Tout au long de sa campagne
présidentielle, les déclarations de Donald Trump en matière de politiques
étrangères ont été tout sauf cohérentes. Un jour, nous avons pu entendre que
l’OTAN était obsolète et que les Etats-Unis ont besoin d’établir des liens
plus solides avec la Russie. Simplement pour qu’il nous annonce quelques
jours plus tard que ces sensibles positions ont été abandonnées, ou encore
que d’autres ont été adoptées. La rhétorique incohérente de Trump m’a poussé
à me demander quel genre de politique il emploierait s’il était élu
président.
Son discours d’inauguration n’a
aucunement été différent. D’une part, j’ai trouvé encourageant qu’il nous
explique que sous son administration, les Etats-Unis chercheraient à « établir
des amitiés avec et faire preuve de bonnes volontés envers les nations du
monde, » et qu’il comprend lui-même le « droit de tous les pays du
monde de placer leurs propres intérêts avant tout ». Mieux encore, il
nous a déclaré que sous Trump, les Etats-Unis « ne chercheraient pas à
imposer leur mode de vie à quiconque, mais qu’ils le laisseraient briller
comme un exemple à suivre ». Voilà qui serait véritablement un premier
pas vers la paix et la prospérité.
Et pourtant, dans la phrase d’après,
il nous a promis une guerre mondiale non pas contre un autre pays, mais
contre une idéologie, en s’engageant à « unir le monde civilisé contre l’islamisme
radical, que nous allons complètement éradiquer de la surface de la Terre ».
Ce bellicisme contradictoire et dangereux ne fera pas tomber l’islamisme
radical, mais ne fera que le propager. Le terrorisme n’est pas un pays, mais
une réaction tactique à une invasion et une occupation par des étrangers,
comme le professeur Robert Pape nous l’a expliqué dans son livre, Dying to
Win.
Les néoconservateurs répètent le
mensonge selon lequel ISIS est né parce que les militaires américains se sont
retirés d’Irak plutôt que de poursuivre l’occupation du pays. Mais où étaient
les combattants d’ISIS avant que les Etats-Unis attaquent l’Irak. Nulle part.
ISIS est une réaction à l’invasion et à l’occupation de l’Irak. Le même
phénomène s’est répété à chaque fois que les actions interventionnistes des
Etats-Unis ont déstabilisé pays et sociétés.
Le terrorisme islamiste radical
est majoritairement une réaction à l’interventionnisme étranger. Nous ne
pourrons pas l’éradiquer tant que cette simple vérité ne sera pas comprise.
Nous avons aussi pu entendre des
rapports rassurants selon lesquels Donald Trump prévoirait de bousculer la
communauté des services secrets américains. Avec un budget proche de 100
milliards de dollars, cette communauté est le bras secret de l’empire des
Etats-Unis. La CIA et les autres agences américaines sabotent les élections
et renversent les présidents élus d’autres nations, alors même que des
milliards de dollars sont dépensés pour espionner les citoyens des
Etats-Unis. Cette attitude ne nous rend ni plus prospères ni plus en
sécurité.
Et les promesses de remue-ménage
à la CIA ont été rapidement oubliées quand le président a rendu visite à l’agence
après son investiture. A-t-il annoncé aux services de renseignements qu’un
nouveau shérif était arrivé et qu’une réforme allait être adoptée ? Non.
Il leur a dit qu’il était avec eux « à 1000 pourcent ».
L’une des raisons pour
lesquelles Trump semble si incohérent dans ses positions politiques est qu’il
ne dispose pas de philosophie de gouvernement. Il n’est pas philosophiquement
opposé à un empire américain, c’est pourquoi il se dit parfois en faveur de
plus de guerres avant de déclarer s’y opposer. Le président Trump sera-t-il
influencé par ceux qu’il a choisis pour le conseiller ? Espérons que
non, à en juger par leur bellicisme lors des récentes audiences du Sénat.
Trump ne peut pas être simultanément contre et en faveur de la guerre.
Espérons qu’il comprenne bientôt que la prospérité qu’il nous promet ne
pourra devenir réalité qu’au travers de politiques étrangères pacifiques.