Les prix élevés ne causent pas de bulles économiques

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Frank Shostak
Published : March 16th, 2017
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Category : Today's Editorial

Le courant dominant commence lui-aussi à réaliser que les bulles sont une cause importante des récessions économiques. La question que se posent désormais les experts est de savoir comment déterminer si une bulle est en train de se former.

Beaucoup sont d’avis que si les banquiers centraux connaissaient la réponse à cette question, ils tenteraient d’empêcher les bulles d’apparaître pour ainsi éviter le développement de récessions.

Le lauréat du Prix Nobel d’économie, Robert Shiller, est d'avis que les bulles peuvent être observées au travers de la même méthodologie que celle utilisée pour diagnostiquer les maladies mentales

Selon Shiller, une bulle est une forme de dysfonctionnement psychologique. Ainsi, la solution pourrait être de préparer une liste de contrôle similaire à celles utilisées par les psychologues pour déterminer si, par exemple, leur patient souffre d’une forme de dépression. Voici ce qu’il perçoit comme étant les facteurs clés caractéristiques d’une bulle :

  1. Forte hausse du prix d’un actif.
  2. Grand enthousiasme du public face à cette hausse de prix.
  3. Battage médiatique connexe.
  4. Exemples de réussite financière de certains, qui rendent beaucoup d’autres envieux.
  5. Intérêt croissant du public pour l’actif concerné.
  6. Naissance de nouvelles « théories » pour justifier la hausse de prix sans précédent.
  7. Déclin des standards de prêts bancaires.

Sont soulignés ici les facteurs que Shiller pense voir se manifester au cours de la formation d’une bulle. En revanche, sa description ne fait rien pour nous apporter une meilleure compréhension des causes de l’émergence de telles bulles.

Afin d’en comprendre les causes, il est nécessaire d’apporter une définition à l’objet étudié. L’objectif d’une définition est de présenter l’essence, les caractéristiques distinctes de l’objet identifié. Une définition a pour objectif de nous en dire plus sur les origines d’une entité particulière. De ce point de vue, les sept points soulignés par Shiller ne nous disent rien de l’origine d’une bulle typique. Ils ne nous apprennent rien de la raison pour laquelle les bulles nuisent à la croissance économique.

Définir une bulle

Si le prix d’un actif est la quantité de monnaie versée pour l’obtenir, il est évident que pour un actif particulier, une hausse de prix ne puisse naître qu’en conséquence d’une hausse du flux de monnaie vers cet actif.

Plus l’expansion monétaire est importante, plus le prix de l’actif est élevé. Nous pouvons également dire que plus l’expansion monétaire gonfle, plus le prix de l’actif gonfle.

L’émergence d’une bulle ou d’une expansion de monnaie n’est pas nécessairement associée à une hausse de prix – par exemple, si le taux de croissance des biens correspond au taux de croissance de la masse monétaire, aucun changement ne survient en termes de prix.

C’est pourquoi je suis d’avis que ce qui importe n’est pas le fait que l’émergence d’une bulle soit associée à une hausse de prix, mais qu’elle donne lieu à l’émergence d’activités non-productives qui détournent le capital réel d’entre les mains des créateurs de capital.

L’expansion de la masse monétaire, la bulle monétaire, permet le détournement du capital réel depuis les activités qui produisent du capital vers celles qui n’en produisent pas.

A mesure que se renforce la création monétaire, le rythme de ce détournement s’accélère. Nous qualifions les diverses activités non-productives qui naissent de cette expansion monétaire d’activités de bulles – elles ont été formées en conséquence de la bulle monétaire.

Notez également que ces activités ne peuvent pas exister sans l’expansion de la masse monétaire qui détourne le capital réel depuis les activités qui produisent du capital.

Les bulles ne naissent pas d’une hausse de prix – mais de la mal-allocation de ressources

Nous pouvons en déduire que la clé de l’apparition d’une bulle est l’expansion de la masse monétaire. Le résultat de cette expansion est l’émergence d’activités qui ne génèrent pas de capital.

De la même manière, nous pouvons en déduire qu’une bulle ne concerne pas tant la hausse du prix d’un actif que l’expansion de la masse monétaire et la mal-allocation conséquente de ressources. Les bulles – en tant que produits de la croissance de la masse monétaire – peuvent donc survenir sans hausse correspondante des prix.

