,60 %. Plus loin de nous, l’Argentine a réussi le coup de maître pour un
pays très mal noté par les agences de notation, à placer 2,75 milliards de
dollars pour 100 ans au taux de… 7,91 %. Encore
en Europe, l’Autriche a placé une obligation de 3,5 milliards d’euros sur 100
ans à un taux de 2,1 %. (Vous avez bien lu… 3,5 milliards d’euros !!!)
Nous vivons à une époque où « l’argent » n’existe pratiquement plus
que sous forme de dette. Par voie de conséquence, il n’y a plus de limite à
« l’inventivité de l’industrie financière ». C’est donc bien
un « réel marché » pour les investisseurs. Surtout quand les
États-Unis « réfléchissent » eux aussi à une obligation souveraine
à 100 ans. Mais qui sont donc ces investisseurs qui prennent de tels
paris ? Vous l’avez déjà compris, ce sont en grande partie des fonds de
pension et des sociétés d’assurances (compagnies et mutuelles) qui sont les investisseurs
institutionnels. Les « zinzins », comme on dit dans la
finance !!! Ils ont l’obligation (non, ce n’est pas un jeu de mots) de
souscrire aux obligations émises par l’État.
NE SOYEZ PLUS DES PIGEONS, DEVENEZ SEREINS
En quoi tout cela me concerne ? De toute manière, je ne peux rien faire à
mon niveau. Et mes sous dans tout ça ?… « Soit le changement que tu
veux voir dans ce monde » (GANDHI).
Vous l’avez bien compris, le « monde des obligations » est
« un malade encore bien portant », sans parler de la hausse des
taux qui est, fatalement, devant nous. La conséquence logique ne serait-elle
pas de fuir l’assurance vie, ce havre de paix des obligations ? Cette
suggestion n’est pas un propos nouveau dans mes écrits. Je reviendrai
prochainement sur le « devenir patrimonial » de ce produit
financier car, à défaut de « grand soir fiscal », la mise en œuvre
du projet politique du président MACRON va, sans conteste, « bouger les
lignes ». Ce sera pour moi l’occasion de mettre en ligne la 2eédition
de mon guide consacré à l’assurance vie. Soyez patients, son écriture est en
cours.
Chers lecteurs, prenez bien soin de vous. Je vous aime et vous salue.