Les partis s’en vont mourir

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Published : September 21st, 2015
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J’ai à quelques reprises déjà fait mention de mon adhérence au parti démocrate, une révélation qui a rendu fous de colère un certain nombre de mes lecteurs. Des années durant, je n’ai justifié ma préférence que comme étant une opposition formelle au crétinisme républicain qui s’est propagé au sein de notre pays à la manière d’une vague septique suite à l’arrivée sur le trône du grand Pompadour-à-la-recherche-d’une-cervelle, j’ai nommé Ronald Reagan, dont la campagne « morning in America » a sans doute été la gaffe la plus lourde que j’aie subie au cours de mon existence. Avec Reagan, nous avons assisté au mariage officiel entre la politique de droite et les souches les plus attardées de la religiosité évangélique sudiste. (Ronnie nous a expliqué à plus d’une reprise croire en la proximité de la « fin des temps » décrite par la Bible, ce qui aurait dû nous faire réfléchir à la question de son souci véritable pour l’avenir des Etats-Unis – pensait-il qu’ils en avaient un ? - mais personne n’a jamais osé la lui poser.) George H. W. Bush s’est exprimé de manière assez similaire, se pliant peut-être devant les bouffons de Dixie.

Quelle personne saine d’esprit aurait pu souscrire à un tel amas d’absurdités ?

Et puis les Clinton, jeunes et magnétiques, sont apparus en 1992. Ils ont dès le début fait preuve d’une bonne intendance nationale. Bill était capable de s’exprimer correctement en Anglais, contrairement à ses deux prédécesseurs. Les efforts d’Hillary en faveur d’une réforme du domaine de la santé n’ont pas porté leurs fruits, mais ont au moins impliqué une reconnaissance du racket que devenait alors la médecine (aujourd’hui complètement métastasé). Bill est parvenu à faire accepter une série de réformes sociales – chose remarquable pour un démocrate – qui se sont depuis retransformées en un marais de fraudes. Mais la grande décision de Clinton a été l’annulation de la loi Glass-Seagal, qui a ouvert la porte à une orgie de fraudes financières si terribles et à une peste de corruption si étendue que la vie des Américains s’est trouvée plongée dans l’urgence.

Ajoutons à cela les échecs de Barack Obama : 1) les fraudes financières n’ont été ni punies ni régulées, 2) aucun effort n’a été fait en vue de contrer la désastreuse décision de la Cour Suprême qui autorise les corporations à acheter les élections, 3) les opérations militaires douteuses menées en terres lointaines n’ont pas pris fin, et 4) les réformes sociales n’ont fait que fortifier les rackets existants – additionnez tout cela, et vous ne pouvez que frémir à l’idée de ce que signifie être un démocrate.

Et voilà qu’Hillary est de retour, survolant l’arène électorale à la manière de Rodan le reptile volant. Mais il n’y a pas qu’elle. Il y a aussi le reste de la parade dégoûtante du cirque de l’identité politique, la chasse aux sorcières informatiques, le battage médiatique sur la transsexualité, l’idiotie de la fille qui a cru bon de traîner un matelas derrière elle au travers de son campus, les attaque au drone quotidiennes, la surveillance du peuple par une NSA devenue hors-de-contrôle, et la déchéance civile d’un président qui était supposé être professeur de loi constitutionnelle – la liste d’absurdités et de turpitudes sponsorisées par les démocrates commence à me tordre l’estomac.

Le New York Times semble avoir été à court d’actualités dimanche, et s’est contenté d’écrire que les candidats républicains se montrent trop pessimistes quant à l’état de la nation, même si ce n’est que dans l’espoir d’être élus. Comme si le Times voulait qu’ils soient élus. Je ne pourrais jamais peindre une image suffisamment sombre pour décrire la décadence et la dépravation de notre vie politique actuelle. C’est après tout là que se trouve l’attrait de Trump – bien qu’une prise de vue panoramique de ses partisans lors d’une de ses love-parades de stade suggère que leur comportement fasse partie intégrante du problème : des foules de clowns sur-nourris et tatoués prônant un retour en 1956. Je leur souhaite bien du courage.

J’ai fait référence plus d’une fois à une période plus ancienne de l’Histoire des Etats-Unis, les années 1850, qui ont vu secoué le compas politique et mourir les partis en place. Les Whigs ont disparu (et vite !), et les Démocrates sont devenus un parti de propriétaires d’esclaves sudistes. Les deux partis de notre époque sont aujourd’hui en passe de pénétrer dans la cage de contention du Temple Grandin. Mais l’Histoire ne se répète pas, elle ne fait que rimer. Et cette fois, il n’y aura pas d’autre parti politique impatient de prendre leur place, plus aucune institution crédible, et certainement plus aucun homme comme Lincoln. Nous n’aurons plus que Bernie Sanders et l’exécrable Trump.

Sanders joue gentiment le rôle de faire-valoir pour notre reptile volant. Mais l’auto-proclamé scoliaste a un gros problème. Le public souffre peut-être, il n’est certainement pas prêt pour une redistribution accrue du capital national – ou ce qu’il en reste entre les mains de l’ancienne classe moyenne. L’absence de toute autre figure réputée sur le banc des démocrates laisse transparaître un parti aujourd’hui plus creux qu’un œuf de Pâques de supermarché.

Ce que nous voyons apparaître est une tempête politique aussi parfaite que le typhon qui s’est formé au-dessus du système bancaire. Cette tempête commencera par laisser le public stupéfait par ses pertes. Il n’est pas impossible que les élections de 2016 se trouvent annulées. Imaginez par exemple ce que le Pentagone pense de Trump. Et ce avec quoi il prévoit de l’accueillir.

 

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James Howard Kunstler est un journaliste qui a travaillé pour de nombreux journaux, dont Rolling Stones Magazine. Dans son dernier livre, The Long Emergency, il décrit les changements auxquels la société américaine devra faire face au cours du 21° siècle. Il envisage un futur prochain fait de crises sociales à répétition, la fin de la Surburbia et du modèle économique associé, une guerre mondiale pour les ressources en énergie. Il prédit la déconstruction des empires européens et américains et pense que, lorsque les convulsions seront terminées, le monde fonctionnera de manière décentralisée et local.
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L'allusion à notre marquise rococo : " grand Pompadour-à-la-recherche-d’une-cervelle " a un effet comique certain. Elle était réputée pour sa beauté et sa grande intelligence. Je ne sais pas si elle a trouvé une cervelle chez Louis XV, tant ce roi a été catastrophique.

"Bill était capable de s’exprimer correctement en Anglais, contrairement à ses deux prédécesseurs". il y a une succession d'analphabètes à la tête des US, à en croire les américains eux mêmes. Ensuite avec Busch, on a vu que les choses n'allait pas s'améliorer question culture !

C'est la fin de la démocratie en Amérique. Il paraîtrait (Pierre Hillard entre autres le prétend) que les mesures sont prises pour arrêter quiconque sans motif, le juger, l'emprisonner comme au bon vieux temps des lettres de cachet.
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samideano - 9/21/2015 at 10:37 AM GMT
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