Maintenant que nous avons établi que les bulles naissent d’une expansion de la masse monétaire, nous pouvons dire que les dommages générés par les bulles naissent du développement d’activités non-productives, ou « de bulle », qu’elles génèrent.

Et maintenant que nous avons établi que l’apparition de bulles est liée à l’expansion de la masse monétaire, il est évident que ce sont la banque centrale et le système de réserve fractionnaire qui sont responsables de leur formation. C’est donc la création de monnaie par la banque centrale qui génère l’expansion de bulles monétaires.

Les banques centrales : le facteur clé des bulles

Ainsi, pour empêcher des bulles de se développer, il est nécessaire de mettre fin à la création monétaire par les banques centrales et à la capacité des banques commerciales à s’engager dans des activités de réserve fractionnaire, c’est-à-dire à prêter de l’argent à partir de rien.

Une fois que le rythme de création monétaire se trouve ralenti, en réponse à une réduction de la création monétaire des banques centrales ou de l’expansion du crédit par les banques commerciales, l’explosion inévitable des bulles peut commencer.

Souvenez-vous qu’une activité de bulle ne peut pas se financer indépendamment de l’expansion monétaire qui redirige vers elle du capital issu des activités productives. Ainsi, les activités de bulle ne sont pas des activités productrices de capital.

La récession économique associée à la disparition des activités de bulle est une bonne nouvelle pour les créateurs de capital, parce que davantage de capital leur est rendu disponible. Une récession économique, qui affaiblit les activités de bulle, coule les fondations nécessaires à une croissance économique véritable.

Notez que c’est l’expansion de la masse monétaire qui donne naissance aux activités de bulle, et non la disposition psychologique des acteurs du marché.

Psychologie et économie

La psychologie a été intégrée à l’économie dans l’idée que les deux disciplines soient liées. En revanche, il existe une différence distincte entre l’économie et la psychologie. La psychologie traite du contenu des fins.  

L’économie, en revanche, estime avant tout que les individus agissent de manière intentionnelle. Il s’agit d’un phénomène de comportement – qui ne se penche pas sur les fins particulières.

Selon Rothbard,

Les fins d’un individu peuvent être « égoïstes » ou « altruistes », « raffinées » ou « vulgaires ». Elles peuvent souligner le plaisir apporté par des « biens matériels », ou par une vie ascétique. L’économie ne se soucie pas de leur contenu, et ses lois s’appliquent quelle que soit la nature de ces fins.1

Alors que,

La psychologie et l’éthique se penchent sur le contenu des fins humaines ; elles se demandent pourquoi un individu choisit telle ou telle fin, et quelles fins les individus devraient rechercher.2

Ainsi, l’économie estime que les individus ont des fins et utilisent des moyens pour y parvenir. En conséquence, l’économie est une discipline distincte de la psychologie.

Par l’introduction de la psychologie dans l’économie, la généralité de la théorie se trouve oblitérée et rendue inutile. Ainsi, l’usage de la psychologie est contreproductif dans le cadre d’analyses économiques.

Contrairement à ce que nous dit Shiller, afin de déterminer l’existence d’une bulle, il ne faut pas appliquer la même méthode que celle employée par les psychologues. Ce qui est nécessaire, c’est d’établir une définition correcte des bulles.

Une fois cette définition établie, nous comprenons que, contrairement à ce que veut la conscience populaire, les bulles n’ont rien à voir avec le dysfonctionnement psychologique des individus – elles sont la conséquence des politiques monétaires laxistes des banques centrales.

Lorsque nous observons une hausse du taux de croissance de la masse monétaire, nous pouvons en déduire qu’elle établit la plateforme nécessaire à l’apparition d’activités de bulles – une expansion économique.

A l’inverse, lorsque le taux de croissance de la masse monétaire décline, il coule les fondations nécessaires à la disparition de ces activités de bulles – une récession économique.

  • 1. Murray N. Rothbard, Man, Economy and State (Los Angeles: Nash Publishing, 1962), p. 63.
  • 2. Ibid.

 

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Frank Shostak est le directeur des études économiques de M.F. Global.
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